mardi 17 décembre 2013

Kritik Express : Compil#2

Avoir 50 likes c'est un événement pour facebook, il change l'interface d'administration de la page, il y a plein de stats et tout et tout. 50 likes dont 0 achetés (sauf ceux à qui j'ai promis des bisous, peut-être), excusez du peu! Un chiffre mirobolant qui ne demande qu'à dépasser des records, aussi n'hésitez pas à faire circuler ce blog et la page facebook à vos amis, et à vous faux amis aussi, c'est toujours ça de pris. Et si vous connaissez des forums ou groupes facebook qui acceptent le spamming d'articles sans vergogne, vous savez où me trouver. Ce n'est pas pour flatter mon ego, c'est pour faire un minimum tourner ce que j'écris. Mais pourquoi diable donner dans la putasserie sociale et suivre une page facebook, donner dans le "like, comment & share" cliché au possible, alors que pour les plus g33k d'entre nous une souscription RSS suffit? Parce que ladite page facebook complète ce blog à l'aide de petits commentaires "à la volée" que j'ai baptisés [Kritik Express]. Parce que je suis gentil, voilà une nouvelle compilation de toutes ces micro-critiques postées depuis quelques mois. (retrouvez la Compil#1 ici)

Le Hobbit - La désolation de Smaug : Au final il n'y a pas tellement de choses à dire dessus. Il me sera difficile de dire s'il est meilleur (ou moins bon) que le 1, le plaisir pris est similaire et certaines scènes sont finalement assez proches. Ce qui est sûr c'est que malgré sa longueur, on ne voit pas le temps passer, ce qui est un peu la marque des grands. La descente du fleuve est hénaurme, de même que toute la fin avec Smaug. Martin Freeman campe enfin un Bilbo très en vue, bien plus que dans le premier. Bien sûr il reste quelques personnages sous-exploités ou d'autres qui ne servent à rien (Thauriel...), et le côté 'pompeux' inhérent à la saga Tolkien est toujours très présent, ce qui fait que je ne suis pas un énorme fan du SDA/Hobbit de toute manière... Mais même si parfois trop d'effets spéciaux tuent les effets spéciaux, ce Hobbit 2 assure le grand spectacle 'epic' made in Tolkien, et c'est tout ce qui compte finalement. 8/10.

Basic : Une enquête dans le milieu des bidasses qui se révèle être très prenante, bien montée et réserve des coups de théâtre efficaces, même s'il faut suivre et ne pas perdre une miette de ce qui se dit. Dommage que le tout soit un peu gâché par un dernier twist un peu vague, confus et expéditif alors que l'ensemble de l'intrigue s'était parfaitement goupillée.

The Dark Knight Rises : Ce film aurait pu être la perfection absolue sans son interminable intro de plus d'une heure bourrée de dialogues aussi inutiles qu'indigents.

La Stratégie Ender : Je n'ai jamais lu le bouquin, dont j'ignorais d'ailleurs l'existence jusqu'à l'annonce du film. Mais j'ai été enthousiasmé dès les premières images (qui bougent) et au final, en ce qui me concerne ce film est excellent. Portant bien son nom (français), il tranche avec ce qui se fait en SF/anticipation et délaisse l'action (tout de même gardée pour la fin) pour se concentrer sur le personnage d'Ender, son côté ultra-malin et ses actions. Dommage que son évolution, qui doit être le centre du bouquin je suppose, se fait trop vite, mais il fallait bien que ça tienne en deux heures... Le film n'évite pas les clichés (personnages, rebondissements) et est un peu trop 'ado' parfois, mais le scénario et les dialogues sont parfaitement ciselés, et surtout les images sont très belles et variées. On pensera à Battlestar Galactica (c'est même presque une version 'avec enfants' de la série), Metroid, Les Chroniques de Riddick et plein d'autres choses, mais même si l'originalité n'est pas forcément de mise le plaisir est au rendez-vous. Notons enfin que les acteurs sont très bons, notamment Asa Butterfield tout en retenue qui campe le personnage complexe d'Ender à la perfection. Seule la toute fin est de trop mais le film est très convaincant et attachant, malin et bien mené, et bien fait donc tout ceci fait que c'est pour moi une des réussites de l'année sans qu'il ne soit exceptionnel. 8.5/10.

La Clinique de l’Amour : L'ultime long-métrage d'Artus De Penguern ne se hisse pas au niveau de Grégoire Moulin contre l'humanité mais est tout de même une perle. Sous ses faux airs de parodie de soap hospitalier, De Penguern balance son humour ravageur, mi-absurde et plein de rebondissements, avec un comique de situation qui fait mouche à chaque fois. Artus De Penguern avait vraiment sa propre patte et se plaçait bien au-dessus de toutes les autres comédies françaises qui tombent trop souvent à plat, avec lui ça a toujours été énorme et ses œuvres ont été bien trop sous-estimées. RIP!

No Pain No Gain : Je l'ai trouvé un peu long et bavard surtout que le sujet n'est pas très original. Mais ce sont bien les deux seuls défauts de ce film ultra-percutant et résolument drôle, avec des dialogues ciselés, des gags qui font mouche (la ceinture de sécurité!) et des acteurs savoureux à faire les idiots bodybuildés. Ça prend son temps pour se barrer en couille, mais il vaut vraiment le coup d'être vu dans le genre comédie noire de kidnapping qui tourne mal.

Captain America - First Avenger : Bon dans l'ensemble, mais finalement assez simpliste. De bons trucs mais les scènes d'action sont tellement exagérées qu'il est difficile de déterminer le degré de visionnage (est-ce pour la bravoure de Captain America? caricaturée et mise en avant volontairement?). Ça reste donc un Avenger mineur et peut-être le film le plus faible de la saga (quoique, Thor...)

Abraham Lincoln - Chasseur de Vampires : Oui l'histoire est trop fantaisiste et premier degré, et nous bassine parfois trop avec l'histoire américaine. Mais au moins les scènes d'action envoient du bois! Bekmambetov est en réussite dans ce domaine et c'est l'essentiel.

Jason Bourne - L’Héritage : Un revisionnage qui ne changera pas ma première impression au ciné : un opus en grande demi-teinte. Il faut vraiment avoir revu la trilogie peu avant pour suivre le début qui balance toute l'intrigue de base en un gros paquet informe. Heureusement, tout est vite mis de côté pour une nouvelle intrigue autour d'Aaron Cross, mais qui est somme toute banale, avec des scènes d'action déjà vues et un scénario qui accumule les trous. Seul le charisme de Jeremy Renner (quels combats! et il y en a trop peu) parvient à sauver l'ensemble. J'espère que la série se rattrapera pour une (éventuelle) suite, car il y a du potentiel mais ce film est plutôt raté et décevant.

Voisins du 3ème type : Je dois devenir vieux, mais l'humour en-dessous de la ceinture de Stiller/Vaughn, je peux plus. Surtout quand ça devient prévisible et que ça gâche les bonnes idées du film.

The Incredible Burt Wonderstone : pas la comédie de l'année mais bien sympathique et drôle sur un sujet original, même si on oscille entre scènes hilarantes et trucs plus grotesques, le tout avec un scénario en mousse (bien évidemment). mais c'est cool. Et il y a Nicole, pardon Olivia.

The Raid Redemption (ou Le Commando) : Expendales version indonésienne avec plein d'indonésiens qui maîtrisent le combat et qui sont plus increvables que John McClane. Bien réalisé mais trop de bagarres tuent les bagarres et scénarios et dialogues sont trop mononeurones pour être crédibles...


[Dernière minute] Quantum Of Solace : Je suis loin d’être exhaustif concernant les Bond, mais celui-ci c’est de loin le moins bon que j’ai vu (oui, j’aime bien la période Brosnan, n’en déplaise aux puristes, et oui je suis prévisible). Le scénario est mal arrangé avec de gros trous, le méchant est nul, les scènes d’action peu palpitantes… C’est vraiment un Bond mineur, uniquement là pour clore l’histoire de Casino Royale. Heureusement que la saga s’est rattrapée avec un Skyfall bien plus ambitieux.

mardi 10 décembre 2013

Hunger Games : L'Embrasement

Je ne sais pas s’il est utile de (re)présenter la saga Hunger Games. D’ailleurs on va essayer de la faire courte ce coup-ci (je vais quand même écrire beaucoup, je le sens), plutôt que de balancer un [Kritik Express] comme j’ai la flemme, comme pour La Stratégie Ender qui mérite tout de même toute votre attention. D’ailleurs après les ados qui accompagnaient Asa Butterfield et Harrison Ford, voilà une autre brochette de djeunz. Pour un public de djeunz d’ailleurs. J’ai dépassé l’âge légal d’apprécier des sagas comme Hunger Games ou Les Âmes Vagabondes mais par curiosité, je regarde quand même. Sauf Twilight, parce qu’il faut pas non plus déconner. Hunger Games, ça m’a intéressé dès le début (le début de l’adaptation cinématographique, je n’ai pas lu les livres… et c’est tant mieux concernant ce second opus, on en reparle plus bas), ce côté Battle Royale dans une société dystopienne post-apo prête à tout pour garder le peuple sous son contrôle. Bien évidemment, c’est un Battle Royale light et gentillet, mais de ce côté le premier volet d’Hunger Games était réussi. Se concentrant sur les Hunger Games en tant que tel, leur préparation et leur organisation et bien sûr leur déroulement de A à Z, ce film était plutôt prenant et convaincant, laissant de côté les sempiternelles histoires de cœur… mais aussi le développement de la société dystopienne sous-jacente, ce qui est un peu dommage. La saga va donc avoir la tâche de rééquilibrer tout ça avec le second volet, dénommé Hunger Games : L’Embrasement.

Après avoir gagné les 74èmes Hunger Games de Panem tout en mentant sur leur idylle pour survivre, Katniss (Jennifer Lawrence) et Peeta (Josh Hutcherson) pensaient se la couler douce dans leur District 12. Mais le capitole les rappelle à eux, pour faire la tournée triomphale des districts, tout en essayant de faire croire à tout le monde que leur idylle est bien réelle, sous les ordres du président Snow (Donald Sutherland). La tournée va mal se passer, Katniss et Peeta étant contraints de faire bonne figure tandis que des habitants rebelles des districts se font massacrer sous leurs yeux. Le président Snow comprend bien vite que, malgré leurs efforts pour ne pas faire de vagues et consolider leur idylle, Katniss et Peeta ainsi que tous les autres vainqueurs des Hunger Games dont Haymitch (Woody Harrelson) représentent une menace pour le capitole, car ils incarnent l’espoir pour la population. Plutôt que d’éliminer les gagnants, Snow suivant les conseils de Plutarch Heavensbee (Philip Seymour Hoffman) et après un incident impliquant Katniss et son « vrai » petit ami Gayle (Liam Hemsworth) dans le District 12, décide d’organiser les « jeux de l’expiation » où seront conviés les anciens gagnants des Hunger Games… qui vont donc devoir retourner dans l’arène.

J’avais dit que je la ferai courte : Hunger Games : L’Embrasement, c’est la même chose que Hunger Games. Dans le déroulement en tout cas, à la différence que les péripéties précédant les Hunger Games sont forcément différentes. D’ailleurs lesdites péripéties sont traitées assez vite et même de manière « condensée », tandis que la dernière partie du film qui se consacre aux jeux de l’Expiation est bien moins intéressante que la 74ème édition des Hunger Games qui avait lieu dans Hunger Games. Malgré ses 2 heures 30, Hunger Games : L’Embrasement souffre de bien peu de longueurs, ce qui est assez remarquable. Mais un fort sentiment de déjà-vu prédomine, même si des petites nouveautés ainsi que de nouveaux personnages -plus ou moins intéressants- apparaissent. La réalisation et les décors sont d’ailleurs bien meilleurs que pour le premier épisode, tempérant un peu les excentricités des costumes. Pour le reste, il est inutile que je fasse des commentaires sur l’acting, vu que c’est stricto-sensu la même chose que le premier opus. On appréciera toujours autant Jennifer Lawrence et Woody Harrelson, moins Josh Hutcherson (même si son personnage prend un peu d’épaisseur) et Philip Seymour Hoffman (trop « sobre »), et notons tout de même que le président Snow (Donald Sutherland) prend un peu plus d’importance, ce qui était la moindre des choses. On découvrira aussi Finnick (Sam Claflin) et Johanna (Jena Malone), un peu trop sur le tard même si la seconde est bien plus intéressante que le premier -qui fait trop « bogoss pour faire briller les yeux de ta petite seur » comme les protagonistes de Les Âmes Vagabondes- mais on les reverra probablement dans le troisième opus…

En parlant de troisième opus, la fin du film et la suite des évènements ne surprendra absolument pas ceux qui ont déjà lu les livres, ce qui doit d’ailleurs leur gâcher la fin de Hunger Games : L’Embrasement. Car moi je me suis bien demandé comment est-ce que ces jeux de l’Expiation allaient terminer, avec qui et comment, ce qui ajoute énormément de suspense et d’intérêt au film. Mais si j’avais dû être au courant de ce qui se passe à la fin et qui annonce le troisième opus, bof. L’intérêt se situe donc dans le développement de la société dystopienne de Panem, qui commence à prendre de l’importance dans cet opus. La cruauté et la domination du Capitole semble être sans limites de même que son goût pour la manipulation, ce qui fait le sel de la première partie du film, lui donnant un apparat dramatique assez prenant. C’est qu’on aurait bien envie nous aussi de nous révolter contre cette société fortement inégalitaire qui ne néglige pas les excès. La saga Hunger Games a donc quand même un côté fort qui peut prendre aux tripes, avec des personnages en lesquels on peut s’identifier, ce qui la fait passer bien au-dessus de la masse des sagas teenager. Certes, le côté calibré est parfois un peu gênant, mais les tribulations amoureuses n’ont que peu de place et ce sont bien les jeux et Panem qui sont au centre des intrigues. Ce qui nous donne donc un côté très sombre à l’ensemble, qui fait que la saga est probablement mésestimée même si elle reste destinée à un certain « public ».


Hunger Games : L’Embrasement est donc un film accrocheur, bien fait et rondement mené. Son seul défaut est d’être inférieur au premier opus, car trop proche dans sa structure et parfois moins intéressant, même si l’équilibre et les enjeux se déplacent. Ce second volet se pose donc comme un bon film de transition, sans plus mais ça se laisse regarder avec plaisir, du moment que l’on arrive à accrocher à l’univers et aux personnages. C’est le troisième volet (découpé en deux parties ?) qui devrait être explosif et bousculer le schéma « avant et pendant les jeux » qu’ont appliqué Hunger Games et Hunger Games : L’Embrasement. L’univers était posé avec le premier volet, ce second ne fait qu’avancer l’intrigue avec la même recette que le premier, la seule déception vient finalement du fait qu’il faille attendre un an entre chaque film. Hunger Games ne sera jamais la saga du siècle, mais parvient toujours à se défendre avec brio, grâce aussi aux belles images dans l’esprit post-apo et de bons acteurs, Jennifer Lawrence en tête. Inutile de dire que même si elle n’est pas grandiose, Hunger Games est de loin la saga « ado » la plus intéressante du marché, même si Hunger Games : L’Embrasement reste un opus assez convenu.
Note : 7/10

mercredi 6 novembre 2013

Europa Report

Tout le monde parle de Gravity (moi y compris), mais en termes de film spatial typé « survival », il n’y a pas que ça cette année. En témoigne ce film sorti un peu de nulle part, Europa Report. Apparemment sorti en juin dernier, reste à savoir où car à part en festival, autant dire que sa distribution est inexistante, car film trop indépendant. C’est donc par des moyens peu orthodoxes que je l’ai visionné, ce qui est fort dommage d’ailleurs. Fort dommage pour la qualité d’image, même si ce n’est pas forcément très important pour ce film qui est présenté comme un found footage spatial. Fort dommage surtout parce que sa grande qualité aurait mérité mieux que d’être visionnée par un cercle d’initiés, à l’affût des news sur les films du genre. Un found footage, ça ne donne pas envie de prime d’abord, sachant que le genre est archi-galvaudé (cf. la déclinaison infinie de Paranormal Activity qui ne fait guère peur qu’à ton petit frère de 13 ans qui veut jouer au dur mais sursaute quand même). Un found footage spatial, ça semble déjà plus original mais Europa Report n’est pas le premier film de ce crossover osé et incogru : Appolo 18 (2011) donnait là-dedans, pour un résultat qui n’a pas enchanté les critiques, mais je me garderai de tout jugement là-dessus sachant que je ne l’ai pas vu. Un peu plus de 10 jours après Gravity, me voilà donc avec entre les yeux une nouvelle aventure spatiale qui s’annonce périlleuse et tendue. Si la mise en lumière d’Europa Report m’avait suffisamment enthousiasmé pour cocher la case « à voir avant la fin de l’année par curiosité en attendant peut-être une bonne surprise », le résultat a nettement dépassé toutes mes espérances, mon aversion pour le found footage y compris. Récit de ce qui sera sans doute la surprise de l’année (comme la fin approche, il y a peu de chances que ça bouge).

Dans un futur apparemment très proche, une puissante société d’exploration spatiale décide de mettre en œuvre un projet fou : envoyer une équipe pour réaliser des prélèvements sur Europe, un des satellites de la planète Jupiter. Ce satellite a la particularité d’être recouvert d’une épaisse couche de glace, et des analyses ont montré que de l’eau se trouvait en profondeur. Qui dit eau dit vie potentielle et l’équipe d’Europa One est chargée d’aller mener quelques prélèvements pour une découverte qui serait de la plus haute importance (de la vie dans notre système solaire autre part que sur Terre ! vous rendez compte !). Débute alors un long voyage aller de plus de 22 mois pour l’équipe, constituée de 6 astronautes et scientifiques : William Xu (Daniel Wu), Rosa Dasque (Anamaria Marinca), Katya Petrovna (Karolina Wydra), Daniel Luxembourg (Christian Camargo), Andrei Blok (Michael Nyqvist) et James Corrigan (Sharlto Copley). Mais bien évidemment, le voyage et l’arrivée sur Europe ne seront pas de tout repos, entre problèmes de communication, accident tragique et péripéties liées à des phénomènes étranges…

Tout ceci nous est donc raconté d’un point de vue documentaire, avec intervention de deux responsables de l’expédition et de Rosa, qui est apparemment une survivante… Le tout grâce à des images des nombreuses caméras d’Europa One et des équipements des scientifiques, ou encore les caméras des scaphandres. Le film démarre même par une sorte d’introduction qui nous livre les premières clés de l’intrigue. Tout de suite, on pensera à District 9, le chef d’œuvre de Neill Blomkamp. Et ce n’est pas faux. Non pas que Sharlto Copley soit de la partie, tout simplement que tout comme le film sud-africain le côté documentaire va bien vite laisser place à une plongée dans les évènements. Une plongée qui, disons-le tout de suite, une fois bien lancée est particulièrement prenante. Soyons honnêtes, Europa Report est avant tout un survival spatial de plus, à la Sunshine et consorts (avec un beau concours du « qui va mourir dans quel ordre et comment ? »). Mais d’une part, l’originalité du sujet (basé sur de véritables recherches scientifiques) et le fait d’aller « plus loin » sans avoir recours à la stase ou à un quelconque artifice trop SF genre vitesse lumière est déjà appréciable. D’autre part, le côté found footage apporte un plus indéniable, évitant à Europa Report de se classer comme l’énième film catastrophe dans l’espace. Et surtout, tout ceci amène un côté hyper réaliste à Europa Report qui fonctionne parfaitement. La longueur du voyage, les conditions d’exploration, les aléas restant plutôt crédibles, le côté scientifique de la chose… Gravity, avec ses réserves d’oxygène qui durent et qui durent et ses voyages prolongés en jet-pack, est nettement battu. L’immersion est également totale et après un début de film où l’on pourra être dubitatif à la fois sur la démarche, le cheminement narratif et certains dialogues philosophiques ; une fois que les intrigues et rebondissements sont lancés on est dedans et on ne lâche plus Europa Report qui est assurément un des films les plus prenants et de l’année. La tension et le suspense sont à leur comble dans ce film qui paraît classique au premier abord, mais qui réussit à parfaitement conduire son scénario et nous tenir facilement en haleine, avec l’aspect found footage et caméras embarquées qui entretient l’ambiance particulière (avec une musique à l’avenant), qui ne vire jamais dans le mystique et reste terre-à-terre ou plutôt europe-à-europe, ce qui est un mal pour un bien car hormis la toute fin qui est une fausse bonne idée, on ne part jamais dans le nawak dont font preuve beaucoup de films de SF « conceptuels ».

Cette fin déçoit un petit peu mais c’est un des très rares défauts à mettre au discrédit de Europa Report. L’autre accroc majeur est le manque de moyens de l’Equatorien Sebastián Cordero, qui ne se distinguera pas par la qualité de ses images. On aurait aimé en voir plus d’Europe, et en plus beau évidemment, mais ça ne sera pas possible. Du coup, le tout est compensé par le tournage found footage qui maintient Europa Report dans une simplicité bienvenue, entretenant à la perfection l’aspect réaliste du film, on ne trouverait pas de plans larges d’Europe inutiles dans des archives d’une pareille mission. La simplicité se retrouve également dans le jeu des acteurs, d’ailleurs d’après les critiques et remarques que j’ai déjà pu lire c’est un point qui déplaît assez largement. Pourtant, et encore une fois, c’est un point que je mettrai au crédit du réalisme assumé d’Europa Report. S’ils manquent un peu d’émotion et de panique, les acteurs n’en font pas des tonnes et incarnent parfaitement des scientifiques qu’on imaginerait pas faire les dingues dans pareille mission. Sharlto Copley n’est pas très en vue et c’est plutôt dommage connaissant le potentiel de l’acteur (entre Elysium où il était un peu décevant et ici, son année 2013 aurait pu être meilleure). Michael Nyqvist, en scientifique vieillissant, et en revanche très bon, tout comme les inconnus Anamaria Marinca, Daniel Wu et Christian Camargo (qui était dans Démineurs mais ça ne me dit plus rien…) qui livrent une performance tout en sobriété. Seule Karolina Wydra déçoit pas mal : déjà, son personnage de scientifique prête à tout pour faire des découvertes est assez cliché ; deuxièmement, l’actrice ne brille pas par son jeu et son dernier rôle marquant, c’était celui de la fausse femme est-européenne du Dr House dans les dernières saisons de la série : du coup, on a trop l’impression de voir la femme de House dans l’espace est c’est assez troublant… Mais le minimum acceptable est assuré, et ce n’est pas cette petite approximation de personnage qui va ruiner un film aussi prenant que Europa Report.
L’attente était légère, mais le résultat bluffe et ce à plus d’un titre. Gravity n’était pas original mais s’en sortait grâce à sa réalisation exceptionnelle et sa tension extrêmement palpable. Europa Report ne se distinguera pas visuellement, mais la tension est tout à fait similaire même si le registre est un poil différent. Moins calqué sur une performance cinématographique, poussant à fond la simplicité et le réalisme inhérent au found footage, Europa Report est, à part 2-3 petits bidules à déplorer, une réussite totale du film spatial, sombre et inquiétant sans donner dans le mystérieux et restant très à cheval sur l’aspect scientifique. Donc j’ose le dire, Europa Report est meilleur que Gravity, d’un poil de nez coupé en deux certes, mais autant l’œuvre d’Alfonso Cuarón était attendue et à rempli sa mission, autant ce film de Sebastián Cordero arrive de l’inconnu et est une immense surprise. Inutile de dire qu’avec un peu plus de moyens et peut-être un casting plus huppé (même si ce n’est à mon sens pas indispensable), Europa Report aurait pu se ranger dans la catégorie chef-d’œuvre et être le film de l’année (pour l’instant, ça reste Man Of Steel en ce qui me concerne). Quoi qu’il en soit, ce film crossover montre que le genre found footage peut accoucher de belles choses quand il est doté d’un scénario classique mais travaillé et intelligent avec un vrai sujet de fond ; pour le reste si le style catastrophe/survival spatial vous parle, le visionnage d’Europa Report est tout simplement indispensable : c’est une épopée cosmique réaliste particulièrement prenante et génialissime.
Note : 9/10

vendredi 1 novembre 2013

Thor : Le Monde des Ténèbres

Avec Iron Man 3, Marvel a lancé sa fameuse « Phase 2 » post-The Avengers et attention, ça va enchaîner. Après (l’excellent) Iron Man 3 donc et avant Captain America : Le Soldat de l’Hiver qui a commencé à abattre ses premières cartes, voici Thor 2 intitulé Thor : Le Monde des Ténèbres (ou Thor : The Dark World en VO, ce qui a quand même un peu plus de classe).  Un film presque déjà boudé avant l’heure car on se souvient de l’inutilité de Thor, trop « décalé », qui avait plutôt fait office d’introduction à The Avengers plutôt que de briller par son scénario ou par ses personnages. Ça se laissait regarder mais la franchise Avengers est tout de même capable de mieux. Voilà donc la suite des aventures de Thor en solo, il est difficile de parler de Thor 2 quand The Avengers s’installe au milieu de tout. Surtout qu’après des bandes-annonces tonitruantes, de nombreux remous ont précédé la sortie de Thor : Le Monde des Ténèbres, notamment autour des quelques déboires de son réalisateur Alan Taylor. On a ainsi appris qu’ont été rajoutées à la hâte des scènes avec… Loki. Après avoir été le grand méchant de Thor puis de The Avengers, il ne serait pas temps d’arrêter de presser le citron, hmm ? Mais avant de parler de la 3ème occurrence du personnage, voyons déjà ce que Thor : Le Monde des Ténèbres a à nous proposer. Ce qu’on note déjà à la vue des bandes-annonces, c’est qu’on laisse le côté involontairement bucolique du premier pour de l’action et du spectacle. C’est là-dessus qu’il va falloir se focaliser pour apprécier ce nouveau Thor à sa juste valeur. Après…

Jadis, Malekith (Christopher Eccleston) a voulu plonger les 9 mondes dans les ténèbres, en se servant notamment de la puissance d’une matière étrange, l’Ether. Mais il a été stoppé par les forces d’Asgard qui l’ont contraint au sommeil. Des millénaires plus tard, Thor (Chris Hemsworth), après avoir sauvé New-York d’un cataclysme causé par son frère Loki (Tom Hiddleston), désormais emprisonné, s’affaire à assurer la paix dans les 9 mondes et est bientôt promis au trône de Roi d’Asgard appartenant toujours à son père Odin (Anthony Hopkins). Mais malgré l’agacement de ce dernier, il pense toujours à revoir la terrienne Jane Foster (Natalie Portman). Celle-ci, en enquêtant sur des anomalies dimensionnelles qui annoncent l’alignement des 9 mondes (ou convergence) à venir, va se retrouver propulsée dans un monde perdu et va ainsi retrouver l’Ether, qui a été jadis enfoui sous terre par les asgardiens. La libération de l’Ether, qui s’est retrouvé dans le sang de Jane, va provoquer le réveil de Malekith qui va à nouveau chercher à s’en emparer, et profiter de la convergence pour plonger l’univers dans les ténèbres. Pour contrecarrer les plans de Malekith qui a attaqué Asgard, refuge de Jane, Thor va devoir escamoter un plan bien périlleux à l’aide de son félon de frère Loki…

On nous avait promis de l’action, il y en a au programme pour ce Thor : Le Monde des Ténèbres. Sans virer dans la destruction massive, on assiste à de beaux combats, que ce soit par le biais de vaisseaux ennemis et asgardiens ou bien évidemment, par des combats au sol avec usage d’armes étonnantes (la grenade à trou noir ! encore un emprunt à Metroid et le canon combo sombre de Metroid Prime 2 : Echoes ?) et de gros coups (du genre qui te font valdinguer à 100m comme dans Man of Steel). Et ça fonctionne tout à fait. De Thor, il ne reste que les personnages principaux et secondaires et l’humour assez particulier (qui fait tout de même mouche), un peu moins présent ici forcément (ou moins mis en valeur). Pour le reste, Thor : Le Monde des Ténèbres est franchement inégal. De belles images sont au programme, mais j’ai trouvé que le début du film était très sombre, ce qui gène les yeux. Etait-ce dû à la projection de mon ciné ? Aucune idée mais c’était assez harsh par moments, et la 3D redevient discutable car elle n’apporte vraiment rien. Dans l’ensemble, du bon boulot a tout de même été fait, n’en déplaise à ceux qui attendaient de Alan Taylor qu’il reproduise ce qu’il fait pour Game of Thrones, ici on est dans une optique blockbuster et les réalisations sont toujours impersonnelles (prenons comme exemple marquant Man of SteelZack Snyder a tempéré ses excentricités). Pour ce qui est du scénario, on est en plein dans le blockbuster avec ses rebondissements plus ou moins attendus (surtout quand le fourbe Loki est de la partie…), mais outre la bravoure inutile, les petits mamours et les méchants aux aspirations dignes d’un jeu vidéo (« je vais plonger tout l’univers dans les ténèbres », trop de la balle, et ça va t’avancer à quoi ?), il n’y a finalement pas grand-chose d’intéressant à tirer de Thor : Le Monde des Ténèbres d’un point de vue de son histoire, qui reste finalement classique et sans fioritures. Si les longueurs et lourdeurs (et grotesqueries inhérentes à l’humour à la Thor), bien que bien présentes, ne sont pas légion, le coup de théâtre à la fin et la fameuse séquence post-générique amènent de la confusion franchement inutile. Les mecs de Marvel, c’est bon, on ira les voir vos films, ce n’est pas la peine de faire du teasing et d’intégrer des débuts d’intrigue dans tous les coins que vous pouvez, laissez-nous au moins profiter de l’instant présent et de la phase actuelle. Surtout que la séquence post-générique, elle peut aller très loin…

Si l’exploitation des personnages n’était pas le fort de Thor, Thor : Le Monde des Ténèbres va rattraper le coup. Chris Hemsworth fait du Chris Hemsworth mais son personnage a un peu tempéré ses facéties du premier opus et même de The Avengers, Thor en devient moins bourrin et presque trop sérieux mais ça rajoute un peu plus de profondeur au personnage. Comme promis (promis à Natalie Portman surtout…), Jane Foster a un rôle plus important que dans Thor et ça fonctionne, même s’il y avait peut-être moyen d’en faire plus car finalement le personnage ne fait que subir les évènements. Quant à Loki, si j’avais pesté sur son regain d’importance, il faut bien avouer que le personnage avec ses paradoxes tire une bonne partie du film vers le haut, surtout que Tom Hiddleston est vraiment au top de sa forme ici. Mais on reverra le personnage, même si on ne sait pas quand ni où ni comment. Du reste, si la fine équipe asgardienne de Thor est nettement moins en vue (quoique j’ai trouvé que Jaimie Alexander était plus agréable à regarder que dans le premier opus), des autres personnages ont le droit à leur moment de gloire comme Heimdall (Idris Elba) et la reine Frigga (Rene Russo), et Stellan Skarsgård campe cette fois-ci un Erik Selvig totalement allumé, on aimera ou pas la démarche. La grosse déception vient du personnage de Malekith, sans style et sans relief, c’est vraiment un méchant très mineur de la saga Avengers. Finalement, je retourne ma veste et avoue bien que remettre Loki dans la danse était la meilleure chose à faire. Peut-être que ses apparitions sont répétitives et forcées mais il y a moyen que la sauce prenne… Pour finir, on notera un caméo plutôt bien intégré de Captain America, à ne pas louper.

Bon, j’avoue que je tergiverse un peu dans le vide et ne sait trop quoi dire de ce nouveau Thor, ni trop quoi en penser d’ailleurs. « Tu t’entêtes et t’as Thor » ? Non, dans l’ensemble Thor : Le Monde des Ténèbres est un bien bon film, on est tout de même au-dessus du premier (ce qui n’était pas bien difficile…) et même de Captain America : First Avenger. On mettra d’ailleurs au crédit de Thor : Le Monde des Ténèbres une dernière partie de film presque WTF avec les trous entre les mondes qui réservent des scènes assez barrées, avec un gag dans le métro assez savoureux à 100% dans l’humour décalé inhérent à Thor. Ceci suit un ensemble de scènes plus ou moins épiques et plus ou moins palpitantes, dans un esprit forcément sombre qui est bienvenu. Mais quand on gratte un peu, des imperfections apparaissent et Thor : Le Monde des Ténèbres pâtit d’un scénario mi-simpliste mi-confus, qui a réussi à bien réintroduire Loki mais semble déjà vouloir en (re)faire trop avec lui. Un Avengers dans la bonne moyenne mais qui ne sera pas inoubliable comme le premier Iron Man et The Avengers, et qui en améliorant certains points aurait pu être un film de grande classe. Si le côté blockbuster forcément associé à la franchise Marvel vous rebute, ce n’est même pas la peine d'essayer car ce sont les « obligations » du genre (scénario classique, humour parfois à deux balles, méchant qui doit pas faire trop peur, intrigues secondaires annonçant la suite de la saga) qui desservent Thor : Le Monde des Ténèbres qui a tout de même quelques bons arguments visuels et des acteurs remplissant bien leurs rôles. Après le trop décalé et léger Thor, Thor : Le Monde des Ténèbres signe enfin l’entrée sérieuse du héros asgardien dans l’action à la Marvel, et on y prend du plaisir même si ce second opus n’est hélas pas parfait et ne fera certainement pas l’unanimité. Qui a raison, qui a Thor ?
Note : 7.5/10

vendredi 25 octobre 2013

Gravity

Gravity, moi à la base ça m’évoque plutôt l’excellent groupe de Metal à chanteuse de Montpellier. Ce qui aurait pu être choisi comme nom pour Upside Down dénomme finalement le nouveau méfait d’Alfonso Cuarón, sept ans après le très apprécié Les fils de l’Homme. Plébiscité par toutes les critiques spécialisées, Gravity est du genre très très attendu. Trop ? Je suis un grand amateur de science-fiction et de tout ce qui est spatial, mais si je cite plutôt le fameux groupe de Metal de Montpellier de prime d’abord, c’est que Gravity, j’en ai un peu rien à foutre. Oui, je trouve que tout le monde s’est enflammé bien trop tôt sur son sujet et seul le nom d’Alfonso Cuarón semblait justifier l’effervescence en amont de cette sortie. Pour le reste, on se situerait plus vers un film spatial plus réfléchi et contemplatif, à la Sunshine ou Solaris (où George Clooney apparaît également), sous-genre que je n’apprécie pas particulièrement même si j’ai trouvé le premier pas mal et que je n’ai jamais vu le second, car il ne m’a jamais tenté. Quant à Cuarón, je ne connais que Les fils de l’Homme, que j’ai surtout apprécié pour la maîtrise technique (ces plans-séquence hallucinants !) que pour l’histoire. Alors bon, on peut déjà attendre que Gravity soit techniquement très balaise mais pour le reste, j’ai quand même un peu peur. Peur que le film vire dans le contemplatif pur et simple, l’amoncellement de dialogues sur la vacuité de l’existence, ou un fameux huis clos élargi avec deux personnages qui dérivent dans l’espace et qui font… on sait pas quoi, probablement quelque chose de métaphysique, psychologique, bref quelque chose de prétentieux et chiant. Pire encore, ça pourrait se terminer en délire visuel abstrait à la 2001 Odyssée de l’Espace, et c’est le genre de trucs qui m’horripile au plus haut point. Mais après tout, même Sunshine échappait à ça même si l’on en était pas loin. Donc bon, Gravity doit quand même valoir le coup d’être vu pour l’aspect visuel, mais j’y vais franchement à reculons car passé le fameux « premier quart d’heure », j’ai peur de ce qu’il peut se passer.

Or voilà, c’est la grosse surprise. D’ailleurs je précise que mon habituel paragraphe « synopsis » va un TOUT PETIT PEU plus loin que ce que nous a réservé les nombreux résumés dans des magazines ou même les premières critiques qui ne sont pas allées au bout du sujet avec le recul, aussi je ne vais pas spoiler mais juste détailler un peu plus au-delà du premier quart-d’heure, si vous ne voulez pas savoir ce qu’il se passe tout de suite après ne lisez pas la fin de ce paragraphe, mais j’ai besoin d’une base pour argumenter le reste de ma critique. Donc : Le Docteur Ryan Stone (Sandra Bullock) effectue sa première sortie dans l’espace pour réparer un des éléments du télescope Hubble, surveillée par l’astronaute Matt Kowalsky (George Clooney) qui lui effectue sa dernière sortie avant de prendre sa retraite. Mais plus loin dans l’orbite de la Terre, une catastrophe se produit : les russes ont malencontreusement fait exploser un de leurs satellites et des débris foncent vers Hubble à toute vitesse. L’équipe doit déguerpir mais ne parvient pas à remballer à temps. Stone est alors propulsée vers le vide astral, coupée de toutes les communications avec la Terre. Equipé d’un Jet-pack, Kowalsky parvient à la retrouver. Ensemble, ils espèrent rejoindre la navette spatiale attenante mais celle-ci a été détruite et les deux astronautes sont les seuls survivants de l'accident. Kowalsky propose alors de puiser dans les réserves de son Jet-pack pour rejoindre l’ISS et espérer repartir à bord d’une fusée Soyouz. Mais ce n’est que le début des galères…

Et je crois que je ne vais plus lire les résumés ni même les critiques, qui faussent parfois tout l’esprit d’un film et le font passer pour autre chose qu’il n’est. Après Iron Man 3 et Man Of Steel et leurs héros soi-disants déchirés et en quête de rédemption, voici Gravity et son duo de héros qui sont censés dériver dans l’espace pendant une heure et quart. Or Gravity n’est certainement pas un film vide et faussement psychologique, ni même réellement dramatique. Et oui, la voilà la surprise : ça bouge, il se passe des trucs, il y a de l’action ! A un niveau moindre que dans les blockbusters, mais c’est tout de même un minimum palpitant avec des rebondissements et des moments forts. Finalement, c’est ceux qui s’attendaient à un truc contemplatif et « arty » qui risqueront d’être déçus. En vérité, Gravity a trouvé l’équilibre parfait, mettant suffisamment d’action pour ne pas endormir son monde tout en l’aérant assez pour ne pas partir dans le blockbuster générique. L’effet « huis clos » en est même faussé, vu qu’on passe de stations abandonnées en capsules de survie, c’est bien trop pour parler d’une unité de lieu. Tout, tout ce que j’avais pu lire à propos de Gravity était assez faux : je me demandais que diable pouvait-il se passer après le fameux accident qui lance les hostilités, j’ai ma réponse : c’est un survival-movie de science-fiction qui scotche au Fauteuil Noir de par son côté prenant et stressant, jouant sur une immersion quasi-totale (il y a même moult scènes en POV) sans partir dans la claustrophobie, multipliant les scènes de grande classe, filmées de main de maître, le tout avec un vrai scénario et pas un truc abstrait ou qui repose uniquement sur des dialogues abscons. Ça n’en fera donc pas un candidat à la palme d’or ou à un quelconque festival de film contemporain mais ça peut mettre tout le monde d’accord (et c’est même déjà le cas on dirait).

Bien sûr, le tout est servi par le talent d’Alfonso Cuarón qui a fait du travail de haute volée, bien accompagné par la musique saisissante. Avec le peu d’oxygène de l’espace, inutile de dire que Gravity coupe le souffle pendant une heure et demie. Si les plans-séquences plus ou moins longs ne surprennent pas vraiment (le gimmick de Cuarón est trop attendu peut-être ?), les paysages spatiaux sont splendides et les vaisseaux et stations spatiales (qui partent en miettes) donnent lieu à des plans et des scènes magistrales. Et quand le tout s’inscrit dans une histoire qui maintient une tension assez rare, autant dire que la réussite est totale. Au niveau visuel, Gravity est probablement un chef-d’œuvre, mot que j’emploie avec des pincettes d’où le « probablement ». Mais la grande qualité est là, accompagnée bien sûr de la mise en scène autour des séquences du film (POV, utilisation habile de l’apesanteur et de l’inertie, focalisation sur les acteurs…) qui prennent aux tripes et renforcent l’immersion. Sans virer dans l’expérience cinématographique à proprement parler, Gravity est un film qui sait comment captiver le spectateur, devenant même à déconseiller à ceux qui se sentent mal quand ça tourne ou quand on ressent une sensation d’apesanteur qui fait flotter le bide. Et c’est là que la 3D fait mouche d'ailleurs. On louera également l’aspect voulu très réaliste de l’ensemble, notamment avec un travail effarant sur le son (et oui, quand il y a de la casse dans l’espace, ça ne fait pas de bruit car aucun son ne peut se propager dans le vide), exploité à fond dans le film (lorsque le point de vue est à l’intérieur du casque des personnages, on les entend parler normalement, par contre à l’extérieur il y a un son typé radio : c’est le genre de détail qui a été parfaitement négocié). Mais dommage que cet aspect montre ses limites lorsqu’il est passé à la moulinette cinéma, genre « j’ai plus d’oxygène mais je tiens encore 15 minutes », « j’ai que 5 minutes pour aller d’un point A à un point B mais je le fais en bien plus de temps »… Une certaine scène part même dans l’impossible le plus absolu, et on comprend de façon un peu trop prévisible comment le phénomène a pu avoir eu lieu. Ce sont les seuls vrais accrocs de ce film qui atteint la perfection au niveau visuel et sonore.

Au niveau du scénario, s’il ne part donc pas dans l’onirique, le métaphysique ou l’abstrait, il n’est pas pour autant très étoffé et reste à l’essentiel, étant même finalement convenu par rapport à ce qu’on pouvait attendre d’un film avec pour pitch « des astronautes à la dérive dans l’espace ». La trame est donc classique, mais ce n’est pas très important car l’intérêt est ailleurs. Gravity a son rythme, se posant un peu parfois mais il y a bien peu de longueurs à déplorer. Contrairement aux héros qui flottent dans l’espace, on a beaucoup de points d’accroche, que ça soit les décors, la musique, ou encore les dialogues et les acteurs. Bon il n’y en a que deux, et c’est le casting le plus faible de l’année en termes d’effectif, mais pas en termes de qualité. Je voudrais tout d’abord m’attarder sur George Clooney, qui campe un héros tout à fait inattendu : c’est limite un Dr House de l’espace, un brin cynique et qui prend les choses avec humour et vantardise (le fameux record d’Anatoli) même dans les pires situations. Il amène même quelques touches d’humour dans un film où c’est la dernière chose qu’on s’attend à entendre. Sandra Bullock, qui a arrêté momentanément de faire Miss FBI et des comédies romantiques pour un sacré contre-emploi, excelle dans un rôle qui nous rapproche énormément des personnages de Ripley (Sigourney Weaver) et Shaw (Noomi Rapace) de Alien et Prometheus respectivement, dans un rôle de femme craintive qui doit faire face à l’adversité avec ses propres moyens. Soyons honnêtes, n’importe quelle actrice digne de ce nom aurait pu faire la même chose, nous ne sommes pas dans un pur rôle de composition, mais si le personnage est classique il est campé avec brio. Et on se doute bien qu’avec un personnage comme Alfonso Cuarón derrière la caméra, la direction d’acteurs est au top et n’importe quel quidam s’en retrouve transformé. Au final, Gravity est avant tout la réussite d’un Cuarón plutôt qu’un film qui va révolutionner la science-fiction ou même rentrer dans son histoire.

Car oui, il ne faut pas surestimer Gravity qui n’invente rien, proposant juste une appropriation personnelle du genre qui se traduit notamment dans la mise en scène, plutôt que dans le scénario qui ne propose à aucun moment des idées de génie. Mais plutôt que de s’embourber dans un délire arty qui aurait été indigeste et n’aurait guère plu qu’à l’Elite qui elle seule en aurait compris le sens, Alfonso Cuarón (qu’on ne pourra accuser d’être pourri par Hollywood vu qu’il a tout écrit et produit avec... son fils) a livré un film parfaitement dosé et qui éblouit de par sa réalisation. Au final, Gravity est un film puissant (pas dans le sens ou ça poutre) et monumental, mettant à la perfection en images une histoire de survival en milieu spatial qui s’avérait banale et minimaliste à la base. Solitude, contemplation, Post-Metal à trémolos et breaks ambiants, vacuité de l’espace ? Que nenni, l’homme a pollué l’orbite de la Terre avec ses stations et satellites et sans ça, pas de Gravity, enfin pas de la manière dont il se présente au final. Un film « mid-tempo » palpitant et particulièrement prenant qui joue la carte d’une immersion dans l’espace, ses dangers et les moyens mis à disposition pour un retour sur la surface de la planète. Une réussite qui aurait pu être totale sans un classicisme et un certain minimalisme assumé et quelques petits défauts de rigueur, mais sans tomber dans l’extrême « une expérience à vivre » c’est un film très fort qui doit être vu si l’on est pas allergique à tout ce qui touche au cosmos. Une claque « sensorielle » et même un tantinet émotionnelle qui doit même filer des frissons à Felix Baumgartner.
Note : 8.5/10

vendredi 11 octobre 2013

C'est la Fin

L’apocalypse du 21 décembre 2012 (qui n’aura même pas eu lieu ! c’t’arnaque !) aura été une source d’inspiration pour bon nombre de cinéastes, et notamment les comiques. Après le 2012 de Roland Emmerich qui avait pris un peu d’avance (comment ça, ce n’est pas une comédie ?), voilà les retardataires (pourtant 666 était sorti à la bonne date de mémoire…). Suivant de peu Le dernier pub avant La fin du Monde (ou le précédant de peu selon les pays…), voilà C’est la Fin concocté par Seth Rogen et sa petite bande. Enfin, pas de réel opportunisme sur l’apocalypse maya, vu que C’est la Fin est en réalité le portage d’un court-métrage auquel Seth Rogen a participé (Jay and Seth Versus the Apocalypse, datant de 2007), et qu’on parle de l’apocalypse de la bible ce qui est un poil différent. Le tout avec une particularité certaine, vu que tous les acteurs présents jouent leur propre rôle. Avec un pitch simple mais efficace, le tout annonce du grand délire qui semble s’affranchir de la « nouvelle scène » des comédies US pour jouer sur l’autodérision. Je suis loin d’être amateur de l’humour de Rogen, que ça soit dans le pseudo-revival American Pie (SuperGrave) ou les comédies de couple à la Judd Apatow (En cloque mode d’emploi et consorts), ainsi que les trucs connexes (Very Bad Trip), mais bon la bande-annonce envoie du lourd et le pitch est d’enfer (c’est le cas de le dire). Y’aura-t-il l’apocalypse dehors alors que je suis au chaud dans la salle de ciné ?

Jay Baruchel (Jay Baruchel) rejoint son ami Seth Rogen (Seth Rogen) à Los Angeles pour quelques jours, bien qu’il n’aime pas du tout cette ville. Après avoir maté des films en 3D et fumé quelques joints chez Seth, les deux amis acteurs décident de se rendre chez James Franco (James Franco), qui pend la crémaillère de sa maison flambant neuve. Mais tout à coup, c’est l’apocalypse. Incrédules au début, les convives de James Franco vont pourtant se mettre en panique lorsqu’une catastrophe dans Hollywood va emporter quelques-uns de leurs amis acteurs. Cloîtrés dans la maison de James Franco, Jay, Seth, Craig Robinson (Craig Robinson), et Jonah Hill (Jonah Hill), rejoints ensuite par Danny McBride (Danny McBride), vont devoir s’organiser pour survivre et faire face aux caprices de chacun. Entre trahisons et serrage de coudes, la bande de copains acteurs va devoir faire preuve de rédemption pour échapper au jugement dernier…

Le pitch est simple, le résumé est court. On se dit « cool ! » surtout qu’après une introduction obligatoire, le film part d’un coup sans prévenir dans l’apocalypse et de manière ultra-explosive. A partir de là, on se dit que ça va tout déchirer. Sauf que… Seth Rogen n’avait pas vraiment d’idées pour tenir plus d’une heure et demie. Et c’est le drame. C’est la Fin se résume très vite à un huis-clos très bavard où les acteurs-acteurs cabotinent à mort et jouent sur l’autodérision et leurs personnalités de star. C’était prévisible, et le film tourne très vite en rond, ne sachant pas trop quoi faire de son pitch de folie. Il n’y a que vers la fin, quand la bande sort un peu de chez Franco, que le film devient plus palpitant et propose des rebondissements significatifs, mais ça ne vient qu’après un étalage interminable de scènes se résumant à des dialogues, blindés d’humour très référencé (le coup du hipster !), entre stars défoncées à la drogue et à l’alcool. Il faut aussi dire que Rogen et Evan Goldberg ne devaient pas trop avoir de moyens pour faire des effets spéciaux (la scène avec le trou dans le jardin est particulièrement moche, digne des ‘productions’ de The Asylum) et montrer un peu plus ce qui se passe dehors… même si le nerf de la guerre est la quasi-absence de scénario. Les mecs, c’est tout ce que vous avez réussi à pondre ?

Certes, cela fonctionne assez souvent, car Seth Rogen et ses compères ont la science de l’humour gras qui fait mouche, et au final des films comme SuperGrave n’étaient que des brouillons. C’est en-dessous de la ceinture, mais on ne tombe pas dans l’obsession made in Ben Stiller (cf. Voisins du Troisième Type qui m’a vacciné contre ce genre d’humour pendant un bon moment), même si les dialogues sont crus. Il y a notamment une scène hallucinante où Danny McBride et James Franco s’engueulent sur les problèmes de branlette du premier, et l’on se tient les côtes pendant une poignée de minutes. D’autres trucs sont bien fendards, mais le film ne joue absolument pas sur le comique de situation alors qu’il y avait moyen de faire des choses énormes. Il joue aussi sur le Hollywood-bashing avec des acteurs accrocs à la drogue et au sexe, en témoigne le début du film avec un Michael Cera qui auto-pulvérise son propre personnage. Il aurait même été intéressant de voir ce qu’il aurait pu donner dans le film entier sur cette base (car oui, il meurt assez tôt dans le film, c’est dans la bande-annonce qui encore une fois légitime ce que Patrick Timsit dit dans Incontrôlable : « T’as vu la bande-annonce, t’as vu le film »). Les autres personnages sont bien choisis, ayant tous des personnalités différentes qui amènent du piment à leur relations, même s’ils sont plus connus du public américain (je suis peut-être un inculte, mais je ne connaissais ni Jay Baruchel, ni Craig Robinson, et à peine Danny McBride (vu dans Le monde presque perdu)). C’est juste dommage que Emma Watson, présentée en grande pompe, ait juste une scène de 5 minutes et on la revoit plus après, tout comme Rihanna qui aurait eu du potentiel (j’avoue, je trouve qu’elle s’en sortait bien dans Battleship), et une présence féminine aurait pu amener encore plus de piment à cette bande d’acteurs bras cassés. Dont bien sûr il sera difficile de faire des commentaires sur l’acting, hormis un James Franco très convaincant que l’on devrait voir plus souvent dans des comédies. Et le caméo de Channing Tatum vers la fin est juste dantesque, fin du film qui est logique mais un peu trop facile par ailleurs.


Donc bon, C’est la Fin est loin d’être un mauvais film et est plutôt plaisant, on rit souvent et c’est déjà bien pour une comédie. Mais franchement, j’en attendais bien plus ! Avec un pitch pareil il ne fallait pas se contenter d’aussi peu et y mettre plus d’inspiration et de moyens. Les fans de l’humour made in Seth Rogen, et de la « culture » qui va avec (il faut saisir toutes les références et bien connaître les acteurs) seront aux anges et seront sauvés par le halo bleu du paradis. Les autres devront lutter sur Terre au milieu des flammes et seront forcés à subir un huis-clos qui met à mal toutes les promesses d’une pareille comédie. Pour nous conter la fin de l’humanité, on préfèrera largement les facéties du trio Wright/Pegg/Frost à C’est la Fin, même si ce n’est pas comparable (surtout au niveau de l’humour, mais au final l’histoire du film peut faire penser à celle de Shaun of the Dead…). C’est la Fin permet tout de même de passer un bon moment et de s’enquiller quelques rires gras coupables, mais semble finalement terriblement décevant par rapport à ce que l’histoire pouvait apporter. Seth Rogen avait une idée de base géniale mais n’a pas su broder suffisamment autour pour faire un scénario qui tue avec des trucs qui pètent bien. C’est la Fin est au final assez inégal et alterne scènes et dialogues énormes, et passages inutiles qui font plus remplissage dans un esprit « bon ! nos gars sont coincés dans la maison, ils font quoi maintenant ? ». Trop limité, parfois trop attendu et dans la globalité, frustrant. Et c’est fini !
Note : 6/10

mercredi 25 septembre 2013

Riddick

Fast & Furious ne lui suffisant plus, le rutilant Vin Diesel a relancé une autre saga dans un genre bien différent, qui était laissée en suspens depuis 2004. Il s’agit bien sûr de la saga SF Riddick, qui avait donné naissance à deux films bien différents, surtout appréciés par les amateurs éclairés de science-fiction que par le tout puissant grand public (même s’il a depuis eu l’occasion de se rattraper avec les moult diffusions sur RTL9 et la TNT, encore quelques jours avant la sortie du troisième opus d’ailleurs). Pitch Black était sorti en 2000 et présentait un survival movie spatial avec de méchantes bêbêtes qui sortent que la nuit, ce qui est un avantage pour le nyctalope (non, il ne s’agit pas de niquer ta ‘lope, cousin) Richard B. Riddick. Autant que je le dise tout de suite, je n’ai jamais aimé ce film que j’ai découvert sur le tard. Je le trouve vide et chiant. Il faut dire qu’à l’époque David Twohy avait peu de moyens et s’était concentré sur la tension causée par l’histoire, mais ça ne m’avait pas convaincu le moins du monde. En revanche, Les Chroniques de Riddick sorti quatre ans plus tard a été pour moi une grosse baffe. Un authentique Space-Opera, certes un peu trop théâtral parfois, servi par une réalisation aux petits oignons et des décors somptueux, ainsi que par d’excellents personnages dont bien sûr Riddick qui devient le personnage principal d’une nouvelle saga. Ce n’est que 9 ans plus tard que le troisième opus arrive en salles, et la saga Riddick est peut-être désormais moins considérée comme de la SF mineure (d’ailleurs dans mon complexe de 10 salles, Riddick a été diffusé dans la plus garde, ce qui est un honneur et montre une certaine reconnaissance). Pourtant, mauvaise nouvelle pour moi : exit les Necromongers qui avaient fait le charme de Les Chroniques de Riddick et retour, à priori, aux sources du survival spatial à la Pitch Black. Tant pis mais on va aller voir de quel bois Riddick se chauffe tout de même… pour un film bien sobrement dénommé Riddick. C'est plus facile.

Trahi par les Necromongers dont il s’était octroyé le titre de Haut-Commandeur, Riddick (Vin Diesel) est laissé à l’abandon, blessé et diminué, sur une planète inconnue, inhabitée et hostile. Seul, le criminel toujours recherché mort ou vif va bien vite apprendre à survivre à la faune locale. En explorant la planète, Riddick tombe sur une base de mercenaires laissée à l’abandon. Afin de pouvoir s’enfuir, il lance donc un appel de détresse qui va envoyer son identité aux mercenaires qui le traquent depuis toujours. Arrivent alors deux groupes, l’un commandé par le fantasque Santana (Jordi Mollà) qui veut mettre la tête de Riddick dans une boîte, l’autre par un commandant plus sérieux (Matt Nable) dont le nom ne sera dévoilé que plus tard (eh oui, c’est un spoiler) et qui cherche de son côté à appréhender Riddick vivant. Les deux unités de mercenaires vont donc devoir collaborer tant bien que mal pour retrouver Riddick qui n’est pas avare en pièges et coups tordus divers. Mais alors qu’une autre menace, interne à la planète, semble se dévoiler avec la pluie et la nuit, c’est tout ce petit monde qui va devoir collaborer pour survivre…

Pour résumer vulgairement, Riddick c’est Pitch Black avec les moyens de Les Chroniques de Riddick. Mais en réalité, c’est un peu plus que ça, même si forcément sans les Necromongers (un tout petit peu quand même) et avec le retour du concept « survival sur planète abandonnée avec aliens qui sortent que la nuit » on se rapproche bien plus du premier opus. Le film est clairement divisé en deux parties, une première qui raconte l’arrivée et l’adaptation de Riddick à la planète hostile, siège de flashbacks et de monologues. La seconde se met en place dès l’arrivée des mercenaires et l’organisation de la traque, jusqu’au final dans les ténèbres. Le développement du film est assez lent (la preuve, pour pondre un synopsis complet je suis obligé d’aller loin dans l’histoire), mais sans que je sache expliquer pourquoi j’ai trouvé Riddick bien moins ennuyeux que Pitch Black. Si l’on conserve le même esprit, ce troisième opus enterre pour moi assez largement le premier. Deux choses ressortent : les dialogues qui sont incisifs, Riddick s’en donne à cœur joie et on a même bien plus d’humour que dans les deux précédents opus, avec le recul assez premier degré d’ailleurs. Les nombreuses situations avec les mercenaires en deviennent donc très croustillantes (notons aussi que l’on part facilement dans le sanguinolent, ce qui est assez jouissif). La seconde chose ce sont bien sûr les images : exit la simplicité de Pitch Black, la majorité du film se passe d’ailleurs de jour et les décors planétaires sont magnifiques, même monumentaux sur le début, et les diverses créatures sont également fort jolies. On n’atteint pas les sommets de Crematoria mais Riddick est un film plus sobre dans l’esprit, plus classique. Même si l’histoire à de forts airs de déjà-vu, Riddick est un film très bien mis en scène et on se laisse très facilement convaincre.

Pour ce genre d’histoire on s’attardera forcément sur les acteurs, Riddick est bien évidemment au centre de tout ça mais c’est surtout la première partie du film qui est dédiée à sa gloire, avant de laisser un peu de place aux mercenaires. On découvre dès le début un Riddick bien affaibli, limite le film aurait pu être présenté comme l’ont été The Dark Knight Rises et Iron Man 3 car Riddick n’est plus tout-puissant, lacéré de partout et avec une jambe cassée qui lui fait bien mal. S’il reprend de la puissance par la suite, on retrouvera néanmoins le concept du colosse blessé en toute fin de film, donnant finalement beaucoup de contraste au personnage, qui ici charcute bien moins que dans les deux premiers opus. Et Riddick est toujours aussi cynique et vachard avec ses adversaires, livrant comme je le disais une partition plus humoristique que par le passé. Du côté desdits adversaires, il y a à boire et à manger. Les deux leaders, Jordi Mollà et Matt Nable, sont bien opposés et tous les deux excellents, le second laissant une intéressante partie de mystère d’ailleurs. Dans son camp, nous avons Dahl une protagoniste digne d’intérêt pour les fans de pure SF, à savoir Katee Sackhoff aka Kara « Starbuck » Thrace de Battlestar Galactica. Mais malheureusement, son personnage ici est bien trop proche de celui de Starbuck, en plus disciplinée et qui donne plus de baffes toutefois ; mais on a un peu trop l’impression de voir la vraie Starbuck débarquer au milieu de l'univers de Riddick. Pour les autres, aucun ne sort trop du lot (et puis on peut jouer au jeu du « kicékiseferabuterenpremier ») si ce n’est un petit jeune branché sur la religion (encore quelque chose hérité de Pitch Black) et Dave Bautista alias Batista de la WWE, que personnellement j’ai trouvé archi-nul dans son rôle de bourrin sans cervelle. Et comme tout bon catcheur, il trouve le moyen de placer une de ses propres prises dans le film… le cliché attendu et la facilité absolue. Mais personnages secondaires comme tertiaires, dans l’ensemble le casting de Riddick tient la route.

Et tout ceci goupillé, à savoir un Riddick plus charismatique que jamais, des décors et bestioles qui pètent bien, des seconds rôles réussis et une histoire plutôt prenante malgré le rythme peu soutenu, font de Riddick un bon film… de la saga Riddick avant tout, mais une bonne œuvre de SF aussi. L’action n’a pas beaucoup de place, la tension non plus, Riddick est surtout un film de SF multicartes qui parvient à surprendre et à accrocher le spectateur un minimum. Quoi qu’il en soit, moi qui m’attendais à un film trop Pitch Black-like lent et creux, Riddick a été une bonne surprise, même si avec Les Chroniques de Riddick la saga avait su montrer qu’elle pouvait avoir de grandes qualités. Le seul regret que l’on peut avoir de Riddick, au-delà de son côté un peu classique et déjà-vu, c’est que ça ne semble être qu’un film de transition, alors qu’il aurait été bien plus intéressant de mon point de vue de poursuivre sur la lancée de Les Chroniques de Riddick, avec les Necromongers, Furya, Antéverse et tout le toutim. Après ce troisième opus qui est au final un « vrai » Pitch Black 2, il ne reste plus qu’à espérer que l’on reparte sur un Les Chroniques 2 dans une sorte de saga à croisements. Et si l’on en croit les déclarations de Vin Diesel, également producteur, il devrait bien y avoir une suite qui remettra dans le tas les enjeux de Les Chroniques de Riddick. Riddick relance donc sérieusement la série qui semble plus que jamais avoir un gros potentiel. En attendant, ce troisième opus qui semble surtout faire guise d’interlude est tout de même digne d’intérêt : c’est même un très bon film.
Note : 8/10

vendredi 6 septembre 2013

Les Seigneurs

Le football au cinéma, c’est un programme très restreint et il n’y a guère que nous français pour se pencher sur la question. Je ne vais pas essayer d’être exhaustif, mais à ce sujet deux films me viennent immédiatement à l’esprit. Le premier est Les Collègues, sorti en 1999. Si je l’ai vu plusieurs fois il fut un temps, il ne m’évoque plus que 4 choses : Joël Cantona, « moi je pisse droit », la finale de la Coupe du Monde 1998 un mardi et l’hilarant gardien de but qui carbure au pastis. Le second est 3 Zéros, sorti en 2001. Celui-ci était une réussite, une peinture mordante et explosive du foot-business. J’ai presque envie de dire qu’il est culte tiens, et même limite réaliste par rapport à ce qu’on nous sert desfois (eh oui, faire rentrer une jeune recrue dans un match de coupe UEFA, c’est tout à fait crédible). C’est qu’en s’attaquant à un sujet précis, nous français avons tendance à réinventer tous les codes et à nous placer dans un autre espace-temps. C’était par exemple le cas de Pop Redemption cette année. Quelques mois plus tôt sortait Les Seigneurs, qui est donc une nouvelle comédie sur le football. Ça ne paye pas de mine comme ça et ça sent le film qui va traiter son sujet principal très superficiellement. Je n’ai pas commis l’affront d’aller le voir au cinéma (je préfère payer ma place pour des films qui ont un intérêt visuel à être vus sur toile blanche…), alors voici une séance de rattrapage grâce à la mise en clair de Canal+ en septembre pour les abonnés CanalSat.

Patrick Orbéra (José Garcia) est une ancienne star du football et coach prometteur, qui a été ruiné par des démêlés avec le fisc et des problèmes d’alcool. Suite à un pétage de plombs sur le plateau de Téléfoot où il était consultant, il est à deux doigts de perdre la garde de sa fille, et est contraint d’accepter le poste d’entraîneur du club amateur breton de Molène. Sous la houlette de Titouan Legennec (Jean-Pierre Marielle), il doit réussir à atteindre les 32èmes de finale de la Coupe de France avec l’équipe locale. La bourgade insulaire a en effet besoin de la recette des matchs pour pouvoir sauver sa conserverie locale, menacée de liquidation. Se rendant compte que l’équipe dont il a la charge est bien faible, malgré le prometteur Le Pen (Le compte de Bouderbala), il décide d’appeler à la rescousse 5 de ses anciens coéquipiers : Fabien Marandella (Ramzy Bedia), gardien de but accro à la drogue qui veut désormais jouer avant-centre, Rayane Ziani (Gad Elmaleh), milieu offensif sujet à la dépression et aux crises d’angoisse, Wéké N’Dogo (Omar Sy), défenseur central dont la carrière a été perturbée par des problèmes cardiaques, Shaheef Berda (Joey Starr), milieu défensif qui fait des séjours en prison en Angleterre, et David Léandri (Franck Dubosc), buteur qui s’est reconverti acteur et qui sera bien difficile à convaincre. Orbéra va devoir donc tant bien que mal canaliser son équipe et faire avec les frasques de chacun, sous la pression de Legennec et des insulaires déterminés à sauver leur conserverie…

Pour commencer, on ne saura en quelle division joue le club de Molène. Vu le niveau des joueurs à la base, on pourrait dire bas de tableau de 2ème division de district… Bon ce n’est pas bien grave, car pour le reste et pour l’organisation même des tours de Coupe de France, la réalité des choses est respectée (malgré quelques raccourcis). Mais il est toujours étonnant de voir se croiser des faits réels et des faits inventés sur fond d’une certaine culture football (l’Atletico Madrid, il fallait aller le chercher !), Zidane a droit de cité, Christian Jeanpierre est aussi aux commandes de Téléfoot, mais par contre tout ce beau monde a dû côtoyer les protagonistes du film dans une histoire footballistique parallèle… Et c’est bien beau de citer Zidane, mais N’Dogo / Omar Sy est un faux Thuram à 100% : les lunettes, la couleur de peau, le poste, le sérieux du personnage (le moins barré du lot), le geste du doigt lorsqu’il met un but… Les Seigneurs est donc sans cesse tiraillé entre l’invention et la volonté de citer des références, qui sont donc réduites au strict minimum. Bon à la limite on s’en cogne, c’est un film. Deux questions importantes se posent : Est-ce que ça respecte le football ? Le foot se joue à 11 (bon, avec des remplaçants, messieurs les scénaristes) et dans les images de match, ça ne se voit pas trop pour se focaliser sur les 5 compères. Mais pas d’exagérations ou de trucs qui réinventent carrément les règles du football, le tout reste crédible et c’est déjà bien (on a même droit à de jolis buts). Le fameux match des 32èmes de finale contre l’OM (oui je spoile mais en même temps wikipédia le fait aussi…) est d’ailleurs filmé d’un point de vue très réaliste, dans le véritable stade de Brest. Les joueurs portent même le maillot officiel de la Coupe de France avec son flocage ! Bien évidemment, l’équipe de l’OM n’est pas la vraie équipe de l’OM mais ce n’est pas bien grave non plus (par contre, à ce que j’ai pu voir dans le générique ce sont de vrais joueurs de foot, j’y ai vu le nom de Stéphane Léoni, ex-FC Metz, et 2-3 autres noms qui me semblaient connus…). Enfin bon, dans 3 Zéros il y avait les vrais joueurs du PSG et d’autres personnalités… Donc bon, Les Seigneurs ne massacre pas l’univers même du football, même s’il ne se pose pas comme un pur hommage non plus, malgré un fond de culture foot évident.

La seconde question : est-ce que c’est drôle ? Parce que c’est une comédie sur le football (certes), mais une comédie quand même. C’est là que ça peut coincer. Les Seigneurs ne fait pas rire sur des clins d’œil, alors qu’il y avait largement la place de faire quelque chose en ce sens, ce qui est d’ailleurs un peu décevant. Reste juste le gag bien pensé du huis-clos suite au fumi balancé sur le terrain, ainsi que la culture du « petit poucet » et la sempiternelle panenka, mais à part ça… Le film joue à la fois sur le comique de situation et sur des répliques bien senties. Ça fonctionne de temps en temps, on rit quelquefois de bon cœur, mais rien d’excessivement hilarant, surtout que le film est nettement tempéré par le côté grave et social et les bons sentiments (bien évidemment), servi par un scénario sans fioritures ni énormes rebondissements. Bien sûr, Les Seigneurs joue à fond la carte des personnages, mais ils sont à la fois caricaturaux et mal exploités. Chacun à sa « particularité » qui intervient forcément à un moment des intrigues (la panenka de Léandri, les problèmes cardiaques de N’Dogo, les angoisses de Ziani…), mais c’est trop attendu et ça ne fonctionne pas. Et la caricature est bien évidemment trop grossière et surtout peu crédible, notamment les personnages de Marandella (le drogué corruptible) et Berda (le bourrin irritable), aucun footballeur confirmé ne finira comme ça et c’est exagéré au possible. Mais comme toujours, c’est un film… et on notera au moins que chaque acteur est bien rentré dans son personnage et le joue à la perfection, hormis un José Garcia finalement peu intéressant, un Franck Dubosc un brin saoulant et un Gad Elmaleh bien trop lunatique (bon du coup, la moitié des personnages ne prennent pas en fait…). Reste alors Jean-Pierre Marielle, qui lui a toujours la grande classe (encore heureux), un caméo de Jean Reno, et des acteurs tertiaires presque tous issus de pubs ou de programmes courts… formidable casting à la française.


Bon, je m’attendais à bien pire, à un truc pas drôle et cabotin comme pas possible qui torpille l’univers du football, ses règles et ses compétitions. Il n’en est rien (surtout le second point) mais bon, il y avait moyen de faire mieux et Les Seigneurs laisse un goût d’inachevé, l’impression que le film ne va pas au bout de son sujet notamment sur le plan footballistique (le foot-business n’est pas du tout évoqué, hormis quelques petites vannes, bon d’un côté mieux vaut laisser ça à 3 Zéros qui le faisait très bien), ainsi que sur le plan des personnages qui auraient pu être mieux exploités, moins exagérés. Quant à l’humour de la chose, cela dépendra de l’appréciation de chacun, de sa propension à lâcher quelques rires gras dans un humour certes bien moins beauf que prévu. Crédible mais-pas-trop pour rester une pochade franchouillarde mais-pas-trop-non-plus, Les Seigneurs remplit sa mission de comédie légère sur le football (avec un fond social pour se donner un genre) mais pas beaucoup plus. Ça reste correct, regardable, sympathique sans être inoubliable, bien mis en scène et bien interprété, mais le score ne reflète pas la physionomie de la partie. Les Seigneurs a bien tenu son match mais aurait pu montrer bien plus de choses dans le jeu. Un film de niveau DHR qui créé la surprise mais n’ira pas plus loin qu’une défaite aux tirs au but contre une L1.
Note : 6/10