Dans l’air du temps, un 3 ça fait peur. Peu de franchises
osent aller jusque là (la mode est aux sequels jusqu’à plus soif, donc ça va
venir…), normal car la réussite n’est pas souvent au rendez-vous. Fast &
Furious 3 était le pire épisode de la saga (et un des pires films tout court
soit dit en passant), plus récemment Transformers 3 avait été une sacrée purge,
condensant tous les clichés des deux premiers opus. Voilà donc que Iron Man s’y
met, premier personnage du pack « Avengers » à passer le cap du
triplé. C’est même un 3.5 vu que Iron Man prenait pas mal de place dans The
Avengers. La quatrième occurrence de Tony Stark et son armure high-tech a bien
peu d’arguments pour se démarquer, Iron Man 2 était très bien mais peu
intéressant dans l’absolu. Du coup, Marvel a cédé à l’appel de cette mode que
je déplore, à savoir présenter des super-héros faibles, rouillés et en quête de
rachat. Avant Superman : Man Of Steel, Iron Man 3 se présente avec une
idée de départ à la The Dark Knight Rises, ce qui n’est selon moi pas une bonne
chose. Car préférer la « psychologie » à l’action est à mon humble
avis incompatible avec l’objectif « grand public » surtout la franchise
Marvel qui cible quand même un public plus jeune que l’univers sombre de Nolan.
Iron Man 3 part donc sur un défi de taille et un risque de décevoir ceux qui
comme moi s’intéressent plutôt à ce que le super-héros a à nous apporter pour
épater la galerie. Iron Man 1 est même devenu un culte dans ma filmothèque avec
le temps (tout y était). La bande-annonce rassure tout de même, et le visionnage
complet nous amène même dans une dimension insoupçonnée.
A priori, tout roule bien pour Tony Stark (Robert Downey
Jr) : il a sauvé le monde, il file (presque) le parfait amour avec Pepper
Potts (Gwyneth Paltrow) qui s’occupe bien de Stark Industries malgré le zèle de
Happy Hogan (Jon Favreau) promu directeur de la sécurité. Rhodes (Don Cheadle)
est quant à lui dans le feu de l’action avec son armure de Warmach… pardon, d’Iron
Patriot. Mais Stark souffre d’insomnies alors qu’il développe de nouveaux
prototypes d’Iron Man, voire pire encore : il est sujet à des crises d’angoisse
dès qu’on évoque New York et son court passage dans l’espace. Pour couronner le
tout, les Etats-Unis sont sous la menace d’un terroriste nommé Le Mandarin (Ben
Kingsley), qui fait sa propagande à l’aide de vidéos tapageuses propagées à
grande échelle. Ce dernier revendique un attentat commis à l’aide de mystérieux
terroristes mutants, capables de se faire imploser. Furieux après que l’explosion
ait plongé Happy Hogan dans le coma, Stark défie Le Mandarin et lui donne même
son adresse perso. L’inévitable se produit alors : la résidence de Stark
est attaquée, et ce dernier est contraint de fuir loin de Pepper Potts et de
ses amis avec une armure endommagée. Il va alors devoir se débrouiller sans
Iron Man et va rapidement comprendre que Aldrich Killian (Guy Pearce), un
scientifique qu’il a snobé 13 ans plus tôt et qui est récemment revenu sur le
devant de la scène, nourrit de sombres desseins…
Le début en flashback treize ans auparavant est déjà
intéressant, surtout sur le son du cultissime « Blue » d’Eiffel 65.
On retrouve tout de suite la patte du réalisateur Shane Black qui succède à Jon
Favreau (qui reste acteur), avec la narration faite à l’arrache descendant tout
droit de Kiss Kiss Bang Bang. Curieux de voir ce style tarantinesque avec des
dialogues qui fusent dans un Iron Man, mais ceci s’estompe assez vite pour
laisser place -comme toujours pour un blockbuster- à une réalisation
impersonnelle mais maîtrisée (avec une 3D assez inutile toutefois). Donc comme
prévu, passée la « rupture » avec l’attaque de sa fringante
résidence, Stark doit se débrouiller sans son armure endommagée et à court de
jus, et sans Jarvis. Stark est fatigué, insomniaque, et est sujet à des terribles
crises d’angoisse dès qu’on évoque ce qui s’est passé à New York (dans The
Avengers bien évidemment). Mais on est bien loin du Bruce Wayne qui n’arrive
même plus à marcher de The Dark Knight Rises, et les armures d’Iron Man sont
toujours de la partie avec de nouveaux gadgets notamment la faculté de
s’assembler à distance pièce par pièce, ou encore la commande indépendante qui
permet à Stark de piloter des armures vides. Mais comme l’armure est bien
évidemment HS, Stark doit se débrouiller sans et le fait plutôt bien avec des
gadgets fabriqués à l’arrache, le héros n’est absolument pas rouillé et montre
même de sacrées aptitudes au combat et aux sauts périlleux. Les scènes d’action,
avec ou sans armures, sont parfaites et sont probablement les mieux orchestrées
des 3 films, étant particulièrement rythmées et prenantes. Pas de héros
solitaire en quête de rédemption, l’action palpitante est bien au rendez-vous :
ce n’est pas totalement ce qu’on pouvait attendre et malgré un ton très
différent des deux opus précédents (Stark cabotine moins, est plus sérieux,
tient beaucoup à sauver Pepper Potts), Iron Man 3 parvient à surprendre.
Et il surprend aussi de par le mode d’action des
terroristes ennemis, capables de se régénérer et de transformer leur corps en
braises incandescentes suite à des manipulations génétiques, ce qui les rend
bien difficiles à éliminer. L’originalité est au rendez-vous et on trouve un
bon contrepied au classicisme d’Iron Man 2, même si le scénario n’est guère
complexe (en même temps… qui va demander un truc tordu pour pareil blockbuster ?).
Tout ceci nous donnera donc des combats épiques avec un long final à couper le
souffle, alors que rien que l’attaque de la baraque de Stark envoyait déjà du
bois. Les armures s’échangent entre tout le monde (même Pepper Potts y aura
droit !) et les commandes à distance offrent de nouvelles possibilités.
Même Jarvis tire son épingle du jeu en fin de film. La saga Iron Man parvient
sans trop de mal à se renouveler, même si on ne l’attendait pas forcément sur
cet aspect. Le côté « il y a aussi un Homme dans l’armure » est bien
évidemment exploité, mais à bon escient, sans trop de vagues inutiles et sans
apparat un tant soit peu dramatique (même si le film est légèrement moins
humoristique que les deux précédents). On regrettera encore une fois l’aspect
trop « américain » avec la bravoure habituelle (le sauvetage spectaculaire
des passagers d’Air Force One est de trop et pas crédible), mais Iron Man 3
remplit son rôle, en se renouvelant juste ce qu’il faut et sans briser trop de
codes.
Robert Downey Jr met donc en exergue une nouvelle facette
du personnage de Tony Stark, moins narcissique, plus sympa, et sérieux et
débrouillard lorsqu’il s’agit de faire sans son armure. Mais il fait toujours
du Robert Downey Jr, et j’ai l’impression qu’avec cet acteur c’est tout ou rien
(par exemple, je trouve que Tony Stark et Sherlock Holmes c’est trop kif-kif,
mais ça tient la route). Passons sur les acteurs habituels qui font très bien
le job (Gwyneth Paltrow, Don Cheadle, Jon Favreau), pour s’attarder sur les
petits nouveaux. Guy Pearce (un acteur que je trouve de plus en plus
sous-estimé) est tout bonnement excellent en méchant jusqu’au-boutiste aux
pouvoirs assez curieux, et enterre Whisplash (Mickey Rourke) haut la main,
voire même Jeff Bridges du premier volet. C’est dire ! L’autre méchant, Le
Mandarin (Ben Kingsley) est également formidable, mais c’est parce qu’il va
dévoiler un potentiel comique inattendu à un moment du film. C’est la grosse
surprise et Iron Man 3 sait également brouiller les cartes. Tout ce petit monde
fait tout le film et Rebecca Hall, en scientifique et ex-conquête de Stark, n’est
pas très en vue au final. Reste alors un parfait inconnu (James Badge Dale)
très convaincant en terroriste « volcanique », de même que la
française Stéphanie Szostak qui a hélas un rôle très court. Ajoutez à ça un
gamin (Ty Simpkins) qui aide Stark mais disparaît quasi-complètement du circuit
ensuite, et on est au complet.
Alors pour un 3(.5), Iron Man 3 est quand même une bonne
baffe. Iron Man 1 semble intouchable, mais Marvel et ses exécutants ont réussi
à faire rebondir la saga après un Iron Man 2 un peu trop balisé et un The
Avengers parfait (même si je pense qu’il ne tiendra pas sur la durée, au second
visionnage j’en suis déjà lassé). Le concept à la mode de « super-héros
déchu » est enfin exploité comme il se doit et pas dans le but de créer
une tension dramatique parfaitement inutile. Même les slogans sont trompeurs
car au final, Iron Man 3 sait également envoyer le bousin et demeure tout à fait
efficace. Quelques clichés de blockbuster sont là, mais Iron Man a su se
renouveler et changer son ton dans le bon sens et de la bonne manière. C’est
donc une franche réussite que nous avons devant les globes oculaires, et Iron
Man est définitivement une saga qui fonctionne un minimum quoi qu’il advienne.
Faudrait-il encore continuer ? Trouver d’autres idées sera ardu, et comme
de toute manière un Avengers 2 est prévu autant en rester là. La fin ne permet
pas de tirer des conclusions précises, toutefois Gwyneth Paltrow aurait déclaré
qu’ils en auraient fini avec le personnage. Quoi qu’il en soit, si Iron Man s’arrête
ici, il terminera sur une très bonne note. Une des vraies bonnes surprises de
cette année car au départ, on pouvait s’attendre à une déception. Bravo !
Note : 8.5/10
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