mardi 28 mai 2013

Les Profs


Si j’ai créé ce blog dans le but de faire de la critique cinéma purgée de toute forme de purisme ou d’exigences disproportionnées faisant parfois fi des particularités des genres (même les moins appréciables), il y a un truc avec lequel je ne rigole pas ce sont les adaptations de bédé. L’exercice est casse-gueule surtout avec la création francophone. Astérix & Obélix en ont fait les frais : après un Astérix & Obélix Mission Cléopâtre ô combien jouissif, Astérix & Obélix aux Jeux Olympiques et Astérix & Obélix Au Service de Sa Majesté ont été des purges mémorables, surtout le second (mais quel massacre !). J’ai renoncé à aller voir Boule & Bill plus tôt cette année : trop enfantin et le casting ne me plaisait pas du tout. Par contre, voilà quelque chose de plus intéressant : Les Profs. Je suis la BD depuis le premier tome et je me demandais justement quand cette bédé à potentiel allait être portée sur l’écran, pour enfin voir les personnages prendre vie. Cette BD est tout à fait excellente avec un travail de fond qui correspond exactement au train-train quotidien des profs avec un humour finalement très référencé et spécialisé (je connais un paquet de profs qui peuvent en témoigner). Bref, il y avait de quoi faire avec des personnages forts, et Pierre-François Martin-Laval a toutes les cartes en main pour nous faire quelque chose qui fonctionne un minimum.

Hélas, d’emblée l’emballage de l’ensemble est déconcertant. De par son scénario bien spécifique, qui ne correspond pas à la réalité dans laquelle s’ancre la BD et part d’ores et déjà dans une direction incongrue et délirante. Alors que les taux de réussite du Bac sont excellents (c’est Claire Chazal en personne qui le dit au début du film), le pourcentage du lycée Jules Ferry est lui catastrophique, faisant de lui le pire lycée de France. L’inspecteur d’académie (Dominique Pinon) sur les conseils de son adjoint (François Morel) décide alors de soumettre le lycée à un traitement fantaisiste : s’il y a là-bas les pires élèves, envoyons-leur les pires profs et « moins par moins, ça fait plus ». Le lycée doit donc obtenir 50% de réussite à la fin de l’année scolaire, sinon il sera fermé. Au grand dam du proviseur (Philippe Duclos), débarque alors une fine équipe : Antoine Polochon (Pierre-François Martin-Laval), prof d’histoire die-hard fan de Napoléon qui n’a jamais pu avoir son CAPES ; Gladys (Isabelle Nanty), prof d’anglais tyrannique adepte du lancer de craies ; Maurice (Raymond Bouchard), prof de philo à la doctrine incompréhensible ; Amina (Stéfi Celma), prof de français aux formes affriolantes qui perturbent les élèves (masculins) ; Eric (Arnaud Ducret), prof d’EPS écervelé aux méthodes peu conventionnelles ; Albert (Fred Tousch), prof de chimie pour le moins « explosif » ; et enfin Serge (Christian Clavier), prof de… on sait pas trop quoi (mais on peut suggérer sa matière au fil du film, je ne le dévoile pas car pour les fans de la BD c’est un serpent de mer !) glandeur à l’extrême. Ce septette va donc avoir pour mission de faire réussir la classe de terminale du petit lycée, qui a pour star l’énième redoublant Boulard (Kev Adams)… et leurs méthodes vont devoir s’adapter au fil de l’année scolaire alors que le proviseur et l’inspecteur adjoint ont d’autres intentions…


D’emblée, cela ne correspond pas franchement à l’esprit de la BD qui suit une équipe pédagogique somme toute « normale » (mais un brin farfelue comme de bien entendu) avec bon nombre de strips « en coulisses » plus qu’en classe, mais pour un film d’1h30 il fallait bien trouver une histoire. Autant dire que le scénario et ses « rebondissements » tient sur un demi ticket de ciné et n’est prétexte qu’à une accumulation de gags, même si nous ne sommes pas dans une suite de strips mais bien un film à part entière. Première chose qui tranche par rapport aux personnages de la BD : ils ne sont pas tous franchement ressemblants. Pourquoi avoir pris le temps de grimer Isabelle Nanty en Gladys (et très bien d’ailleurs) si c’est pour occulter tout le reste ? Hormis Maurice et Amina qui ressemblent physiquement au personnage de BD qu’ils campent à la base (ainsi que Boulard avec sa chemise et sa casquette), les autres profs ne ressemblent ni de près ni de loin à ceux de la BD. Eric le prof d’EPS est blond dans la BD, Arnaud Ducret est brun. Pareil pour Polochon (bon, il faut dire qu’il aurait été difficile de faire en vrai sa coupe de cheveux improbable), et Boulard aussi d’ailleurs. Le prof de chimie n’a pas les cheveux longs. Serge n’a pas du tout ce style « baba-cool » que possède Christian Clavier. D’ailleurs dans la BD le personnage s’appelle textuellement « Tirocul », pas « Cutiro » (ils ont trouvé ça trop vulgaire ?). Même les personnages secondaires, apparaissant également dans la BD, ne correspondent pas à leurs versions papier. Pas de CPE à grandes oreilles, pas de prof d’espagnol maniaco-dépressive, pas de prof d’allemand rousse (bien qu’également courtisée par Polochon tout comme dans la BD), pas de concierge méchant, seul Paul le syndicaliste correspond à peu près au personnage de BD (hormis son physique, encore). Et le proviseur du film est bien plus vieux que celui de la BD… tandis que l’« inspecteur adjoint » n’y est tout simplement pas. Ajoutons à cela quelques personnages absents (le prof de français vieux jeu, le prof de géographie baroudeur, le surveillant glandeur, Nitchinsky, etc) et le fait que certains personnages n’ont pas du tout la même importance que ceux de la BD (le prof de chimie est très secondaire (même Serge l’est assez !) alors qu’on voit souvent la prof d’espagnol dans la BD), fait que Les Profs est finalement bien loin de l’univers de la BD dont il s’inspire (plus qu’il ne l’adapte en fin de compte).

Et tout ça pour quoi ? Une relecture de la galerie de personnages qui vire très vite à la caricature. C’est bien simple, tous les personnages sont totalement débiles (le summum étant Eric le prof d’EPS) alors que ce n’est absolument pas le cas dans la BD. Le ton est donc totalement différent. Maurice n’aligne pas des locutions incompréhensibles dans la BD, Eric est moins beauf et bien plus malin, Gladys ne lance pas de craies (elle hurle sur les élèves plutôt). Seul Polochon le stressé est ici le plus proche du personnage de la BD, en un peu plus con bien évidemment. Serge est propulsé au rang de star et ça fonctionne plutôt bien (sachant qu’encore une fois, le personnage est assez à part dans la BD). Amina n’a rien de spécial ni dans le film, ni dans la BD (donc ça reste cohérent finalement), et comme Albert le prof de chimie est tertiaire dans la BD ça en fait un personnage de film un peu « nouveau » (et il s’en sort bien avec un gag d’explosion hilarant, le meilleur du film). Les personnages sont donc clichesques et cabotins à l’extrême, le pire étant même François Morel qui campe un personnage absolument pas crédible. La crédibilité n’est de toute façon pas le maître mot du film, qui part dans le n’importe quoi avec des gags WTFesques (mention spéciale à la guerre des craies), faisant plus de Les Profs un dessin animé porté par de vrais acteurs qu’autre chose. Les gags virent assez vite au grotesque, et au final le film ne laisse apprécier qu’en switchant son cerveau sur « off », alors que la BD laissait plus de place à l’analyse. Le côté totalement débridé du film laisse finalement peu de place à un étalage de bons sentiments ou de morale à deux balles (même si le happy end prévisible en tient une petite couche), en revanche pour ce qui est des poncifs de films « collèges et lycées » ça y va à fond et tout y passe, surtout les scènes où les élèves sont mis en avant, contrairement à la BD où seuls les profs sont véritablement à l’honneur (d’où le nom de la BD, haha).

Donc au bilan, Serge (Christian Clavier), Maurice (Raymond Bouchard), Albert (Fred Tousch) et le proviseur étonnamment présent (Philippe Duclos) s’en tirent avec les honneurs, de même que Boulard (Kev Adams) qui est tout à fait supportable à vrai dire. Le reste, hormis deux belles plantes pour les plus jeunes (Joana Person alias Nectarine) et moins jeunes (Alice David, la prof d'allemand), ça ne vole pas très haut, et le film fait plus rire involontairement de par son côté exagéré plus que par les dialogues, même si un bon nombre de gags ou situations fonctionnent à merveille au sein d’un film tout de même assez rythmé et pétillant. Au final, je n’arrive même pas à me faire un avis définitif sur ce film. Dire que je suis déçu, oui et non car de toute façon il était difficile de prévoir une adaptation « brute » du format (et tiens, pas d’interludes « Shopping Prof » ? c’eût été une bonne idée), mais il y avait peut-être moyen de faire mieux et rien qu’au niveau des personnages, trop éloignés de leurs avatars BD, déjà. Un massacre de la BD ? Non car le scénario s’est finalement autorisé une réinterprétation de l’« histoire » qui demeure cohérente même si l’on peut déplorer le résultat, un peu « too extreme » et passablement caricatural. En tout cas, je trouve que ça trahit moins la BD que Astérix & Obélix : Au Service de Sa Majesté qui avait tout foutu en l’air, lourdeurs et ratés à l’appui. Disons que c’est très différent, sans être scandaleux, mais les véritables profs qui attendaient les nombreux clins d’œil de la BD en seront pour leurs frais (même si le film n’est pas « du côté des élèves » comme j’ai pu l’entendre). Au final l’intérêt principal est de voir les personnages prendre vie, tant pis pour l’esprit de la BD qui s’est perdu avec les caméras. Pierre-François Martin-Laval s’est offert une « adaptation » très personnelle qui nous donne une comédie explosive et volontairement rétrograde, et c’est à prendre ou à laisser. Au final ce film est plus à conseiller à ceux qui ne connaissent pas la BD, car le ton et les situations proposées tranchent sévèrement, mais hélas dans le genre « collèges et lycées » on est tout de même bien loin des références comme P.R.O.F.S. ou Les Sous-Doués, qui commencent à dater d’ailleurs. Un film marrant dans l’ensemble, qui part dans tous les sens avec un esprit presque absurde et WTF, mais sans plus et qui sonne surtout comme un gros délire inspiré d’une BD qu’une véritable volonté d’adaptation. Du coup on ne peut pas vraiment jeter la pierre à PEF pour ne pas avoir respecté point par point ce que propose la BD, mais bon… Les Profs ne restera pas dans les annales. J’espère juste qu’ils ne vont pas nous concocter une suite style « Les Profs en vacances », vacances qui est un sujet souvent abordé dans la BD, en général par le biais d’une suite de strips. Et comme le film a eu un succès inespéré au box-office…
Note : 6/10

vendredi 24 mai 2013

Trance


En 2010, Inception avait subjugué pas mal de monde avec son concept léché et travaillé autour du rêve, surtout moi qui en a depuis fait un culte absolu. Voir débarquer un film comparé à ce chef-d’œuvre provoque donc un certain frémissement, surtout qu’on ne peut pas dire que des films au concept comparable soient légion et les possibilités semblent restreintes. Passé inaperçu, Trance est pourtant de l’œuvre de Danny Boyle, à peine remis de ses oscars et de la cérémonie des JO. Et son nouveau bébé serait donc à ranger aux côtés de Inception. Le trailer ne laisse pourtant rien entrevoir de mirobolant, et le pitch annonce juste un thriller psychologique lambda mais plutôt intéressant. Le concept des rêves laisserait place à une utilisation de l’hypnose et des « niveaux de conscience ». On peut légitimement s’attendre à un scénario tordu qui multiplie les fausses pistes et la difficile différence entre hypnose et réalité. Les premières critiques parlent de manipulations diverses et d’un scénario tortueux qui embrouille le spectateur. Voilà qui est prometteur et en étant disposé à réfléchir, il ne reste plus qu’à se plonger dans l’histoire proposée par Trance.

Simon (James McAvoy) est un commissaire-priseur embêté par des dettes de jeu, alors qu’il voit circuler tous les jours des œuvres d’art qui se négocient à coups de dizaines de millions de dollars. Il décide donc de s’associer à une bande de malfrats menée par Franck (Vincent Cassel) pour commettre un vol au sein même de sa propre boîte. Dans le feu de l’action, Simon se prend un vilain coup sur la tête, et mettra quelques jours à se rétablir complètement. Problème : Simon a planqué le tableau convoité par Franck, mais est incapable de se souvenir de l’endroit où il l’a laissé. Franck n’a d’autre choix que de fouiller de fond en comble l’appart de Simon et de le torturer, en vain. Les deux décident donc de faire appel à une spécialiste en hypnose, Elizabeth (Rosario Dawson), afin de sonder l’esprit de Simon et lui faire retrouver la mémoire. Elizabeth exige de s’intégrer à l’équipe de malfrats afin de mener à bien la mission, tout en utilisant des méthodes peu orthodoxes qui vont semer le brin dans l’esprit de Simon et compliquer la tâche de tout le monde…

« Bon alors, ça y est, tu te souviens ? »

Si Inception proposait une longue mise en place et une explication poussée des principes du rêve partagé, Trance est bien loin de tout ça et se concentre plus sur l’aspect thriller psycho de l’ensemble, sans chercher à se créer un concept hypnotique. Ce qui est une bonne et une mauvaise chose, car ça n’en devient pas technique et imbuvable mais le travail sur l’hypnose passe vite au second plan (avec quelques trucs un peu inutiles), alors qu’il y avait peut-être moyen de pousser un peu plus le truc. On suit donc plutôt les tentatives d’Elizabeth de percer l’esprit de Simon avec tout ce que ça implique, dont l’impatience de Franck. Pas de « niveaux de conscience » (ils ont vu ça où ?), pas trop de confusion entre état normal et hypnotisé (même si parfois les séquences se mélangent volontairement), bref pas grand-chose de tordu. Même quand le film tente de brouiller les pistes, il retombe très vite sur ses pattes. Mais Trance reste donc digeste et sait quand même ménager son suspense, avec des révélations qui s’enchaînent surtout que le point de départ est simple (un vol classique de tableau avec un commissaire-priseur complice, avec comme seul inconnue « qu’a-t-il fait du tableau ? »), on en cherche tout simplement la réponse avant de s’engager progressivement dans d’autres voies… Il me sera difficile de développer le scénario sans révéler trop de grandes lignes, toujours est-il que Trance est tout à fait passionnant et prenant et si le rythme global du film n’est pas très élevé, peu de longueurs sont à déplorer. On se laisse vite prendre dans l’histoire tortueuse mais-pas-trop et par les différents moyens mis en place pour faire retrouver la mémoire à Simon, sans partir dans le WTF ou dans des circonvolutions incongrues, même s’il y avait moyen de faire quelque chose de plus barré sans partir dans l’excès de psychédélisme, et ce n’est que dans le dernier tiers du film que Danny Boyle cherche à semer quelques doutes sur l’état hypnotique ou bien réel… avant un twist final plutôt inattendu voire sorti de nulle part, mais permettant à l’ensemble du film de bien se goupiller.

Parlons de Danny Boyle vu qu’il se lâche tout en restant cependant sobre. Inutile de dire que l’ensemble est excellemment filmé et que techniquement, Trance est irréprochable. Le psychédélisme ne se retrouve pas dans les images (rien de bien délirant visuellement) mais plutôt dans la musique assez déroutante mais prenante. Mais Boyle n’hésite pas à partir dans le cru et dans une certaine violence visuelle par petites touches. Outre une courte scène de nu intégral (oui, intégral), le gore sera légèrement mis à l’honneur et sans trop en dire, certains passages font bien mal, sans partir dans l’escalade le film envoie un peu d’hémoglobine sur sa fin. Trance a l’air gentil de prime d’abord, mais n’est pas pour tout public c’est certain… Boyle s’appuie également sur ses acteurs pour porter son histoire, et une fois de plus James McAvoy est tout simplement prodigieux. Si son personnage est un peu proche de celui qu’il campait dans Wanted (on peut même faire une analogie entre la façon dont l’histoire est narrée par l’acteur dans les deux films), il se révèle au fur et à mesure du film et finit par littéralement faire exploser l’écran avec lui. J’avais un peu peur concernant Vincent Cassel, dont « j’aime pas la gueule », mais finalement il tient bien son rôle et ça aurait pu être pire. Rosario Dawson est également parfaite dans le rôle d’hypnotisatric… euh, de toubib qui pratique l’hypnose, et elle se révèle également plus complexe qu’il n’y paraît au fil du film. A part ce trio il n’y a rien, si ce n’est les complices de Franck dont Nates (Danny Sapani) parvient à légèrement tirer son épingle du jeu. Sinon, on notera que le film essaie de vendre des tablettes tactiles à qui n’en veut… jusque dans l’univers hypnotique. Mais bien sûr…

J’étais prêt à tout voir (sauf les délires visuels abscons que frôlait allègrement Sunshine), et au final Trance est moins tordu qu’il n’y paraît, ce qui est un peu dommage mais du coup le film évite d’en faire des tonnes. Il y avait probablement moyen d’en faire un peu plus et de multiplier les paradoxes et confusions entre hypnose et monde réel, mais en l’état Trance se suffit à lui-même et c’est pas trop mal, c’est très bien même. Bien ficelé et prenant, Trance est une réussite qui reste accessible même si les touches de violence visuelle semi-gratuites peuvent rebuter. Ni « trop » ni « pas assez », Boyle raconte donc une histoire bien équilibrée pour un thriller psychologique sans prétention qui parvient à être tout à fait captivant, en étant servi par d’excellents acteurs et une réalisation aux petits oignons. Pas la perfection absolue et Inception est bien loin, Boyle aurait pu faire encore mieux mais Trance accroche le spectateur du début à la fin et au global est un très bon film du genre « psycho ».
Note : 7.5/10

Fast & Furious 6


« Quand y’en a plus, y’en a encore », « N’en jetez plus, la coupe est pleine », on pourrait faire un dropping de ce genre d’expressions. Alors qu’à une époque cinématographique, les séries de films se limitaient à une bête trilogie (sauf certaines sagas d’horreur ou autres séries B), la tendance actuelle c’est de presser le citron jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que la pulpe et que la peau jaunisse les doigts. Tant que ça marche, on continue… et voilà donc le sixième opus de la saga Fast & Furious. Je ne vais pas en faire des tartines, tout le monde connaît cette saga, ses bagnoles, Vin Diesel, Paul Walker, la fine équipe variable qu’il y a derrière. Et inutile de dire que vu le genre, on aime ou pas. Remontons un peu dans l’histoire de la saga et, pour mon cas personnel :
Fast & Furious posait les bases tout en sobriété, il est presque culte désormais.
2 Fast 2 Furious était sorti en plein boom du tuning et excelle dans ce domaine, et bien qu’il soit « léger » j’ai envie de dire que ça demeure mon préféré.
Fast & Furious : Tokyo Drift est une sombre merde. Il n’y a rien à sauver là-dedans. L’action réduite à portion congrue, les personnages nuls, l’histoire inintéressante, ce 3ème opus est un splendide navet.
Fast & Furious 4 joue avec brio la carte du retour aux sources avec une histoire plus sombre.
Fast 5 sentait déjà la franchise qui n’avait plus d’idées. Heureusement le film était sauvé par la scène dantesque avec le coffe-fort aux fesses.
Voilà donc le sixième épisode de la « série ». On se demande même si à l’instar du Transporteur, la saga ne ferait pas mieux de se porter sur le petit écran, même s’il serait difficile de conserver tous les personnages. D’ailleurs, après un portage télé, Le Transporteur est en passe de revenir sur grand écran… diantre. Avec une accroche nulle (« Toutes les routes mènent à » : à quoi ?), voilà donc les nouvelles aventures de gens avec des bolides.

Au menu de cet épisode ? Départ classique : Dominic (Vin Diesel) et Brian (Paul Walker) se la coulent douce aux Îles Canaries, et Mia (Jordana Brewster) vient d’accoucher de son premier enfant. Débarque alors leur ancien ennemi Hobbs (Dwayne « The Rock » Johnson) qui est désespéré d’en faire appel à Dom. Un ennemi insaisissable, Shaw (Luke Evans), a mis le bazar à Moscou et se serait planqué à Londres dans le but d’assembler une bombe. Pour appâter Dom, Hobbs lui présente un cliché pris « il y a 8 jours » de… Letty (Michelle Rodriguez), laissée pour morte dans Fast & Furious 4. Dom et Brian s’engagent donc avec Hobbs, accompagné de toute la fine équipe : Roman (Tyrese Gibson), Tej (Ludacris), Han (Sung Kang), Gisele (Gal Cadot), et Riley (Gina Carano) la nouvelle partenaire de Hobbs. L’équipe va donc se mettre en chasse de Shaw, et tenter de récupérer Letty afin de comprendre ce qu’il est advenu d’elle… et c’est parti pour des scènes d’action avec des bagnoles.


D’ailleurs après 3 premiers opus orientés sur les courses de voitures à proprement parler, la saga Fast & Furious est surtout devenue un ensemble de films d’action où les bagnoles ne sont finalement qu’un prétexte pour continuer à appeler le tout « Fast & Furious », même si les courses clandestines sont toujours à l’honneur à un moment où à un autre… à croire que c’est une obligation. Tout comme les multiples références aux épisodes précédents et les relations entre personnages (cette fois-ci c’est certain, Dom et Brian ne se méfient plus l’un de l’autre). Donc grosso-merdo, Fast & Furious 6 c’est la suite du 4 et du 5. Le menu est toujours le même et les scénaristes se sont un peu creusés la tête pour remettre une ex-star de la saga, Michelle Rodriguez, dans la danse (après le dernier Resident Evil, elle est abonnée aux retours inespérés, la verra-t-on dans Avatar 2 ?). Pour un résultat et une explication bien discutables d’ailleurs. Enfin, trouver des bonnes idées scénaristiques dans un Fast & Furious et en plus un 6… les ficelles sont ici aussi grosses que des poteaux de but, et le pire c’est que ça ne choque pas le moins du monde, obligeant définitivement le spectateur à débrancher son cerveau. Outre les facéties habituelles des personnages (les vannes de Roman, le sérieux de Tej, le couple Han/Gisele, les combines de Brian, les principes de Dom…), il ne reste que l’action à juger parce que le reste, de toute manière, il est ce qu’il est en fin de compte. Comme une série TV, les bases sont posées et il ne reste qu’à savoir ce que cet épisode a de plus que les précédents.

Bonne nouvelle : Fast & Furious 6 est un Fast & Furious dans la bonne moyenne. Mieux équilibré que Fast 5 déjà. Disons que des grosses scènes d’action, il y en a quatre en tout (la première poursuite, le bazar dans la gare, l’autoroute, le final). Il y a des bagnoles (donc), des gadgets, un peu de bagarre, du gros arsenal, et sur cette base ça poutre. Dommage que le film connaît une bonne longueur de derrière-les-fagots en milieu de course, qui n’apporte pas grand-chose à un scénario qui ne se distingue pas par son inventivité. Ni par sa crédibilité. D’ailleurs un « sauvetage » spectaculaire intervient à un moment-clé du film, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est tout aussi WTF que certains trucs de Le Transporteur 2 (mais lorsque toute la salle applaudit, c’est cocasse en fin de compte). Le final est également bien taré d’ailleurs, la scène sur l’autoroute aussi (cf. l'image ci-dessus), presque tout en fait. Ceci conjugué avec la réintroduction semi-invraisemblable du personnage de Letty fait que le film ne brille pas par son intelligence. Mais ce n’est pas ce qu’on attendait d’un Fast & Furious et de l’action, il y en a et le contrat est rempli. Les bagnoles foncent et se rentrent dedans, à la limite de la destruction massive par moments d’ailleurs. A côté d’un ensemble de personnages sans véritable star (Dom et Brian ne sont finalement que des membres de l’équipe), le méchant (Luke Evans) est plutôt convaincant, même si un poil effacé. Il est d’ailleurs accompagné d’un sympathique sbire bodybuildé qui donnera l’occasion à The Rock de faire quelques bonnes prises de catch. Ajoutez à ça un caméo intéressant en toute fin (RYM, wikipédia et toute la clique donnent un gros spoil…), et nous sommes au complet pour ce 6ème épisode de Fast & Furious.

Le caméo final annonce à priori un 7. Et alors là, la question se pose… qu’est-ce que la saga a encore à dire ? Pas grand-chose à priori, hormis jouer sur les mouvements de personnages (deux vont partir, vous verrez qui) et se trouver un nouveau méchant (ça c’est déjà fait et en fait, c’est pas trop mal pour l'instant). Mais à part ça, remettre le duo Dom/Brian et leurs potes, remettre des bagnoles et des scènes d’action, il n’y a pas grand-chose de plus à faire. A quoi bon ? Mais tant que ça remplit des salles, ça continuera, et comme un mouton je continuerai probablement à aller les voir quitte à en sabrer un à l’occasion. Ce qui ne sera pas encore le cas de Fast & Furious 6, heureusement ou hélas. Un Fast & Furious qui balance de la bonne action (à la limite de la crédibilité mais en fait on s’en fout), le reste est à oublier et de toute manière n’est pas très important. Un film correct mais la saga se fixe des limites pour ne pas incommoder son public, ce qui est finalement dommage, même sans creuser le scénario plus que de raison on peut trouver matière à faire de bons rebondissements (parce que là à part une trahison assez prévisible…), sans avoir à faire des rappels grotesques aux précédents épisodes à tour de bras (Saw n’est pas loin). Changer de réalisateur permettrait de mettre un peu de folie, mais la saga ne prendra pas non plus ce risque. Bref, pour l’instant on restera sur un 6ème opus un minimum palpitant pour son contexte habituel, on pestera sur les approximations et le peu de perspectives sur la suite, et on constatera que la série est désormais faite uniquement pour ses fans. Ceux qui n’aiment pas n’auront pas à gueuler : ils sont restés sur le bas-côté depuis bien longtemps. « Toutes les routes mènent à… Fast & Furious » : oui, c’est bien ça finalement.
Note : 6.6/10