vendredi 15 mars 2013

Cloud Atlas


Grandiose. C’est le mot que l’on pouvait prévoir de mettre derrière Cloud Atlas, cette adaptation de roman assurée par les frè… euh, par frère et sœur Wachowski accompagné de Tom Tykwer. Un film de presque 3 heures constitué de plusieurs histoires à plusieurs époques qui se croisent, se décroisent et sont liées, dans leur déroulement ou leur philosophie. Le duo Wachowski, qui n’avait plus donné signe de vie significatif depuis le troisième Matrix hormis Speed Racer (film dont j’ai tenu les 10 premières minutes, pas beaucoup plus), est donc de retour pour un projet ambitieux et fracassant, particulièrement épique à première vue. Les promesses sont grandes mais la présentation déroutante, semblant user et abuser de la philosophie nébuleuse qui avait (hélas) fait le sel des Matrix. Au programme, 6 histoires pour 6 segments de film, organisés d’une façon particulière, et brassant large entre perspectives historiques et pure science-fiction. Il faut se préparer à digérer la bête, bête dont je n’attendais à vrai dire rien de particulier, Cloud Atlas semblant typiquement être un genre de film « tout ou rien ». Installons-nous dans le fauteuil noir pour prendre part à ce voyage à travers les âges…

Cloud Atlas est donc clairement divisé en 6 segments, voyons déjà ce que nous réserve chacun d’eux :
1849 : Adam Ewing (Jim Sturgess) est un avocat embarqué au bord d’un bateau ralliant la Nouvelle-Zélande, où il a conclu un arrangement financier pour son beau-père (Hugo Weaving), à San Francisco sa ville natale. Malade et soigné à bord par le Dr Henry Goose (Tom Hanks), il va prendre sous son aile Autua (Daivd Gyasi), un esclave noir qui va être affranchi grâce à ses talents de matelot.
1936 : Poursuivi par des créanciers, Robert Frobisher (Ben Whishaw), un artiste qui a une liaison avec Rufus Sixsmith (James D’Arcy), va trouver refuge et travail auprès du compositeur Vyvyan Ayrs (Jim Broadbent). Ce dernier va néanmoins tenter de s’approprier les propres compositions de Frobisher, qui continue à rester en contact avec Sixshaw par le biais de nombreuses lettres.
1973 : Louisa Rey (Halle Berry), une journaliste, mène des enquêtes entre les lobbys du pétrole et de l’énergie nucléaire. Sa vie va être ainsi menacée par le tueur Bill Smoke (Hugo Weaving), qui sous les ordres de Lloyd Hooks (Hugh Grant) a déjà commis plusieurs assassinats dont celui de Rufus Sixsmith (James D’Arcy), qui disposait d’infos pour Louisa compilées dans un dossier.
2012 : Timothy Cavendish (Jim Broadbent), un éditeur, doit une importante somme d’argent à un de ses clients, Dermot Hoggins (Tom Hanks). Après avoir demandé de l’aide à son frère Denholme (Hugh Grant), ce dernier va placer Timothy à l’insu de son plein gré dans une maison de retraite bien gardée. Timothy va, avec quelques résidents, organiser une évasion.
2144 : Dans un Séoul futuriste, Sonmi-451 (Doona Bae) est une clone utilisée comme serveuse dans un restaurant fantaisiste. Hae-Joo Chang (Jim Sturgess) va la faire évader, la considérant comme une élue pour mener une rébellion (l’Union) contre le pouvoir en place (l’Unanimité). Elle raconte son histoire à un Archiviste (James D’Arcy).
???? : Dans une époque indéterminée, Zachary (Tom Hanks) fait partie d’une tribu au mode de vie primitif, vivant dans une vallée dans un monde post-apocalyptique. La tribu reçoit la visite des Prescients, une civilisation plus évoluée. Meronym (Halle Berry), une des préscients, sollicite l’aide de Zachary pour atteindre une station de communications dans les montagnes. Mais Zachary est à la fois hanté par Georges (Hugo Weaving), un démon qui lui dicte ses comportements, et par les prophéties de l’Abbesse de sa tribu (Susan Sarandon)…


Après une introduction de tous les segments dans l’ordre chronologique, le développement de Cloud Atlas va pouvoir débuter et il va falloir s’y retrouver. En effet, on passe d’un segment à l’autre sans prévenir et ce sans cesse, chaque séquence ne durant que quelques minutes avant que l’histoire ne se poursuive sur un autre segment, avec néanmoins toujours une liaison par un bout de dialogue. Au fur et à mesure de l’évolution du film, les segments n’ont d’ailleurs pas la même importance relative. Une bonne partie du film se calque sur les segments 2144 et ????, puis sur les segments 1936 et 1973, et ainsi de suite… pourtant, le film et sa narration sont vachement fluides, ce qui constitue un sacré tour de force en soi. On ne sombre jamais dans le nébuleux et l’incompréhensible, car même si le scénario de chaque segment reste individualisé dans l’absolu, on arrive parfaitement à s’y retrouver et on oublie rien en cours de route. Si à première vue Cloud Atlas raconte donc 6 histoires en même temps et en sautant à l’envi d’une à l’autre, on se rend vite compte que les segments sont liés, de manière plus ou moins évidente. Peu de personnages apparaissent dans deux segments à la fois. Adam Ewing, personnage central du segment 1849, est évoqué dans le segment 1936 de par son livre de voyage. Sixsmith apparaît, à deux âges différents, dans les segments 1936 et 1973, et les lettres de Frobisher ainsi que ses œuvres musicales bénéficient de l’intérêt de Louisa dans le segment 1973. Dans le segment 2144, on voit un film adapté des aventures de Cavendish du segment 2012. Enfin, Sonmi-451 du segment 2144 est considérée comme une divinité par les personnages du segment ????. Tout ceci ne sont que les liens évidents entre segments, pour le reste c’est un peu plus flou. Il y a bien évidemment bon nombre de clins d’œil d’un segment à un autre, comme par exemple des dialogues repris au mot près. Mais même si tout est lié, ce qui était le postulat de départ, il est parfois difficile de comprendre clairement les différentes liaisons, et l’aspect « personnages qui se répondent à travers les âges » est presque totalement faux. Certains segments paraissent alors inutiles au final, notamment le 1849 et le 2012.

Si tout s’imbrique et s’emboîte dans une cohérence tout à fait maîtrisée, chaque segment est pourtant indépendant de par son ton et par son intérêt. Le segment 1849, ancré dans un apparat « historique », est clairement orienté contre l’esclavage (ce qui est toujours le cas quand le sujet est abordé bien évidemment), et est loin d’être le plus intéressant surtout qu’il y a peu de rebondissements. Le segment 1936 est centré sur la personnalité particulière de Frobisher, il est d’ailleurs presque conté comme une autobiographie de par les lettres que Frobisher fait parvenir à Sixsmith. Sa relation tendue avec Ayrs reste un des points forts du segment, qui est bien raconté mais sans plus. Le segment de 1973 est le plus riche, faisant intervenir plus de rebondissements et de personnages au service d’un scénario de thriller, mais ne se distingue pas par son originalité outre mesure. Le segment de 2012 est le plus WTF, car il prend une tournure très comique avec les pérégrinations de Cavendish dans sa maison de vieux, qui vont comploter contre la direction. Le début marqué par un pétage de plombs de Hoggins est tout à fait croustillant. Mais c’est le segment qui est le plus indépendant des autres, et le fait que le ton tranche carrément avec le reste nous fait tout de même demander ce que cette histoire incongrue fout au beau milieu de tout ça. Les segments futuristes sont heureusement, et de loin, les plus intéressants du lot. Celui de 2144 est le plus visuellement réussi, le plus varié (c’est le seul à comporter un tant soit peu d’action) et le mieux raconté, les Wachowski ont vraiment fait un excellent taf sur ce segment, qui aurait même mérité d’avoir un film à lui tout seul tant les possibilités semblent grandes à partir du peu de disponible au sein de Cloud Atlas. Enfin le segment ???? est tout à fait captivant de par son atmosphère post-apocalyptique particulière, et de par la confrontation de deux civilisations aux technologies radicalement opposées, en plus de décors (naturels et artificiels) somptueux. Si l’on est obligé de tout « subir » de par la narration qui mélange toutes les histoires, il faut à la fois reconnaître que chaque segment reste bien ancré dans son ambiance qui lui est propre, et à la fois que tout l’intérêt du film repose sur le fait d’avoir marié le tout en une seule traite de 2h45min, ce qui rend finalement l’ensemble assez prenant avec très peu de passages à vide. Si tous les segments avaient été étalés un à un, le résultat aurait probablement été bien moins saisissant.

Néanmoins, la promesse de voir « des acteurs incarnant plusieurs personnages à diverses époques » est un peu faussée. Si Tom Hanks est clairement l’acteur le plus présent, avec des rôles secondaires très significatifs, le rapport est loin d’être évident pour tous les autres, jouant parfois des rôles tertiaires voire carrément de la figuration. Halle Berry tient deux rôles importants, dans les segments 1973 et ????, mais à part ça c’est quasi-nada. Pareil pour Jim Sturgess dans les segments 1849 et 2144. Jim Broadbent n’a son importance que dans le segment 2012, où il est d’ailleurs bien seul, bien que son rôle dans le segment 1936 soit également significatif. Ben Whishaw n’est en vue que dans le segment 1936 où il est le personnage principal. Hugo Weaving joue quant à lui un rôle secondaire dans tous les segments. Doona Bae est la star du segment 2144, évoquée largement dans le segment ????, et on ne le revoit guère que dans la conclusion du segment 1849. Susan Sarandon, Hugh Grant et quelques autres n’ont que des rôles secondaires à droite et à gauche. Bref, la galerie d’acteurs promise qui joue X rôles à travers les âges, c’est légèrement de la poudre aux yeux et on pouvait s’imaginer que le lot d’acteurs constituerait une troupe pour chaque époque, mais ce n’est pas le cas. Mais au final, c’est presque tant mieux car ça évite de faire partir le film dans tous les sens. Mettre un ou deux personnages au centre de chaque segment était la meilleure chose à faire, certains étant de toute façon méconnaissables entre un segment et un autre, le plus flagrant étant Jim Sturgess dans les segments 1849 et 2144 (même si dans ce dernier, le fait qu’il soit grimé en coréen est un peu too much et trop artificiel, de la même manière Hugo Weaving ressemble à un monsieur Spock…). Comble de la curiosité, Ben Whishaw et Hugo Weaving jouent tous les deux dans le segment 2012 un rôle… de femme. En ce qui concerne le jeu d’acteurs en lui-même, il n’y a rien de particulier à signaler, mais tous sont convaincants dans leurs divers rôles respectifs. C’était la moindre des choses après tout…

Alors ensuite vient la question épineuse de la morale, du message, du but de tout ça. Notons déjà que la longue bande-annonce ne met en avant que les dialogues « philosophiques » de Cloud Atlas, et que le film est loin de verser dans des discours pompeux pendant 2h45. Du coup, ce film demeure plutôt accessible (tout est relatif), réservant plusieurs niveaux de lecture. On peut donc se contenter de suivre le film et ses segments sans forcément avoir à se creuser la tête pour chercher les explications morales, s’attarder sur les détails qui lient les segments est nettement plus passionnant. Du coup je ne dirai rien sur la quelconque « morale », parce que je suis totalement passé à côté de cet aspect, et de toute façon je m’en tamponne. Non, le plus intéressant est définitivement de suivre ce film qui constitue un habile mélange des genres particulièrement bluffant et maîtrisé. Tout n’est pas parfait parce que les segments sont inégaux, mais la fluidité de la narration fait qu’on peut facilement y passer outre, car on saute vite d’une histoire à une autre et la lassitude n’a pas le temps de s’installer. Le film a même quelques relents de « ah oui tiens, y’a encore l’histoire de ceux-là », sans tomber dans l’extrême à la Seigneur des Anneaux où l’on prend des nouvelles de chaque lot de personnages toutes les demi-heures. Inclassable, car donnant l’impression de regarder plusieurs films en même temps, seulement liés par des détails petits ou gros, Cloud Atlas est résolument une expérience cinématographique à vivre. Science-Fiction, anticipation, post-apo, comédie plus ou moins dramatique, aventures, thriller, film historique, il y a un peu de tout et contrairement à ce qui avait été annoncé, je trouve qu’il y a finalement bien peu de romance (à part le segment 1936) ou de « fable sur l’amour, l’au-delà et blablabla de je-ne-sais-plus-trop-quoi pompeux et rébarbatif ». Au final, les 2h45 de Cloud Atlas sont prenantes et passionnantes (et réserve même en toute fin de film un coup de théâtre sur le segment ????), et globalement ce film est une réussite, malgré quelques petits défauts. Dense, nécessitant une certaine immersion, mais tout de même relativement digeste et de toute manière, superbement mis en images et interprété. Peut-être qu’avec encore peu de choses, Cloud Atlas aurait pu être un véritable chef d’œuvre, mais dans l’absolu je suis tout à fait convaincu et ce film tient bien sa promesse initiale : il est grandiose.

Note : 8.5/10

mardi 12 mars 2013

Butter

« Olivia Wilde plays a stripper ». Voilà une courte critique que l’on peut trouver sur RYM pour ce film, et c’est déjà un bon argument de visionnage. En rédiger une critique va donc être l’occasion pour moi d’inaugurer le libellé « film avec Olivia Wilde ». Mais ma crevardise me perdra un jour. Ça avait d’ailleurs été le cas pour Captivity, cette affreuse bouse que j’avais regardé juste parce qu’il y avait dedans ma muse de l’époque, Elisha Cuthbert (c’était le bon vieux temps…). Ici, le registre est un brin différent. Butter ? Oui car il va bien être question… de beurre. On connaît le goût de l’Amérique profonde pour les concours de beauté en tout genre, comme on peut en voir sur l’émission Reportages de TF1 ou à l’occasion de quelques films, Little Miss Sunshine en tête. Ici, nous allons donc plonger dans le pays de Slipknot, en Iowa, pour suivre les pérégrinations de divers personnages autour de compétitions de sculptures sur beurre. Le pitch est déjà bien WTF, et Butter s’annonce comme un film particulièrement satirique qui dynamite les « rednecks ». Avec Olivia Wilde qui joue une strip-teaseuse. Bref, une curiosité qui ne demande qu’à être analysée, même si nous sommes en plein dans le genre comédie sans prise de tête, surtout pour les européens…

Bob Pickler (Ty Burell) est, depuis 15 ans, le roi incontesté de la sculpture sur beurre en Iowa, ce qui fait la fierté de sa femme épousée en secondes noces, Laura (Jennifer Garner). Mais à la suite d’une exposition à sa gloire, Bob apprend que les responsables de l’association dont il dépend souhaiteraient qu’il « passe la main » après tant d’années de bons et loyaux services. Si Bob s’y résout, ce n’est pas le cas de sa femme qui est scandalisée. Alors que Laura entreprend de participer elle-même au prochain concours de sculpture à la place de son mari, celui-ci, blasé par une dispute, se compromet dans les bras de la strip-teaseuse Brooke (Olivia Wilde). Laura va donc se retrouver engagée dans une compétition bien difficile, avec comme adversaires Carol-Ann (Kristen Schaal) une fan des œuvres de Bob qui débute dans l’art sculptural, une Brooke bien décidée à embêter la famille Pickler pour récupérer ses 600$ de services sexuels, et surtout la redoutable Destiny (Yara Shahidi), orpheline afro-américaine de 10 ans qui après avoir vogué de famille d’accueil en famille d’accueil, s’est posée chez les Emmet (Rob Corddry & Alicia Silverstone). Jusqu’au-boutiste, Laura va donc faire voler en éclats sa famille bien rangée pour remporter à tout prix la compétition « du comté de Johnson », se servant de Boyd (Hugh Jackman), un ancien amour de lycée, tandis que sa belle-fille rebelle Kaitlen (Ashley Greene) va prendre la délurée Brooke comme modèle…

« Bob, je vais monter sur ta voiture, et je vais chier dessus »

Comme prévu, cette comédie à tendance satirique va donc mitrailler un à un tous les poncifs de la famille américaine rurale. Famille, racisme, religion, adoption, adultère, histoire des Etats-Unis, tout y passe dans un joyeux bordel construit autour de cette histoire improbable mais traitée de manière (presque) tout à fait réaliste. Toute cette histoire de compétition de sculpture sur beurre n’est donc qu’un prétexte, bien qu’au centre de tout, pour suivre les pérégrinations de la famille Pickler qui part en lambeaux, contrastant avec l’ascension de Destiny. Butter aligne donc les diverses situations incongrues, ponctuées par des répliques souvent cinglantes. Et le film n’est pas avare en situations hilarantes, notamment cette scène improbable où Destiny et son père adoptif Ethan se demandent, en forme de thérapie pour se rassurer, ce qu’il « pourrait arriver de pire », comme une invasion de ninjas racistes par exemple, et bien d’autres choses dont on aura même droit à quelques bonus dans le bêtisier en fin de film. On notera aussi la scène où Hugh Jackman remercie Dieu dans sa Camaro jaune pour une raison bien particulière, ou encore le préambule des aventures de Destiny chez ses familles d’accueil étranges. Pour une comédie, Butter n’a quasiment aucun temps mort et chaque passage est prétexte à quelques rires plus ou moins appuyés. Mieux encore, après une « rupture » dans le scénario à la moitié du film, Butter va prendre une tournure carrément trash ponctuée par une scénette d’amour lesbien entre Ashley Greene et Olivia Wilde (*bave*) (mais elles ne sont pas à oilpé pour autant). Mais l’histoire va suivre son cours jusqu’à, malheureusement, se clôturer par une fin gentillette qui ne va pas jusqu’au bout de la satire initiale. C’est dommage et Butter reste donc une comédie « américaine » qui se termine dans les bons sentiments, heureusement on aura eu l’occasion de s’esclaffer bien avant cette fin en eau de boudin.

Une telle comédie est l’occasion de mettre en valeur ses acteurs et pour le coup, ça sera un carton plein. Jennifer Garner est parfaite dans ce rôle de ménagère prête à tout pour garder sa fierté et sa pseudo-gloire, quitte à arnaquer tout le monde et à abuser de mauvaise foi. La jeune Yara Shahidi est également parfaite dans son personnage de jeune orpheline bien mature. Son père adoptif joué par Rob Corddry est également excellent. Ty Burell est assez effacé dans son rôle de mari blasé en retrait des affaires, et c’est sa fille encore plus blasée (Ashley Greene) qui va tirer son épingle du jeu. Hugh Jackman, totalement inattendu dans son rôle d’idiot fini, est juste énormissime même si sa présence est assez limitée. Reste donc Olivia Wilde. Et même si l’importance de son personnage est cantonnée à la première partie du film, elle est sexy en diable (tatoos, poom-poom short et talons à l’appui) et se lâche dans son rôle de stripteaseuse à demi écervelée jusqu’au-boutiste et ultra-provocatrice. Et la réalisation de Jim Field Smith, impersonnelle au possible (en même temps pour ce genre de film on s’en fout un peu, même si de la folie à la Edgar Wright aurait rendu l’ensemble encore plus dynamique), parvient à mettre magnifiquement en valeur le bleu profond de ses yeux. Râââh lovely.

Au final, Butter brosse bien une peinture au vitriol de l’amérique profonde. Mais c’est dommage que le film n’aille pas au bout de son sujet, contrairement à la mentalité de ses personnages, et ne pousse pas plus le côté trash entrevu en seconde partie de film. Tout est relatif et nous n’avons pas ici affaire à une comédie à l’humour graveleux type frères Farrelly (rien à voir par exemple avec un Echange Standard –dont on va très bientôt reparler ici-). Une comédie donc un brin satirique, sans réel style, souvent incongrue mais pas totalement absurde, qui remplit juste le minimum syndical de son « message ». Pour le reste, on rit souvent et les acteurs sont excellents, ce qui fait que Butter fait au moins passer un bon moment. C’est déjà ça de pris et sans être une grosse surprise, Butter est une bonne petite comédie américaine pour se détendre et se moquer gentiment de nos amis des states.
Note : 7/10

vendredi 8 mars 2013

Hansel & Gretel : Witch Hunters


« On aura appris deux choses : premièrement, ne jamais rentrer dans une maison en sucreries. Deuxièmement, pour vaincre une sorcière, il faut lui mettre le feu au cul ». Avec ceci balancé dès l’intro du film passé, autant dire que le ton est donné. De toute façon pouvait-il en être autrement avec ce film classé « WTF » dès la lecture de son nom et le visionnage de son affiche ? Là, ça sent le bon délire. Le délire sponsorisé par les studios américains mais tenu par une main scandinave. Après Iron Sky du finlandais Timo Vuorensola, voilà Hansel & Gretel : Witch Hunters du norvégien Tommy Wirkola, déjà responsable de Dead Snow, le film avec des zombies nazis dans la neige. Les scandinaves font une fixette sur les nazis, mais ça ne sera pas le cas ici vu que nous allons revisiter un conte enfantin bien connu. « Classic Tale, New Twist », voilà pour l’accroche. Et après Abraham Lincoln Chasseur de Vampires, voilà donc Hansel et Gretel chasseurs de sorcières. Le premier était une bonne surprise, en sera-t-il autant du second ?

Donc bon, l’histoire d’Hansel et Gretel tout le monde la connaît ou presque. Enfants abandonnés, maison en sucre et pain d’épice, méchante sorcière à l’intérieur, enfants qui vont réussir à s’enfuir, blablabla. La scène est bien évidemment jouée en intro mais on va très vite s’intéresser à ce qui se passe « quelques années plus tard ». Hansel et Gretel ont bien grandi et vont d’exploits en exploits, débarrassant bon nombre de bourgades de sorcières en tout genre. En bon chasseurs de primes, frère (Jeremy Renner) et sœur (Gemma Arterton) vont accepter une mission dans un petit village victime d’enlèvements d’enfants répétés. Le duo va vite découvrir ce qui se trame derrières ces enlèvements : une réunion de sorcières maléfiques se prépare, sous la houlette de la très méchante Muriel (Famke Janssen). Celle-ci cherche en effet à pratiquer un rituel ancestral pour permettre aux sorcières de résister au feu et donc de devenir quasi-invincibles… En combattant Muriel et ses sbires, Hansel et Gretel vont donc être amenés à découvrir des secrets surprenants sur leur passé…

« Relâchez ma sœur et j’envisagerai -à la RIGUEUR- de ne pas vous tuer »

Si le scénario réserve quelques rebondissements plus ou moins prévisibles, il est inutile de s’attarder dessus. Car oui, brisons la glace, Hansel & Gretel : Witch Hunters est une série B. Une série B avec des moyens (les effets spéciaux, tout comme les maquillages et costumes, sont réussis et il n’y a rien de négatif à signaler de ce côté), mais une série B quand même. Donc mesdemoiselles mesdames et messieurs, ne cherchons pas ici la subtilité ou l’art pur. De toute manière vu le pitch, il ne vaut mieux pas que le film se présente comme « sérieux » et ça tombe bien, ce n’est absolument pas le cas, sans pour autant tomber dans l’absurde ou le totally WTF. Le film mêle donc comédie fantastique, avec des répliques bien senties et quelques moments cocasses, et action avec des bagarres, des armes à feu, des sortilèges et surtout, un peu de gore. Même si apparemment, la version projetée en salles françaises est « édulcorée », le film met le paquet niveau morts gore avec effusion d’hémoglobine. Le rythme est dynamique sans partir dans la folie totale, même si on notera un léger passage à vide en milieu de film. Il est aussi dommage que l’« artillerie » du duo ne soit pas plus étoffée que ça, se résumant au fusil à pompe d’Hansel et à l’arbalète-uzi de Gretel, même si du plus gros calibre fera son apparition dans la dernière partie du film. On est tout de même loin de Van Helsing. Mais ce sont bien les deux seuls reproches qu’on pourra faire à Hansel & Gretel : Witch Hunters, car même si on pouvait s’attendre à encore plus jouissif le film remplit aisément sa mission, avec du fun, du sang, de l’humour et de l’originalité pour une heure et demie de pur divertissement. Peut-être on regrettera aussi des combats filmés de manière un peu confuse, et comme d’habitude une 3D qui ne servira pas à grand-chose si ce n’est nous envoyer quelques projectiles ou débris à la tronche grâce au relief. Mais pour le reste, c’est tout bonnement excellent et très marrant à suivre.

Et encore une fois, nous avons un argument de poids en faveur de Hansel & Gretel : Witch Hunters en la personne de Jeremy Renner. Trop peu en vue dans The Avengers, correct dans The Bourne Legacy qui était malheureusement passablement raté, il trouve ici un rôle où il peut s’éclater à mort, tout comme dans Mission Impossible IV. L’américain s’en donne à cœur joie dans ce rôle de bourrin décalé un brin asocial et « vieux jeu », avec un certain détail : ce bon vieux Hansel, gavé de sucreries par une sorcière dans sa jeunesse, est désormais… diabétique, devant se faire des injections régulières pour ne pas tomber dans les pommes. C’est le détail qui tue et il fallait y penser ! Du reste, l’ami Hansel maniera à loisir le fusil à pompe, se lâchant en fin de film et n’étant pas avare en bon mots. Renner vole encore tout le film et à part ça, il n’y a rien d’exceptionnel parmi le reste du casting. Gemma Arterton joue une Gretel sans relief et pas spécialement sexy (oui, elle n’est pas à mon goût), mais ça passe surtout pour sa faculté à user du coup de boule, et pour former un duo parfait avec son frangin. Famke Janssen joue en revanche un rôle de méchante de conte parfaitement convaincant. Peter Stormare (encore lui, mais il est partout !) fait du Peter Stromare, Pihla Viitala campe une rousse mystérieuse agréable à regarder. Reste un jeune premier (Thomas Mann), avec un rôle particulier de « groupie » d’Hansel & Gretel, et également une sorcière aux cheveux rouges pas vilaine du tout. On attendait de toute façon pas grand-chose de ce casting mais moi qui voulait voir Renner en vedette, je suis servi.

Hansel & Gretel : Witch Hunters faisait partie de mes favoris pour être la surprise voire le film de l’année, on est encore loin du bilan mais sans être une tuerie absolue, ce film est au minimum un outsider. En tout cas, tout était prévu et ce film est, dans son registre, une réussite. Même s’il y avait peut-être moyen de faire quelque chose de plus fou encore, Hansel & Gretel : Witch Hunters n’en fait pas trop et est bien dosé, et c’est tant mieux. Un habile mélange de genres au sein d’une histoire culottée et originale, on en demandait pas moins et ce film a même un certain charme. On s’esclaffe devant l’humour et les morts spectaculaires, on saute de son fauteuil noir lors des scènes d’action et des poursuites en forêt, et on apprécie toujours le jeu du facétieux Jeremy Renner toujours excellent. Tout comme Abraham Lincoln Chasseur de Vampires, c’est du n’importe quoi cohérent et bien ficelé, qui sent bon l’éclate et le gros délire et c’est l’essentiel. « La vengeance, ça nous rendra pas nos parents… mais qu’est-ce que ça fait du bien ! ».

Note : 8/10