L’apocalypse du 21 décembre 2012 (qui n’aura même pas eu
lieu ! c’t’arnaque !) aura été une source d’inspiration pour bon
nombre de cinéastes, et notamment les comiques. Après le 2012 de Roland
Emmerich qui avait pris un peu d’avance (comment ça, ce n’est pas une
comédie ?), voilà les retardataires (pourtant 666 était sorti à la bonne
date de mémoire…). Suivant de peu Le dernier pub avant La fin du Monde (ou le précédant de peu selon les
pays…), voilà C’est la Fin concocté par Seth Rogen et sa petite bande. Enfin,
pas de réel opportunisme sur l’apocalypse maya, vu que C’est la Fin est en
réalité le portage d’un court-métrage auquel Seth Rogen a participé (Jay and
Seth Versus the Apocalypse, datant de 2007), et qu’on parle de l’apocalypse de
la bible ce qui est un poil différent. Le tout avec une particularité certaine,
vu que tous les acteurs présents jouent leur propre rôle. Avec un pitch simple
mais efficace, le tout annonce du grand délire qui semble s’affranchir de la
« nouvelle scène » des comédies US pour jouer sur l’autodérision. Je
suis loin d’être amateur de l’humour de Rogen, que ça soit dans le
pseudo-revival American Pie (SuperGrave) ou les comédies de couple à la Judd
Apatow (En cloque mode d’emploi et consorts), ainsi que les trucs connexes
(Very Bad Trip), mais bon la bande-annonce envoie du lourd et le pitch est
d’enfer (c’est le cas de le dire). Y’aura-t-il l’apocalypse dehors alors que je
suis au chaud dans la salle de ciné ?
Jay Baruchel (Jay Baruchel) rejoint son ami Seth Rogen
(Seth Rogen) à Los Angeles pour quelques jours, bien qu’il n’aime pas du tout
cette ville. Après avoir maté des films en 3D et fumé quelques joints chez
Seth, les deux amis acteurs décident de se rendre chez James Franco (James
Franco), qui pend la crémaillère de sa maison flambant neuve. Mais tout à coup,
c’est l’apocalypse. Incrédules au début, les convives de James Franco vont
pourtant se mettre en panique lorsqu’une catastrophe dans Hollywood va emporter
quelques-uns de leurs amis acteurs. Cloîtrés dans la maison de James Franco,
Jay, Seth, Craig Robinson (Craig Robinson), et Jonah Hill (Jonah Hill),
rejoints ensuite par Danny McBride (Danny McBride), vont devoir s’organiser
pour survivre et faire face aux caprices de chacun. Entre trahisons et serrage
de coudes, la bande de copains acteurs va devoir faire preuve de rédemption
pour échapper au jugement dernier…
Le pitch est simple, le résumé est court. On se dit
« cool ! » surtout qu’après une introduction obligatoire, le
film part d’un coup sans prévenir dans l’apocalypse et de manière
ultra-explosive. A partir de là, on se dit que ça va tout déchirer. Sauf que…
Seth Rogen n’avait pas vraiment d’idées pour tenir plus d’une heure et demie.
Et c’est le drame. C’est la Fin se résume très vite à un huis-clos très bavard
où les acteurs-acteurs cabotinent à mort et jouent sur l’autodérision et leurs
personnalités de star. C’était prévisible, et le film tourne très vite en rond,
ne sachant pas trop quoi faire de son pitch de folie. Il n’y a que vers la fin,
quand la bande sort un peu de chez Franco, que le film devient plus palpitant
et propose des rebondissements significatifs, mais ça ne vient qu’après un
étalage interminable de scènes se résumant à des dialogues, blindés d’humour
très référencé (le coup du hipster !), entre stars défoncées à la drogue
et à l’alcool. Il faut aussi dire que Rogen et Evan Goldberg ne devaient pas
trop avoir de moyens pour faire des effets spéciaux (la scène avec le trou dans
le jardin est particulièrement moche, digne des ‘productions’ de The Asylum) et
montrer un peu plus ce qui se passe dehors… même si le nerf de la guerre est la
quasi-absence de scénario. Les mecs, c’est tout ce que vous avez réussi à
pondre ?
Certes, cela fonctionne assez souvent, car Seth Rogen et
ses compères ont la science de l’humour gras qui fait mouche, et au final des
films comme SuperGrave n’étaient que des brouillons. C’est en-dessous de la
ceinture, mais on ne tombe pas dans l’obsession made in Ben Stiller (cf. Voisins
du Troisième Type qui m’a vacciné contre ce genre d’humour pendant un bon
moment), même si les dialogues sont crus. Il y a notamment une scène
hallucinante où Danny McBride et James Franco s’engueulent sur les problèmes de
branlette du premier, et l’on se tient les côtes pendant une poignée de
minutes. D’autres trucs sont bien fendards, mais le film ne joue absolument pas
sur le comique de situation alors qu’il y avait moyen de faire des choses
énormes. Il joue aussi sur le Hollywood-bashing avec des acteurs accrocs à la
drogue et au sexe, en témoigne le début du film avec un Michael Cera qui auto-pulvérise
son propre personnage. Il aurait même été intéressant de voir ce qu’il aurait
pu donner dans le film entier sur cette base (car oui, il meurt assez tôt dans
le film, c’est dans la bande-annonce qui encore une fois légitime ce que
Patrick Timsit dit dans Incontrôlable : « T’as vu la bande-annonce,
t’as vu le film »). Les autres personnages sont bien choisis, ayant tous
des personnalités différentes qui amènent du piment à leur relations, même
s’ils sont plus connus du public américain (je suis peut-être un inculte, mais
je ne connaissais ni Jay Baruchel, ni Craig Robinson, et à peine Danny McBride
(vu dans Le monde presque perdu)). C’est juste dommage que Emma Watson,
présentée en grande pompe, ait juste une scène de 5 minutes et on la revoit plus
après, tout comme Rihanna qui aurait eu du potentiel (j’avoue, je trouve
qu’elle s’en sortait bien dans Battleship), et une présence féminine aurait pu
amener encore plus de piment à cette bande d’acteurs bras cassés. Dont bien sûr
il sera difficile de faire des commentaires sur l’acting, hormis un James
Franco très convaincant que l’on devrait voir plus souvent dans des comédies.
Et le caméo de Channing Tatum vers la fin est juste dantesque, fin du film qui
est logique mais un peu trop facile par ailleurs.
Donc bon, C’est la Fin est loin d’être un mauvais film et
est plutôt plaisant, on rit souvent et c’est déjà bien pour une comédie. Mais
franchement, j’en attendais bien plus ! Avec un pitch pareil il ne fallait
pas se contenter d’aussi peu et y mettre plus d’inspiration et de moyens. Les
fans de l’humour made in Seth Rogen, et de la « culture » qui va avec
(il faut saisir toutes les références et bien connaître les acteurs) seront aux
anges et seront sauvés par le halo bleu du paradis. Les autres devront lutter
sur Terre au milieu des flammes et seront forcés à subir un huis-clos qui met à
mal toutes les promesses d’une pareille comédie. Pour nous conter la fin de
l’humanité, on préfèrera largement les facéties du trio Wright/Pegg/Frost à
C’est la Fin, même si ce n’est pas comparable (surtout au niveau de l’humour,
mais au final l’histoire du film peut faire penser à celle de Shaun of the Dead…).
C’est la Fin permet tout de même de passer un bon moment et de s’enquiller
quelques rires gras coupables, mais semble finalement terriblement décevant par
rapport à ce que l’histoire pouvait apporter. Seth Rogen avait une idée de base
géniale mais n’a pas su broder suffisamment autour pour faire un scénario qui
tue avec des trucs qui pètent bien. C’est la Fin est au final assez inégal et
alterne scènes et dialogues énormes, et passages inutiles qui font plus
remplissage dans un esprit « bon ! nos gars sont coincés dans la
maison, ils font quoi maintenant ? ». Trop limité, parfois trop
attendu et dans la globalité, frustrant. Et c’est fini !
Note : 6/10
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