mardi 12 mars 2013

Butter

« Olivia Wilde plays a stripper ». Voilà une courte critique que l’on peut trouver sur RYM pour ce film, et c’est déjà un bon argument de visionnage. En rédiger une critique va donc être l’occasion pour moi d’inaugurer le libellé « film avec Olivia Wilde ». Mais ma crevardise me perdra un jour. Ça avait d’ailleurs été le cas pour Captivity, cette affreuse bouse que j’avais regardé juste parce qu’il y avait dedans ma muse de l’époque, Elisha Cuthbert (c’était le bon vieux temps…). Ici, le registre est un brin différent. Butter ? Oui car il va bien être question… de beurre. On connaît le goût de l’Amérique profonde pour les concours de beauté en tout genre, comme on peut en voir sur l’émission Reportages de TF1 ou à l’occasion de quelques films, Little Miss Sunshine en tête. Ici, nous allons donc plonger dans le pays de Slipknot, en Iowa, pour suivre les pérégrinations de divers personnages autour de compétitions de sculptures sur beurre. Le pitch est déjà bien WTF, et Butter s’annonce comme un film particulièrement satirique qui dynamite les « rednecks ». Avec Olivia Wilde qui joue une strip-teaseuse. Bref, une curiosité qui ne demande qu’à être analysée, même si nous sommes en plein dans le genre comédie sans prise de tête, surtout pour les européens…

Bob Pickler (Ty Burell) est, depuis 15 ans, le roi incontesté de la sculpture sur beurre en Iowa, ce qui fait la fierté de sa femme épousée en secondes noces, Laura (Jennifer Garner). Mais à la suite d’une exposition à sa gloire, Bob apprend que les responsables de l’association dont il dépend souhaiteraient qu’il « passe la main » après tant d’années de bons et loyaux services. Si Bob s’y résout, ce n’est pas le cas de sa femme qui est scandalisée. Alors que Laura entreprend de participer elle-même au prochain concours de sculpture à la place de son mari, celui-ci, blasé par une dispute, se compromet dans les bras de la strip-teaseuse Brooke (Olivia Wilde). Laura va donc se retrouver engagée dans une compétition bien difficile, avec comme adversaires Carol-Ann (Kristen Schaal) une fan des œuvres de Bob qui débute dans l’art sculptural, une Brooke bien décidée à embêter la famille Pickler pour récupérer ses 600$ de services sexuels, et surtout la redoutable Destiny (Yara Shahidi), orpheline afro-américaine de 10 ans qui après avoir vogué de famille d’accueil en famille d’accueil, s’est posée chez les Emmet (Rob Corddry & Alicia Silverstone). Jusqu’au-boutiste, Laura va donc faire voler en éclats sa famille bien rangée pour remporter à tout prix la compétition « du comté de Johnson », se servant de Boyd (Hugh Jackman), un ancien amour de lycée, tandis que sa belle-fille rebelle Kaitlen (Ashley Greene) va prendre la délurée Brooke comme modèle…

« Bob, je vais monter sur ta voiture, et je vais chier dessus »

Comme prévu, cette comédie à tendance satirique va donc mitrailler un à un tous les poncifs de la famille américaine rurale. Famille, racisme, religion, adoption, adultère, histoire des Etats-Unis, tout y passe dans un joyeux bordel construit autour de cette histoire improbable mais traitée de manière (presque) tout à fait réaliste. Toute cette histoire de compétition de sculpture sur beurre n’est donc qu’un prétexte, bien qu’au centre de tout, pour suivre les pérégrinations de la famille Pickler qui part en lambeaux, contrastant avec l’ascension de Destiny. Butter aligne donc les diverses situations incongrues, ponctuées par des répliques souvent cinglantes. Et le film n’est pas avare en situations hilarantes, notamment cette scène improbable où Destiny et son père adoptif Ethan se demandent, en forme de thérapie pour se rassurer, ce qu’il « pourrait arriver de pire », comme une invasion de ninjas racistes par exemple, et bien d’autres choses dont on aura même droit à quelques bonus dans le bêtisier en fin de film. On notera aussi la scène où Hugh Jackman remercie Dieu dans sa Camaro jaune pour une raison bien particulière, ou encore le préambule des aventures de Destiny chez ses familles d’accueil étranges. Pour une comédie, Butter n’a quasiment aucun temps mort et chaque passage est prétexte à quelques rires plus ou moins appuyés. Mieux encore, après une « rupture » dans le scénario à la moitié du film, Butter va prendre une tournure carrément trash ponctuée par une scénette d’amour lesbien entre Ashley Greene et Olivia Wilde (*bave*) (mais elles ne sont pas à oilpé pour autant). Mais l’histoire va suivre son cours jusqu’à, malheureusement, se clôturer par une fin gentillette qui ne va pas jusqu’au bout de la satire initiale. C’est dommage et Butter reste donc une comédie « américaine » qui se termine dans les bons sentiments, heureusement on aura eu l’occasion de s’esclaffer bien avant cette fin en eau de boudin.

Une telle comédie est l’occasion de mettre en valeur ses acteurs et pour le coup, ça sera un carton plein. Jennifer Garner est parfaite dans ce rôle de ménagère prête à tout pour garder sa fierté et sa pseudo-gloire, quitte à arnaquer tout le monde et à abuser de mauvaise foi. La jeune Yara Shahidi est également parfaite dans son personnage de jeune orpheline bien mature. Son père adoptif joué par Rob Corddry est également excellent. Ty Burell est assez effacé dans son rôle de mari blasé en retrait des affaires, et c’est sa fille encore plus blasée (Ashley Greene) qui va tirer son épingle du jeu. Hugh Jackman, totalement inattendu dans son rôle d’idiot fini, est juste énormissime même si sa présence est assez limitée. Reste donc Olivia Wilde. Et même si l’importance de son personnage est cantonnée à la première partie du film, elle est sexy en diable (tatoos, poom-poom short et talons à l’appui) et se lâche dans son rôle de stripteaseuse à demi écervelée jusqu’au-boutiste et ultra-provocatrice. Et la réalisation de Jim Field Smith, impersonnelle au possible (en même temps pour ce genre de film on s’en fout un peu, même si de la folie à la Edgar Wright aurait rendu l’ensemble encore plus dynamique), parvient à mettre magnifiquement en valeur le bleu profond de ses yeux. Râââh lovely.

Au final, Butter brosse bien une peinture au vitriol de l’amérique profonde. Mais c’est dommage que le film n’aille pas au bout de son sujet, contrairement à la mentalité de ses personnages, et ne pousse pas plus le côté trash entrevu en seconde partie de film. Tout est relatif et nous n’avons pas ici affaire à une comédie à l’humour graveleux type frères Farrelly (rien à voir par exemple avec un Echange Standard –dont on va très bientôt reparler ici-). Une comédie donc un brin satirique, sans réel style, souvent incongrue mais pas totalement absurde, qui remplit juste le minimum syndical de son « message ». Pour le reste, on rit souvent et les acteurs sont excellents, ce qui fait que Butter fait au moins passer un bon moment. C’est déjà ça de pris et sans être une grosse surprise, Butter est une bonne petite comédie américaine pour se détendre et se moquer gentiment de nos amis des states.
Note : 7/10

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