mercredi 25 septembre 2013

Riddick

Fast & Furious ne lui suffisant plus, le rutilant Vin Diesel a relancé une autre saga dans un genre bien différent, qui était laissée en suspens depuis 2004. Il s’agit bien sûr de la saga SF Riddick, qui avait donné naissance à deux films bien différents, surtout appréciés par les amateurs éclairés de science-fiction que par le tout puissant grand public (même s’il a depuis eu l’occasion de se rattraper avec les moult diffusions sur RTL9 et la TNT, encore quelques jours avant la sortie du troisième opus d’ailleurs). Pitch Black était sorti en 2000 et présentait un survival movie spatial avec de méchantes bêbêtes qui sortent que la nuit, ce qui est un avantage pour le nyctalope (non, il ne s’agit pas de niquer ta ‘lope, cousin) Richard B. Riddick. Autant que je le dise tout de suite, je n’ai jamais aimé ce film que j’ai découvert sur le tard. Je le trouve vide et chiant. Il faut dire qu’à l’époque David Twohy avait peu de moyens et s’était concentré sur la tension causée par l’histoire, mais ça ne m’avait pas convaincu le moins du monde. En revanche, Les Chroniques de Riddick sorti quatre ans plus tard a été pour moi une grosse baffe. Un authentique Space-Opera, certes un peu trop théâtral parfois, servi par une réalisation aux petits oignons et des décors somptueux, ainsi que par d’excellents personnages dont bien sûr Riddick qui devient le personnage principal d’une nouvelle saga. Ce n’est que 9 ans plus tard que le troisième opus arrive en salles, et la saga Riddick est peut-être désormais moins considérée comme de la SF mineure (d’ailleurs dans mon complexe de 10 salles, Riddick a été diffusé dans la plus garde, ce qui est un honneur et montre une certaine reconnaissance). Pourtant, mauvaise nouvelle pour moi : exit les Necromongers qui avaient fait le charme de Les Chroniques de Riddick et retour, à priori, aux sources du survival spatial à la Pitch Black. Tant pis mais on va aller voir de quel bois Riddick se chauffe tout de même… pour un film bien sobrement dénommé Riddick. C'est plus facile.

Trahi par les Necromongers dont il s’était octroyé le titre de Haut-Commandeur, Riddick (Vin Diesel) est laissé à l’abandon, blessé et diminué, sur une planète inconnue, inhabitée et hostile. Seul, le criminel toujours recherché mort ou vif va bien vite apprendre à survivre à la faune locale. En explorant la planète, Riddick tombe sur une base de mercenaires laissée à l’abandon. Afin de pouvoir s’enfuir, il lance donc un appel de détresse qui va envoyer son identité aux mercenaires qui le traquent depuis toujours. Arrivent alors deux groupes, l’un commandé par le fantasque Santana (Jordi Mollà) qui veut mettre la tête de Riddick dans une boîte, l’autre par un commandant plus sérieux (Matt Nable) dont le nom ne sera dévoilé que plus tard (eh oui, c’est un spoiler) et qui cherche de son côté à appréhender Riddick vivant. Les deux unités de mercenaires vont donc devoir collaborer tant bien que mal pour retrouver Riddick qui n’est pas avare en pièges et coups tordus divers. Mais alors qu’une autre menace, interne à la planète, semble se dévoiler avec la pluie et la nuit, c’est tout ce petit monde qui va devoir collaborer pour survivre…

Pour résumer vulgairement, Riddick c’est Pitch Black avec les moyens de Les Chroniques de Riddick. Mais en réalité, c’est un peu plus que ça, même si forcément sans les Necromongers (un tout petit peu quand même) et avec le retour du concept « survival sur planète abandonnée avec aliens qui sortent que la nuit » on se rapproche bien plus du premier opus. Le film est clairement divisé en deux parties, une première qui raconte l’arrivée et l’adaptation de Riddick à la planète hostile, siège de flashbacks et de monologues. La seconde se met en place dès l’arrivée des mercenaires et l’organisation de la traque, jusqu’au final dans les ténèbres. Le développement du film est assez lent (la preuve, pour pondre un synopsis complet je suis obligé d’aller loin dans l’histoire), mais sans que je sache expliquer pourquoi j’ai trouvé Riddick bien moins ennuyeux que Pitch Black. Si l’on conserve le même esprit, ce troisième opus enterre pour moi assez largement le premier. Deux choses ressortent : les dialogues qui sont incisifs, Riddick s’en donne à cœur joie et on a même bien plus d’humour que dans les deux précédents opus, avec le recul assez premier degré d’ailleurs. Les nombreuses situations avec les mercenaires en deviennent donc très croustillantes (notons aussi que l’on part facilement dans le sanguinolent, ce qui est assez jouissif). La seconde chose ce sont bien sûr les images : exit la simplicité de Pitch Black, la majorité du film se passe d’ailleurs de jour et les décors planétaires sont magnifiques, même monumentaux sur le début, et les diverses créatures sont également fort jolies. On n’atteint pas les sommets de Crematoria mais Riddick est un film plus sobre dans l’esprit, plus classique. Même si l’histoire à de forts airs de déjà-vu, Riddick est un film très bien mis en scène et on se laisse très facilement convaincre.

Pour ce genre d’histoire on s’attardera forcément sur les acteurs, Riddick est bien évidemment au centre de tout ça mais c’est surtout la première partie du film qui est dédiée à sa gloire, avant de laisser un peu de place aux mercenaires. On découvre dès le début un Riddick bien affaibli, limite le film aurait pu être présenté comme l’ont été The Dark Knight Rises et Iron Man 3 car Riddick n’est plus tout-puissant, lacéré de partout et avec une jambe cassée qui lui fait bien mal. S’il reprend de la puissance par la suite, on retrouvera néanmoins le concept du colosse blessé en toute fin de film, donnant finalement beaucoup de contraste au personnage, qui ici charcute bien moins que dans les deux premiers opus. Et Riddick est toujours aussi cynique et vachard avec ses adversaires, livrant comme je le disais une partition plus humoristique que par le passé. Du côté desdits adversaires, il y a à boire et à manger. Les deux leaders, Jordi Mollà et Matt Nable, sont bien opposés et tous les deux excellents, le second laissant une intéressante partie de mystère d’ailleurs. Dans son camp, nous avons Dahl une protagoniste digne d’intérêt pour les fans de pure SF, à savoir Katee Sackhoff aka Kara « Starbuck » Thrace de Battlestar Galactica. Mais malheureusement, son personnage ici est bien trop proche de celui de Starbuck, en plus disciplinée et qui donne plus de baffes toutefois ; mais on a un peu trop l’impression de voir la vraie Starbuck débarquer au milieu de l'univers de Riddick. Pour les autres, aucun ne sort trop du lot (et puis on peut jouer au jeu du « kicékiseferabuterenpremier ») si ce n’est un petit jeune branché sur la religion (encore quelque chose hérité de Pitch Black) et Dave Bautista alias Batista de la WWE, que personnellement j’ai trouvé archi-nul dans son rôle de bourrin sans cervelle. Et comme tout bon catcheur, il trouve le moyen de placer une de ses propres prises dans le film… le cliché attendu et la facilité absolue. Mais personnages secondaires comme tertiaires, dans l’ensemble le casting de Riddick tient la route.

Et tout ceci goupillé, à savoir un Riddick plus charismatique que jamais, des décors et bestioles qui pètent bien, des seconds rôles réussis et une histoire plutôt prenante malgré le rythme peu soutenu, font de Riddick un bon film… de la saga Riddick avant tout, mais une bonne œuvre de SF aussi. L’action n’a pas beaucoup de place, la tension non plus, Riddick est surtout un film de SF multicartes qui parvient à surprendre et à accrocher le spectateur un minimum. Quoi qu’il en soit, moi qui m’attendais à un film trop Pitch Black-like lent et creux, Riddick a été une bonne surprise, même si avec Les Chroniques de Riddick la saga avait su montrer qu’elle pouvait avoir de grandes qualités. Le seul regret que l’on peut avoir de Riddick, au-delà de son côté un peu classique et déjà-vu, c’est que ça ne semble être qu’un film de transition, alors qu’il aurait été bien plus intéressant de mon point de vue de poursuivre sur la lancée de Les Chroniques de Riddick, avec les Necromongers, Furya, Antéverse et tout le toutim. Après ce troisième opus qui est au final un « vrai » Pitch Black 2, il ne reste plus qu’à espérer que l’on reparte sur un Les Chroniques 2 dans une sorte de saga à croisements. Et si l’on en croit les déclarations de Vin Diesel, également producteur, il devrait bien y avoir une suite qui remettra dans le tas les enjeux de Les Chroniques de Riddick. Riddick relance donc sérieusement la série qui semble plus que jamais avoir un gros potentiel. En attendant, ce troisième opus qui semble surtout faire guise d’interlude est tout de même digne d’intérêt : c’est même un très bon film.
Note : 8/10

vendredi 6 septembre 2013

Les Seigneurs

Le football au cinéma, c’est un programme très restreint et il n’y a guère que nous français pour se pencher sur la question. Je ne vais pas essayer d’être exhaustif, mais à ce sujet deux films me viennent immédiatement à l’esprit. Le premier est Les Collègues, sorti en 1999. Si je l’ai vu plusieurs fois il fut un temps, il ne m’évoque plus que 4 choses : Joël Cantona, « moi je pisse droit », la finale de la Coupe du Monde 1998 un mardi et l’hilarant gardien de but qui carbure au pastis. Le second est 3 Zéros, sorti en 2001. Celui-ci était une réussite, une peinture mordante et explosive du foot-business. J’ai presque envie de dire qu’il est culte tiens, et même limite réaliste par rapport à ce qu’on nous sert desfois (eh oui, faire rentrer une jeune recrue dans un match de coupe UEFA, c’est tout à fait crédible). C’est qu’en s’attaquant à un sujet précis, nous français avons tendance à réinventer tous les codes et à nous placer dans un autre espace-temps. C’était par exemple le cas de Pop Redemption cette année. Quelques mois plus tôt sortait Les Seigneurs, qui est donc une nouvelle comédie sur le football. Ça ne paye pas de mine comme ça et ça sent le film qui va traiter son sujet principal très superficiellement. Je n’ai pas commis l’affront d’aller le voir au cinéma (je préfère payer ma place pour des films qui ont un intérêt visuel à être vus sur toile blanche…), alors voici une séance de rattrapage grâce à la mise en clair de Canal+ en septembre pour les abonnés CanalSat.

Patrick Orbéra (José Garcia) est une ancienne star du football et coach prometteur, qui a été ruiné par des démêlés avec le fisc et des problèmes d’alcool. Suite à un pétage de plombs sur le plateau de Téléfoot où il était consultant, il est à deux doigts de perdre la garde de sa fille, et est contraint d’accepter le poste d’entraîneur du club amateur breton de Molène. Sous la houlette de Titouan Legennec (Jean-Pierre Marielle), il doit réussir à atteindre les 32èmes de finale de la Coupe de France avec l’équipe locale. La bourgade insulaire a en effet besoin de la recette des matchs pour pouvoir sauver sa conserverie locale, menacée de liquidation. Se rendant compte que l’équipe dont il a la charge est bien faible, malgré le prometteur Le Pen (Le compte de Bouderbala), il décide d’appeler à la rescousse 5 de ses anciens coéquipiers : Fabien Marandella (Ramzy Bedia), gardien de but accro à la drogue qui veut désormais jouer avant-centre, Rayane Ziani (Gad Elmaleh), milieu offensif sujet à la dépression et aux crises d’angoisse, Wéké N’Dogo (Omar Sy), défenseur central dont la carrière a été perturbée par des problèmes cardiaques, Shaheef Berda (Joey Starr), milieu défensif qui fait des séjours en prison en Angleterre, et David Léandri (Franck Dubosc), buteur qui s’est reconverti acteur et qui sera bien difficile à convaincre. Orbéra va devoir donc tant bien que mal canaliser son équipe et faire avec les frasques de chacun, sous la pression de Legennec et des insulaires déterminés à sauver leur conserverie…

Pour commencer, on ne saura en quelle division joue le club de Molène. Vu le niveau des joueurs à la base, on pourrait dire bas de tableau de 2ème division de district… Bon ce n’est pas bien grave, car pour le reste et pour l’organisation même des tours de Coupe de France, la réalité des choses est respectée (malgré quelques raccourcis). Mais il est toujours étonnant de voir se croiser des faits réels et des faits inventés sur fond d’une certaine culture football (l’Atletico Madrid, il fallait aller le chercher !), Zidane a droit de cité, Christian Jeanpierre est aussi aux commandes de Téléfoot, mais par contre tout ce beau monde a dû côtoyer les protagonistes du film dans une histoire footballistique parallèle… Et c’est bien beau de citer Zidane, mais N’Dogo / Omar Sy est un faux Thuram à 100% : les lunettes, la couleur de peau, le poste, le sérieux du personnage (le moins barré du lot), le geste du doigt lorsqu’il met un but… Les Seigneurs est donc sans cesse tiraillé entre l’invention et la volonté de citer des références, qui sont donc réduites au strict minimum. Bon à la limite on s’en cogne, c’est un film. Deux questions importantes se posent : Est-ce que ça respecte le football ? Le foot se joue à 11 (bon, avec des remplaçants, messieurs les scénaristes) et dans les images de match, ça ne se voit pas trop pour se focaliser sur les 5 compères. Mais pas d’exagérations ou de trucs qui réinventent carrément les règles du football, le tout reste crédible et c’est déjà bien (on a même droit à de jolis buts). Le fameux match des 32èmes de finale contre l’OM (oui je spoile mais en même temps wikipédia le fait aussi…) est d’ailleurs filmé d’un point de vue très réaliste, dans le véritable stade de Brest. Les joueurs portent même le maillot officiel de la Coupe de France avec son flocage ! Bien évidemment, l’équipe de l’OM n’est pas la vraie équipe de l’OM mais ce n’est pas bien grave non plus (par contre, à ce que j’ai pu voir dans le générique ce sont de vrais joueurs de foot, j’y ai vu le nom de Stéphane Léoni, ex-FC Metz, et 2-3 autres noms qui me semblaient connus…). Enfin bon, dans 3 Zéros il y avait les vrais joueurs du PSG et d’autres personnalités… Donc bon, Les Seigneurs ne massacre pas l’univers même du football, même s’il ne se pose pas comme un pur hommage non plus, malgré un fond de culture foot évident.

La seconde question : est-ce que c’est drôle ? Parce que c’est une comédie sur le football (certes), mais une comédie quand même. C’est là que ça peut coincer. Les Seigneurs ne fait pas rire sur des clins d’œil, alors qu’il y avait largement la place de faire quelque chose en ce sens, ce qui est d’ailleurs un peu décevant. Reste juste le gag bien pensé du huis-clos suite au fumi balancé sur le terrain, ainsi que la culture du « petit poucet » et la sempiternelle panenka, mais à part ça… Le film joue à la fois sur le comique de situation et sur des répliques bien senties. Ça fonctionne de temps en temps, on rit quelquefois de bon cœur, mais rien d’excessivement hilarant, surtout que le film est nettement tempéré par le côté grave et social et les bons sentiments (bien évidemment), servi par un scénario sans fioritures ni énormes rebondissements. Bien sûr, Les Seigneurs joue à fond la carte des personnages, mais ils sont à la fois caricaturaux et mal exploités. Chacun à sa « particularité » qui intervient forcément à un moment des intrigues (la panenka de Léandri, les problèmes cardiaques de N’Dogo, les angoisses de Ziani…), mais c’est trop attendu et ça ne fonctionne pas. Et la caricature est bien évidemment trop grossière et surtout peu crédible, notamment les personnages de Marandella (le drogué corruptible) et Berda (le bourrin irritable), aucun footballeur confirmé ne finira comme ça et c’est exagéré au possible. Mais comme toujours, c’est un film… et on notera au moins que chaque acteur est bien rentré dans son personnage et le joue à la perfection, hormis un José Garcia finalement peu intéressant, un Franck Dubosc un brin saoulant et un Gad Elmaleh bien trop lunatique (bon du coup, la moitié des personnages ne prennent pas en fait…). Reste alors Jean-Pierre Marielle, qui lui a toujours la grande classe (encore heureux), un caméo de Jean Reno, et des acteurs tertiaires presque tous issus de pubs ou de programmes courts… formidable casting à la française.


Bon, je m’attendais à bien pire, à un truc pas drôle et cabotin comme pas possible qui torpille l’univers du football, ses règles et ses compétitions. Il n’en est rien (surtout le second point) mais bon, il y avait moyen de faire mieux et Les Seigneurs laisse un goût d’inachevé, l’impression que le film ne va pas au bout de son sujet notamment sur le plan footballistique (le foot-business n’est pas du tout évoqué, hormis quelques petites vannes, bon d’un côté mieux vaut laisser ça à 3 Zéros qui le faisait très bien), ainsi que sur le plan des personnages qui auraient pu être mieux exploités, moins exagérés. Quant à l’humour de la chose, cela dépendra de l’appréciation de chacun, de sa propension à lâcher quelques rires gras dans un humour certes bien moins beauf que prévu. Crédible mais-pas-trop pour rester une pochade franchouillarde mais-pas-trop-non-plus, Les Seigneurs remplit sa mission de comédie légère sur le football (avec un fond social pour se donner un genre) mais pas beaucoup plus. Ça reste correct, regardable, sympathique sans être inoubliable, bien mis en scène et bien interprété, mais le score ne reflète pas la physionomie de la partie. Les Seigneurs a bien tenu son match mais aurait pu montrer bien plus de choses dans le jeu. Un film de niveau DHR qui créé la surprise mais n’ira pas plus loin qu’une défaite aux tirs au but contre une L1.
Note : 6/10