Tremblez, puristes bloqués dans la fin des années 80 et
ses films mêlant action et science-fiction, hollywood est de retour pour salir
vos idoles. Leur cible est à nouveau Paul
Verhoeven, déjà « souillé » par un remake de son Total Recall (1990) sorti en 2012. Ah
non pardon, pas remake, reboot, ce qui fait toute la différence dans le cas de Totall Recall et… de RoboCop aussi. Un reboot de RoboCop qui à l’instar de celui de Total Recall aura été, dès le début,
cible d’une vendetta avec des commentaires hallucinants de mauvaise foi. Dans
le cas de RoboCop, rien qu’une
simple photo du nouveau design du policier mi-robot mi-humain aura déchaîné les
attaques. Encore une fois, une frange des cinéphiles fait étalage de son
purisme dépasse-bornes particulièrement dégoûtant, avec des remarques dignes
d’une cour de récré. Eh les mecs, si vous pensez qu’une saga est intouchable,
n’accordez pas de crédit aux remakes et reboots (surtout si vous n’avez pas
l’intention d’aller les voir), ça leur fait plus de pub qu’autre chose. Je suis
le premier à cracher sur certains projets de reboot qui se multiplient ces
derniers temps, mais dans le cas de RoboCop ça se tient. Grâce à NRJ12 (je ne
pensais pas devoir féliciter cette chaîne un jour), j’ai revu les deux premiers
et si ces films bien ancrés dans leur époque cinématographique restent cultes,
certains aspects ont mal vieilli et une remise au goût du jour ne fait pas de
mal. Il ne s’agit pas de salir quelconque mémoire ou de vouloir mettre ces
films au rebut, il s’agit juste de reprendre la base et de faire quelque chose
de neuf. Après on aime ou pas le résultat, mais moi j’approuve la démarche même
si elle dérange, et donc seul le résultat m’intéresse. Dans le cas de RoboCop il n’est pas forcément garanti
d’ailleurs, et je ne vais pas me poser en défenseur des causes perdues. RoboCop
prend un nouveau départ, une seconde jeunesse, et voyons ce qu’il en est…
Dans un futur proche, la firme OmniCorp tente de
développer l’utilisation des robots en milieu urbain. Mais malgré des résultats
convaincants de ses drones en territoire de guerre, OmniCorp ne peut utiliser
ses robots sur le sol américain, la faute à une loi défendue par le sénateur
Dreyfuss (Zach Grenier) et approuvée
par la majorité de la population américaine, malgré les efforts de l’animateur
TV vedette Novak (Samuel L. Jackson).
Raymond Sellars (Michael Keaton), le
PDG d’OmniCorp, décide donc de mettre des humains dans les robots pour
contourner la loi, et fait appel aux services du Dr. Robert Norton (Gary Oldman). Dans le même temps, à
Detroit, Alex Murphy (Joel Kinnaman)
un policier infiltré parmi des revendeurs d’armes, est assassiné par une bombe
placée sous sa voiture par des flics ripoux. Le corps de Murphy est récupéré
par OmniCorp et Norton peut alors lancer son projet de policier hybride
mi-robot mi-humain. Elaboré et entraîné en Chine, RoboCop est alors envoyé à
Detroit où il retrouve sa femme Ellen (Abbie
Cornish) et son fils, mais il va devoir avant tout remplir ses missions et
faire mousser OmniCorp, avant de chercher à se venger de ceux qui ont
tenté de l’assassiner…
« Mais qu'avez-vous fait de la création de Paul Verhoeven ??? »
Je pourrais passer des heures à lister les différences
entre les originaux et ce rem… ce reboot, mais ça serait une perte de temps,
car c’est inutile. Tout comme Total
Recall, on prend juste la base et on fait quelque chose de totalement
différent. A part le nom du personnage principal (Alex Murphy), trois-quatre
références majeures (les noms des drones par exemple) et des clins d’œil (une
réplique célèbre est reprise, que je ne dévoile pas car elle arrive tout à la
fin du film, mais non ce n’est pas « j’en prendrais pour un
dollar »), le reste est archi-différent, même si l’on reste forcément
proche du récit d’origine (contrairement à Total
Recall qui inventait une toute autre histoire). Donc non, définitivement,
ce n’est pas un remake mais bien un reboot complet, et si quelques emprunts
sont faits au RoboCop d’origine on
sent bien que les scénaristes ont voulu repartir sur une histoire nouvelle. A
l’instar de Man Of Steel qui parlait
bien peu de « Superman », le nom même de « RoboCop » est
très peu cité, au profit de celui d’Alex Murphy qui est clairement identifié
comme tel. C’est là une des principales différences entre les deux déclinaisons
de RoboCop, c’est le traitement fait à Alex Murphy. Dans la version d’origine
RoboCop était entièrement programmé et, tout du moins au début, l’humain à
l’intérieur du robot était réduit à l’état de légume. Ici, dès le début, Murphy
a pleine conscience de son état et de ses moyens, ce qui fait une sacrée différence
et qui va servir de base à tout le scénario du film. Car RoboCop reste
contrôlable par OmniCorp et Norton, mais de manière bien différente… notons
aussi que le film place bien la famille de Murphy dans la danse, qui était
complètement laissée de côté dans la version de 1987 (hormis au début de RoboCop 2). Du côté d’OmniCorp, les
choses sont bien aussi différentes, il y a relativement peu de conflits
internes et la société n’est pas mouillée avec les trafiquants de drogue comme
dans la version de Verhoeven. Il y a même un petit aspect politique. L’esprit
dénonciateur de Verhoeven est en revanche plus exploité dans ce RoboCop v.2014, notamment par le biais
des shows patriotiques de Novak, et des ambitions commerciales et marketing de
Sellars et Pope (Jay Baruchel), même
si ça ne va pas chercher bien loin non plus. Un personnage à la Ronny Cox manque peut-être mais quoi
qu’il en soit, il est inutile de pleurnicher pendant des heures sur la
comparaison entre la version originale et celle de 2014 : les époques sont
différentes, les tons sont différents, nous donnant deux films qui parlent de
la même chose mais pas de la même manière et pas avec la même histoire.
RoboCop (de
2014) est donc plus moderne, ancré dans les productions action/science-fiction
des années 2010, avec un petit esprit futuriste, discret et réaliste mais bien
fichu (on ne sait à quelle année se déroule l’action, mais à un moment on
entend parler de l’année 2019…). L’ensemble est classique mais bien réalisé,
bien que sans grand panache mais ça tient la route. La classification PG-13 a
fait jaser, alors oui il n’y a pas d’effusion de sang et le RoboCop v.2014
utilise une sorte de pistolet taser plutôt que l’automatique bien incisif de la
v.1987. C’est frustrant, mais c’était attendu et ce n’est pas important, même
si je veux bien accorder que c’est le seul détail qui froisserait mon léger
côté puriste. De toute manière, il y a d’autres choses qui peuvent froisser, et
si jusque là j’étais prompt à défendre RoboCop 2014 maintenant ça va être une
toute autre histoire avec les défauts manifestes du film. Je n’en ferai pas un
catalogue, le problème vient de l’ensemble à vrai dire. C’est juste que RoboCop est un film… sans plus. Assez
banal même. Pas déplaisant, plutôt joli même (oui, moi le costume noir à la
Snake Eyes de GI Joe et les lignes rouges pétant, ça me fait craquer), correct
au minimum, mais assez creux. C’est que tout ceci manque de conviction, il n’y
a pas de véritable message, ça manque de profondeur, ça n’a pas d’âme en fait…
comme le robot qui n’en aurait pas. Le scénario est simple mais bien mené, mais
ménage des passages à vide, avec bien peu d’action et rien qui poutre.
L’introduction sur la genèse de RoboCop est obligatoire, mais semble trop se
traîner, les péripéties sont peu nombreuses même si le film se réveille
sensiblement sur sa fin. Il n’y a pas de combats épiques, le héros est bien peu
mis à mal même s’il est forcément amoché. RoboCop
se laisse voir, mais il finit par s’embourber dans une certaine sobriété, avec
bien peu de rebondissements et même des idées non exploitées. Le film n’en fait
pas trop, ce qui est tout à son honneur, mais il manque clairement de mordant.
On se laisse emporter dans l’histoire et dans les quêtes de Murphy, mais -autre
aspect qui fait ressortir mon tout petit côté puriste- il n’y a pas vraiment de
« conflit intérieur » dans l’esprit de RoboCop, alors que la version
originale exploitait ça à fond (oubliez les 4 directives, elles n’y sont pas),
et même l’aspect policier de l’ensemble est très secondaire, hormis lors de la
partie centrale du film lorsque RoboCop est sur le « terrain ». Ce
n’est pas vraiment Robo « Cop » en définitive, ce n’est même pas
RoboCop VS. OmniCorp, ni RoboCop veut retrouver sa vie de famille (aspect
certes mis en avant mais pas dans la manière qu’on pouvait attendre)… C’est un
type devenu robot et qui doit vivre avec, qui doit faire face aux exigences de
ses employeurs tout en tentant de venger et réparer son passé malgré le côté
irréversible de sa situation, c’est au final le résumé de RoboCop.
Quand je parlais du manque de conviction de l’ensemble,
c’est une bonne occasion de parler des acteurs. Michael Keaton, Gary Oldman
et Samuel L. Jackson font le job,
sans rien révolutionner mais c’est déjà correct. Après, ce n’est pas Ronny Cox et Miguel Ferrer, mais la comparaison entre versions ne me semble pas
être possible à ce niveau-là non plus, tant les personnages, leurs objectifs et
leurs personnalités sont différents. Ce sont déjà les méchants qui
coincent : le dealer indirectement responsable de l’assassinat de Murphy,
Vallon, est d’une nullité et d’une inutilité absolue. Heureusement que Maddox,
campé par Jackie Earle Haley
(inoubliable Rohrsach de Watchmen),
rattrape un peu le coup dans le rôle du salopard de service. Si vous attendiez
un Kurtwood Smith bis, ce n’est même
pas la peine d’y penser, prouvant bien qu’il faut cesser de comparer RoboCop 2014 à RoboCop 1987. Il manque aussi un personnage féminin marquant, que Abbie Cornish n’arrive pas à tenir, eh
oui autre différence de marque avec la version de 1987 RoboCop n’a pas de
partenaire, rôle tenu par Nancy Allen
à l’époque… du coup RoboCop chevauche une moto plutôt que la bonne vieille
berline de police. Reste des personnages secondaires quelque peu inutiles
(comme Lewis, le coéquipier de Murphy blessé au début du film), et puis… Murphy
lui-même. Mettre un acteur peu confirmé était un peu casse-gueule, et Joel Kinnaman n’arrive jamais à faire
décoller son personnage, voulu moins robotique que celui campé par Peter Weller il y a 26 ans. Il faut dire
que l’acteur suédois n’a, pour les films un minimum connus du grand public,
guère qu’à son tableau de chasse qu’un rôle d’escroc trouillard dans The Darkest Hour et le rôle de Christer
Malm dans la version américaine de Millénium… où on ne le voit que 10 secondes
à tout casser et je crois qu’il n’a même pas une ligne de dialogue. Il faut un
début à tout, mais c’est un début moyen, me faisant penser à celui de Garrett Hedlund dans Tron : Legacy. Il n’y a rien de
scandaleux mais c’est fort dommage que le personnage, pourtant si intéressant
et bien plus « humain » que dans le RoboCop d’origine, soit si anecdotique.
Il y a donc des choses à mettre au discrédit de RoboCop, mais pour ma part ça ne se situera aucunement dans l’adage « c’était mieux avant », car ce qui
est proposé dans cette mouture est, disons, au moins 80% différent à ce qui
était proposé dans la version de Paul
Verhoeven. Autre époque, autres mœurs, et chacun des films reste bien ancré
dans son temps. Si on préfère le charme de la fin des années 80, bah on a qu’à
regarder le RoboCop de 1987 et
bouder celui-ci, c’est aussi simple que ça. RoboCop 2014 ne mérite pas le flot d’insultes dont il est victime,
c’est un honnête film d’action futuriste, placé dans un contexte policier et
dans un contexte dénonçant corporations et patriotisme exacerbé, mais qui ne
semble pas aller au bout des choses (ce qui expliquerait pourquoi José Padilha a déclaré qu’il avait eu
les pieds et poings liés ?), à qui il manque une véritable substance pour
en faire un film complet et abouti. Ça se laisse voir, mais ça tourne à vide,
ça ne prend pas de risque, ça reste trop timoré, trop classique, trop
« cahier des charges pour en faire un bon petit film qui contenterai le
spectateur moyen ». Pas pour autant calibré, un minimum original (sans
considérer les versions précédentes bien sûr) et bien fait (aucun accroc n’est
à signaler au niveau des effets spéciaux) tout en repartant presque de zéro
concernant la version d’origine de l’histoire, mais ça reste un film mineur.
Pas une déception, je n’en attendais rien même si j’avais envie qu’il soit
vraiment bon pour faire chier les puristes : il n’en est rien et il n’en
reste qu’un film moyen tendant vers le plutôt bon, mais sans conviction et sans
grand panache. Un reboot correct et un minimum réussi mais… sans plus quoi. A
la limite je lui préfère le reboot de Total
Recall, comme ça on pourra quand même me jeter des cailloux. Release the
Shitstorm !
Note : 6.25/10
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