Je sais que bon nombre de « cinéphiles » sont
amateurs de nanars. Ce qui ne sera pas mon cas, n’étant pas intéressé par la
perte de temps qu’incombe le visionnage de ces merdes, et je préfère consacrer
mon temps à de vrais bons films. Il y a bien une exception, ce sont les nanars
Bessoniens (oui, moi j’aime bien les nanars Bessoniens, genre From Paris With Love qui est quand même
un sacré défouloir). A la rigueur, il y aurait les nanars Emmerichiens. Bon il
ne faut pas déconner, hormis Independance
Day chacun de ses autres films mérite un seul visionnage pour se facepalmer
et constater les écarts faits avec la Science, pas plus. Le Jour d’Après est profondément ridicule et 2012 est un film qui s’enfonce de minute en minute avec une énergie
folle pour creuser encore plus bas dans la médiocrité et le nawak (ooh !
ils sont vicieux ces séismes, d’abord ils ravagent les terres et seulement
ensuite ils se déclenchent en mer pour tout nettoyer ! les salauds !).
Il y a aussi Godzilla. L’ai-je déjà
vu ? Je m’en souviens même plus mais - si c’est le cas, si je ne me
souviens de rien, c’est que ça ne devait pas être un film marquant - si ce n’est
pas le cas, je doute avoir loupé grand-chose, j’aurai pu le regarder il y a
quelques jours sur NT1 mais regarder un blockbuster sur NT1, chaîne non HD, c’est
une insulte à tout bon FXmen qui se respecte, même de l’équipe de Roland Emmerich. Voilà donc un Godzilla v.2014 pris en charge par Gareth Edwards qui avait signé un plébiscité
Monsters (que je n’ai pas vu) et qui
du coup, entraîne beaucoup d’enthousiasme pour cet énième film consacré à la
grosse bébête, ce n’est ni un remake ni un reboot mais plutôt une nouvelle
adaptation de l’histoire de ce Kaiju né de l’imagination des japonais dans les
années 50 (aussi sous le nom Gojira, ce qui rappellera quelque chose à mes
quelques lecteurs métalleux). Donc bon, le leitmotiv de Godzilla, c’est qu’on prend les mêmes (avec quelques amis) et qu’on
recommence à tout faire péter.
En 1999, aux Philippines, un terrible séisme se produit,
entraînant la formation d’un gigantesque cratère, qui selon le Dr. Serizawa (Ken Watanabe) pourrait bien avoir
hébergé une quelconque créature. Dans les mêmes temps, une autre catastrophe a
lieu au Japon, au sein même d’une centrale nucléaire où travaille Joe Brody (Bryan Cranston), causant la mort de sa
femme Sandra (Juliette Binoche). 15
ans plus tard, le fils de Joe, Ford (Aaron
Taylor-Johnson), lieutenant dans l’armée et spécialiste des explosifs, s’apprête
à couler des jours heureux avec sa femme Elle (Elisabeth Olsen) et son fils à San Francisco. Mais Ford doit aller
en catastrophe au Japon récupérer son père, incarcéré après avoir tenté de pénétrer
sur le site, mis en quarantaine, de l’ancienne centrale nucléaire. Ford finit
par se résoudre à aider son père, déterminé à mettre au grand jour les
véritables évènements qui ont causé la destruction de la centrale et la mort de
sa femme quinze ans auparavant. Père et fils Brody vont donc découvrir que la
centrale est le théâtre d’expériences qui vont amener à délivrer un monstre
gigantesque, un Muto. Et le réveil de ce monstre va réveiller d’autres
créatures à leur tour… dont la légende : Godzilla.
Bon, j’avoue que je suis surtout allé voir ce Godzilla v.2014 par curiosité, surtout
en face de l’enthousiasme général qui a animé la sortie de ce film et ce dès
ses premières images. Aussi je vais être clair dès le départ en disant que je
trouve Godzilla, certes correct, mais un
brin surestimé tout de même. Ce n’est finalement rien de plus qu’un blockbuster
lambda. Mais attention, un blockbuster plus intelligent que la moyenne. J’avais
d’ailleurs peur que le film vire au discours écolo racoleur mais finalement ce
n’est pas le cas et heureusement. L’« intelligence » du film vient
surtout de l’aspect résolument soutenu de l’action. Ce qui est sûr, c’est que
ce n’est pas un film de destruction massive qui en fout partout et dans tous
les coins. Pas de bourrinage intempestif, ce qui est une bonne et une mauvaise
idée. Bonne parce qu’on ne tombe pas dans le bas du front débilisant, bref dans
de la démolition à la Roland Emmerich
(même si le Golden Gate a été à deux doigts d’y passer, ce qui aurait été
franchement grotesque et pour le coup, typiquement Emmerichien). Mauvaise parce
que quand des scènes de destruction par les monstres sont volontairement « zappées »,
on se dit quand même que quelque part, c’est un peu de l’arnaque. Ceux qui
attendaient que l’on parte dans la destruction made in Transformers en seront pour leur frais. Mais tout de même, le parti
pris de ne pas montrer tous les ravages est globalement frustrant. Heureusement
le film se rattrape dans la dernière partie où San Francisco subit des dommages
grâce (à cause ?) de Godzilla et ses compagnons, le tout de manière assez
jouissive (bien plus qu’un Pacific Rim)
et avec des images et des effets spéciaux somptueux.
Mais il faut en arriver jusque là et en cours de route, Godzilla perd des points. Si le film se
veut plus subtil et moins bourrin que d’autres blockbusters, il ne nous épargne
pas une partie du cahier des charges de tout bon blockbuster à savoir le
scénario somme toute léger qui frise parfois la platitude confondante. Il n’y a
vraiment rien de spécial là-dedans, une fois lancé le film ne propose plus
aucun rebondissement notable. Et le rythme global demeure assez lent, comme une
grosse intro jusqu’à la puissante bataille finale, émaillée par les cris
puissants de Godzilla qui font trembler toute la salle de cinéma. Toujours dans
les règles du blockbuster américain (je passe sur les diverses fantaisies
scientifiques et les exagérations genre « un groupe de marines met même
pas 15 minutes pour rejoindre à pied le port à partir du centre-ville en
portant à bout de bras un missile nucléaire qui doit quand même être très très
lourd »), Godzilla nous offre
également les habituels refrains sur la bravoure, la famille et les enfants à
sauver coûte que coûte, etc… et en plus nous balance l’armée pour résoudre tous
les problèmes causés par nos amis les animaux préhistoriques sortis de leur sommeil. Et c’est
là que ça coince sérieusement pour moi car passé un certain moment, il n’y a
plus que les bidasses et leurs missions. Ça finit par virer au film de guerre
et honnêtement, j’ai plus eu l’impression d’avoir affaire à un World Invasion : Battle Los Angeles
avec des énormes monstres à la place des extraterrestres. Ça n’a aucun intérêt
et encore une fois la seule chose vraiment intéressante de Godzilla c’est cette bataille finale, épique à souhait, entre les bestioles.
Mais il aura fallu attendre et suivre tant bien que mal ce film (in?)justement plus
épique qu’efficace.
Au niveau des acteurs il n’y a ici rien à signaler, mais
vraiment rien. Bryan Cranston est
plus en mode Hal que Walter White, on aimera ou pas. Ken Watanabe est hyper-lourdingue : son jeu se résume à
toujours faire le même regard désespéré au loin, comme s’il voyait que la fin
du monde se déroulait à l’horizon. Aaron
Taylor-Johnson, méconnaissable après ses rôles dans les deux Kick-Ass, fait le job mais sa
performance ne restera pas dans les annales. Tout le reste du casting est affreusement
tertiaire et on voit même trois acteurs qui ont participé à la série Continuum (dont Brian Markinson qui était également dans Caprica - avec l’acteur japonais qui jouait le bras droit de Daniel
Graystone dans la même série et qui fait une apparition au début du film).
Finalement, les personnages plus marquants sont les bestioles, avec
bien évidemment Godzilla qui est très joliment mis en images. Ce n’est d’ailleurs
finalement pas un film sur Godzilla, mais le monstre japonais a tout de même la
classe, et illumine la fin du film dans un « rôle » assez inattendu.
Grâce aux compétences de Gareth Edwards
(et de son budget), Godzilla s’en
tire avec les honneurs, mais souffre malheureusement de trop de clichés
blockbusteriens (dont une trop grande présence de militaires à mon goût), alors que certains points du film évitent justement les
exagérations hollywoodiennes de manière assumée. Le cul de Godzilla entre deux
buildings, quoi. Pour au final, un blockbuster bien fait mais globalement
anecdotique, qui n’apporte rien de plus que le blockbuster destructeur lambda,
si ce n’est un souffle plus épique bienvenu mais qui tempère l’efficacité qui
fait d’habitude le sel de ce genre de productions. « Kaiju Invasion :
Battle San Francisco… »
Note : 6.5/10
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