dimanche 20 juillet 2014

Prometheus


Il est difficile d’écrire sur un film que l’on a tant attendu, et qu’on ne sait pas si on l’a aimé ou pas. Prometheus avait été mon énorme attente de 2012 et j’avais poussé le vice jusqu’à aller le voir le jour de sa sortie, payant de plein pot (en général j’attends le jeudi parce que c’est moins cher) avec cette majoration 3D de mes deux en bonus (enfin là la 3D valait le coup). Etais-je ressorti de la salle satisfait ? Par le spectacle oui, pour le reste dès le lendemain je me suis posé pas mal de questions, faisant écho à celles posées par les critiques de la presse et du net aussi. Grosse réussite, mi-figue mi-raisin ou plantage complet ? Le film n’a pas eu que des amis, fans d’Alien ou pas (ce qui n’était pas forcément mon cas avant d’aller voir Prometheus en 2012…). Un doute qui devait être dissipé par un revisionnage dans de bonnes conditions sur Canal il y a quelques mois. Mais plus que de dissiper des doutes, j’en ai eu de plus en plus. Résultat, après deux visionnages, je ne savais pas vraiment quoi penser de Prometheus. Je pensais m’arrêter là, un troisième visionnage me donnant peur d’être finalement déçu par un film que j’avais énormément attendu. J’avais prévu de rédiger une critique à ce moment-là mais je n’en étais resté qu’à quelques notes. Un troisième visionnage, fait par le plus grand des hasards (genre « je suis seul j’ai rien à faire ce soir de vacances qu’est-ce qu’il y a à la télé oh tiens Prometheus sur Ciné Premier ») aura donc été nécessaire pour forger un avis définitif, qui finalement sera positif. Ouf ! Mais le moins qu’on puisse dire c’est que l’œuvre de Ridley Scott n’est pas facile d’accès, à cause de quelques défauts, mais ça reste une œuvre marquante et ce dès la splendide séquence d’ouverture…


En 2089, les chercheurs Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) et Charlie Holloway (Logan Marshall-Green) découvrent des peintures rupestres dans une caverne située au sein d’une île écossaise. En faisant le rapport avec d’autres œuvres ancestrales, ils parviennent à démontrer que des extraterrestres, potentiellement créateurs de l’humanité et en cela baptisés les « Ingénieurs », ont donné une invitation aux humains. Les chercheurs parviennent à trouver le système stellaire qui abriterait la planète d’origine des Ingénieurs. Séduit par le projet de rencontrer les créateurs de l’humanité et à l’article de la mort, Peter Weyland (Guy Pearce) finance l’expédition et affrète le vaisseau Prometheus, dirigé par Meredith Vickers (Charlize Theron), pour se rendre sur la planète indiquée par les Ingénieurs. Toute une équipe de scientifiques et de techniciens arrive sur place en 2093 et commence ses recherches. Holloway sera déçu d’apprendre que les Ingénieurs, à qui il souhaitait parler, ont été décimés par une force inconnue, au contraire de Shaw qui se satisfait des importantes découvertes effectuées. Mais d’autres découvertes notamment faites par l’androïde David (Michael Fassbender) vont montrer ce qui s’est véritablement passé, et quelles sont les véritables motivations des Ingénieurs au sujet de cette planète et de la Terre…


Donc après 3 visionnages, c’est la satisfaction qui domine. Certes Prometheus ne sera jamais un des cultes de la SF, mais il remplit bien son office. Effets spéciaux, vaisseaux et décors (RIP Giger) sont exceptionnels, et il sera difficile de faire mieux. Le film convainc donc par son souffle épique. Il est également rondement mené, ménageant sa tension avec une lente entrée en matière, avant un partage en couille habituel, schéma rappelant bien sûr les 3 premiers volets d’Alien (le 4, lui, partait en couille rien qu’à l’annonce de son histoire). La tension finit par être très palpable, même si le film n’est pas si terrifiant que le premier Alien. Le gore à base de pénétration et de sorties de bestioles gluantes reste toujours de mise… en restant sobre et ne tombant pas dans le grand-guignol de certains volets d’Alien. Tout y est, l’équilibre entre moments de calme, de tension et d’horreur est parfait, et le ton est finalement différent de tous les volets d’Alien (plus palpitant que le 1, moins bourrin que le 2, plus spectaculaire que le 3, moins nawak que le 4). Niveau « réalisation », Ridley Scott a donc fait du grand travail, sublime, prenant et grandiose, 33 (!) ans après le tout premier Alien qu’il avait réalisé (avant Cameron, Fincher et Jeunet pour des résultats plus ou moins discutables).


Alors bien sûr, peu de monde reprochera quoi que ce soit à Prometheus sur ces points, et ma satisfaction première venait surtout de là. Mais il y avait le reste qui posait problème et qui pouvait provoquer un blocage… blocage qui avait engendré de vives critiques. Il est vrai que le scénario de Prometheus est passablement mal torché. Il semble simpliste et trop compliqué à la fois, se basant sur une histoire et des évènements classiques jalonnés de gros trous ou d’inexplications, qui ne trouvent leurs solutions qu’après plusieurs visionnages ou un passage par le résumé détaillé du Wikipédiatre. Certains messages ne passent toujours pas (notamment le fond religieux avec la foi de Shaw) et des évènements restent flous (le rôle « dans l’ombre » de Weyland, les comportements de David et Vickers face à lui, amenant à l’infection de Holloway…), mais dans l’ensemble on finit par comprendre l’histoire dans son ensemble. Mais hélas, ce n’est pas un grand scénario… et certaines réponses, notamment sur les motivations des Ingénieurs et le rôle des aliens, ne seront trouvées que dans la (les) suite(s). Au final, Prometheus a pêché par « blockbusterisme », en balançant un scénario simpliste qui s’est révélé foutraque à cause d’arcanes mal amenées ou mal exploitées. On est pas loin du syndrôme Besson avec un scénario compris des scénaristes mais simplifié pour ne pas trop perdre le spectateur moyen… entreprise engendrant quelques approximations et se révélant inefficace pour un premier visionnage. Donc si vous n’avez pas compris, un revisionnage est nécessaire, pour ne pas passer à côté d’un film qui a de grandes qualités aussi.


Des qualités visuelles qui ne sont pas forcément relevées par les acteurs ici présents en nombre, pour pas grand-chose au bout. Du couple Shaw (Noomi Rapace) - Holloway (Logan Marshall-Green), c’est surtout le second qui m’a convaincu, avec son côté casse-cou de scientifique curieux qui se laisse emporter par ses émotions. Par contre Noomi Rapace en fait un peu trop, nouvelle Ripley convaincante dans les scènes d’horreur, elle est un peu gonflante sur le reste, avec son rôle de personnage candide et religieux. Puis j’aime pas l’actrice en fait… Michael Fassbender est lui impeccable dans son rôle d’androïde fourbe qu’on aime et qu’on déteste à la fois, il surpasse Bishop (Lance Henriksen) haut la main. Charlize Theron, présentée comme la star du film, a vraiment un pur rôle de faire-valoir. Elle ne sert absolument à rien ! A part ressembler à Samus Aran des jeux Metroid, ce qui est pour moi un retour d’ascenseur presque évident, sachant que la saga Metroid doit presque tout à la saga Alien. Pour le reste, hormis bien sûr Guy Pearce méconnaissable dans le rôle du vieux Weyland, il n’y a non plus pas grand-chose à voir, même Idris Elba campe un Capitaine Janek qui n’est pas très important. Les deux zigotos de service, Fifield le géologue fantasque (Sean Harris) et Millburn le biologiste couard (Rafe Spall - vu notamment dans la trilogie Cornetto), amènent un peu de fun dans un film tout de même très sérieux avec des acteurs rentrant plus ou moins dans le moule « Alien ». Des personnages facilement paniqués qui du coup font un peu n’importe quoi (quand le vaisseau des Ingénieurs s’écroule tout droit, pourquoi courir en avant alors que pour éviter sa chute il aurait suffi de s’enfuir… par un côté ?). Sinon je viens à peine de me rendre compte mais dans le lot on a Kate Dickie (la scientifique Ford), plus connue pour le rôle de… Lisa Arryn dans Game Of Thrones.


Trois visionnages, et en dépit de ses défauts de fond (et de forme), Prometheus reste quand même un bien bon film de Science-Fiction. Son scénario est tarabiscoté, mais l’essentiel est là, posant les bases pour la suite de ce qui se posera comme les véritables préquelles d’Alien (c’est donc presque une intro aux préquelles… j’espère que tout le monde suit). Ses acteurs sont inégaux, en classe et en importance, mais en y réfléchissant bien ceux des Alien n’étaient pas spécialement marquants non plus… et seul le temps (et les suites du prequel qui est une intro aux préquelles potentielles *gloups*) nous permettra de dire si Shaw/Noomi Rapace sera une véritable nouvelle (ou plutôt ancienne, chronologiquement à la saga) Ripley/Sigourney Weaver. Le spectacle est assuré, à apprécier au cinoche ou sur une TV HD avec un bon son. C’est sur ce point que Prometheus se distingue, atteignant un niveau de classe sensationnel au niveau de la SF des sous-genres « planète étrangère » et « horreur », et s’il doit être culte ça sera pour son visuel plutôt que pour le reste, hétérogène et hélas trop calibré blockbuster, alors que la plupart des Alien n’étaient pas forcément accessibles et destinés au grand public… Prometheus n’est pas et ne sera jamais un film de « Hard SF », mais restera un film un minimum marquant, moderne sur certains points, old-school sur d’autres, plus ou moins fidèle aux codes de la saga dont il introduit l’histoire. Une satisfaction, certes pas totale par rapport à l’attente suscitée à l’époque de sa sortie, mais une satisfaction quand même pour un film qui n’en est pas moins incomplet, en lui-même déjà, et qui devra faire office de tremplin aux suites (suites mais préquelles à… oui bon d’accord) qui je l’espère pousseront encore plus loin le niveau de grandiose.
Note : 7.75/10

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