Oui, toi, cinéphile, quoi que tu fasses tu ne pourras
échapper à la sortie semestrielle de Marvel. Et en ce printemps c’est le
Capitaine Rogers qui est de retour avec le soldat de… l’hiver. Ceci pour une
année qui sera finalement timide pour Marvel : Captain America n’est
peut-être pas le héros Marvel le plus en vue, et pour le reste on aura juste
droit à cet été à l’arrivée des Gardiens de la Galaxie, ce qui changera un peu
avant le retour de toute la bande des Avengers et d’autres nouveautés (Ant-Man).
La « Phase 2 » est donc en marche et après Iron Man 3 et Thor : Le Monde des Ténèbres,
voilà le Capitaine de l’Amérique et à moins d’un nouveau Hulk, on aura fait le
tour. On se remémore alors de suite au premier, Captain America : First
Avenger (oui, c’était en quelque sorte l’intro à The Avengers avec Thor), qui
était assez décalé dans l’univers de Marvel (tout comme Thor et son humour si
particulier). Le fait que l’action se déroulait dans les années 40 apportait de
l’originalité, de même que l’aspect « patriotique » du film
volontairement exagéré. Sympathique mais ça s’arrêtait là et Captain America :
First Avenger n’était pas le Marvel le plus marquant (à vrai dire et au bout du
compte, seuls les trois Iron Man (même le 2) et The Avengers le sont…). Le personnage était
même finalement mineur, mais son rôle important dans The Avengers et son
passage dans le monde moderne lui a donné une seconde jeunesse (ce qui est
logique finalement). Voilà donc le second opus, dénommé Captain America :
Le Soldat de l’Hiver, qui va tenter de convaincre avec son placement dans un
univers des années 2010, un nouvel ennemi, de nouveaux alliés, et une plongée
dans les méandres du SHIELD tout en livrant un vrai « 2 » dont les
évènements sont liés au « 1 ». Tout un programme pour le printemps.
Steve « Captain America » Rogers (Chris Evans)
s’est désormais bien intégré à notre époque et continue à travailler pour le
SHIELD. Sa prochaine mission l’amène sur un navire du SHIELD qui a été attaqué
par des terroristes, retenant des dignitaires du SHIELD en otage. Rogers
parvient à mener sa mission à bien mais découvre que Natascha « Veuve
Noire » Romanoff (Scarlett Johansson) qui faisait également partie de la
mission avait un but caché : récupérer des documents du SHIELD sur les
ordinateurs du navire. Lassé d’être dupé par les secrets du SHIELD, Rogers va
se plaindre chez Nick Fury (Samuel L. Jackson) qui lui révèle alors la
nouveauté du SHIELD : le projet Insight, composé d’avions de combat
ultramodernes. Mais Fury, en découvrant que les fichiers ramenés par Natascha
sont cryptés et inaccessibles, décide de demander à son supérieur Alexander
Pierce (Robert Redford) de geler le projet Insight. C’est alors que Nick Fury
se retrouve cible d’attaques, qui pourraient bien viser Rogers également. Ne
faisant plus confiance à personne, Rogers et Natascha vont devoir découvrir ce
qui se trame au sein du SHIELD, en se faisant de nouveaux alliés dont l’ancien
soldat Sam Wilson (Anthony Mackie), mais également de nouveaux ennemis dont un
certain Soldat de l’Hiver…
Avec une histoire « sombre » (encore…) et un
recadrage dans le monde moderne, le Captain America v.2014 va alors se montrer
sous un jour nouveau, un nouveau jour bienvenu d’ailleurs. Sans trop en
dévoiler les arcanes, le scénario nous plonge dans les méandres du SHIELD tout
en faisant le lien avec évènements et personnages de Captain America :
First Avenger. Tout ceci nous balance des choses assez prévisibles dans l’ensemble,
jusqu’au déroulement des scènes et des rebondissements où l’on peut aisément
dire « ha, je le savais ». Captain America : Le Soldat de l’Hiver
est donc bien une production Marvel, où le scénario ne fait pas trop chauffer
le cerveau sauf celui des personnes trop crédules. Mais si effectivement le
côté souvent prévisible fait quelque peu tiquer, c’est à vrai dire le seul gros
défaut de Captain America : Le Soldat de l’Hiver. Car pour le reste, c’est
du très bon et au final le film est une bien bonne surprise. Il a été dit que
le film privilégierait le « Live Action » aux effets spéciaux, et
hormis sur la fin c’est bien le cas et ça fonctionne du tonnerre. Les bagarres
et l’action urbaine sont nettement privilégiées à l’usage d’armes trop modernes
ou d’artifices quelconques, ce qui nous donne des scènes puissantes et
prenantes, où le Capitaine Rogers peut faire étalage de ses prises et de sa
résistance. Étonnamment, c’est donc en étant plus « classique » que
Captain America : Le Soldat de l’Hiver parvient à se distinguer, ça ne
part jamais dans des grands délires (à la Thor ?) et l’ensemble et sobre
mais efficace, à l’image de la réalisation des deux Russo qui reste simple mais
dynamique (malgré une certaine rudesse au début, accompagnée d'une 3D peu utile si ce n'est pour faire joli et vendre le billet plus cher), donnant au film ses lettres
de noblesse. Hormis de petites longueurs au début, le film tient un bon rythme
et on ne s’ennuie pas malgré les deux heures et quart, grâce à la fluidité des
évènements et les pérégrinations des personnages.
C’est d’ailleurs aussi sur les personnages que Captain
America : Le Soldat de l’Hiver fait sa petite cuisine, même si l’on peut y
trouver quelques inégalités. Chris Evans était depuis le début bien plongé dans
le personnage, et hormis si l’on avait des reproches à faire sur l’acteur et/ou
le personnage à la base il continue ici à faire le travail avec brio et
charisme, dans la lignée de The Avengers, avec toujours un petit jeu sur le
côté « bon petit soldat » qui reprend ici son importance (tout comme
dans The Avengers finalement). Ensuite, il y a du grain et de l’ivraie.
Certains personnages prennent une importance insoupçonnée, et notamment Nick
Fury qui a le droit à une excellente scène pour lui tout seul (marquant le
véritable départ du film), ce qui n’avait jamais été le cas jusqu’ici hormis
peut-être le tout début de The Avengers. Robert Redford lui s’en sort excellemment
bien dans le rôle du fourbe et mystérieux Alexander Pierce, c’est clairement le
meilleur personnage secondaire du film. Après ça se gâte un peu, surtout pour
Scarlett Johansson qui a finalement bien peu de moments de gloire hormis sur la
fin, après il faut bien avouer que ça reste la caution féminine qui est
toujours agréable à regarder (une scène au début du film semble avoir été
taillée pour en faire un gif avec la mention « DAT ASS »). Le
personnage du Faucon (Anthony Mackie) aurait pu être un peu mieux exploité, il
est finalement assez mineur et n’est là que pour donner un coup de main, sans
plus. De même que Maria Hill (Cobie Smulders, déjà dans The Avengers) et l’« Agent 13 » campé par Emily VanCamp (ils se la
gardent peut-être pour le 3, comme pour le Faucon d’ailleurs ?). Enfin, et
pour ce qui devrait être le personnage le plus important d’ailleurs, parlons
donc du fameux Soldat de l’Hiver : il faut dire qu’il n’a son importance
que pour faire un adversaire dans les scènes d’action (qui dépotent ceci étant dit), et pour lier son
histoire à celle du Captain et du premier film, vu que son identité est
évidente… Je ne dirai rien mais rien que si l’on se penche sur le casting, soit
l’acteur Sebastian Stan, la réponse est déjà donnée d’avance, ce n’était certes
pas un grand secret mais ça en rajoute hélas au côté un brin prévisible du film. C’est
un peu décevant même s’il faut bien avouer qu’en termes de méchant inintéressant,
on ne fera pas pire que Thor : Le Monde des Ténèbres.
Plus que Captain America : « Le Soldat de l’Hiver »,
c’est donc un Captain America 2 et rien d’autre, faisant véritablement office
de suite (70 ans après !) au premier film jusque dans les ramifications du
scénario, sans grand lien avec The Avengers si ce n’est les personnages. Et
donc en dépit de quelques choses prévisibles, prouvant que les ressorts de
Marvel commencent à être connus, et de personnages secondaires inégaux (The
Amazing Spider-Man 2 fera-t-il pire avec ses 150 personnages annoncés ?),
Captain America : Le Soldat de l’Hiver est une belle réussite, tout
simplement parfait si l’on occulte ces menus défauts. C’est donc une bien bonne
surprise qui parvient à se hisser au niveau des Iron Man et de The Avengers, en
se plaçant donc sur le podium au nez et à la barbe (et des cheveux) de Thor.
Sur les points positifs je n’ai donc pas grand-chose à dire, c’est tout
simplement de l’excellente action Made In Marvel avec un côté plus sobre mais
plus bastos, qui remplit son office grâce à de beaux combats. Un très bon film
qui ne devrait pas être négligé et qui montre que même si Marvel n’est pas
foncièrement inspiré (le scénario n’apporte rien de neuf, à croire que seules
les scènes post-générique font avancer les choses), il a toujours de la
ressource dans la forme et sait exploiter ses personnages principaux. Une belle
satisfaction en attendant du vrai neuf (Les Gardiens de la Galaxie, Ant-Man) et
l’on est déjà pressé de retrouver le Captain Rogers et les autres (Œil-de-Faucon,
surtout, s'il vous plaît) dans Avengers : Age of Ultron. En attendant, cette collection
Marvel de printemps est un très bon cru.
Note : 8/10
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