Petit retour en arrière sur ce film qui se passe dans le
futur avec des ennemis venus du passé. Je torture l’espace-temps mais on va s’en
sortir, Marty (ça marche à la vapeur). Courant 2012, personne n’avait échappé à
l’arrivée de ce film, sauf le grand public car Iron Sky n’est, à ma
connaissance, jamais sorti sur les écrans français, et n’a finalement eu comme
public que les cinéphiles avertis, festivaliers ou dénicheurs de perles sur les
sites, magazines ou forums spécialisés. Il faut dire qu’un film avec des nazis,
c’est toujours sujet à controverse… surtout quand c’est traité à fond les
ballons sur un fond comique. Qu’on se rassure, les nazis sont toujours bien les
méchants, mais concernant Iron Sky ce sont indirectement les héros d’un film au
pitch déjanté à défaut d’être complètement guedin. Ce qui est une bonne et une
mauvaise chose surtout, mais ce film finlando-australo-allemand à petit budget
a donc eu une exposition relativement confidentielle. Iron Sky n’est bien
évidemment pas un chef d’œuvre et ne semble être destiné qu’à rester un petit
film culotté qui figurera surtout dans les mémoires de la série B. D’ailleurs
sur les sites communautaires on ne peut pas dire que Iron Sky rafle les étoiles…
Mais il n’est pas oublié pour autant. D’ailleurs j’écris cette critique après
un deuxième visionnage pour lui redonner une petite chance, car au-delà de son
aspect fun et sans prise de tête, Iron Sky est quand même un film assez unique
qui mériterait peut-être un peu plus de considération. Hommage.
En 2018, la présidente des Etats-Unis (Stephanie Paul),
pour sa campagne de réélection, décide de frapper un grand coup en envoyant un
top-model noir, James Washington (Christopher Kirby), sur la Lune. Mais sur la
face cachée de notre satellite naturel, Washington va faire une bien étrange
découverte : des nazis y sont installés depuis des décennies, ayant
reconstruit une petite société dans le but ultime de retourner sur Terre pour y
établir le IVème Reich. Pris pour un espion, Washington est capturé par le
Führer en second Klaus Adler (Götz Otto). Ce dernier veut se servir de
Washington pour approcher la présidente et in fine, conquérir la Terre en
doublant le Führer Kortzfleisch (Udo Kier). Sur Terre, Adler et sa promise l’éducatrice
Renate Richter (Julia Dietze) s’infiltrent au sein de la présidence grâce à la
directrice de campagne Vivian Wagner (Peta Sergeant), qui se sert des talents d’oratrice
de Renate pour faire grimper la présidente dans les sondages. Mais Renate,
persuadée que les nazis veulent revenir sur Terre avec un message de paix, va
vite découvrir les véritables plans d’Adler…
Le pitch déjanté et provocateur d’Iron Sky est avant tout
un prétexte pour livrer une comédie de science-fiction plus sage qu’il n’y
paraît. On peut le déplorer mais le film a alors le mérite de ne pas partir
dans le n’importe quoi. Iron Sky est surtout un film satirique, qui se joue des
clichés à la fois du nazisme et des américains, sans chercher à délivrer un
quelconque message ou prise de position, bref sans prétention car de toute
façon tout le monde en prend pour son grade. Ce sont donc ces multiples
références (la présidente des USA semble être clairement Sarah Palin même si le nom n'est jamais cité...) et clins d’œil à la limite de la parodie (notamment cette scène avec
Vivian qui parodie ouvertement un passage de La Chute rendu célèbre grâce à de
nombreuses vidéos) qui font le sel de Iron Sky, réservant quelques moments
hilarants, notamment les réunions des différents secrétaires d’Etat de la
planète qui tournent aux invectives, aux moqueries et aux règlements de
comptes. C’est surtout ceci qui fait la force comique de Iron Sky, les
personnages et les situations qui en découlent, plutôt que les dialogues en
eux-mêmes qui, de mon avis, ont un peu un humour de merde… la dernière partie
du film y va à fond niveau vulgarité gratuite, même de la bouche de la
présidente (shocking !), qui n’est rien à côté du personnage revanchard de
Vivian cependant. Les répliques font rarement mouche, cela ne passe que lors
des références diverses ou encore lorsque les nazis découvrent le monde moderne
(le coup de la réinvention de l’USB…), et c’est plutôt la globalité du film qui
fait rire. Quant au scénario, il est ce qu’il est, mais là aussi il a le mérite
de ne pas partir en couille quand il ne le faudrait pas.
Iron Sky est un film à petit budget et ça se sent très
vite. Ce n’est pas du dégueulasse made in The Asylum mais nous sommes bien en
présence d’une série B. Le visuel est tout de même honnête et a été travaillé
pour que le rendu tienne la route, mais l’ensemble est assez inégal. La
première partie du film sur la Lune est archi-synthétique (lorsque l’on voit
les acteurs pour la première fois on a l’impression que eux aussi sont en
images de synthèse, c’est assez bizarre jusqu’à ce que les yeux s’y habituent),
les explosions diverses sont cheapos, mais en revanche la dernière partie du
film avec les divers vaisseaux spatiaux est formidable, même s’il subsiste un
petit côté « jeu vidéo ». Mais la réalisation de Timo Vuorensola est
tout de même dynamique, à l’image du côté taré-mais-pas-trop du film, ce qui
rend Iron Sky très accrocheur (avec même quelques petites incursions futuristes
pour bien s’ancrer dans le genre science-fiction). Nous avons aussi le droit à
une excellente BO de LAIBACH, ce qui avait créé de l’intérêt pour le film d’ailleurs.
L’ensemble est classique mais se montre explosif dès que le film s’emballe, et
les slovènes nous gratifient aussi de superbes thèmes notamment leur morceau "America"
qui figurait sur l’album ‘Volk’ (2006), ici épuré et s’intégrant parfaitement
dans le film à un moment crucial d’ailleurs. Et que dire du fantastique final
avec le poignant "Under the Iron Sky" qui se superpose au générique
de fin… Générique de fin qui égrène aussi le casting, peu étoffé mais
satisfaisant dans l’ensemble. Seul Götz Otto est relativement connu (il avait
joué dans La Chute mais aussi un rôle de méchant sadique dans Demain Ne Meurt
Jamais, entre autres) et il joue à la perfection son rôle d’officier nazi
fourbe et ambitieux. Les autres acteurs font le job, Peta Sergeant est hélas un
poil grotesque mais l’inconnu Christopher Kirby s’en sort bien dans son rôle de
« bro’ ». Reste alors Julia Dietze, le personnage principal du film,
excellente en petite nazie naïve qui va être torturée par les doutes et la
vengeance. Et puis elle est sacrément mignonne.
Après un premier visionnage, j’avais été dubitatif comme
beaucoup de monde, sans dire que c’était un ratage non plus, c’était juste un
film marrant et bien fait avec son peu de moyens. Mais au final Iron Sky se
bonifie avec le temps. Il faut le prendre pour ce qu’il est, une grosse pochade
sur la base d’un scénario osé et original. Il fait partie d’un certain état d’esprit
auquel il faut adhérer, un peu à l’image de l’art de LAIBACH d’ailleurs. Ce n’est
pas pour rien que les nazis de la Lune arborent le logo des slovènes à partir d’un
certain moment du film… c’est à prendre à un certain degré (les membres de
LAIBACH déclarant d’ailleurs que Iron Sky est « un film pour enfants »).
Iron Sky, c’est finalement LAIBACH mis en film, ceux connaissant le groupe
savent de quoi je parle. D’ailleurs comme je suis à fond dedans en ce moment je
vous conseille leur nouvel album ‘Spectre’ qui vient de sortir, qui est encore
une fois sujet à controverse d’ailleurs. Comme Iron Sky depuis ses débuts et
encore aujourd’hui, car c’est à mon avis un film assez sous-estimé en fin de compte. C’est les nazis de la Lune qui
embêtent les américains et le monde entier, tout le film brode là-dessus avec
dérision et sans en faire des tonnes, et il ne faut pas aller chercher plus
loin. Ça aurait pu être mieux au niveau visuel et sur les dialogues mais Iron Sky
reste une série B, et dans sa globalité une excellente série B bien fun, qui
est presque culte finalement. Heil Laibach, Heil Iron Sky !
Note : 8/10
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