lundi 8 avril 2013

GI Joe : Conspiration


Parler de GI Joe sur le grand écran, c’est encore un fantastique moyen d’étaler au grand jour mes goûts de chiotte vu que j’avais adoré GI Joe : Le réveil du Cobra. Adoré, oui c’est le mot. Car même si à la r’voyure il vieillit un peu (enfin, je déconseille de le regarder sur une chaîne TNT non HD sur une TV Full HD, ça casse un peu tout…), ce film signé Stephen Sommers est pour moi un modèle de film de « destruction massive » avec le premier Transformers. Ça envoie du bois, ça poutre, ça dégomme, bref ça détruit tout dans un joyeux bordel jouissif en diable. Et donc, on a voulu nous servir une « séquelle » comme on dit dans le jargon. Pourquoi pas après tout, bien que je pense qu’il est difficile de faire quelque chose d’aussi explosif. Première chose, GI Joe : Conspiration était prévu pour l’été 2012 mais sera finalement repoussé au printemps 2013, officiellement pour recadrer tout ça en 3D. Soit. Mais d’emblée, le pitch et la distribution sont intriguants pour une suite : les ¾ des personnages vont dégager ! WTF ? GI Joe semble donc prendre un nouveau départ, moins « série B avec des moyens » et plus ambitieux (et hop, Bruce Willis et The Rock sont dans la place). Nouveau départ ou renouvellement ? Beaucoup de questions se posent et malgré la grosse promo (TF1 qui case des spots un peu partout), on sent avec GI Joe : Conspiration se pointer une belle déception. Mauvaise impression, mauvaise foi, ou peut-être une surprise grâce à quelque chose de différent ?

C’est donc le mercato qui a eu lieu dans l’équipe des GI Joe. Faisons pour commencer le bilan des troupes :
-    Sortent : Ripcord (Marlon Wayans), La Baronne (Sienna Miller), Scarlett (Rachel Nichols), Heavy Duty (Adewale Akinnuoye-Agbaje), Breaker (Saïd Taghmaoui), le général Hawk (Dennis Quaid)
-   Entrent : Roadblock (Dwayne Johnson), Lady Jay (Adrianne Palicki), Flint (D.J. Cotrona), le général Joe (Bruce Willis), Jinx (Elodie Yung), Firefly (Ray Stevenson)
-      Restent : Duke (Channing Tatum), Snake Eyes (Ray Park), Storm Shadow (Lee Byung-hun), Zartan (Jonathan Pryce/Arnold Vosloo). Ainsi que Cobra Commander mais qui n’est plus incarné par Joseph Gordon-Levitt. Et ô surprise, un des restants ne va pas faire long feu et rejoindre l’équipe des sortants après un quart d’heure de film, sauras-tu deviner lequel ?
A partir de là, mis à part que nous ayons affaire à d’autres GI Joe et d’autres ennemis, autant dire que GI Joe : Conspiration n’a plus grand-chose à voir avec GI Joe : Le réveil du Cobra. Et ô (autre) surprise, le ton même du film n’a lui pratiquement plus rien à voir avec le premier volet. Donc même Stephen Sommers mérite d’être cité parmi les sortants. C’est bien simple, au niveau de l’action pure et dure GI Joe : Conspiration est bien loin d’atteindre l’intensité de son prédécesseur. Mettons le pitch en place histoire de comparer tout ça, avec un scénario pas plus élaboré que celui du premier opus : Suite à une opération menée au Pakistan, l’équipe des GI Joe est discréditée par le président des Etats-Unis (Jonathan Pryce) campé par le fêlon Zartan depuis plusieurs mois sans que personne ne se doute de quelque chose. Accusée d’avoir trahi la nation et assassiné le président pakistanais, l’équipe des GI Joe est donc assaillie et décimée. Les quelques survivants  parmi ces soldats d’élite vont donc devoir recoller les bouts. Roadblock (Dwayne Johnson) et ses comparses vont mener l’enquête et rapidement comprendre que le président n’est pas « normal », et solliciter l’aide d’un certain général « Joe » Colton… tandis que Snake Eyes et Jinx vont se mettre à la recherche de Storm Shadow, qui lui a été envoyé dans une prison ultra-secrète pour libérer Cobra Commander…

Les GI Joe vous présentent leur collection printemps-été 2013

On notera déjà que Storm Shadow, censé être laissé pour mort par la lame de Snake Eyes dans une station sous-marine qui a explosé peu de temps après, est de retour et nous n’aurons bien évidemment aucune explication sur les conditions de sa survie. Bref. Ici, pas de mallette contenant des ogives de nanorobots à récupérer ou une station sous-marine à infiltrer, GI Joe : Conspiration est bien plus terre-à-terre et loin de la folie high-tech de son prédécesseur. Pas d’armes trop sophistiquées, de soldats commandés à distance, rien si ce n’est les petits insectes explosifs de Firefly et 1 ou 2 bidules ici et là. Le ton change radicalement et l’on retrouve plutôt ici des armes de différents calibres, des missiles nucléaires et toujours les lames aiguisées de Snake Eyes et Storm Shadow. Même si un armement plus massif fera son apparition en fin de film (après la tour Eiffel, c’est Big Ben qui va avoir mal aux fesses), GI Joe : Conspiration fait tellement 2012… alors que GI Joe : Le réveil du Cobra jouait la carte réussie du futurisme débridé. Fini donc le film de destruction massive, place à un film d’action lambda toujours basé sur un univers très dessin animé ou jeux vidéo. Envolées, les scènes de folie qui font valdinguer des tonnes de bagnoles dans Paris. Ce film n’est finalement qu’une loooongue intro au plan final que nous a concocté le Cobra (et bien évidemment l’assaut des Joe pour l’empêcher), et pendant plus d’une heure on suit surtout les pérégrinations des Joe, malgré un début de film qui envoie un peu. Le seul intérêt et la seule originalité de GI Joe 2 reste les scènes mettant à l’honneur Snake Eyes et Jinx dans une course-poursuite entre montages et falaises à couper le souffle. La seule vraie réussite du film en matière d’action, certes le final bourrine un peu mais pas autant que n’importe quelle scène de GI Joe 1… La déception pointe donc le bout de son nez et ce très vite, surtout que les histoires entre Snake Eyes et Storm Shadow ne tiennent franchement pas la route. S’il n’y a pas grand-chose à redire sur la réalisation, on aurait aimé quelque chose de bien plus dynamique et nerveux. Ça reste toutefois correct, mais ça n’a plus grand-chose de « GI Joe ». Pas d’après le sens qu’avait pris la saga dès le premier opus en tout cas.

Et que valent les personnages, qui ont fait l’objet d’un large remaniement, dans tout ça ? Hum, dans la globalité on y perd au change quand même. On perd déjà deux bombes (Rachel Nichols et Sienna Miller) pour une Lady Jane (Adrianne Palicki, qui aurait dû jouer Wonder Woman si la série n’avait pas été annulée) sans grand charisme mais qui s’offre quelques scènes sexy (voire carrément crevard), et une Jinx dont le rôle est limite tertiaire au final. L’humour de Marlon Wayans manque à l’appel, la débrouillardise de Saïd Taghmaoui également. Si Dwayne Johnson s’en tire avec les honneurs (bien que nous n’aurons pas droit au Rock Bottom), le « petit nouveau » Flint (D.J. Cotrona) a lui aussi le charisme d’une huître. Et Bruce Willis… son personnage un peu désabusé avait du potentiel, au final il est franchement sous-exploité. Il y avait moyen de faire bien plus avec le « true » Joe quand même. Du coup, ce sont les « méchants » qui tirent leur épingle du jeu. Après son rôle introductif dans GI Joe : Le réveil du Cobra, Zartan (Jonathan Pryce) prend ici toute son importance et ça fonctionne, mais pouvait-il en être autrement grâce au charisme naturel dudit Mister Pryce ? Firefly (Ray Stevenson), véritable psychopathe en puissance, est également tout à fait excellent. Et Storm Shadow (Lee Byung-hun) est plus sombre et torturé que jamais, même si certains dialogues genre « bravoure ninja » sont franchement de trop. On signalera également un second rôle croustillant en la personne de Walton Goggins qui campe un directeur de prison excentrique à souhait. Et puis il y a un vrai Cobra Commander qui a tout de même la classe, même s’il est campé par un acteur dont on ne verra jamais le visage (Luke Bracey). Au final, le bilan demeure tout de même assez mitigé, montrant une nouvelle fois qu’il est très difficile de passer après la fine équipe de GI Joe : Le réveil du Cobra.

Alors, c’est la grosse déception ? Pas tout à fait quand même. Car GI Joe : Conspiration, pris tel quel, demeure un film d’action légèrement enfantin (ce qui n’est pas péjoratif) tout à fait correct. Il démarre bien, il finit bien (le simulacre de G8 sur fond de dissuasion nucléaire est quand même particulièrement tendu), il est très poussif au milieu mais sauvé par la cohorte ninja qui se lâche. Mais il faut vraiment faire l’effort d’oublier le 1er volet, ce qui n’est pas facile même si la grosse majorité des personnages ont été écartés de l’équation, ce qui créé tout de même et avec le recul une rupture significative. En réalité, ce n’est même pas un GI Joe « 2 », c’est un autre GI Joe, tout simplement. Autre ton, autres types de personnages, autres armements, autre dosage d’action, autre humour, tout autre chose quoi, ça n’a vraiment plus rien à voir tout simplement. Certes, tout était prévisible dès les premières bribes de film, donc le choc est moins rude. GI Joe : Le réveil du Cobra avait mis en exergue des codes bien particuliers au sein d’un film qui dépote, GI Joe : Conspiration est lui plus un film d’action contemporain avec quelques gadgets ici et là. Un film qui se laisse agréablement regarder mais qui est bien sans plus, quoi. Le 1er volet aurait mérité une suite digne de ce nom qui aurait poussé le truc plus loin encore (en gommant les quelques défauts tout de même), on lui a finalement servi une suite plus sérieuse, plus contrôlée, mais qui s’éloigne nettement du potentiel de destruction massive. Dommage.

Note : 6.5/10

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