dimanche 30 mars 2014

Captain America : Le Soldat de l'Hiver

Oui, toi, cinéphile, quoi que tu fasses tu ne pourras échapper à la sortie semestrielle de Marvel. Et en ce printemps c’est le Capitaine Rogers qui est de retour avec le soldat de… l’hiver. Ceci pour une année qui sera finalement timide pour Marvel : Captain America n’est peut-être pas le héros Marvel le plus en vue, et pour le reste on aura juste droit à cet été à l’arrivée des Gardiens de la Galaxie, ce qui changera un peu avant le retour de toute la bande des Avengers et d’autres nouveautés (Ant-Man). La « Phase 2 » est donc en marche et après Iron Man 3 et Thor : Le Monde des Ténèbres, voilà le Capitaine de l’Amérique et à moins d’un nouveau Hulk, on aura fait le tour. On se remémore alors de suite au premier, Captain America : First Avenger (oui, c’était en quelque sorte l’intro à The Avengers avec Thor), qui était assez décalé dans l’univers de Marvel (tout comme Thor et son humour si particulier). Le fait que l’action se déroulait dans les années 40 apportait de l’originalité, de même que l’aspect « patriotique » du film volontairement exagéré. Sympathique mais ça s’arrêtait là et Captain America : First Avenger n’était pas le Marvel le plus marquant (à vrai dire et au bout du compte, seuls les trois Iron Man (même le 2) et The Avengers le sont…). Le personnage était même finalement mineur, mais son rôle important dans The Avengers et son passage dans le monde moderne lui a donné une seconde jeunesse (ce qui est logique finalement). Voilà donc le second opus, dénommé Captain America : Le Soldat de l’Hiver, qui va tenter de convaincre avec son placement dans un univers des années 2010, un nouvel ennemi, de nouveaux alliés, et une plongée dans les méandres du SHIELD tout en livrant un vrai « 2 » dont les évènements sont liés au « 1 ». Tout un programme pour le printemps.

Steve « Captain America » Rogers (Chris Evans) s’est désormais bien intégré à notre époque et continue à travailler pour le SHIELD. Sa prochaine mission l’amène sur un navire du SHIELD qui a été attaqué par des terroristes, retenant des dignitaires du SHIELD en otage. Rogers parvient à mener sa mission à bien mais découvre que Natascha « Veuve Noire » Romanoff (Scarlett Johansson) qui faisait également partie de la mission avait un but caché : récupérer des documents du SHIELD sur les ordinateurs du navire. Lassé d’être dupé par les secrets du SHIELD, Rogers va se plaindre chez Nick Fury (Samuel L. Jackson) qui lui révèle alors la nouveauté du SHIELD : le projet Insight, composé d’avions de combat ultramodernes. Mais Fury, en découvrant que les fichiers ramenés par Natascha sont cryptés et inaccessibles, décide de demander à son supérieur Alexander Pierce (Robert Redford) de geler le projet Insight. C’est alors que Nick Fury se retrouve cible d’attaques, qui pourraient bien viser Rogers également. Ne faisant plus confiance à personne, Rogers et Natascha vont devoir découvrir ce qui se trame au sein du SHIELD, en se faisant de nouveaux alliés dont l’ancien soldat Sam Wilson (Anthony Mackie), mais également de nouveaux ennemis dont un certain Soldat de l’Hiver…


Avec une histoire « sombre » (encore…) et un recadrage dans le monde moderne, le Captain America v.2014 va alors se montrer sous un jour nouveau, un nouveau jour bienvenu d’ailleurs. Sans trop en dévoiler les arcanes, le scénario nous plonge dans les méandres du SHIELD tout en faisant le lien avec évènements et personnages de Captain America : First Avenger. Tout ceci nous balance des choses assez prévisibles dans l’ensemble, jusqu’au déroulement des scènes et des rebondissements où l’on peut aisément dire « ha, je le savais ». Captain America : Le Soldat de l’Hiver est donc bien une production Marvel, où le scénario ne fait pas trop chauffer le cerveau sauf celui des personnes trop crédules. Mais si effectivement le côté souvent prévisible fait quelque peu tiquer, c’est à vrai dire le seul gros défaut de Captain America : Le Soldat de l’Hiver. Car pour le reste, c’est du très bon et au final le film est une bien bonne surprise. Il a été dit que le film privilégierait le « Live Action » aux effets spéciaux, et hormis sur la fin c’est bien le cas et ça fonctionne du tonnerre. Les bagarres et l’action urbaine sont nettement privilégiées à l’usage d’armes trop modernes ou d’artifices quelconques, ce qui nous donne des scènes puissantes et prenantes, où le Capitaine Rogers peut faire étalage de ses prises et de sa résistance. Étonnamment, c’est donc en étant plus « classique » que Captain America : Le Soldat de l’Hiver parvient à se distinguer, ça ne part jamais dans des grands délires (à la Thor ?) et l’ensemble et sobre mais efficace, à l’image de la réalisation des deux Russo qui reste simple mais dynamique (malgré une certaine rudesse au début, accompagnée d'une 3D peu utile si ce n'est pour faire joli et vendre le billet plus cher), donnant au film ses lettres de noblesse. Hormis de petites longueurs au début, le film tient un bon rythme et on ne s’ennuie pas malgré les deux heures et quart, grâce à la fluidité des évènements et les pérégrinations des personnages.

C’est d’ailleurs aussi sur les personnages que Captain America : Le Soldat de l’Hiver fait sa petite cuisine, même si l’on peut y trouver quelques inégalités. Chris Evans était depuis le début bien plongé dans le personnage, et hormis si l’on avait des reproches à faire sur l’acteur et/ou le personnage à la base il continue ici à faire le travail avec brio et charisme, dans la lignée de The Avengers, avec toujours un petit jeu sur le côté « bon petit soldat » qui reprend ici son importance (tout comme dans The Avengers finalement). Ensuite, il y a du grain et de l’ivraie. Certains personnages prennent une importance insoupçonnée, et notamment Nick Fury qui a le droit à une excellente scène pour lui tout seul (marquant le véritable départ du film), ce qui n’avait jamais été le cas jusqu’ici hormis peut-être le tout début de The Avengers. Robert Redford lui s’en sort excellemment bien dans le rôle du fourbe et mystérieux Alexander Pierce, c’est clairement le meilleur personnage secondaire du film. Après ça se gâte un peu, surtout pour Scarlett Johansson qui a finalement bien peu de moments de gloire hormis sur la fin, après il faut bien avouer que ça reste la caution féminine qui est toujours agréable à regarder (une scène au début du film semble avoir été taillée pour en faire un gif avec la mention « DAT ASS »). Le personnage du Faucon (Anthony Mackie) aurait pu être un peu mieux exploité, il est finalement assez mineur et n’est là que pour donner un coup de main, sans plus. De même que Maria Hill (Cobie Smulders, déjà dans The Avengers) et l’« Agent 13 » campé par Emily VanCamp (ils se la gardent peut-être pour le 3, comme pour le Faucon d’ailleurs ?). Enfin, et pour ce qui devrait être le personnage le plus important d’ailleurs, parlons donc du fameux Soldat de l’Hiver : il faut dire qu’il n’a son importance que pour faire un adversaire dans les scènes d’action (qui dépotent ceci étant dit), et pour lier son histoire à celle du Captain et du premier film, vu que son identité est évidente… Je ne dirai rien mais rien que si l’on se penche sur le casting, soit l’acteur Sebastian Stan, la réponse est déjà donnée d’avance, ce n’était certes pas un grand secret mais ça en rajoute hélas au côté un brin prévisible du film. C’est un peu décevant même s’il faut bien avouer qu’en termes de méchant inintéressant, on ne fera pas pire que Thor : Le Monde des Ténèbres.


Plus que Captain America : « Le Soldat de l’Hiver », c’est donc un Captain America 2 et rien d’autre, faisant véritablement office de suite (70 ans après !) au premier film jusque dans les ramifications du scénario, sans grand lien avec The Avengers si ce n’est les personnages. Et donc en dépit de quelques choses prévisibles, prouvant que les ressorts de Marvel commencent à être connus, et de personnages secondaires inégaux (The Amazing Spider-Man 2 fera-t-il pire avec ses 150 personnages annoncés ?), Captain America : Le Soldat de l’Hiver est une belle réussite, tout simplement parfait si l’on occulte ces menus défauts. C’est donc une bien bonne surprise qui parvient à se hisser au niveau des Iron Man et de The Avengers, en se plaçant donc sur le podium au nez et à la barbe (et des cheveux) de Thor. Sur les points positifs je n’ai donc pas grand-chose à dire, c’est tout simplement de l’excellente action Made In Marvel avec un côté plus sobre mais plus bastos, qui remplit son office grâce à de beaux combats. Un très bon film qui ne devrait pas être négligé et qui montre que même si Marvel n’est pas foncièrement inspiré (le scénario n’apporte rien de neuf, à croire que seules les scènes post-générique font avancer les choses), il a toujours de la ressource dans la forme et sait exploiter ses personnages principaux. Une belle satisfaction en attendant du vrai neuf (Les Gardiens de la Galaxie, Ant-Man) et l’on est déjà pressé de retrouver le Captain Rogers et les autres (Œil-de-Faucon, surtout, s'il vous plaît) dans Avengers : Age of Ultron. En attendant, cette collection Marvel de printemps est un très bon cru.
Note : 8/10

jeudi 6 mars 2014

Tron : L'héritage

Je pense qu’il n’est plus utile de présenter Tron : L’héritage. Suite du culte Tron sorti en 1982, film qui peut paraître kitsch aujourd’hui mais dont la technique, à l’époque, était impressionnante (en 1982, la souris d’ordinateur n’existait même pas encore…). Tron où l’histoire fantastique d’un informaticien projeté dans un ordinateur. Près de 30 ans après, ce film se sera rappelé au bon souvenir des cinéphiles au moment où fût annoncée sa suite, plutôt attendue et validée (il n’y a que 3 ans, les suites et remakes ne sortaient pas encore à tort et à travers et on y prêtait plus de considération). Suite remarquée particulièrement en France vu que DAFT PUNK en a signé la BO, bien avant ses récompenses avec l’horriblement addictif "Get Lucky". Premier film de Joseph Kosinski qui a continué son petit bonhomme de chemin l’an dernier avec le bien bon Oblivion. Film qui, chose la plus remarquable, se distingue grâce à son univers visuel particulièrement singulier, tranchant très nettement avec le Tron d’origine, pour une remise au goût du jour doublée d’une identité bien personnelle et travaillée, évacuant les accusations de trahison de l’esprit originel grâce à un visuel on ne peut plus réussi (même s’il est très… « trichromatique »). Et Jeff Bridges rempile dans le rôle de Kevin Flynn, doublé d’un clone plus jeune en images de synthèse. Tout était réuni pour faire de Tron : L’héritage une grande réussite. Mais… mais…

En 1989, Kevin Flynn (Jeff Bridges) s’échine à développer la Grille, l’univers parallèle informatique qu’il a intégré par mégarde sept ans auparavant. Il promet à son fils Sam qu’il pourra la visiter un jour. Mais peu après cette promesse, Flynn disparaît sans laisser de traces, laissant son fils orphelin et la société Encom aux mains de dirigeants peu scrupuleux. En 2010, Sam (Garrett Hedlund) a bien grandi et chaque année, fait une blague aux dirigeants d’Encom, entreprise dont il reste l’héritier légitime. Après avoir ainsi perturbé le lancement d’une nouvelle version de l’OS d’Encom, Sam est contacté par Alan Bradley (Bruce Boxleitner), l’ancien comparse de Kevin. Bradley aurait en effet reçu un message de ce dernier sur un vieux bipper. Incrédule, Sam décide toutefois d’aller vérifier par lui-même l’information à la vieille salle de jeux d’arcade. Il trouve l’ordinateur de son père et va se retrouver lui aussi par mégarde propulsé dans la Grille. Sam va bien vite se rendre compte que Kevin a été trahi par Clu, son double qu’il a créé dans le but de créer un monde parfait, mais qui nourrit désormais de sombres desseins…


Sur la forme, Tron : L’héritage est un film tout simplement superbe. Dès le générique de départ, après le discours de Flynn sur la grille qui se termine sur le thème principal concocté par DAFT PUNK, on se laisse emporter dans l’univers visuel et sonore proposé, univers qui a été soigné aux petits oignons. Le film commence vraiment au moment où Sam intègre la grille, sa découverte de l’univers informatique en est d’ailleurs parfaitement jouissive (même si le transfert au laser n’est pas aussi visuellement élaboré que dans Tron). Tron : L’héritage est du genre immersif : c’est qu’on aimerait nous aussi nous retrouver dans cet univers informatique (bon certes, pas dans les conditions dangereuses du film, on est bien d’accord), dans l’ensemble on est comme un gosse, ébahi devant ce magnifique monde de jeu vidéo. De ce point de vue Tron : L’héritage est une réussite totale, costumes, décors et idées diverses, tout est abouti. Certes il faut adhérer à l’environnement colore et sonore proposé, mais si c’est le cas on est vite happé par le film dont le visuel et la musique ne nous lâchent pas de sitôt. A tel point que dès que j’en entends reparler ou dès que je revois quelques images, j’ai une irrépressible envie de revoir ce film, c’est probablement et en ce qui me concerne le film le plus accrocheur sur la forme que j’ai vu ces 10 dernières années. Cet énième visionnage de ma part se sera d’ailleurs fait sur une télé HD avec un bon son, alors que mon dernier visionnage de qualité s’était tout simplement fait lors de la sortie du film au cinéma. Ce visionnage de qualité ne fera d’ailleurs qu’accentuer ma déception, déception qui était d’ailleurs présente dès la fin de la première séance au cinéma. J’ai presque envie d’en chialer tiens, un si beau film si prenant, parfait dans la forme, qui s’est fait saborder par son fond d’une niaiserie absolue, semblant pointer du doigt un responsable tout désigné : Disney.


Certes, Tron était aussi sous la houlette de Disney et qu’on se rassure, possédait une histoire tout aussi niaise que Tron : L’héritage. Mais bon, allez, disons-nous que si le scénario est naze, il y aura au moins de l’action. Et ça y va : à peine Sam plongé dans la Grille, qu’il doit affronter l’épreuve du combat de disques. Puis comme ça suffit pas, on enchaîne dans la foulée avec la fameuse épreuves des motos en arène. Mais passé ça, c’est fini, emballez c’est pesé, pliez les gaules. Si le film démarre vraiment lorsque Sam rentre dans la Grille, on peut dire qu’il se finit lorsque Quorra (Olivia Wilde) vient le tirer du pétrin de l’arène, et à ce moment-là la moitié du film n’est même pas passée. Certes, il reste la poursuite finale dans les airs mais quand vient ce moment, on est déjà dépité et consterné du traitement fait à l’univers et à l’histoire de la Grille, et la tentative de réveiller le tout est donc bien vaine. Et quand peu avant cette poursuite, on a droit à des combats… qu’on ne voit pas (c’est vrai que montrer Sam qui tranche des programmes en les éparpillant en petits morceaux, c’est trop violent pour nos chastes yeux) on se dit qu’on a tout compris au traitement fait à l’histoire de Tron : L’héritage. Passé l’excellent début du film, c’est l’édulcoration pure et simple, bref du pur Disney. Le milieu du film souffre d’atroces longueurs ne servant qu’à balancer des dialogues éculés emplis de bons sentiments dégoulinants, entre les relations père-fils, le peuple opprimé à protéger, et les motivations trop méchantes et grotesques de Clu autoproclamé méchant de service (matérialiser toute une armée de programmes sur Terre ?!). On a même droit à un court laïus culpabilisateur (lorsque Sam explique à son père que le monde actuel n’est que guerre, pauvreté et pollution) particulièrement insupportable. Seuls quelques courts combats et arcs scénaristiques évitent l’ennui profond, alors que les facepalms se multiplient devant tant de niaiserie forcée et caricaturale. Et que dire de la toute fin, triste et prévisible… Si l’on se doute que Tron : L’héritage n’a pas été pensé pour être un film « adulte », on se dit qu’il y avait moyen de faire quelque chose de 1000 fois mieux dans le fond que cette histoire gnangnan à souhait, qui finit par prédominer une fois que l’on est pleinement plongé dans l’univers visuel, qui à un moment n’arrive plus à se suffire à lui-même, hélas… Entre le fond et la forme, Tron : L’héritage est donc d’une inégalité rarement atteinte. C’est beau mais ce n’est pas pour autant qu’il fallait livrer un scénario de bisounours.


Si la réalisation de Joseph Kosinski, le visuel et le son parviennent tant bien que mal à faire pencher la balance, les acteurs vont refaire pencher l’équilibre dans le mauvais sens. Je l’évoquais dans ma critique de RoboCop à propos du premier grand rôle de Joel Kinnaman, balancer Garrett Hedlund en tant que « jeune premier » était risqué et bien évidemment, ça ne prend pas. Son interprétation reste honnête mais son personnage n’a aucun relief. A la limite ce n’est pas très grave, il faut bien un début à tout, c’est surtout pour ceux qui sont loin d’être des « jeunes premiers » que ça se gâte. Jeff Bridges nous ressort un rôle post-Big Lebowski en mode « zen » (c’est le personnage même qui le dit !), cliché et qui ne semble pas du tout correspondre au Kevin Flynn de Tron, dynamique et feu follet. Certes le personnage s’est retrouvé enfermé dans la Grille pendant des cycles et des cycles mais au final, ça tranche de trop et on y croit pas. Clu, son double maléfique qui est campé en motion capture, est également assez moyen, visuellement (j’ai toujours eu un peu de mal avec ce visage trop synthétique) et au niveau de sa personnalité, de même que ses intentions sont exagérées dans les grandes largeurs, mettant à mal l’histoire du film. Après, il n’y a pas beaucoup d’autres personnages, c’est un plaisir de retrouver Bruce Boxleitner et on appréciera la mystique Beau Garrett (Gem) et le fantasque Michael Sheen (Zuse), mais c’est tout. Bon certes, il y a Olivia Wilde… mais c’était l’époque où elle apprenait encore son métier (oui, au début, on ne peut pas dire qu'elle était particulièrement expressive dans ses rôles...) et elle a du mal à transmettre les émotions du personnage de Quorra, personnage qui même s’il a son importance dans l’histoire ne sert un peu à rien au final (l’exemple frappant étant le moment où elle va provoquer Rinzler pour se faire capturer, dans quel but si ce n’est une bête diversion on ne sait pas vraiment…). Preuve supplémentaire que si Tron : L’héritage a été travaillé à la perfection dans la forme, il semble avoir été bâclé dans le fond, étant trop calibré pour rentrer dans le cahier des charges gentil-tout-plein de Disney.


Sur un forum j’avais vu quelqu’un taxer Tron : L’héritage de « nanar éclairé comme l’intérieur d’un frigo », je n’irai pas jusque-là car ce film en vaut quand même largement la peine visuellement. Addictif, immersif et bluffant, l’univers de Tron : L’héritage est sans précédent. Et si le film était tellement nul que ça je ne l’aurai pas reregardé X fois, je continuerai même à le regarder d’ailleurs, je pense que j’aurai du mal à m’en lasser. Car l’univers de la Grille v.2011 est tout bonnement splendide et visuellement, accompagné de plus du son de DAFT PUNK, ce film vaut bien 10/10. Mais voilà, il a fallu que tout le reste créé un incroyable déséquilibre qui fait perdre beaucoup de points à Tron : L’héritage. Et c’est tout de même la déception qui prédomine. En ce qui me concerne la compensation visuelle ne fait que pousser Tron : L’héritage juste au-dessus de la moyenne. De par son manque relatif d’action, de par son casting peu convaincant et de par son histoire d’une niaiserie effarante, Tron : L’héritage est un hallucinant ratage dans le fond, hallucinant de par le contraste avec la forme qui est un aboutissement original et personnel qui a déjà fait date. Probablement le film le plus inégal de tous les temps, et c’est peu dire tant la mise en place d’un univers visuel purement fantastique a accouché d’un film de bisounours qui n’améliorera pas la réputation de Disney pour les films autres que ceux d’animation. A la sortie de mon premier visionnage, je n’ai eu qu’un seul mot pour qualifier Tron : L’héritage, mot qui est encore en vigueur trois ans plus tard : GÂCHIS !
Note : 6/10

lundi 3 mars 2014

Iron Sky

Petit retour en arrière sur ce film qui se passe dans le futur avec des ennemis venus du passé. Je torture l’espace-temps mais on va s’en sortir, Marty (ça marche à la vapeur). Courant 2012, personne n’avait échappé à l’arrivée de ce film, sauf le grand public car Iron Sky n’est, à ma connaissance, jamais sorti sur les écrans français, et n’a finalement eu comme public que les cinéphiles avertis, festivaliers ou dénicheurs de perles sur les sites, magazines ou forums spécialisés. Il faut dire qu’un film avec des nazis, c’est toujours sujet à controverse… surtout quand c’est traité à fond les ballons sur un fond comique. Qu’on se rassure, les nazis sont toujours bien les méchants, mais concernant Iron Sky ce sont indirectement les héros d’un film au pitch déjanté à défaut d’être complètement guedin. Ce qui est une bonne et une mauvaise chose surtout, mais ce film finlando-australo-allemand à petit budget a donc eu une exposition relativement confidentielle. Iron Sky n’est bien évidemment pas un chef d’œuvre et ne semble être destiné qu’à rester un petit film culotté qui figurera surtout dans les mémoires de la série B. D’ailleurs sur les sites communautaires on ne peut pas dire que Iron Sky rafle les étoiles… Mais il n’est pas oublié pour autant. D’ailleurs j’écris cette critique après un deuxième visionnage pour lui redonner une petite chance, car au-delà de son aspect fun et sans prise de tête, Iron Sky est quand même un film assez unique qui mériterait peut-être un peu plus de considération. Hommage.

En 2018, la présidente des Etats-Unis (Stephanie Paul), pour sa campagne de réélection, décide de frapper un grand coup en envoyant un top-model noir, James Washington (Christopher Kirby), sur la Lune. Mais sur la face cachée de notre satellite naturel, Washington va faire une bien étrange découverte : des nazis y sont installés depuis des décennies, ayant reconstruit une petite société dans le but ultime de retourner sur Terre pour y établir le IVème Reich. Pris pour un espion, Washington est capturé par le Führer en second Klaus Adler (Götz Otto). Ce dernier veut se servir de Washington pour approcher la présidente et in fine, conquérir la Terre en doublant le Führer Kortzfleisch (Udo Kier). Sur Terre, Adler et sa promise l’éducatrice Renate Richter (Julia Dietze) s’infiltrent au sein de la présidence grâce à la directrice de campagne Vivian Wagner (Peta Sergeant), qui se sert des talents d’oratrice de Renate pour faire grimper la présidente dans les sondages. Mais Renate, persuadée que les nazis veulent revenir sur Terre avec un message de paix, va vite découvrir les véritables plans d’Adler…

Le pitch déjanté et provocateur d’Iron Sky est avant tout un prétexte pour livrer une comédie de science-fiction plus sage qu’il n’y paraît. On peut le déplorer mais le film a alors le mérite de ne pas partir dans le n’importe quoi. Iron Sky est surtout un film satirique, qui se joue des clichés à la fois du nazisme et des américains, sans chercher à délivrer un quelconque message ou prise de position, bref sans prétention car de toute façon tout le monde en prend pour son grade. Ce sont donc ces multiples références (la présidente des USA semble être clairement Sarah Palin même si le nom n'est jamais cité...) et clins d’œil à la limite de la parodie (notamment cette scène avec Vivian qui parodie ouvertement un passage de La Chute rendu célèbre grâce à de nombreuses vidéos) qui font le sel de Iron Sky, réservant quelques moments hilarants, notamment les réunions des différents secrétaires d’Etat de la planète qui tournent aux invectives, aux moqueries et aux règlements de comptes. C’est surtout ceci qui fait la force comique de Iron Sky, les personnages et les situations qui en découlent, plutôt que les dialogues en eux-mêmes qui, de mon avis, ont un peu un humour de merde… la dernière partie du film y va à fond niveau vulgarité gratuite, même de la bouche de la présidente (shocking !), qui n’est rien à côté du personnage revanchard de Vivian cependant. Les répliques font rarement mouche, cela ne passe que lors des références diverses ou encore lorsque les nazis découvrent le monde moderne (le coup de la réinvention de l’USB…), et c’est plutôt la globalité du film qui fait rire. Quant au scénario, il est ce qu’il est, mais là aussi il a le mérite de ne pas partir en couille quand il ne le faudrait pas.

Iron Sky est un film à petit budget et ça se sent très vite. Ce n’est pas du dégueulasse made in The Asylum mais nous sommes bien en présence d’une série B. Le visuel est tout de même honnête et a été travaillé pour que le rendu tienne la route, mais l’ensemble est assez inégal. La première partie du film sur la Lune est archi-synthétique (lorsque l’on voit les acteurs pour la première fois on a l’impression que eux aussi sont en images de synthèse, c’est assez bizarre jusqu’à ce que les yeux s’y habituent), les explosions diverses sont cheapos, mais en revanche la dernière partie du film avec les divers vaisseaux spatiaux est formidable, même s’il subsiste un petit côté « jeu vidéo ». Mais la réalisation de Timo Vuorensola est tout de même dynamique, à l’image du côté taré-mais-pas-trop du film, ce qui rend Iron Sky très accrocheur (avec même quelques petites incursions futuristes pour bien s’ancrer dans le genre science-fiction). Nous avons aussi le droit à une excellente BO de LAIBACH, ce qui avait créé de l’intérêt pour le film d’ailleurs. L’ensemble est classique mais se montre explosif dès que le film s’emballe, et les slovènes nous gratifient aussi de superbes thèmes notamment leur morceau "America" qui figurait sur l’album ‘Volk’ (2006), ici épuré et s’intégrant parfaitement dans le film à un moment crucial d’ailleurs. Et que dire du fantastique final avec le poignant "Under the Iron Sky" qui se superpose au générique de fin… Générique de fin qui égrène aussi le casting, peu étoffé mais satisfaisant dans l’ensemble. Seul Götz Otto est relativement connu (il avait joué dans La Chute mais aussi un rôle de méchant sadique dans Demain Ne Meurt Jamais, entre autres) et il joue à la perfection son rôle d’officier nazi fourbe et ambitieux. Les autres acteurs font le job, Peta Sergeant est hélas un poil grotesque mais l’inconnu Christopher Kirby s’en sort bien dans son rôle de « bro’ ». Reste alors Julia Dietze, le personnage principal du film, excellente en petite nazie naïve qui va être torturée par les doutes et la vengeance. Et puis elle est sacrément mignonne.


Après un premier visionnage, j’avais été dubitatif comme beaucoup de monde, sans dire que c’était un ratage non plus, c’était juste un film marrant et bien fait avec son peu de moyens. Mais au final Iron Sky se bonifie avec le temps. Il faut le prendre pour ce qu’il est, une grosse pochade sur la base d’un scénario osé et original. Il fait partie d’un certain état d’esprit auquel il faut adhérer, un peu à l’image de l’art de LAIBACH d’ailleurs. Ce n’est pas pour rien que les nazis de la Lune arborent le logo des slovènes à partir d’un certain moment du film… c’est à prendre à un certain degré (les membres de LAIBACH déclarant d’ailleurs que Iron Sky est « un film pour enfants »). Iron Sky, c’est finalement LAIBACH mis en film, ceux connaissant le groupe savent de quoi je parle. D’ailleurs comme je suis à fond dedans en ce moment je vous conseille leur nouvel album ‘Spectre’ qui vient de sortir, qui est encore une fois sujet à controverse d’ailleurs. Comme Iron Sky depuis ses débuts et encore aujourd’hui, car c’est à mon avis un film assez sous-estimé en fin de compte. C’est les nazis de la Lune qui embêtent les américains et le monde entier, tout le film brode là-dessus avec dérision et sans en faire des tonnes, et il ne faut pas aller chercher plus loin. Ça aurait pu être mieux au niveau visuel et sur les dialogues mais Iron Sky reste une série B, et dans sa globalité une excellente série B bien fun, qui est presque culte finalement. Heil Laibach, Heil Iron Sky !
Note : 8/10