Voilà le film de 2013 sujet à toutes les contradictions
et tous les paradoxes. D’un côté nous avons Andrew Niccol, le réalisateur
néo-zélandais qui signe un nouveau film de science-fiction/anticipation,
domaine où il a déjà montré son savoir-faire (Bienvenue à Gattaca -même si je n’en
suis pas un grand fan-, Time Out -qui lui m’avait bluffé-). De l’autre nous
avons Stephenie Meyer, romancière auteure de la saga à succès (sic) Twilight.
Le premier adapte donc un autre roman de la seconde, Les Âmes Vagabondes.
Difficile donc de savoir à quoi s’attendre : Niccol va-t-il s’accaparer l’œuvre
et l’adapter à sa sauce, ou l’histoire originelle de Meyer va rester telle qu’elle
pour attirer plus facilement ses jeunes lecteurs/trices ? Je n’ai pas lu
le livre (et puis quoi encore ?!) donc je ne saurai répondre, toujours
est-il que ce n’est pas le genre d’adaptation propre à irriter un « public »
de puristes, je pense que les jeunes amateurs du bouquin seront plutôt heureux
de voir les personnages prendre vie à l’écran (surtout les beaux gosses, je
suppose). Moi, je veux juste de la science-fiction qui ne soit pas trop
phagocytée par la romance. Inutile de dire que c’était perdu d’avance et le
film s’est bien évidemment fait sabrer par des sites spécialisés, même s’ils ne
font clairement pas partie du public visé. Le pire, c’est qu’au final (brisons
tout de suite la glace), ce n’est pas vraiment la romance qui pose problème…
Dans un futur indéterminé, la Terre a été envahie par une
race d’extraterrestres bien particulière, non-violents et pacifiques, qui ont
tout simplement pris le contrôle des corps humains. Ils ont alors créé une
société parfaite. Mais certains humains n’ont pas voulu se laisser faire et des
poches de résistance subsistent. Parmi ceux-ci, il y a Mélanie (Saoirse Ronan),
qui se fait repérer par des extraterrestres. Mais plutôt que de se soumettre,
elle choisit de se suicider par défenestration. Mais elle survit et les
extraterrestres lui implantent une âme, nommée « vagabonde ».
Celle-ci a la charge de fouiller la mémoire de Mélanie pour trouver le groupe
de résistants auquel elle appartient, devant fournir les informations à une
traqueuse (Diane Kruger). Mais (encore un mais) l’âme de Mélanie est toujours
présente dans son corps, et finit par parvenir à raisonner Vagabonde. Les deux
âmes cohabitantes vont fuir et rejoindre dans le désert une poche de
résistance, comprenant Jeb l’oncle de Mélanie (William Hurt), son petit frère
Jamie (Chandler Canterbury) et son petit ami Jared (Max Irons). Mais (encore !)
les résistants humains sont loin de se douter que deux âmes peuvent cohabiter
en un corps et se méfient de Vagabonde, tandis que cette dernière s’éprend de
Ian (Jake Abel) et que la traqueuse est toujours à la recherche des humains
résistants…
Evacuons d’emblée ce qui dérange dans Les Âmes Vagabondes
(enfin, ce qui dérange les plus de 16 ans). Et première surprise, il n’y a pas
tant de romance que ça. En tout cas, ce n’est pas le sujet principal du film.
Le tout est centré autour du conflit intérieur entre Mélanie et Vagabonde, qui
sont partagées entre Jake et Ian. La romance est même confuse, sans queue ni
tête, sans but ni morale, sans intérêt, rien. On peut aisément la zapper
surtout que ça ne représente au bas mot que 15% de l’histoire du film. Bonne
nouvelle alors ? Non, car tout le reste pêche et s’enfonce très rapidement
dans un déluge de bons sentiments et de dialogues grandiloquents, partant même
dans la surenchère sur la fin. Outre une courte ouverture sur les tares de l’humanité
qui s’entretuent et détruisent la planète et que donc les extraterrestres ont
changé tout ça, tout n’est que discours niaiseux sur les élucubrations de
Vagabonde qui a du mal à choisir son camp, d’ailleurs son revirement bien trop
rapide ne tient pas la route, pas comme il est présenté en tout cas. Mixez ça
aux quelques incursions de romance et Les Âmes Vagabondes devient rapidement
imbuvable, et longuet en plus (près de deux heures dont quelques minutes
passées à regarder la montre). Si le film se voulait dramatique, c’est réussi,
mais alors que c’est laborieux. Et la science-fiction dans tout ça ?
Presque que dalle, on est plongé directement dans le vif du sujet sans une
maigre tentative de présentation plus précise de la société forgée par les
extraterrestres, et les premières pérégrinations de Mélanie sont racontées sous
forme de sempiternels flashbacks. Niccol, qui avait pourtant créé un univers
tout à fait unique avec Time Out, est ici totalement passé à côté du sujet d’anticipation,
probablement pour rester dans le cœur du livre, et la majeure partie du film
est centrée sur les aventures de Mélanie/Vagabonde. A un moment du film on
pense que l’on va instaurer une histoire parallèle avec la traqueuse qui
commence à douter de ses motivations, mais il n’en est rien. Triste.
Tout n’est pas à jeter pour autant, et le fait que la
romance ne prenne pas trop de place soulage grandement. Il faut tout de même se
placer dans un état d’esprit particulier pour pouvoir accrocher à l’histoire de
Mélanie/Vagabonde, mais le film a le mérite d’être bien ficelé dans l’ensemble,
avec des longueurs certes, et au final l’afflux de niaiserie finit plus par
faire rire qu’autre chose. C’est certes consternant mais en même temps, c’est l’histoire
de Stephenie Meyer qui veut ça… L’univers particulier du film reste
intéressant, et on peut tout de même saluer l’effort de Niccol de sauver l’ensemble
grâce aux images. Sobre, mais avec de beaux décors naturels et bien filmé, c’est
déjà ça de pris. L’action n’est pas au rendez-vous (une bagnole qui fait des
tonneaux, une micro-poursuite sur l’autoroute : emballez c’est pesé), mais
l’identité visuelle éthérée est là, avec les extraterrestres dotés de jolis
bolides chromés. Les Âmes Vagabondes est poussif et fatiguant, mais bien fait
et on arrive quand même à arriver au bout sans problèmes, même si votre limite
de tolérance sera tout de même sollicitée. Ce n’est pas le contenant qui pose
problème mais bien le contenu, avec un côté dramatique dégoulinant de niaiserie
romancière, pas aidé par une musique bien à-propos avec le sujet.
Pour l’acting, pas grand-chose à signaler. Saoirse « comment
que ça se prononce » Ronan est plutôt mignonne (encore heureux) mais son
jeu linéaire devient très vite lassant même si on en arrive pas à avoir envie
de la baffer. Diane Kruger est très bien (et avec l’iris bleu pétant, ça lui
donne un côté hypnotisant du plus bel effet), mais comme je le disais son
personnage aurait mérité d’être plus développé. Le reste ? Houlà… c’est l’afflux
de beaux gosses pour faire tomber ta petite sœur, avec 3 parfaits inconnus (Max
Irons, Jake Abel, Boyd Holbrook) qui en plus se ressemblent de trop
physiquement, ce qui fait qu’au début on arrive même pas à comprendre qui est
qui, rajoutant de la confusion à cette romance à deux balles. Et puis au niveau
du jeu, voilà quoi… tout ceci n’est qu’un splendide argument marketing et ces 3 types seront bien vite oubliés, une fois que l'adolescence sera passée et les posters rangés. Reste
William Hurt convaincant en patron de la colonie de survivants, le reste c’est
du tertiaire et il est inutile de chercher à en extirper quoi que ce soit.
Saoirse Ronan vole presque tout le film, même si ça fonctionne assez, et pour
le reste on ne peut pas dire que Les Âmes Vagabondes brille par son casting. Un
défaut de plus…
Les Âmes Vagabondes n’est pas pour autant la catastrophe
annoncée, surtout parce qu’on était prêts à encaisser le choc, mais ne vaut
quand même pas beaucoup plus que la moyenne, et se distingue surtout par une
forme un minimum réussie plutôt que par le fond bien évidemment niais à
souhait. Il y avait peut-être mieux à faire et d’autres points à développer (la
société mise en place par les extraterrestres, les doutes de la traqueuse). Heureusement
que la romance, qui de toute façon ne sert à rien, soit aisément zappable et ne
régit pas le film à elle toute seule. C’est déjà ça de pris mais pour le reste,
Les Âmes Vagabondes n’est pas un film de science-fiction, plutôt un drame
futuriste calibré pour un public friand de romans d’ados. Du coup, Les Âmes
Vagabondes n’est je pense tout simplement pas fait pour la majorité du public
qui le descend en flammes, moi y compris d’ailleurs. La cohérence et l’objectivité
(le serpent de mer par excellence) voudrait d’ailleurs que je ne lui mette pas
de note, mais je fais ce que je veux c’est mon blog. Les fans de Twilight, les
fans de jolies filles (Saoirse Ronan et Diane Kruger) et de jolis garçons (j’ai
déjà oublié leurs noms) en auront pour leur argent (ou leur bande passante),
les autres peuvent fuir en courant à moins qu’il n’existe sur cette planète
quelqu’un qui soit à la fois amateur de science-fiction/anticipation et de bons
sentiments à gogo. Qu’est venu faire Niccol dans cette galère ? Du chiffre
grâce à un film ultra-ciblé, mais pourtant c’est lui qui parvient à sauver un
tant soit peu le film d’un naufrage dans les abysses du nanar niaiseux. Diantre…
Note : 5/10
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