« On aura appris deux choses : premièrement, ne
jamais rentrer dans une maison en sucreries. Deuxièmement, pour vaincre une
sorcière, il faut lui mettre le feu au cul ». Avec ceci balancé dès
l’intro du film passé, autant dire que le ton est donné. De toute façon
pouvait-il en être autrement avec ce film classé « WTF » dès la
lecture de son nom et le visionnage de son affiche ? Là, ça sent le bon
délire. Le délire sponsorisé par les studios américains mais tenu par une main
scandinave. Après Iron Sky du finlandais Timo Vuorensola, voilà Hansel &
Gretel : Witch Hunters du norvégien Tommy Wirkola, déjà responsable de
Dead Snow, le film avec des zombies nazis dans la neige. Les scandinaves font
une fixette sur les nazis, mais ça ne sera pas le cas ici vu que nous allons
revisiter un conte enfantin bien connu. « Classic Tale, New Twist »,
voilà pour l’accroche. Et après Abraham Lincoln Chasseur de Vampires, voilà
donc Hansel et Gretel chasseurs de sorcières. Le premier était une bonne
surprise, en sera-t-il autant du second ?
Donc bon, l’histoire d’Hansel et Gretel tout le monde la
connaît ou presque. Enfants abandonnés, maison en sucre et pain d’épice,
méchante sorcière à l’intérieur, enfants qui vont réussir à s’enfuir,
blablabla. La scène est bien évidemment jouée en intro mais on va très vite
s’intéresser à ce qui se passe « quelques années plus tard ». Hansel
et Gretel ont bien grandi et vont d’exploits en exploits, débarrassant bon
nombre de bourgades de sorcières en tout genre. En bon chasseurs de primes, frère
(Jeremy Renner) et sœur (Gemma Arterton) vont accepter une mission dans un
petit village victime d’enlèvements d’enfants répétés. Le duo va vite découvrir
ce qui se trame derrières ces enlèvements : une réunion de sorcières
maléfiques se prépare, sous la houlette de la très méchante Muriel (Famke
Janssen). Celle-ci cherche en effet à pratiquer un rituel ancestral pour
permettre aux sorcières de résister au feu et donc de devenir
quasi-invincibles… En combattant Muriel et ses sbires, Hansel et Gretel vont
donc être amenés à découvrir des secrets surprenants sur leur passé…
« Relâchez ma sœur et j’envisagerai -à la RIGUEUR-
de ne pas vous tuer »
Si le scénario réserve quelques rebondissements plus ou
moins prévisibles, il est inutile de s’attarder dessus. Car oui, brisons la
glace, Hansel & Gretel : Witch Hunters est une série B. Une série B
avec des moyens (les effets spéciaux, tout comme les maquillages et costumes,
sont réussis et il n’y a rien de négatif à signaler de ce côté), mais une série
B quand même. Donc mesdemoiselles mesdames et messieurs, ne cherchons pas ici
la subtilité ou l’art pur. De toute manière vu le pitch, il ne vaut mieux pas
que le film se présente comme « sérieux » et ça tombe bien, ce n’est
absolument pas le cas, sans pour autant tomber dans l’absurde ou le totally
WTF. Le film mêle donc comédie fantastique, avec des répliques bien senties et
quelques moments cocasses, et action avec des bagarres, des armes à feu, des
sortilèges et surtout, un peu de gore. Même si apparemment, la version projetée
en salles françaises est « édulcorée », le film met le paquet niveau
morts gore avec effusion d’hémoglobine. Le rythme est dynamique sans partir
dans la folie totale, même si on notera un léger passage à vide en milieu de
film. Il est aussi dommage que l’« artillerie » du duo ne soit pas
plus étoffée que ça, se résumant au fusil à pompe d’Hansel et à l’arbalète-uzi
de Gretel, même si du plus gros calibre fera son apparition dans la dernière
partie du film. On est tout de même loin de Van Helsing. Mais ce sont bien les deux seuls reproches qu’on pourra faire à
Hansel & Gretel : Witch Hunters, car même si on pouvait s’attendre à
encore plus jouissif le film remplit aisément sa mission, avec du fun, du sang,
de l’humour et de l’originalité pour une heure et demie de pur divertissement.
Peut-être on regrettera aussi des combats filmés de manière un peu confuse, et
comme d’habitude une 3D qui ne servira pas à grand-chose si ce n’est nous
envoyer quelques projectiles ou débris à la tronche grâce au relief. Mais pour
le reste, c’est tout bonnement excellent et très marrant à suivre.
Et encore une fois, nous avons un argument de poids en
faveur de Hansel & Gretel : Witch Hunters en la personne de Jeremy
Renner. Trop peu en vue dans The Avengers, correct dans The Bourne Legacy qui
était malheureusement passablement raté, il trouve ici un rôle où il peut
s’éclater à mort, tout comme dans Mission Impossible IV. L’américain s’en donne
à cœur joie dans ce rôle de bourrin décalé un brin asocial et « vieux
jeu », avec un certain détail : ce bon vieux Hansel, gavé de sucreries par
une sorcière dans sa jeunesse, est désormais… diabétique, devant se faire des
injections régulières pour ne pas tomber dans les pommes. C’est le détail qui
tue et il fallait y penser ! Du reste, l’ami Hansel maniera à loisir le
fusil à pompe, se lâchant en fin de film et n’étant pas avare en bon mots.
Renner vole encore tout le film et à part ça, il n’y a rien d’exceptionnel
parmi le reste du casting. Gemma Arterton joue une Gretel sans relief et pas
spécialement sexy (oui, elle n’est pas à mon goût), mais ça passe surtout pour
sa faculté à user du coup de boule, et pour former un duo parfait avec son
frangin. Famke Janssen joue en revanche un rôle de méchante de conte
parfaitement convaincant. Peter Stormare (encore lui, mais il est
partout !) fait du Peter Stromare, Pihla Viitala campe une rousse
mystérieuse agréable à regarder. Reste un jeune premier (Thomas Mann), avec un
rôle particulier de « groupie » d’Hansel & Gretel, et également
une sorcière aux cheveux rouges pas vilaine du tout. On attendait de toute
façon pas grand-chose de ce casting mais moi qui voulait voir Renner en
vedette, je suis servi.
Hansel & Gretel : Witch Hunters faisait partie
de mes favoris pour être la surprise voire le film de l’année, on est encore
loin du bilan mais sans être une tuerie absolue, ce film est au minimum un
outsider. En tout cas, tout était prévu et ce film est, dans son registre, une
réussite. Même s’il y avait peut-être moyen de faire quelque chose de plus fou
encore, Hansel & Gretel : Witch Hunters n’en fait pas trop et est bien
dosé, et c’est tant mieux. Un habile mélange de genres au sein d’une histoire
culottée et originale, on en demandait pas moins et ce film a même un certain
charme. On s’esclaffe devant l’humour et les morts spectaculaires, on saute de
son fauteuil noir lors des scènes d’action et des poursuites en forêt, et on
apprécie toujours le jeu du facétieux Jeremy Renner toujours excellent. Tout
comme Abraham Lincoln Chasseur de Vampires, c’est du n’importe quoi cohérent et
bien ficelé, qui sent bon l’éclate et le gros délire et c’est l’essentiel.
« La vengeance, ça nous rendra pas nos parents… mais qu’est-ce que ça fait
du bien ! ».
Note : 8/10
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