mercredi 21 mai 2014

Godzilla

Je sais que bon nombre de « cinéphiles » sont amateurs de nanars. Ce qui ne sera pas mon cas, n’étant pas intéressé par la perte de temps qu’incombe le visionnage de ces merdes, et je préfère consacrer mon temps à de vrais bons films. Il y a bien une exception, ce sont les nanars Bessoniens (oui, moi j’aime bien les nanars Bessoniens, genre From Paris With Love qui est quand même un sacré défouloir). A la rigueur, il y aurait les nanars Emmerichiens. Bon il ne faut pas déconner, hormis Independance Day chacun de ses autres films mérite un seul visionnage pour se facepalmer et constater les écarts faits avec la Science, pas plus. Le Jour d’Après est profondément ridicule et 2012 est un film qui s’enfonce de minute en minute avec une énergie folle pour creuser encore plus bas dans la médiocrité et le nawak (ooh ! ils sont vicieux ces séismes, d’abord ils ravagent les terres et seulement ensuite ils se déclenchent en mer pour tout nettoyer ! les salauds !). Il y a aussi Godzilla. L’ai-je déjà vu ? Je m’en souviens même plus mais - si c’est le cas, si je ne me souviens de rien, c’est que ça ne devait pas être un film marquant - si ce n’est pas le cas, je doute avoir loupé grand-chose, j’aurai pu le regarder il y a quelques jours sur NT1 mais regarder un blockbuster sur NT1, chaîne non HD, c’est une insulte à tout bon FXmen qui se respecte, même de l’équipe de Roland Emmerich. Voilà donc un Godzilla v.2014 pris en charge par Gareth Edwards qui avait signé un plébiscité Monsters (que je n’ai pas vu) et qui du coup, entraîne beaucoup d’enthousiasme pour cet énième film consacré à la grosse bébête, ce n’est ni un remake ni un reboot mais plutôt une nouvelle adaptation de l’histoire de ce Kaiju né de l’imagination des japonais dans les années 50 (aussi sous le nom Gojira, ce qui rappellera quelque chose à mes quelques lecteurs métalleux). Donc bon, le leitmotiv de Godzilla, c’est qu’on prend les mêmes (avec quelques amis) et qu’on recommence à tout faire péter.

En 1999, aux Philippines, un terrible séisme se produit, entraînant la formation d’un gigantesque cratère, qui selon le Dr. Serizawa (Ken Watanabe) pourrait bien avoir hébergé une quelconque créature. Dans les mêmes temps, une autre catastrophe a lieu au Japon, au sein même d’une centrale nucléaire où travaille Joe Brody (Bryan Cranston), causant la mort de sa femme Sandra (Juliette Binoche). 15 ans plus tard, le fils de Joe, Ford (Aaron Taylor-Johnson), lieutenant dans l’armée et spécialiste des explosifs, s’apprête à couler des jours heureux avec sa femme Elle (Elisabeth Olsen) et son fils à San Francisco. Mais Ford doit aller en catastrophe au Japon récupérer son père, incarcéré après avoir tenté de pénétrer sur le site, mis en quarantaine, de l’ancienne centrale nucléaire. Ford finit par se résoudre à aider son père, déterminé à mettre au grand jour les véritables évènements qui ont causé la destruction de la centrale et la mort de sa femme quinze ans auparavant. Père et fils Brody vont donc découvrir que la centrale est le théâtre d’expériences qui vont amener à délivrer un monstre gigantesque, un Muto. Et le réveil de ce monstre va réveiller d’autres créatures à leur tour… dont la légende : Godzilla.

Bon, j’avoue que je suis surtout allé voir ce Godzilla v.2014 par curiosité, surtout en face de l’enthousiasme général qui a animé la sortie de ce film et ce dès ses premières images. Aussi je vais être clair dès le départ en disant que je trouve Godzilla, certes correct, mais un brin surestimé tout de même. Ce n’est finalement rien de plus qu’un blockbuster lambda. Mais attention, un blockbuster plus intelligent que la moyenne. J’avais d’ailleurs peur que le film vire au discours écolo racoleur mais finalement ce n’est pas le cas et heureusement. L’« intelligence » du film vient surtout de l’aspect résolument soutenu de l’action. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas un film de destruction massive qui en fout partout et dans tous les coins. Pas de bourrinage intempestif, ce qui est une bonne et une mauvaise idée. Bonne parce qu’on ne tombe pas dans le bas du front débilisant, bref dans de la démolition à la Roland Emmerich (même si le Golden Gate a été à deux doigts d’y passer, ce qui aurait été franchement grotesque et pour le coup, typiquement Emmerichien). Mauvaise parce que quand des scènes de destruction par les monstres sont volontairement « zappées », on se dit quand même que quelque part, c’est un peu de l’arnaque. Ceux qui attendaient que l’on parte dans la destruction made in Transformers en seront pour leur frais. Mais tout de même, le parti pris de ne pas montrer tous les ravages est globalement frustrant. Heureusement le film se rattrape dans la dernière partie où San Francisco subit des dommages grâce (à cause ?) de Godzilla et ses compagnons, le tout de manière assez jouissive (bien plus qu’un Pacific Rim) et avec des images et des effets spéciaux somptueux.

Mais il faut en arriver jusque là et en cours de route, Godzilla perd des points. Si le film se veut plus subtil et moins bourrin que d’autres blockbusters, il ne nous épargne pas une partie du cahier des charges de tout bon blockbuster à savoir le scénario somme toute léger qui frise parfois la platitude confondante. Il n’y a vraiment rien de spécial là-dedans, une fois lancé le film ne propose plus aucun rebondissement notable. Et le rythme global demeure assez lent, comme une grosse intro jusqu’à la puissante bataille finale, émaillée par les cris puissants de Godzilla qui font trembler toute la salle de cinéma. Toujours dans les règles du blockbuster américain (je passe sur les diverses fantaisies scientifiques et les exagérations genre « un groupe de marines met même pas 15 minutes pour rejoindre à pied le port à partir du centre-ville en portant à bout de bras un missile nucléaire qui doit quand même être très très lourd »), Godzilla nous offre également les habituels refrains sur la bravoure, la famille et les enfants à sauver coûte que coûte, etc… et en plus nous balance l’armée pour résoudre tous les problèmes causés par nos amis les animaux préhistoriques sortis de leur sommeil. Et c’est là que ça coince sérieusement pour moi car passé un certain moment, il n’y a plus que les bidasses et leurs missions. Ça finit par virer au film de guerre et honnêtement, j’ai plus eu l’impression d’avoir affaire à un World Invasion : Battle Los Angeles avec des énormes monstres à la place des extraterrestres. Ça n’a aucun intérêt et encore une fois la seule chose vraiment intéressante de Godzilla c’est cette bataille finale, épique à souhait, entre les bestioles. Mais il aura fallu attendre et suivre tant bien que mal ce film (in?)justement plus épique qu’efficace.


Au niveau des acteurs il n’y a ici rien à signaler, mais vraiment rien. Bryan Cranston est plus en mode Hal que Walter White, on aimera ou pas. Ken Watanabe est hyper-lourdingue : son jeu se résume à toujours faire le même regard désespéré au loin, comme s’il voyait que la fin du monde se déroulait à l’horizon. Aaron Taylor-Johnson, méconnaissable après ses rôles dans les deux Kick-Ass, fait le job mais sa performance ne restera pas dans les annales. Tout le reste du casting est affreusement tertiaire et on voit même trois acteurs qui ont participé à la série Continuum (dont Brian Markinson qui était également dans Caprica - avec l’acteur japonais qui jouait le bras droit de Daniel Graystone dans la même série et qui fait une apparition au début du film). Finalement, les personnages plus marquants sont les bestioles, avec bien évidemment Godzilla qui est très joliment mis en images. Ce n’est d’ailleurs finalement pas un film sur Godzilla, mais le monstre japonais a tout de même la classe, et illumine la fin du film dans un « rôle » assez inattendu. Grâce aux compétences de Gareth Edwards (et de son budget), Godzilla s’en tire avec les honneurs, mais souffre malheureusement de trop de clichés blockbusteriens (dont une trop grande présence de militaires à mon goût), alors que certains points du film évitent justement les exagérations hollywoodiennes de manière assumée. Le cul de Godzilla entre deux buildings, quoi. Pour au final, un blockbuster bien fait mais globalement anecdotique, qui n’apporte rien de plus que le blockbuster destructeur lambda, si ce n’est un souffle plus épique bienvenu mais qui tempère l’efficacité qui fait d’habitude le sel de ce genre de productions. « Kaiju Invasion : Battle San Francisco… »
Note : 6.5/10

samedi 10 mai 2014

Kritiks En Vrac : Qu'est-ce que le bolide de Spider-Man a fait au bon Dieu?

Le temps, le temps… le temps est mauvais pour une mi-printemps mais cela ne nous empêche pas de nous mettre à l’abri dans les salles obscures. Le temps avec un grand T, lui par contre il manque pour écrire des critiques détaillées. Donc pour le coup je vais faire un peu de vrac avec les sorties de fin avril. Trois films qui méritent de s’y pencher un peu plus que 5 lignes sur un statut facebook ; trois films ratés, moyens ou qui auraient pu être mieux cependant…

Need For Speed
Action ‘Carsploitation’ de Scott Waugh (2014)
Avec Aaron Paul, Dominic Cooper, Imogen Poots, Michael Keaton…

Need For Speed adapté au cinéma, ça reste pour moi un rêve d’ado, ayant touché à pas mal de versions de cette saga vidéoludique dédiée aux grosses cylindrées (notamment Need For Speed Underground 1 & 2, Need For Speed Most Wanted, Need For Speed Carbon mais aussi quelques vieilles versions…). Cette adaptation vient donc tenter de concurrencer l’hégémonie de Fast & Furious, qui a eu bien peu de concurrents crédibles au fil des années. Need For Speed n’en sera pas un, en termes de qualité ça se discute mais le ton global est bien différent, moins basé sur le spectaculaire. C’est d’ailleurs là que le bât blesse car Need For Speed a essayé de broder une histoire au détriment de l’action pure. Du coup le film se révèle lent et inutilement long. Cette idée de traversée des USA était plutôt mauvaise et ne propose que bien peu de scènes palpitantes, essayant plutôt de développer des personnages plutôt inintéressants (Aaron Paul fait le job mais est bien loin de l’intensité de Breaking Bad, Imogen Poots est mignonne mais ne sert un peu à rien, Dominic Cooper est bon en connard de service mais est finalement bien peu présent, Rami Malek fait du n’importe quoi mais me rappelle les bonnes heures de la série La Guerre à la Maison et rien que pour ça j’applaudis). Seule la dernière course, prenante, rattrape l’ensemble du film. Dernière course qui aligne d’ailleurs bon nombre de gimmicks propres à la saga de jeux vidéo dont le film s’inspire (les bolides, les flics qui t’attaquent à coups de SUV, le suivi de la course…). Que ce soit au niveau de l’histoire de base en elle-même (une proposition ami-ami qui sent l’arnaque, le défi, le drame, la trahison, la sortie de taule, la vengeance par la course, les amis du garage qui te filent un coup de main, le méchant mauvais perdant… tout ceci étant forcément un peu culcul soyons d’accord) ou au niveau du traitement des bolides et des courses, Need For Speed se rapproche vraiment des jeux et pour un fan, le portage est un minimum intéressant. Mais il n’y a pas de herses ! Le cauchemar de tout bon joueur de NFS n’apporte pas de piment à ce film. Même les flics disent à un moment « laissez tomber les herses… », c’est de la provocation ! Cela ne va pas m’aider à dire trop de bien de ce film, au mieux anecdotique (la réalisation de Scott Waugh n’offrant également aucune plus-value significative), au pire assez chiant, qui en ce qui me concerne dépasse péniblement la moyenne grâce à une dernière course bien menée qui sauve l’ensemble.
Note : 5.5/10

The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros
Film de superhéros de Marc Webb (2014)
Avec Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx, Dane DeHaan…

Suite du reboot de Spider-Man et donc en quelque sorte Spider-Man 2.2. Ce qui est déjà marrant, c’est que je me souvenais à peine du premier, qui était cependant loin d’être mauvais dans mes souvenirs. Il faut donc vite se replonger dans l’histoire, notamment lorsque l’on est rappelé à l’intrigue autour des parents de Peter Parker. D’ailleurs, les révélations qui sont faites ne cassent pas des briques et sont loin de faire tout le sel du film. The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros (putain que c’est long à écrire) se concentre plus sur la lutte de Spider-Man contre de nouveaux ennemis, Electro (Jamie Foxx) et Le Bouffon Vert (Dane DeHaan). Avec bien sûr en filigrane les doutes et faiblesses de Peter Parker, confronté à une relation de type « c’est compliqué » avec la jolie Gwen Stacy (même si Emma Stone en blonde, ça fait toujours trop artificiel…). On atteint cependant pas la faiblesse du Peter Parker de Spider-Man 2 à l’époque, ce n’est pas cette fois-ci que nous aurons droit à un trip à la The Dark Knight Rises ou Iron Man 3 (on laisse ça pour The Amazing Spider-Man 3 ?). En dehors de tout ce qui tourne autour de la vie de Peter Parker (avec un gros cataclysme à la fin, assez inattendu d’ailleurs), on retrouve donc un Spider-Man confronté à deux nouveaux ennemis et le moins qu’on puisse dire, c’est que Marvel a décidemment du mal à se trouver des méchants intéressants. Electro, dans la peau de Max Dillon au début, est pourtant intéressant au départ mais ensuite il perd en intérêt, et surtout le combat final contre Spider-Man ne casse pas de briques, assez sabré par une mise en scène qui en fait des tonnes d’ailleurs (ralentissez encore et Zack Snyder va porter plainte pour plagiat). Quant au Bouffon Vert, il est très bien quand il s’agit encore de Harry Osborn (la performance de Dane DeHaan étant à ce titre excellente), mais dès que Harry devient le bouffon, il a vraiment un sale tête et ça tourne au ridicule. Le personnage, qu’il soit dans la peau de Harry ou du Bouffon, n’a pas été assez exploité et on espère en revoir un peu plus dans le 3. Si les méchants ne se sont finalement pas multipliés, deux c’est déjà trop car l’un est inintéressant et l’autre pas assez exploité. Soit, car The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros (bon là j’ai fait copier-coller) est pourtant un bon film, divertissant comme tout bon blockbuster du genre. Mais dans ce genre de saga, le premier opus est toujours plus intéressant car il y a le côté genèse/découverte d’un héros, et donc The Amazing Spider-Man demeure supérieur. Quant à ce deuxième opus, on retrouve ce qui faisait le charme du premier (un bon duo Andrew Garfield / Emma Stone et un Spider-Man vanneur et provocateur), mais au final nous n’avons qu’un blockbuster à superhéros juste correct.
Note : 7/10

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?
Comédie ‘communautariste’ de Philippe De Chauveron (2014)
Avec Christian Clavier, Chantal Lauby, Elodie Fontan, Ary Abittan…

Allez hop, voilà la nouvelle coqueluche du public français pour on ne sait quelle raison (parce que les gens n’ont rien de bien mieux à faire ?). Certains buzz se justifient (Intouchables), d’autres nettement moins et Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? en fait partie. Le film qui commence en étant sponsorisé par le FN et qui finit sponsorisé par SOS Racisme, ou comment faire le grand pont avec un objectif caché attendu et éculé (et on a pas besoin d’un film pour apprendre à respecter l’(les) autre(s)…). Pour le coup, il était difficile de passer à côté des clichés « communautaristes » et avec QQAFABD (sexy hein ?) on va être servis. Les poncifs sur arabes, juifs, asiatiques, africains, cathos et « bons » français s’accumulent et les vannes sont tellement prévisibles et usées qu’elles ne font plus rire. Il est d’ailleurs usant d’aller voir ce film dans une salle pleine aux trois quarts d’un public familial qui est exagérément hilare au moindre dialogue comique et on se sent bien seul à ne pas rire aux passages qui de toute façon ne sont pas drôles. Bon, on rit un peu devant quelques trucs bien pensés, mais le bilan demeure maigre. Il est tout de même relevé par la dernière partie du film, lorsque le père ivoirien (excellent Pascal N’Zonzi) du dernier gendre débarque en France, en inversant les codes du racisme (et avec classe et références, pas dans le genre Thomas N’Gijol) et en donnant la furieuse réplique à Christian Clavier qui commence à se faire vieux et ne se renouvelle plus, tout comme Chantal Lauby qui honnêtement ne sert pas à grand-chose. Et l’intrigue ne se distingue pas avec un scénario étoffé, loin de là mais en même temps on ne s’attendait pas à ce que le film créé la surprise de ce côté-là. Pour le reste, c’est donc attendu au possible, la morale de l’ensemble y compris. Tous les personnages se détestent au début, notamment les 4 gendres, mais finalement tout le monde finit par bien s’entendre, les parents « racistes » également qui n’ont plus leurs vilaines pensées, waouh quel suspense ! Et de toute manière le « racisme » des personnages est bien peu extrême à la base (ce ne sont guère que de gros préjugés sur des communautés). Je sais que ce genre de film est l’occasion de passer un bon moment en famille et de rire un peu, mais il y a mieux à la télé pour ce genre et voir tout le monde courir au ciné pour ça est un peu navrant. Et techniquement, la réalisation est sans relief et les acteurs sont inégaux, que ce soit dans le jeu (Medi Sadoun surjoue son rôle d’arabe râleur) ou dans l’exploitation (on voit plus Ary Abittan que les autres, probablement parce qu’il est plus bankable en ce moment qu’autre chose), et seuls Pascal N’Zonzi, à la rigueur Frédéric Chau, et surtout la très très très (très) mignonne Elodie Fontan (ZE argument visuel avec même une fabuleuse scène pour crevards) dans le rôle de la cadette tirent leurs épingles du jeu (Noom Diawara, il va se ratrapper tout de suite avec Amour sur place ou à emporter qui semble adopter le même humour communautariste…). Pas grand-chose au bout pour une comédie vaine qui ne fait que s’amuser sur des clichés pour délivrer un message de paix et d’amour entre communautés, pour un ensemble archi-prévisible qui ne parvient guère qu’à décrocher quelques rires quand le tout s’emballe.
Note : 4.5/10
 "Une comédie française plébiscitée par le public, moi, plus jamais."