Que ça plaise ou non, voici un des évènements du début
d’année ciné 2013 : le retour de Schwarzy sur grand écran. Certes le
« governator » avait déjà eu l’occasion de dire « I’m
back » dans le second Expendables, mais voici avec Le Dernier Rempart un
film à sa gloire, un film où il tient le rôle principal dumoins. Pas un
blockbuster, dans le sens où Le Dernier Rempart est un film plus proche de la
Série B, avec aux manettes le coréen Kim Jee-Woon notamment auteur de I Saw The
Devil qui aura plu aux trves cinéphiles (je n’en fait pas partie, donc je ne
l’ai jamais vu). Au programme donc, un « néo-western » d’action
moderne, avec des shérifs et du gros calibre. Mais aussi du FBI à costard et
des grosses cylindrées. Alors que penser de cette formule ? Va-t-on avoir
le droit à un Fast & Furious meets l’Effaceur, à un Go Fast meets
Terminator ? Sans aller jusque là, Le Dernier Rempart va nous offrir un
film à la croisée des chemins pour un divertissement plutôt réussi, mais au
bout du compte seulement.
A priori, ça devrait donc tartiner du poney. Le pitch est
simple, son développement aussi, ce qui nous place bien au-dessus d’un film
lambda d’EuropaCorp avec sa violence mêlée à un scénario indigent. Un gros
bonnet du cartel de la drogue (le bien nommé Cortez) doit être sorti de taule
pour être emmené à l’exécution par le FBI et le SWAT surarmé. Manque de pot,
notre dealer a des amis et trouve le moyen de s’évader rapidos mais pas
discrétos, au nez et à la barbe de l’agent Bannister (Forest Whitaker). Il va
donc au volant d’une Corvette « gonflée » s’enfuir vers la frontière
mexicaine où il trouvera le salut, dévastant tous les barrages sur son passage,
toujours grâce à son comité d’accompagnement et ses talents cachés de pilote. Comité
dont une partie prépare discrètement l’extradition de leur protégé dans une
petite bourgade juste à la frontière mexicaine. Bourgade dont Schwarzy alias
Ray est le shérif, qui ne se doute de rien au départ, passant son week-end
tranquillou. Mais lui est sa bande de bras cassés (un bleu, une fliquette
stressée mais motivée, un chicanos trapu, un petit délinquant en voie de
repentance et un excité de la gâchette) vont découvrir ce qui se trame et être
prévenus par le FBI de la fiesta qui se prépare dans leur trou perdu, et vont
devoir faire office de Dernier Rempart pour empêcher Cortez de fuir. A partir
de là, il n’y a aucune raison que ce film de ne finisse pas dans un déluge de
coups de feu.
« Arnold, on a un problème. »
Néanmoins, le film prend ses aises et se révèle dès le
départ, assez lent. Certes, il y a la phase de découverte des personnages,
surtout le Shérif Schwarzy et sa bande. Durant la grosse première heure du film
nous suivons donc en parallèle les pérégrinations de la bande de flics
campagnards, puis la fuite de Cortez et le duo infernal SWAT/FBI qui se casse
les dents dessus. Le tout finit par se rejoindre progressivement, avec la
découverte par la bande de Schwarzy du plan des sbires de Cortez suite au
meurtre d’un fermier, puis la mise en place de leur barrage de fortune.
L’histoire suit donc son cours et il ne se passe pas grand-chose d’intéressant,
hormis quelques scènes en bagnole qui envoient un peu (notamment le défonçage
spectaculaire d’un barrage policier) et une première fusillade où Schwarzy
pourra jouer du fusil à pompe. C’est classique dans la forme, finalement peu
audacieux, et on s’ennuie un peu. Mais dès l’arrivée de la bande à Cortez dans
la Schwarzy Town, le film va prendre une toute autre ampleur. Vous voyez Hot
Fuzz, avec son histoire tordue parfois un peu poussive avant son final en
fusillades qui arrachent ? Eh bien Le Dernier Rempart va jouer dans la
même cour. Le fond est d’ailleurs finalement le même : une bourgade
tranquille qui va se faire secouer les puces sans avertissement. La dernière
partie du film va donc jouer la carte des fusillades à gogo, avec en plus une
réalisation qui nous offre des effusions de sang à t’en remplir une citerne. Ça
mitraille à donf dans les épaules et dans les torses, ça snipe depuis les
toits, ça te balance des headshots à bout portant et ça t’en fait même exploser
à te répartir les 4 fers façon puzzle. Du pur Beat’em’all jouissif à souhait
pendant 20 minutes, le film se réveille et il fait mal ! On sautille sur
le fauteuil noir comme un gosse, avant de s’enquiller une poursuite finale avec
en point d’orgue un affrontement sur le pont. Il aura fallu attendre, mais
finalement Le Dernier Rempart parvient à envoyer la sauce comme prévu !
Alors bon au milieu de tout ça, le retour de Schwarzy a
finalement peu d’importance. Schwarzy est vieux et c’est lui-même qui le dit
(parce que moi, je n’oserai pas). Il fait donc du Schwarzy light, avec quelques
répliques cinglantes, de la fusillade, des interventions héroïques et un peu de
castagne (mais pas beaucoup). Botoxé et un peu rouillé, Schwarzy ne fera
probablement pas des films musclés Ad Vitam. Finalement son rôle de Shérif
retiré des affaires violentes lui va comme un gant, et il ne faudra (hélas) pas
s’attendre à un retour en fanfare de l’autrichien musclé avec Le Dernier
Rempart, même s’il sait encore dégommer un minimum. Dans Expendables 2 il était
limite plus en vue (ah le fameux coup de la Smart « qui fait la taille de
ma chaussure »…) ! Du coup, les autres acteurs parviennent à tirer
leur épingle du jeu. Eduardo Noriega, en Cortez jusqu’au-boutiste, est
convaincant même s’il aurait pu avoir un rôle plus charismatique. Forest Whitaker
en agent du FBI, ça sent le déjà-vu mais ce n’est pas très grave. Reste
l’équipe du Shérif très sympathique, dont Johnny Knoxville qui reprend encore
une fois le rôle du parfait crétin de service, et une belle nénette brune (il y
en a une autre, l’agent du FBI pris en
« otage », qui lui ressemble presque comme deux gouttes d’eau, c’est
curieux). Notons aussi l’excellent Peter Stormare en bras droit de Cortez un
peu lunatique et décalé, qui est une des bonnes surprises de ce film (qui plus
est doublé par le doubleur de Bruce Willis, du coup on a l’impression que ce
bon vieux Bruce est dans le film aussi, film où il aurait pu avoir toute sa
place).
Notons également que le film garde aussi un peu d’humour
latent tout du long (le coup du survet de l’équipe de foot des Pays-Bas est
hilarant), ce qui est un bon plus et nous fait définitivement classer Le
Dernier Rempart dans le rang des Séries B sans prétention autre que de divertir
à coups de balles perdues et de dialogues percutants. Un Hot Fuzz en moins
décalé et à ambiance « western à la frontière mexicaine », avec du
bolide qui fonce à 200 mph, voilà la recette inattendue du Dernier Rempart. Et
tout comme Hot Fuzz, ça ne fonctionne vraiment que quand ça dépote, dommage
qu’il faille attendre en se tournant les pouces mais finalement le film remplit
son contrat. Reste finalement l’attraction principale (et l’argument de vente
au passage) qui n’en est pas une, à savoir ce retour de Schwarzy un peu
anecdotique au final. Il faudra peut-être le revoir dans un autre registre pour
savoir si l’ami Arnold a de sérieuses intentions ou cherche surtout à arrondir
sa retraite, ou juste se faire plaisir… Mais quoi qu’il en soit, Le Dernier
Rempart reste un film sympathique qui, à l’occasion, fait du bien par là où il
passe. Et c’est déjà suffisamment efficace.
Note : 7.5/10
pas encore vu mais ton résumé est conforme à l'idée de ce que je me faisais du film
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