mardi 12 août 2014

Lucy

Chacun a ses petits plaisirs coupables en matière de cinéma. Certains ce sont les nanards de The Asylum, d’autres ce sont les films d’horreur cheap, certains les comédies romantiques américaines… Moi c’est les nanards Bessoniens. Réalisations, productions, tout y passe, la plupart du temps au fin fond des rediffusions d’une chaîne de la TNT. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’apprécie ce que fait le bonhomme, à la rigueur Le Cinquième Élément voire Taxi 2 sont cultes mais c’est tout. Pour le reste, on connaît la chanson, des courses-poursuites, des bagnoles qui volent et qui finissent en mille morceaux sur le goudron, des fusillades, des méchants (asiatiques, du Moyen-Orient ou de l’Europe de l’Est) en costard, des chargeurs vidés à bout portant dans l’estomac, un peu de castagne, des héros sans charisme et des scénarios compris des seuls scénaristes. De tous ces points de vue des films comme Taken (limite amoral) et From Paris With Love (complètement crétin et bourrin) sont de grandes réussites de Besson. Mais alors qu’on parle d’un reboot du Transporteur malgré la série TV (assez hétérogène), voilà que Luc Besson revient à la réalisation pour un film plus réfléchi, moins rentre-dedans, plus raffiné, s’inscrivant clairement dans la science-fiction. Bien que survendu par les médias français, Lucy promettait beaucoup, avec une nouvelle occasion de mettre Scarlett Johansson au sein d’un pitch intéressant, basé sur le fameux mythe de la non-utilisation de la totalité de notre cerveau. D’emblée on pensera à l’excellent Limitless, on frôle même la repompe mais on pense bien que Luc Besson n’aura pas le même style que Neil Burger. De belles promesses pour une Bessonerie pas trop Bessonienne, des belles promesses qui vont, je donne déjà la couleur, hélas s’envoler au fur et à mesure que se déroule l’heure et demie de ce décevant Lucy.

Lucy (Scarlett Johansson), une étudiante un peu à l’Ouest, est à Taïwan avec son petit ami Richard (Pilou Asbaek), qui non sans une certaine insistance, lui confie une mission légèrement périlleuse : remettre, à la réception d’un hôtel, une mallette au contenu inconnu à un certain Monsieur Jang (Choi Min-Sik). Lucy se retrouve alors malgré elle au cœur d’un trafic de drogue : un paquet d’une étrange poudre bleue lui est implanté dans le ventre à son insu, et avec 3 autres garçons pris au piège, elle va devoir faire la mule. Se retrouvant en prison sur le chemin de l’aéroport, elle va être violentée par ses geôliers. La drogue bleue va alors se déverser dans son corps, et va produire immédiatement ses effets : Lucy est en effet capable d’accéder à des parties inutilisées de son cerveau, voyant ses facultés se décupler. Elle parvient alors à s’échapper, et va solliciter l’aide du Pr. Norman (Morgan Freeman) pour comprendre ce qu’il lui arrive ; ainsi que le Capitaine Del Rio (Amr Waked) de la brigade des stups française pour retrouver les 3 autres mules. Mais Jang et ses dangereux sbires coréens sont bien décidés à reprendre leur bien et ce par tous les moyens…


Après Michael Bay revisite l’histoire, voici Luc Besson qui revisite la Science. C’est la chose principale que je retiendrai de Lucy. C’est certes réducteur, aussi passons sur les points positifs principaux, à savoir que l’ensemble est bien fait, dynamique, avec un certain parti pris visuel comme on en avait pas vu chez Lulu depuis longtemps, et que dans l’ensemble, c’était bien essayé et que ça part à la fois d’une bonne intention et d’une idée intéressante. Mais alors, justement, l’idée… On a juste l’impression que Besson a trouvé le sujet du cerveau cool et a brodé une histoire dessus. Et quand on sait le traitement que Besson réserve à ses scénarios… A la limite, que ses incohérences et ses trous s’appliquent à une intrigue policière, passe encore, on commence à en avoir l’habitude. Mais quand ça s’applique à une intrigue scientifique, tout de suite, ça ne va pas être possible. On ne voit pas où Lucy veut en venir. Il n’y a pas de base, pas de but, pas de morale, peu de liant. Une mélasse informe à base faussement scientifique. Le film égrène ses théories fantaisistes sur le temps et la transmission du savoir, mais le tout n’a ni queue ni tête, tergiverse pas mal pour en arriver à une fin en queue de poisson, à la fois trop simple et trop ouverte, qui ne conclut rien et laisse d’ailleurs un grand froid, un grand vide, une impression d’inachevé voire de gâchis, pour un film qui n’est pas allé au bout de son sujet, ou plutôt qui croit qu’il y est allé. On ne sait pas ce qu'il faut comprendre, en fait. Mais comme d’habitude avec Besson, ça semble clair dans sa tête, moins dans celle des spectateurs… J’ai vu cité par des confrères critiqueurs les noms de Matrix et Jean-Claude Van Damme. On semble être en plein dedans. En plus digeste et moins imagé certes, mais le résultat est au final le même. C’est moyennement bien raconté et surtout bien peu intéressant tant le sujet développé ne nourrit aucun but précis, essayant de nous faire réfléchir sans y arriver, c’est l’histoire d’une fille qui accède à tout son cerveau et découvre des choses. Voilà tout.

J’entends venir la défense. C’est de la fiction, donc il ne faut pas non plus s’attendre au développement d’une thèse scientifique crédible et vraisemblable, mais prendre du bon temps avec Luc Besson. Je reviendrai sur le second point plus tard, mais pour ce qui est du premier, j’ai envie de dire « certes ». Les développements du genre philosophique ne m’enchantent guère en général, mais admettons le parti pris qui demeure cohérent avec l’imagerie du film, qui aurait pu être servi par une morale plus claire. Mais l’ensemble est tout de même plus que fantaisiste. Alors avoir le contrôle sur plus de parties de son cerveau permettrait de, trois exemples choisis : - contrôler objets et personnes à distance - capter une conversation téléphonique précise à des centaines de mètres et au milieu de dizaines d’autres - et remonter le temps des millions d’années en arrière ? Mouais. Encore les capacités plus terre-à-terre que Lucy acquiert au début (réflexes et capacité accrue de réflexion, grande précision, assimilation rapide d’une grande quantité de données, hypermnésie, accès à tous les souvenirs) peuvent paraître crédibles, le reste l’est beaucoup moins surtout qu’on ne s’embarrasse pas de justifications passé un certain % de colonisation du cerveau (ou des justifications WTF, genre l'histoire du noyau... les biologistes cellulaires s'arrachent les cheveux). Au lieu de terminer sur les visées philosophiques mêlant temps et connaissance, il aurait été nettement plus intéressant de s’attarder sur les capacités physiques et psychiques de Lucy, ce qui au final nous aurait donné un excellent film d’action bardé de science-fiction. De ce point de vue Limitless bat Lucy par K.O., en exploitant bien plus le potentiel de surhumain, qui pour Lucy est vite relégué au second plan pour laisser place à un discours plus réfléchi et plus ouvert mais passablement pompeux et particulièrement inutile, surtout quand le film mélange toutes les composantes et finit par souffrir de gros trous (mais il lui arrive quoi exactement après la scène des toilettes de l’avion ??).


J’en reviens au point du plaisir pris avec la production Besson, plaisir souvent primaire soit dit en passant, mais qui parfois fait son effet. Comme je l’ai dit, Lucy exploite bien peu son potentiel d’action malgré les nombreuses possibilités qui s’ouvraient à lui. Bon cela reste du Besson, alors nous aurons le droit à 3-4 fusillades plus ou moins jouissives, une grosse scène de poursuite (qui semble hors-sujet, juste placée pour qu’on puisse dire qu’on regarde du Besson…), des flinguages bien violents avec des coréens en costard jusqu’au-boutistes, mais le tout est surtout placé dans la partie centrale du film, qui en est de loin son meilleur moment (lorsque Lucy acquiert ses capacités et jusqu’à ce qu’elle rencontre Norman). Après, c’est le fameux blabla qui flingue toutes les bonnes intentions du film. Avant, hélas, ça ne va pas non plus. La mise en place du film est bien trop lente, surtout quand le film ne dure qu’une heure et demie, résultat les longueurs grignotent l’histoire et on en arrive à cette fin expéditive qui provoque comme seule réaction un « heu » (je n’ai jamais entendu pareil blanc à la fin d’un film dans une salle de cinéma). Lucy souffre donc d’un faux rythme évident, le côté poussif du début finit par livrer une partie qui s’enchaîne trop vite et ne laisse pas de place à des développements qui auraient pu rendre le film plus prenant. Il y avait nettement mieux à faire dans la globalité et Besson, en voulant faire quelque chose de plus réfléchi, finit par passer à côté du potentiel de son sujet qui aurait gagné à être plus palpitant et à placer plus de capacités divertissantes de Lucy, bref plus d’action. Un comble !

Le casting parvient toutefois à relever l’ensemble, même si le pauvre Morgan Freeman semble condamné à ne jouer que des rôles impersonnels de scientifique jusqu’à la fin de sa vie (on a l’impression de revoir son personnage dans Transcendence voir Lucius Fox…). Scarlett Johansson est en réussite, ce qui n’est pourtant pas évident : passé le début du film où elle joue très bien le rôle de pleurnicheuse paniquée en mode « je vous en supplie », son jeu est ensuite très, très monolithique. Mais cela va très bien avec le personnage de Lucy qui finit par perdre ses émotions, et le personnage est finalement très prenant, devant beaucoup au visage délibérément figé de l’actrice. Tout le film est basé là-dessus et il n’y aura donc pas beaucoup de place pour les personnages secondaires : Amr Waked a la bonne tête de flic Bessonien renfermé et incrédule, il s’intègre bien au film mais lui aussi aurait mérité plus de profondeur et d’exploitation. Choi Min-Sik lui est excellent de bout en bout mais paraît tellement cliché pour un film de Besson… Et en aparté, ça serait bien de nous sous-titrer le coréen, parce que tout le monde ne parle pas coréen (au début du film, la non-traduction se tient, mais après… mon cinéma n’avait pas retrouvé le fichier .srt ?).



Luc Besson voulait se prendre pour Neil Burger, ce qui aurait été salutaire et nous aurait donné un Limitless plus franc du collier et moins psychédélique (et avec Scarlett Johansson à la place de Bradley Cooper). Mais non, il s’est pris pour Stanley Kubrick (sans les délires abstraits, encore heureux, mais j’ai eu peur sur la fin), et ça ne marche pas le moins du monde. Ça partait d’une base cool, mais justement Besson n’a trouvé que la base cool, et n’a pas su l’exploiter pour en faire un bon blockbuster d’anticipation ou même de la Science-Fiction grand public. Lucy est donc une grande déception et un gâchis. Là où on pouvait s’attendre à un film mettant en scène une femme droguée qui règle ses comptes avec ses étonnantes capacités, on se retrouve avec quelque chose qui amène à la réflexion mais qui se retrouve à côté de la plaque, prenant des largesses avec la Science au passage, le tout sans objectif et sans ambition. Luc Besson a pris des cours de neurobiologie et voilà ce que ça a donné. Tout ceci est donc fort dommage car par moments, Lucy laisse entrevoir le potentiel qu’il avait. Si le cerveau de Lucy est colonisé à 100% à la fin, ce film laisse encore de larges trous, qui étaient autant de possibilités pour faire quelque chose d’explosif. Besson aurait mieux fait de rester dans l’action totalement débridée, lorsque ses personnages se lâchent l’efficacité est toujours au rendez-vous. Lorsque Lucy laisse donc clairement apparaître la patte Besson, ça fonctionne toujours, mais dès que le ton change l’échec est là, un échec qui aurait pu laisser la place à autre chose. C’était bien essayé mais au final, Lucy se révèle surtout être un beau ratage.
Note : 5/10

dimanche 20 juillet 2014

Prometheus


Il est difficile d’écrire sur un film que l’on a tant attendu, et qu’on ne sait pas si on l’a aimé ou pas. Prometheus avait été mon énorme attente de 2012 et j’avais poussé le vice jusqu’à aller le voir le jour de sa sortie, payant de plein pot (en général j’attends le jeudi parce que c’est moins cher) avec cette majoration 3D de mes deux en bonus (enfin là la 3D valait le coup). Etais-je ressorti de la salle satisfait ? Par le spectacle oui, pour le reste dès le lendemain je me suis posé pas mal de questions, faisant écho à celles posées par les critiques de la presse et du net aussi. Grosse réussite, mi-figue mi-raisin ou plantage complet ? Le film n’a pas eu que des amis, fans d’Alien ou pas (ce qui n’était pas forcément mon cas avant d’aller voir Prometheus en 2012…). Un doute qui devait être dissipé par un revisionnage dans de bonnes conditions sur Canal il y a quelques mois. Mais plus que de dissiper des doutes, j’en ai eu de plus en plus. Résultat, après deux visionnages, je ne savais pas vraiment quoi penser de Prometheus. Je pensais m’arrêter là, un troisième visionnage me donnant peur d’être finalement déçu par un film que j’avais énormément attendu. J’avais prévu de rédiger une critique à ce moment-là mais je n’en étais resté qu’à quelques notes. Un troisième visionnage, fait par le plus grand des hasards (genre « je suis seul j’ai rien à faire ce soir de vacances qu’est-ce qu’il y a à la télé oh tiens Prometheus sur Ciné Premier ») aura donc été nécessaire pour forger un avis définitif, qui finalement sera positif. Ouf ! Mais le moins qu’on puisse dire c’est que l’œuvre de Ridley Scott n’est pas facile d’accès, à cause de quelques défauts, mais ça reste une œuvre marquante et ce dès la splendide séquence d’ouverture…


En 2089, les chercheurs Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) et Charlie Holloway (Logan Marshall-Green) découvrent des peintures rupestres dans une caverne située au sein d’une île écossaise. En faisant le rapport avec d’autres œuvres ancestrales, ils parviennent à démontrer que des extraterrestres, potentiellement créateurs de l’humanité et en cela baptisés les « Ingénieurs », ont donné une invitation aux humains. Les chercheurs parviennent à trouver le système stellaire qui abriterait la planète d’origine des Ingénieurs. Séduit par le projet de rencontrer les créateurs de l’humanité et à l’article de la mort, Peter Weyland (Guy Pearce) finance l’expédition et affrète le vaisseau Prometheus, dirigé par Meredith Vickers (Charlize Theron), pour se rendre sur la planète indiquée par les Ingénieurs. Toute une équipe de scientifiques et de techniciens arrive sur place en 2093 et commence ses recherches. Holloway sera déçu d’apprendre que les Ingénieurs, à qui il souhaitait parler, ont été décimés par une force inconnue, au contraire de Shaw qui se satisfait des importantes découvertes effectuées. Mais d’autres découvertes notamment faites par l’androïde David (Michael Fassbender) vont montrer ce qui s’est véritablement passé, et quelles sont les véritables motivations des Ingénieurs au sujet de cette planète et de la Terre…


Donc après 3 visionnages, c’est la satisfaction qui domine. Certes Prometheus ne sera jamais un des cultes de la SF, mais il remplit bien son office. Effets spéciaux, vaisseaux et décors (RIP Giger) sont exceptionnels, et il sera difficile de faire mieux. Le film convainc donc par son souffle épique. Il est également rondement mené, ménageant sa tension avec une lente entrée en matière, avant un partage en couille habituel, schéma rappelant bien sûr les 3 premiers volets d’Alien (le 4, lui, partait en couille rien qu’à l’annonce de son histoire). La tension finit par être très palpable, même si le film n’est pas si terrifiant que le premier Alien. Le gore à base de pénétration et de sorties de bestioles gluantes reste toujours de mise… en restant sobre et ne tombant pas dans le grand-guignol de certains volets d’Alien. Tout y est, l’équilibre entre moments de calme, de tension et d’horreur est parfait, et le ton est finalement différent de tous les volets d’Alien (plus palpitant que le 1, moins bourrin que le 2, plus spectaculaire que le 3, moins nawak que le 4). Niveau « réalisation », Ridley Scott a donc fait du grand travail, sublime, prenant et grandiose, 33 (!) ans après le tout premier Alien qu’il avait réalisé (avant Cameron, Fincher et Jeunet pour des résultats plus ou moins discutables).


Alors bien sûr, peu de monde reprochera quoi que ce soit à Prometheus sur ces points, et ma satisfaction première venait surtout de là. Mais il y avait le reste qui posait problème et qui pouvait provoquer un blocage… blocage qui avait engendré de vives critiques. Il est vrai que le scénario de Prometheus est passablement mal torché. Il semble simpliste et trop compliqué à la fois, se basant sur une histoire et des évènements classiques jalonnés de gros trous ou d’inexplications, qui ne trouvent leurs solutions qu’après plusieurs visionnages ou un passage par le résumé détaillé du Wikipédiatre. Certains messages ne passent toujours pas (notamment le fond religieux avec la foi de Shaw) et des évènements restent flous (le rôle « dans l’ombre » de Weyland, les comportements de David et Vickers face à lui, amenant à l’infection de Holloway…), mais dans l’ensemble on finit par comprendre l’histoire dans son ensemble. Mais hélas, ce n’est pas un grand scénario… et certaines réponses, notamment sur les motivations des Ingénieurs et le rôle des aliens, ne seront trouvées que dans la (les) suite(s). Au final, Prometheus a pêché par « blockbusterisme », en balançant un scénario simpliste qui s’est révélé foutraque à cause d’arcanes mal amenées ou mal exploitées. On est pas loin du syndrôme Besson avec un scénario compris des scénaristes mais simplifié pour ne pas trop perdre le spectateur moyen… entreprise engendrant quelques approximations et se révélant inefficace pour un premier visionnage. Donc si vous n’avez pas compris, un revisionnage est nécessaire, pour ne pas passer à côté d’un film qui a de grandes qualités aussi.


Des qualités visuelles qui ne sont pas forcément relevées par les acteurs ici présents en nombre, pour pas grand-chose au bout. Du couple Shaw (Noomi Rapace) - Holloway (Logan Marshall-Green), c’est surtout le second qui m’a convaincu, avec son côté casse-cou de scientifique curieux qui se laisse emporter par ses émotions. Par contre Noomi Rapace en fait un peu trop, nouvelle Ripley convaincante dans les scènes d’horreur, elle est un peu gonflante sur le reste, avec son rôle de personnage candide et religieux. Puis j’aime pas l’actrice en fait… Michael Fassbender est lui impeccable dans son rôle d’androïde fourbe qu’on aime et qu’on déteste à la fois, il surpasse Bishop (Lance Henriksen) haut la main. Charlize Theron, présentée comme la star du film, a vraiment un pur rôle de faire-valoir. Elle ne sert absolument à rien ! A part ressembler à Samus Aran des jeux Metroid, ce qui est pour moi un retour d’ascenseur presque évident, sachant que la saga Metroid doit presque tout à la saga Alien. Pour le reste, hormis bien sûr Guy Pearce méconnaissable dans le rôle du vieux Weyland, il n’y a non plus pas grand-chose à voir, même Idris Elba campe un Capitaine Janek qui n’est pas très important. Les deux zigotos de service, Fifield le géologue fantasque (Sean Harris) et Millburn le biologiste couard (Rafe Spall - vu notamment dans la trilogie Cornetto), amènent un peu de fun dans un film tout de même très sérieux avec des acteurs rentrant plus ou moins dans le moule « Alien ». Des personnages facilement paniqués qui du coup font un peu n’importe quoi (quand le vaisseau des Ingénieurs s’écroule tout droit, pourquoi courir en avant alors que pour éviter sa chute il aurait suffi de s’enfuir… par un côté ?). Sinon je viens à peine de me rendre compte mais dans le lot on a Kate Dickie (la scientifique Ford), plus connue pour le rôle de… Lisa Arryn dans Game Of Thrones.


Trois visionnages, et en dépit de ses défauts de fond (et de forme), Prometheus reste quand même un bien bon film de Science-Fiction. Son scénario est tarabiscoté, mais l’essentiel est là, posant les bases pour la suite de ce qui se posera comme les véritables préquelles d’Alien (c’est donc presque une intro aux préquelles… j’espère que tout le monde suit). Ses acteurs sont inégaux, en classe et en importance, mais en y réfléchissant bien ceux des Alien n’étaient pas spécialement marquants non plus… et seul le temps (et les suites du prequel qui est une intro aux préquelles potentielles *gloups*) nous permettra de dire si Shaw/Noomi Rapace sera une véritable nouvelle (ou plutôt ancienne, chronologiquement à la saga) Ripley/Sigourney Weaver. Le spectacle est assuré, à apprécier au cinoche ou sur une TV HD avec un bon son. C’est sur ce point que Prometheus se distingue, atteignant un niveau de classe sensationnel au niveau de la SF des sous-genres « planète étrangère » et « horreur », et s’il doit être culte ça sera pour son visuel plutôt que pour le reste, hétérogène et hélas trop calibré blockbuster, alors que la plupart des Alien n’étaient pas forcément accessibles et destinés au grand public… Prometheus n’est pas et ne sera jamais un film de « Hard SF », mais restera un film un minimum marquant, moderne sur certains points, old-school sur d’autres, plus ou moins fidèle aux codes de la saga dont il introduit l’histoire. Une satisfaction, certes pas totale par rapport à l’attente suscitée à l’époque de sa sortie, mais une satisfaction quand même pour un film qui n’en est pas moins incomplet, en lui-même déjà, et qui devra faire office de tremplin aux suites (suites mais préquelles à… oui bon d’accord) qui je l’espère pousseront encore plus loin le niveau de grandiose.
Note : 7.75/10

Transformers 4 : L'Âge de l'Extinction


Qu’on ne présente plus. Et en 2014, que la tradition de la trilogie au cinéma n’existe plus, ça n’étonne plus personne. Tant que ça marche, on continue. Tous les 2/3 ans, et de préférence l’été, on a le droit à un nouveau Transformers. Toujours par Michael Bay. Toujours avec Shia LaBeo… ah non, lui ne rempile pas, ce qui devrait déjà amener un peu de nouveauté. De la nouveauté, la franchise Transformers en avait bien besoin. La saga était déjà usée à partir de Transformers 2 : La Revanche, ce qui est quand même un comble après un Transformers si efficace. C’est seulement ce premier film de la saga qui en vaut la peine d’ailleurs. Transformers 3 : La Face Cachée de la Lune était une purge doublée d’une autocaricature où tout, absolument tout (‘humour’, action, scénario, personnages) était exagéré au possible. Au choix, il fallait donc arrêter le massacre ou essayer de rattraper le coup, Michael Bay a donc opté pour la seconde solution. Pour une seconde jeunesse avec à la clé une nouvelle trilogie ? Vu les recettes outre-Atlantique (malgré des critiques loin d’être dithyrambiques), il n’y a pas de raison que ça s’arrête… Voilà donc le ‘4’, Transformers 4 : L’Âge de l’Extinction. Avec des nouveaux camarades de jeu, à part quelques Autobots le casting a été totalement purgé. Mais pour le reste, oui, c’est toujours la même chose. Des robots, de l’humour, du cinoche commercial à l’américaine, de l’émotion (*sniff*) et LA MANETTE MICHAEL BAY : EXPLOSION, DESTRUCTION, BADABOUM.

Après les évènements de Chicago, le gouvernement américain encourage la population à se méfier des derniers robots aliens subsistant sur Terre. Même les Autobots sont traqués jusqu’au dernier. En effet, l’agent de la CIA Attinger (Kelsey Grammer) a fait de l’éradication des robots une affaire personnelle pour protéger coûte que coûte son pays, et quels qu’en soient les moyens. Il a donc décidé de faire appel à une autre caste de robots aliens, menés par Lockdown, qui veulent faire cesser les querelles entre robots dont celles entre Autobots et Decepticons… Optimus Prime, endommagé après un combat âpre, s’est réfugié au fin fond du Texas sous la forme d’un camion délabré, tentant de communiquer avec les derniers Autobots présents sur Terre. Il est recueilli par hasard par Cade Yeager (Mark Wahlberg), un ingénieur en robotique fauché qui bricole dans son hangar, élevant tant bien que mal sa fille Tessa (Nicola Peltz). Et quand Optimus Prime est remis en état de marche, tout s’emballe et la famille de Cade et les Autobots restants vont devoir fuir et combattre robots de Lockdown et hommes d’Attinger, ainsi que les nouveaux robots créés par l’entreprise de Joshua Joyce (Stanley Tucci)…


Bon,
Comme Transformers est une saga suffisamment connue qui ne nécessite plus d’en faire des tartines, et que j’ai été inspiré dans mon manque d’inspiration par une autre critique sur RYM, cette fois-ci on va donner dans la critique en forme de ‘+’ et de ‘- :

Les ‘+’ :
- On critique on critique mais on va le voir quand même. C’est toujours du bon spectacle fait pour être regardé sur un écran de cinéma avec un son de cinéma, et on se laisse prendre au jeu.
- Les effets spéciaux sont irréprochables. L’animation des robots atteint un certain niveau de perfection. Et les explosions envoient du bois, comme d'hab.
- Joshua Joyce (Stanley Tucci) succède à Simmons (John Turturro) dans le rôle du personnage nerveux et excentrique. Le second s’essoufflait, le premier prend donc le relai avec brio. Certes il fait surtout du ‘Stanley Tucci’ mais ça fonctionne assez bien, surtout que le personnage aura des relations complexes avec les autres, passant dans différents camps…
- Autre rôle intéressant, celui de Shane (Jack Reynor) qui campe le petit ami « interdit » de Tessa. Un personnage comique de manière inattendue, beau gosse jouant les durs qui se révèle être un gros couard de première, faisant écho au personnage de Sam Witwicky…
- Les amateurs de belles cylindrées apprécieront les nombreux modèles présentés dans cet opus…
- Plus de bidasses. Prends ça, Godzilla !
- Je cherche encore d’autres ‘+’, j’en ai pas assez. Si j’en ai trouvé d’ici la publication de cet article cette ligne devrait disparaître. Si elle est toujours là c’est que ma foi…


Les ‘- :
- Un scénario ? C’est quoi ?
- Nouvel épisode de « Michael Bay revisite l'histoire » : après les premiers pas sur la Lune, c'est l'extinction des dinosaures qui y passe.
- On a connu un Michael Bay plus inspiré au niveau de la destruction massive. Là ça pète mais c’est tout. Tout ce qui dépote est dans la bande-annonce en fait. Pas de scène épique comme celles du 1 où l’effondrement hallucinant de l’immeuble dans le 3. Diantre !
- Mark Wahlberg, depuis que je l’ai vu dans No Pain No Gain, je ne peux m’empêcher de le considérer comme passablement débile. Le comportement stéréotypé de son personnage dans ce Transformers 4 ne remonte pas le niveau…
- Attinger (Kelsey Grammer) aurait pu être un méchant parfait avec la gueule de l'emploi. Mais ses motivations sont difficiles à cerner, et les actes du personnage sont trop exagérés, trop « blockbuster ricain ». Savoy (Titus Welliver), son bras droit, aurait pu faire office de bonne substitution mais on ne le voit pas assez…
- Certains dialogues, notamment ceux des robots, sont toujours profondément pompeux et ridicules. A cause de la VF peut-être ?
- Des petites incohérences à divers endroits, des raccourcis, et là aussi le sempiternel côté « cinéma » : les mecs (et filles) se prennent des coups et tombent de partout mais semblent aussi increvables que John McClane…
- Un point qui m’a été grandement soufflé par une autre critique mais il est vrai que l’humour’ stéréotypé sur les chinois (qui savent tous faire du karaté) est quand même assez limite… ou très beauf. Ou très ricain.
- La « Science »-Fiction. Alors comme ça il existerait un métal qui possède un génome ?
- Cantonnés à la fin du film, les Dinobots ne servent pas à grand-chose…
- Ras le cul de Megatron. Passez à autre chose bordel !
- Le placement produit. Je sais qu’il ne faut pas s’en étonner ni même y prêter attention, mais à ce niveau faut pas exagérer quand même. Non, je n’achèterai pas un haut-parleur Beats Audio juste parce que je l’ai vu dans le film, je n’en ai pas l’utilité et c’est bien trop cher. Pareil pour la Lamborghini (pour les mêmes raisons, quoique l’utilité…). Et je ne sais pas si les jeunes filles de 16 ans qui ont vu ce film vont subitement se saper en Victoria’s Secret.
- Le public présent pour ce genre de films. Entre les Captain Obvious au rang derrière (« je suis trop sûr que le camion c’est un robot », oui, moi aussi j’ai vu la bande-annonce…) et les gamins à côté qui criaient « t’es trop bonne » à l’envi, j’ai été franchement servi.


Les ‘ni + ni -, ou ‘+ et - à la fois’, ou les ‘=’ quoi :
- Le départ de Sam Witwicky change les choses et amène du neuf au niveau des relations entre les personnages, finies les sempiternelles problèmes de jeunesse, de parents envahissants et de petites copines difficiles à gérer. Le problème c’est qu’il est remplacé par d’autres clichés : Cade le père seul et protecteur, qui tient à mort à sa fille, qui accepte pas qu’elle ait un petit ami, qui se sacrifierait pour elle etc… splendides poncifs à l’américaine. Auxquels on peut ajouter la famille pauvre menacée d’expulsion, la CIA et ses complots, la firme multinationale qui pense qu’au fric, etc…
- Nicola Peltz est bien moins vulgaire que ses deux prédécesseuses/prédécesseresses, même si ses tenues au début exciteront quelques jeunards n’ayant pas la majorité. Dommage que ce petit changement d’apparat n’ait pas été capitalisé par un personnage intéressant…
- Très peu d’humour typique dans cet opus. M’enfin, vu le niveau affiché dans le précédent opus, on ne va pas s’en plaindre…
- Les nouveaux Autobots ne sont pas très intéressants. Bumblebee fait du Bumblebee. Mais Hound le vieux barbu rattrape tous les autres ! Par contre Lockdown et ses comparses, à part les loups…
- Presque 3 heures, c’est tout de même assez long, surtout que ce genre de film qui poutre finit par fatiguer les yeux et les oreilles. Mais paradoxalement tout est à sa place et on ne sent à aucun moment un effet de remplissage.
- Apprécier ce film sonne comme un retour en enfance. Un peu rétrograde quand même…
- C’est un blockbuster de base, avec les qualités et défauts d’un blockbuster de base. Ce qui pourrait annuler mes paragraphes ‘+’ et ‘- et causer la disparition de l’univers en créant une singularité spatio-temporelle soudaine et foudroyante.
- Bon, il est quand même meilleur que le 3. Voire même que le 2. Mais il ne sert vraiment à rien et au final, dans cette saga, seul le 1 s’en sort avec les honneurs…


Voilà, je crois qu’on a fait le tour, et le dernier point au-dessus résume tout. Comparer les opus aux uns et aux autres, c’est tout ce qu’il nous reste à faire, la saga n’évoluant plus et n’osant plus. On change juste les personnages impliqués, et c’est reparti pour un tour. Transformers 4 : L’Âge de l’Extinction, c’est un Transformers de plus, sans plus d’ailleurs. Haters gonna hate mais il est dommage de constater que depuis Transformers, la saga laisse sur la faim et n’a jamais été capable de transformer (hahha) l’essai, qui n’était pas un essai d’ailleurs mais une réussite d’emblée. Transformers 4 : L’Âge de l’Extinction reste sobre par rapport à son immonde prédécesseur, mais trop sobre, trop classique, pas assez explosif et scénaristiquement abyssal. Même en remplaçant Shia LaBeouf par Mark Wahlberg, la saga n’a plus grand-chose à dire, si ce n’est se baser sur encore et toujours les mêmes recettes. J’espère qu’avec le départ de Michael Bay de la réalisation, la donne va changer (on parlait à un moment d’un épisode uniquement avec des Transformers et sans humains, ce que la fin laisse présager, mais honnêtement j’en doute), en l’état Transformers 4 : L’Âge de l’Extinction n’est donc ni le meilleur Transformers, ni le pire, mais est juste un honnête blockbuster estival, souffrant toujours de défauts et de poncifs tout juste compensés par le plaisir de l’action pure. On va donc attendre Lucy (je mets beaucoup d’espoirs là-dedans) ou Les Gardiens de la Galaxie (je n’en attends rien de particulier) pour décerner le véritable prix de film de l’été…
Note : 6.5/10

mercredi 21 mai 2014

Godzilla

Je sais que bon nombre de « cinéphiles » sont amateurs de nanars. Ce qui ne sera pas mon cas, n’étant pas intéressé par la perte de temps qu’incombe le visionnage de ces merdes, et je préfère consacrer mon temps à de vrais bons films. Il y a bien une exception, ce sont les nanars Bessoniens (oui, moi j’aime bien les nanars Bessoniens, genre From Paris With Love qui est quand même un sacré défouloir). A la rigueur, il y aurait les nanars Emmerichiens. Bon il ne faut pas déconner, hormis Independance Day chacun de ses autres films mérite un seul visionnage pour se facepalmer et constater les écarts faits avec la Science, pas plus. Le Jour d’Après est profondément ridicule et 2012 est un film qui s’enfonce de minute en minute avec une énergie folle pour creuser encore plus bas dans la médiocrité et le nawak (ooh ! ils sont vicieux ces séismes, d’abord ils ravagent les terres et seulement ensuite ils se déclenchent en mer pour tout nettoyer ! les salauds !). Il y a aussi Godzilla. L’ai-je déjà vu ? Je m’en souviens même plus mais - si c’est le cas, si je ne me souviens de rien, c’est que ça ne devait pas être un film marquant - si ce n’est pas le cas, je doute avoir loupé grand-chose, j’aurai pu le regarder il y a quelques jours sur NT1 mais regarder un blockbuster sur NT1, chaîne non HD, c’est une insulte à tout bon FXmen qui se respecte, même de l’équipe de Roland Emmerich. Voilà donc un Godzilla v.2014 pris en charge par Gareth Edwards qui avait signé un plébiscité Monsters (que je n’ai pas vu) et qui du coup, entraîne beaucoup d’enthousiasme pour cet énième film consacré à la grosse bébête, ce n’est ni un remake ni un reboot mais plutôt une nouvelle adaptation de l’histoire de ce Kaiju né de l’imagination des japonais dans les années 50 (aussi sous le nom Gojira, ce qui rappellera quelque chose à mes quelques lecteurs métalleux). Donc bon, le leitmotiv de Godzilla, c’est qu’on prend les mêmes (avec quelques amis) et qu’on recommence à tout faire péter.

En 1999, aux Philippines, un terrible séisme se produit, entraînant la formation d’un gigantesque cratère, qui selon le Dr. Serizawa (Ken Watanabe) pourrait bien avoir hébergé une quelconque créature. Dans les mêmes temps, une autre catastrophe a lieu au Japon, au sein même d’une centrale nucléaire où travaille Joe Brody (Bryan Cranston), causant la mort de sa femme Sandra (Juliette Binoche). 15 ans plus tard, le fils de Joe, Ford (Aaron Taylor-Johnson), lieutenant dans l’armée et spécialiste des explosifs, s’apprête à couler des jours heureux avec sa femme Elle (Elisabeth Olsen) et son fils à San Francisco. Mais Ford doit aller en catastrophe au Japon récupérer son père, incarcéré après avoir tenté de pénétrer sur le site, mis en quarantaine, de l’ancienne centrale nucléaire. Ford finit par se résoudre à aider son père, déterminé à mettre au grand jour les véritables évènements qui ont causé la destruction de la centrale et la mort de sa femme quinze ans auparavant. Père et fils Brody vont donc découvrir que la centrale est le théâtre d’expériences qui vont amener à délivrer un monstre gigantesque, un Muto. Et le réveil de ce monstre va réveiller d’autres créatures à leur tour… dont la légende : Godzilla.

Bon, j’avoue que je suis surtout allé voir ce Godzilla v.2014 par curiosité, surtout en face de l’enthousiasme général qui a animé la sortie de ce film et ce dès ses premières images. Aussi je vais être clair dès le départ en disant que je trouve Godzilla, certes correct, mais un brin surestimé tout de même. Ce n’est finalement rien de plus qu’un blockbuster lambda. Mais attention, un blockbuster plus intelligent que la moyenne. J’avais d’ailleurs peur que le film vire au discours écolo racoleur mais finalement ce n’est pas le cas et heureusement. L’« intelligence » du film vient surtout de l’aspect résolument soutenu de l’action. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas un film de destruction massive qui en fout partout et dans tous les coins. Pas de bourrinage intempestif, ce qui est une bonne et une mauvaise idée. Bonne parce qu’on ne tombe pas dans le bas du front débilisant, bref dans de la démolition à la Roland Emmerich (même si le Golden Gate a été à deux doigts d’y passer, ce qui aurait été franchement grotesque et pour le coup, typiquement Emmerichien). Mauvaise parce que quand des scènes de destruction par les monstres sont volontairement « zappées », on se dit quand même que quelque part, c’est un peu de l’arnaque. Ceux qui attendaient que l’on parte dans la destruction made in Transformers en seront pour leur frais. Mais tout de même, le parti pris de ne pas montrer tous les ravages est globalement frustrant. Heureusement le film se rattrape dans la dernière partie où San Francisco subit des dommages grâce (à cause ?) de Godzilla et ses compagnons, le tout de manière assez jouissive (bien plus qu’un Pacific Rim) et avec des images et des effets spéciaux somptueux.

Mais il faut en arriver jusque là et en cours de route, Godzilla perd des points. Si le film se veut plus subtil et moins bourrin que d’autres blockbusters, il ne nous épargne pas une partie du cahier des charges de tout bon blockbuster à savoir le scénario somme toute léger qui frise parfois la platitude confondante. Il n’y a vraiment rien de spécial là-dedans, une fois lancé le film ne propose plus aucun rebondissement notable. Et le rythme global demeure assez lent, comme une grosse intro jusqu’à la puissante bataille finale, émaillée par les cris puissants de Godzilla qui font trembler toute la salle de cinéma. Toujours dans les règles du blockbuster américain (je passe sur les diverses fantaisies scientifiques et les exagérations genre « un groupe de marines met même pas 15 minutes pour rejoindre à pied le port à partir du centre-ville en portant à bout de bras un missile nucléaire qui doit quand même être très très lourd »), Godzilla nous offre également les habituels refrains sur la bravoure, la famille et les enfants à sauver coûte que coûte, etc… et en plus nous balance l’armée pour résoudre tous les problèmes causés par nos amis les animaux préhistoriques sortis de leur sommeil. Et c’est là que ça coince sérieusement pour moi car passé un certain moment, il n’y a plus que les bidasses et leurs missions. Ça finit par virer au film de guerre et honnêtement, j’ai plus eu l’impression d’avoir affaire à un World Invasion : Battle Los Angeles avec des énormes monstres à la place des extraterrestres. Ça n’a aucun intérêt et encore une fois la seule chose vraiment intéressante de Godzilla c’est cette bataille finale, épique à souhait, entre les bestioles. Mais il aura fallu attendre et suivre tant bien que mal ce film (in?)justement plus épique qu’efficace.


Au niveau des acteurs il n’y a ici rien à signaler, mais vraiment rien. Bryan Cranston est plus en mode Hal que Walter White, on aimera ou pas. Ken Watanabe est hyper-lourdingue : son jeu se résume à toujours faire le même regard désespéré au loin, comme s’il voyait que la fin du monde se déroulait à l’horizon. Aaron Taylor-Johnson, méconnaissable après ses rôles dans les deux Kick-Ass, fait le job mais sa performance ne restera pas dans les annales. Tout le reste du casting est affreusement tertiaire et on voit même trois acteurs qui ont participé à la série Continuum (dont Brian Markinson qui était également dans Caprica - avec l’acteur japonais qui jouait le bras droit de Daniel Graystone dans la même série et qui fait une apparition au début du film). Finalement, les personnages plus marquants sont les bestioles, avec bien évidemment Godzilla qui est très joliment mis en images. Ce n’est d’ailleurs finalement pas un film sur Godzilla, mais le monstre japonais a tout de même la classe, et illumine la fin du film dans un « rôle » assez inattendu. Grâce aux compétences de Gareth Edwards (et de son budget), Godzilla s’en tire avec les honneurs, mais souffre malheureusement de trop de clichés blockbusteriens (dont une trop grande présence de militaires à mon goût), alors que certains points du film évitent justement les exagérations hollywoodiennes de manière assumée. Le cul de Godzilla entre deux buildings, quoi. Pour au final, un blockbuster bien fait mais globalement anecdotique, qui n’apporte rien de plus que le blockbuster destructeur lambda, si ce n’est un souffle plus épique bienvenu mais qui tempère l’efficacité qui fait d’habitude le sel de ce genre de productions. « Kaiju Invasion : Battle San Francisco… »
Note : 6.5/10

samedi 10 mai 2014

Kritiks En Vrac : Qu'est-ce que le bolide de Spider-Man a fait au bon Dieu?

Le temps, le temps… le temps est mauvais pour une mi-printemps mais cela ne nous empêche pas de nous mettre à l’abri dans les salles obscures. Le temps avec un grand T, lui par contre il manque pour écrire des critiques détaillées. Donc pour le coup je vais faire un peu de vrac avec les sorties de fin avril. Trois films qui méritent de s’y pencher un peu plus que 5 lignes sur un statut facebook ; trois films ratés, moyens ou qui auraient pu être mieux cependant…

Need For Speed
Action ‘Carsploitation’ de Scott Waugh (2014)
Avec Aaron Paul, Dominic Cooper, Imogen Poots, Michael Keaton…

Need For Speed adapté au cinéma, ça reste pour moi un rêve d’ado, ayant touché à pas mal de versions de cette saga vidéoludique dédiée aux grosses cylindrées (notamment Need For Speed Underground 1 & 2, Need For Speed Most Wanted, Need For Speed Carbon mais aussi quelques vieilles versions…). Cette adaptation vient donc tenter de concurrencer l’hégémonie de Fast & Furious, qui a eu bien peu de concurrents crédibles au fil des années. Need For Speed n’en sera pas un, en termes de qualité ça se discute mais le ton global est bien différent, moins basé sur le spectaculaire. C’est d’ailleurs là que le bât blesse car Need For Speed a essayé de broder une histoire au détriment de l’action pure. Du coup le film se révèle lent et inutilement long. Cette idée de traversée des USA était plutôt mauvaise et ne propose que bien peu de scènes palpitantes, essayant plutôt de développer des personnages plutôt inintéressants (Aaron Paul fait le job mais est bien loin de l’intensité de Breaking Bad, Imogen Poots est mignonne mais ne sert un peu à rien, Dominic Cooper est bon en connard de service mais est finalement bien peu présent, Rami Malek fait du n’importe quoi mais me rappelle les bonnes heures de la série La Guerre à la Maison et rien que pour ça j’applaudis). Seule la dernière course, prenante, rattrape l’ensemble du film. Dernière course qui aligne d’ailleurs bon nombre de gimmicks propres à la saga de jeux vidéo dont le film s’inspire (les bolides, les flics qui t’attaquent à coups de SUV, le suivi de la course…). Que ce soit au niveau de l’histoire de base en elle-même (une proposition ami-ami qui sent l’arnaque, le défi, le drame, la trahison, la sortie de taule, la vengeance par la course, les amis du garage qui te filent un coup de main, le méchant mauvais perdant… tout ceci étant forcément un peu culcul soyons d’accord) ou au niveau du traitement des bolides et des courses, Need For Speed se rapproche vraiment des jeux et pour un fan, le portage est un minimum intéressant. Mais il n’y a pas de herses ! Le cauchemar de tout bon joueur de NFS n’apporte pas de piment à ce film. Même les flics disent à un moment « laissez tomber les herses… », c’est de la provocation ! Cela ne va pas m’aider à dire trop de bien de ce film, au mieux anecdotique (la réalisation de Scott Waugh n’offrant également aucune plus-value significative), au pire assez chiant, qui en ce qui me concerne dépasse péniblement la moyenne grâce à une dernière course bien menée qui sauve l’ensemble.
Note : 5.5/10

The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros
Film de superhéros de Marc Webb (2014)
Avec Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx, Dane DeHaan…

Suite du reboot de Spider-Man et donc en quelque sorte Spider-Man 2.2. Ce qui est déjà marrant, c’est que je me souvenais à peine du premier, qui était cependant loin d’être mauvais dans mes souvenirs. Il faut donc vite se replonger dans l’histoire, notamment lorsque l’on est rappelé à l’intrigue autour des parents de Peter Parker. D’ailleurs, les révélations qui sont faites ne cassent pas des briques et sont loin de faire tout le sel du film. The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros (putain que c’est long à écrire) se concentre plus sur la lutte de Spider-Man contre de nouveaux ennemis, Electro (Jamie Foxx) et Le Bouffon Vert (Dane DeHaan). Avec bien sûr en filigrane les doutes et faiblesses de Peter Parker, confronté à une relation de type « c’est compliqué » avec la jolie Gwen Stacy (même si Emma Stone en blonde, ça fait toujours trop artificiel…). On atteint cependant pas la faiblesse du Peter Parker de Spider-Man 2 à l’époque, ce n’est pas cette fois-ci que nous aurons droit à un trip à la The Dark Knight Rises ou Iron Man 3 (on laisse ça pour The Amazing Spider-Man 3 ?). En dehors de tout ce qui tourne autour de la vie de Peter Parker (avec un gros cataclysme à la fin, assez inattendu d’ailleurs), on retrouve donc un Spider-Man confronté à deux nouveaux ennemis et le moins qu’on puisse dire, c’est que Marvel a décidemment du mal à se trouver des méchants intéressants. Electro, dans la peau de Max Dillon au début, est pourtant intéressant au départ mais ensuite il perd en intérêt, et surtout le combat final contre Spider-Man ne casse pas de briques, assez sabré par une mise en scène qui en fait des tonnes d’ailleurs (ralentissez encore et Zack Snyder va porter plainte pour plagiat). Quant au Bouffon Vert, il est très bien quand il s’agit encore de Harry Osborn (la performance de Dane DeHaan étant à ce titre excellente), mais dès que Harry devient le bouffon, il a vraiment un sale tête et ça tourne au ridicule. Le personnage, qu’il soit dans la peau de Harry ou du Bouffon, n’a pas été assez exploité et on espère en revoir un peu plus dans le 3. Si les méchants ne se sont finalement pas multipliés, deux c’est déjà trop car l’un est inintéressant et l’autre pas assez exploité. Soit, car The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros (bon là j’ai fait copier-coller) est pourtant un bon film, divertissant comme tout bon blockbuster du genre. Mais dans ce genre de saga, le premier opus est toujours plus intéressant car il y a le côté genèse/découverte d’un héros, et donc The Amazing Spider-Man demeure supérieur. Quant à ce deuxième opus, on retrouve ce qui faisait le charme du premier (un bon duo Andrew Garfield / Emma Stone et un Spider-Man vanneur et provocateur), mais au final nous n’avons qu’un blockbuster à superhéros juste correct.
Note : 7/10

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?
Comédie ‘communautariste’ de Philippe De Chauveron (2014)
Avec Christian Clavier, Chantal Lauby, Elodie Fontan, Ary Abittan…

Allez hop, voilà la nouvelle coqueluche du public français pour on ne sait quelle raison (parce que les gens n’ont rien de bien mieux à faire ?). Certains buzz se justifient (Intouchables), d’autres nettement moins et Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? en fait partie. Le film qui commence en étant sponsorisé par le FN et qui finit sponsorisé par SOS Racisme, ou comment faire le grand pont avec un objectif caché attendu et éculé (et on a pas besoin d’un film pour apprendre à respecter l’(les) autre(s)…). Pour le coup, il était difficile de passer à côté des clichés « communautaristes » et avec QQAFABD (sexy hein ?) on va être servis. Les poncifs sur arabes, juifs, asiatiques, africains, cathos et « bons » français s’accumulent et les vannes sont tellement prévisibles et usées qu’elles ne font plus rire. Il est d’ailleurs usant d’aller voir ce film dans une salle pleine aux trois quarts d’un public familial qui est exagérément hilare au moindre dialogue comique et on se sent bien seul à ne pas rire aux passages qui de toute façon ne sont pas drôles. Bon, on rit un peu devant quelques trucs bien pensés, mais le bilan demeure maigre. Il est tout de même relevé par la dernière partie du film, lorsque le père ivoirien (excellent Pascal N’Zonzi) du dernier gendre débarque en France, en inversant les codes du racisme (et avec classe et références, pas dans le genre Thomas N’Gijol) et en donnant la furieuse réplique à Christian Clavier qui commence à se faire vieux et ne se renouvelle plus, tout comme Chantal Lauby qui honnêtement ne sert pas à grand-chose. Et l’intrigue ne se distingue pas avec un scénario étoffé, loin de là mais en même temps on ne s’attendait pas à ce que le film créé la surprise de ce côté-là. Pour le reste, c’est donc attendu au possible, la morale de l’ensemble y compris. Tous les personnages se détestent au début, notamment les 4 gendres, mais finalement tout le monde finit par bien s’entendre, les parents « racistes » également qui n’ont plus leurs vilaines pensées, waouh quel suspense ! Et de toute manière le « racisme » des personnages est bien peu extrême à la base (ce ne sont guère que de gros préjugés sur des communautés). Je sais que ce genre de film est l’occasion de passer un bon moment en famille et de rire un peu, mais il y a mieux à la télé pour ce genre et voir tout le monde courir au ciné pour ça est un peu navrant. Et techniquement, la réalisation est sans relief et les acteurs sont inégaux, que ce soit dans le jeu (Medi Sadoun surjoue son rôle d’arabe râleur) ou dans l’exploitation (on voit plus Ary Abittan que les autres, probablement parce qu’il est plus bankable en ce moment qu’autre chose), et seuls Pascal N’Zonzi, à la rigueur Frédéric Chau, et surtout la très très très (très) mignonne Elodie Fontan (ZE argument visuel avec même une fabuleuse scène pour crevards) dans le rôle de la cadette tirent leurs épingles du jeu (Noom Diawara, il va se ratrapper tout de suite avec Amour sur place ou à emporter qui semble adopter le même humour communautariste…). Pas grand-chose au bout pour une comédie vaine qui ne fait que s’amuser sur des clichés pour délivrer un message de paix et d’amour entre communautés, pour un ensemble archi-prévisible qui ne parvient guère qu’à décrocher quelques rires quand le tout s’emballe.
Note : 4.5/10
 "Une comédie française plébiscitée par le public, moi, plus jamais."

dimanche 30 mars 2014

Captain America : Le Soldat de l'Hiver

Oui, toi, cinéphile, quoi que tu fasses tu ne pourras échapper à la sortie semestrielle de Marvel. Et en ce printemps c’est le Capitaine Rogers qui est de retour avec le soldat de… l’hiver. Ceci pour une année qui sera finalement timide pour Marvel : Captain America n’est peut-être pas le héros Marvel le plus en vue, et pour le reste on aura juste droit à cet été à l’arrivée des Gardiens de la Galaxie, ce qui changera un peu avant le retour de toute la bande des Avengers et d’autres nouveautés (Ant-Man). La « Phase 2 » est donc en marche et après Iron Man 3 et Thor : Le Monde des Ténèbres, voilà le Capitaine de l’Amérique et à moins d’un nouveau Hulk, on aura fait le tour. On se remémore alors de suite au premier, Captain America : First Avenger (oui, c’était en quelque sorte l’intro à The Avengers avec Thor), qui était assez décalé dans l’univers de Marvel (tout comme Thor et son humour si particulier). Le fait que l’action se déroulait dans les années 40 apportait de l’originalité, de même que l’aspect « patriotique » du film volontairement exagéré. Sympathique mais ça s’arrêtait là et Captain America : First Avenger n’était pas le Marvel le plus marquant (à vrai dire et au bout du compte, seuls les trois Iron Man (même le 2) et The Avengers le sont…). Le personnage était même finalement mineur, mais son rôle important dans The Avengers et son passage dans le monde moderne lui a donné une seconde jeunesse (ce qui est logique finalement). Voilà donc le second opus, dénommé Captain America : Le Soldat de l’Hiver, qui va tenter de convaincre avec son placement dans un univers des années 2010, un nouvel ennemi, de nouveaux alliés, et une plongée dans les méandres du SHIELD tout en livrant un vrai « 2 » dont les évènements sont liés au « 1 ». Tout un programme pour le printemps.

Steve « Captain America » Rogers (Chris Evans) s’est désormais bien intégré à notre époque et continue à travailler pour le SHIELD. Sa prochaine mission l’amène sur un navire du SHIELD qui a été attaqué par des terroristes, retenant des dignitaires du SHIELD en otage. Rogers parvient à mener sa mission à bien mais découvre que Natascha « Veuve Noire » Romanoff (Scarlett Johansson) qui faisait également partie de la mission avait un but caché : récupérer des documents du SHIELD sur les ordinateurs du navire. Lassé d’être dupé par les secrets du SHIELD, Rogers va se plaindre chez Nick Fury (Samuel L. Jackson) qui lui révèle alors la nouveauté du SHIELD : le projet Insight, composé d’avions de combat ultramodernes. Mais Fury, en découvrant que les fichiers ramenés par Natascha sont cryptés et inaccessibles, décide de demander à son supérieur Alexander Pierce (Robert Redford) de geler le projet Insight. C’est alors que Nick Fury se retrouve cible d’attaques, qui pourraient bien viser Rogers également. Ne faisant plus confiance à personne, Rogers et Natascha vont devoir découvrir ce qui se trame au sein du SHIELD, en se faisant de nouveaux alliés dont l’ancien soldat Sam Wilson (Anthony Mackie), mais également de nouveaux ennemis dont un certain Soldat de l’Hiver…


Avec une histoire « sombre » (encore…) et un recadrage dans le monde moderne, le Captain America v.2014 va alors se montrer sous un jour nouveau, un nouveau jour bienvenu d’ailleurs. Sans trop en dévoiler les arcanes, le scénario nous plonge dans les méandres du SHIELD tout en faisant le lien avec évènements et personnages de Captain America : First Avenger. Tout ceci nous balance des choses assez prévisibles dans l’ensemble, jusqu’au déroulement des scènes et des rebondissements où l’on peut aisément dire « ha, je le savais ». Captain America : Le Soldat de l’Hiver est donc bien une production Marvel, où le scénario ne fait pas trop chauffer le cerveau sauf celui des personnes trop crédules. Mais si effectivement le côté souvent prévisible fait quelque peu tiquer, c’est à vrai dire le seul gros défaut de Captain America : Le Soldat de l’Hiver. Car pour le reste, c’est du très bon et au final le film est une bien bonne surprise. Il a été dit que le film privilégierait le « Live Action » aux effets spéciaux, et hormis sur la fin c’est bien le cas et ça fonctionne du tonnerre. Les bagarres et l’action urbaine sont nettement privilégiées à l’usage d’armes trop modernes ou d’artifices quelconques, ce qui nous donne des scènes puissantes et prenantes, où le Capitaine Rogers peut faire étalage de ses prises et de sa résistance. Étonnamment, c’est donc en étant plus « classique » que Captain America : Le Soldat de l’Hiver parvient à se distinguer, ça ne part jamais dans des grands délires (à la Thor ?) et l’ensemble et sobre mais efficace, à l’image de la réalisation des deux Russo qui reste simple mais dynamique (malgré une certaine rudesse au début, accompagnée d'une 3D peu utile si ce n'est pour faire joli et vendre le billet plus cher), donnant au film ses lettres de noblesse. Hormis de petites longueurs au début, le film tient un bon rythme et on ne s’ennuie pas malgré les deux heures et quart, grâce à la fluidité des évènements et les pérégrinations des personnages.

C’est d’ailleurs aussi sur les personnages que Captain America : Le Soldat de l’Hiver fait sa petite cuisine, même si l’on peut y trouver quelques inégalités. Chris Evans était depuis le début bien plongé dans le personnage, et hormis si l’on avait des reproches à faire sur l’acteur et/ou le personnage à la base il continue ici à faire le travail avec brio et charisme, dans la lignée de The Avengers, avec toujours un petit jeu sur le côté « bon petit soldat » qui reprend ici son importance (tout comme dans The Avengers finalement). Ensuite, il y a du grain et de l’ivraie. Certains personnages prennent une importance insoupçonnée, et notamment Nick Fury qui a le droit à une excellente scène pour lui tout seul (marquant le véritable départ du film), ce qui n’avait jamais été le cas jusqu’ici hormis peut-être le tout début de The Avengers. Robert Redford lui s’en sort excellemment bien dans le rôle du fourbe et mystérieux Alexander Pierce, c’est clairement le meilleur personnage secondaire du film. Après ça se gâte un peu, surtout pour Scarlett Johansson qui a finalement bien peu de moments de gloire hormis sur la fin, après il faut bien avouer que ça reste la caution féminine qui est toujours agréable à regarder (une scène au début du film semble avoir été taillée pour en faire un gif avec la mention « DAT ASS »). Le personnage du Faucon (Anthony Mackie) aurait pu être un peu mieux exploité, il est finalement assez mineur et n’est là que pour donner un coup de main, sans plus. De même que Maria Hill (Cobie Smulders, déjà dans The Avengers) et l’« Agent 13 » campé par Emily VanCamp (ils se la gardent peut-être pour le 3, comme pour le Faucon d’ailleurs ?). Enfin, et pour ce qui devrait être le personnage le plus important d’ailleurs, parlons donc du fameux Soldat de l’Hiver : il faut dire qu’il n’a son importance que pour faire un adversaire dans les scènes d’action (qui dépotent ceci étant dit), et pour lier son histoire à celle du Captain et du premier film, vu que son identité est évidente… Je ne dirai rien mais rien que si l’on se penche sur le casting, soit l’acteur Sebastian Stan, la réponse est déjà donnée d’avance, ce n’était certes pas un grand secret mais ça en rajoute hélas au côté un brin prévisible du film. C’est un peu décevant même s’il faut bien avouer qu’en termes de méchant inintéressant, on ne fera pas pire que Thor : Le Monde des Ténèbres.


Plus que Captain America : « Le Soldat de l’Hiver », c’est donc un Captain America 2 et rien d’autre, faisant véritablement office de suite (70 ans après !) au premier film jusque dans les ramifications du scénario, sans grand lien avec The Avengers si ce n’est les personnages. Et donc en dépit de quelques choses prévisibles, prouvant que les ressorts de Marvel commencent à être connus, et de personnages secondaires inégaux (The Amazing Spider-Man 2 fera-t-il pire avec ses 150 personnages annoncés ?), Captain America : Le Soldat de l’Hiver est une belle réussite, tout simplement parfait si l’on occulte ces menus défauts. C’est donc une bien bonne surprise qui parvient à se hisser au niveau des Iron Man et de The Avengers, en se plaçant donc sur le podium au nez et à la barbe (et des cheveux) de Thor. Sur les points positifs je n’ai donc pas grand-chose à dire, c’est tout simplement de l’excellente action Made In Marvel avec un côté plus sobre mais plus bastos, qui remplit son office grâce à de beaux combats. Un très bon film qui ne devrait pas être négligé et qui montre que même si Marvel n’est pas foncièrement inspiré (le scénario n’apporte rien de neuf, à croire que seules les scènes post-générique font avancer les choses), il a toujours de la ressource dans la forme et sait exploiter ses personnages principaux. Une belle satisfaction en attendant du vrai neuf (Les Gardiens de la Galaxie, Ant-Man) et l’on est déjà pressé de retrouver le Captain Rogers et les autres (Œil-de-Faucon, surtout, s'il vous plaît) dans Avengers : Age of Ultron. En attendant, cette collection Marvel de printemps est un très bon cru.
Note : 8/10

jeudi 6 mars 2014

Tron : L'héritage

Je pense qu’il n’est plus utile de présenter Tron : L’héritage. Suite du culte Tron sorti en 1982, film qui peut paraître kitsch aujourd’hui mais dont la technique, à l’époque, était impressionnante (en 1982, la souris d’ordinateur n’existait même pas encore…). Tron où l’histoire fantastique d’un informaticien projeté dans un ordinateur. Près de 30 ans après, ce film se sera rappelé au bon souvenir des cinéphiles au moment où fût annoncée sa suite, plutôt attendue et validée (il n’y a que 3 ans, les suites et remakes ne sortaient pas encore à tort et à travers et on y prêtait plus de considération). Suite remarquée particulièrement en France vu que DAFT PUNK en a signé la BO, bien avant ses récompenses avec l’horriblement addictif "Get Lucky". Premier film de Joseph Kosinski qui a continué son petit bonhomme de chemin l’an dernier avec le bien bon Oblivion. Film qui, chose la plus remarquable, se distingue grâce à son univers visuel particulièrement singulier, tranchant très nettement avec le Tron d’origine, pour une remise au goût du jour doublée d’une identité bien personnelle et travaillée, évacuant les accusations de trahison de l’esprit originel grâce à un visuel on ne peut plus réussi (même s’il est très… « trichromatique »). Et Jeff Bridges rempile dans le rôle de Kevin Flynn, doublé d’un clone plus jeune en images de synthèse. Tout était réuni pour faire de Tron : L’héritage une grande réussite. Mais… mais…

En 1989, Kevin Flynn (Jeff Bridges) s’échine à développer la Grille, l’univers parallèle informatique qu’il a intégré par mégarde sept ans auparavant. Il promet à son fils Sam qu’il pourra la visiter un jour. Mais peu après cette promesse, Flynn disparaît sans laisser de traces, laissant son fils orphelin et la société Encom aux mains de dirigeants peu scrupuleux. En 2010, Sam (Garrett Hedlund) a bien grandi et chaque année, fait une blague aux dirigeants d’Encom, entreprise dont il reste l’héritier légitime. Après avoir ainsi perturbé le lancement d’une nouvelle version de l’OS d’Encom, Sam est contacté par Alan Bradley (Bruce Boxleitner), l’ancien comparse de Kevin. Bradley aurait en effet reçu un message de ce dernier sur un vieux bipper. Incrédule, Sam décide toutefois d’aller vérifier par lui-même l’information à la vieille salle de jeux d’arcade. Il trouve l’ordinateur de son père et va se retrouver lui aussi par mégarde propulsé dans la Grille. Sam va bien vite se rendre compte que Kevin a été trahi par Clu, son double qu’il a créé dans le but de créer un monde parfait, mais qui nourrit désormais de sombres desseins…


Sur la forme, Tron : L’héritage est un film tout simplement superbe. Dès le générique de départ, après le discours de Flynn sur la grille qui se termine sur le thème principal concocté par DAFT PUNK, on se laisse emporter dans l’univers visuel et sonore proposé, univers qui a été soigné aux petits oignons. Le film commence vraiment au moment où Sam intègre la grille, sa découverte de l’univers informatique en est d’ailleurs parfaitement jouissive (même si le transfert au laser n’est pas aussi visuellement élaboré que dans Tron). Tron : L’héritage est du genre immersif : c’est qu’on aimerait nous aussi nous retrouver dans cet univers informatique (bon certes, pas dans les conditions dangereuses du film, on est bien d’accord), dans l’ensemble on est comme un gosse, ébahi devant ce magnifique monde de jeu vidéo. De ce point de vue Tron : L’héritage est une réussite totale, costumes, décors et idées diverses, tout est abouti. Certes il faut adhérer à l’environnement colore et sonore proposé, mais si c’est le cas on est vite happé par le film dont le visuel et la musique ne nous lâchent pas de sitôt. A tel point que dès que j’en entends reparler ou dès que je revois quelques images, j’ai une irrépressible envie de revoir ce film, c’est probablement et en ce qui me concerne le film le plus accrocheur sur la forme que j’ai vu ces 10 dernières années. Cet énième visionnage de ma part se sera d’ailleurs fait sur une télé HD avec un bon son, alors que mon dernier visionnage de qualité s’était tout simplement fait lors de la sortie du film au cinéma. Ce visionnage de qualité ne fera d’ailleurs qu’accentuer ma déception, déception qui était d’ailleurs présente dès la fin de la première séance au cinéma. J’ai presque envie d’en chialer tiens, un si beau film si prenant, parfait dans la forme, qui s’est fait saborder par son fond d’une niaiserie absolue, semblant pointer du doigt un responsable tout désigné : Disney.


Certes, Tron était aussi sous la houlette de Disney et qu’on se rassure, possédait une histoire tout aussi niaise que Tron : L’héritage. Mais bon, allez, disons-nous que si le scénario est naze, il y aura au moins de l’action. Et ça y va : à peine Sam plongé dans la Grille, qu’il doit affronter l’épreuve du combat de disques. Puis comme ça suffit pas, on enchaîne dans la foulée avec la fameuse épreuves des motos en arène. Mais passé ça, c’est fini, emballez c’est pesé, pliez les gaules. Si le film démarre vraiment lorsque Sam rentre dans la Grille, on peut dire qu’il se finit lorsque Quorra (Olivia Wilde) vient le tirer du pétrin de l’arène, et à ce moment-là la moitié du film n’est même pas passée. Certes, il reste la poursuite finale dans les airs mais quand vient ce moment, on est déjà dépité et consterné du traitement fait à l’univers et à l’histoire de la Grille, et la tentative de réveiller le tout est donc bien vaine. Et quand peu avant cette poursuite, on a droit à des combats… qu’on ne voit pas (c’est vrai que montrer Sam qui tranche des programmes en les éparpillant en petits morceaux, c’est trop violent pour nos chastes yeux) on se dit qu’on a tout compris au traitement fait à l’histoire de Tron : L’héritage. Passé l’excellent début du film, c’est l’édulcoration pure et simple, bref du pur Disney. Le milieu du film souffre d’atroces longueurs ne servant qu’à balancer des dialogues éculés emplis de bons sentiments dégoulinants, entre les relations père-fils, le peuple opprimé à protéger, et les motivations trop méchantes et grotesques de Clu autoproclamé méchant de service (matérialiser toute une armée de programmes sur Terre ?!). On a même droit à un court laïus culpabilisateur (lorsque Sam explique à son père que le monde actuel n’est que guerre, pauvreté et pollution) particulièrement insupportable. Seuls quelques courts combats et arcs scénaristiques évitent l’ennui profond, alors que les facepalms se multiplient devant tant de niaiserie forcée et caricaturale. Et que dire de la toute fin, triste et prévisible… Si l’on se doute que Tron : L’héritage n’a pas été pensé pour être un film « adulte », on se dit qu’il y avait moyen de faire quelque chose de 1000 fois mieux dans le fond que cette histoire gnangnan à souhait, qui finit par prédominer une fois que l’on est pleinement plongé dans l’univers visuel, qui à un moment n’arrive plus à se suffire à lui-même, hélas… Entre le fond et la forme, Tron : L’héritage est donc d’une inégalité rarement atteinte. C’est beau mais ce n’est pas pour autant qu’il fallait livrer un scénario de bisounours.


Si la réalisation de Joseph Kosinski, le visuel et le son parviennent tant bien que mal à faire pencher la balance, les acteurs vont refaire pencher l’équilibre dans le mauvais sens. Je l’évoquais dans ma critique de RoboCop à propos du premier grand rôle de Joel Kinnaman, balancer Garrett Hedlund en tant que « jeune premier » était risqué et bien évidemment, ça ne prend pas. Son interprétation reste honnête mais son personnage n’a aucun relief. A la limite ce n’est pas très grave, il faut bien un début à tout, c’est surtout pour ceux qui sont loin d’être des « jeunes premiers » que ça se gâte. Jeff Bridges nous ressort un rôle post-Big Lebowski en mode « zen » (c’est le personnage même qui le dit !), cliché et qui ne semble pas du tout correspondre au Kevin Flynn de Tron, dynamique et feu follet. Certes le personnage s’est retrouvé enfermé dans la Grille pendant des cycles et des cycles mais au final, ça tranche de trop et on y croit pas. Clu, son double maléfique qui est campé en motion capture, est également assez moyen, visuellement (j’ai toujours eu un peu de mal avec ce visage trop synthétique) et au niveau de sa personnalité, de même que ses intentions sont exagérées dans les grandes largeurs, mettant à mal l’histoire du film. Après, il n’y a pas beaucoup d’autres personnages, c’est un plaisir de retrouver Bruce Boxleitner et on appréciera la mystique Beau Garrett (Gem) et le fantasque Michael Sheen (Zuse), mais c’est tout. Bon certes, il y a Olivia Wilde… mais c’était l’époque où elle apprenait encore son métier (oui, au début, on ne peut pas dire qu'elle était particulièrement expressive dans ses rôles...) et elle a du mal à transmettre les émotions du personnage de Quorra, personnage qui même s’il a son importance dans l’histoire ne sert un peu à rien au final (l’exemple frappant étant le moment où elle va provoquer Rinzler pour se faire capturer, dans quel but si ce n’est une bête diversion on ne sait pas vraiment…). Preuve supplémentaire que si Tron : L’héritage a été travaillé à la perfection dans la forme, il semble avoir été bâclé dans le fond, étant trop calibré pour rentrer dans le cahier des charges gentil-tout-plein de Disney.


Sur un forum j’avais vu quelqu’un taxer Tron : L’héritage de « nanar éclairé comme l’intérieur d’un frigo », je n’irai pas jusque-là car ce film en vaut quand même largement la peine visuellement. Addictif, immersif et bluffant, l’univers de Tron : L’héritage est sans précédent. Et si le film était tellement nul que ça je ne l’aurai pas reregardé X fois, je continuerai même à le regarder d’ailleurs, je pense que j’aurai du mal à m’en lasser. Car l’univers de la Grille v.2011 est tout bonnement splendide et visuellement, accompagné de plus du son de DAFT PUNK, ce film vaut bien 10/10. Mais voilà, il a fallu que tout le reste créé un incroyable déséquilibre qui fait perdre beaucoup de points à Tron : L’héritage. Et c’est tout de même la déception qui prédomine. En ce qui me concerne la compensation visuelle ne fait que pousser Tron : L’héritage juste au-dessus de la moyenne. De par son manque relatif d’action, de par son casting peu convaincant et de par son histoire d’une niaiserie effarante, Tron : L’héritage est un hallucinant ratage dans le fond, hallucinant de par le contraste avec la forme qui est un aboutissement original et personnel qui a déjà fait date. Probablement le film le plus inégal de tous les temps, et c’est peu dire tant la mise en place d’un univers visuel purement fantastique a accouché d’un film de bisounours qui n’améliorera pas la réputation de Disney pour les films autres que ceux d’animation. A la sortie de mon premier visionnage, je n’ai eu qu’un seul mot pour qualifier Tron : L’héritage, mot qui est encore en vigueur trois ans plus tard : GÂCHIS !
Note : 6/10