« Quand y’en a plus, y’en a encore »,
« N’en jetez plus, la coupe est pleine », on pourrait faire un
dropping de ce genre d’expressions. Alors qu’à une époque cinématographique,
les séries de films se limitaient à une bête trilogie (sauf certaines sagas
d’horreur ou autres séries B), la tendance actuelle c’est de presser le citron
jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que la pulpe et que la peau jaunisse les
doigts. Tant que ça marche, on continue… et voilà donc le sixième opus de la
saga Fast & Furious. Je ne vais pas en faire des tartines, tout le monde
connaît cette saga, ses bagnoles, Vin Diesel, Paul Walker, la fine équipe
variable qu’il y a derrière. Et inutile de dire que vu le genre, on aime ou
pas. Remontons un peu dans l’histoire de la saga et, pour mon cas
personnel :
- Fast & Furious posait les bases tout en
sobriété, il est presque culte désormais.
- 2 Fast 2 Furious était sorti en plein boom du
tuning et excelle dans ce domaine, et bien qu’il soit « léger » j’ai
envie de dire que ça demeure mon préféré.
- Fast & Furious : Tokyo Drift est une
sombre merde. Il n’y a rien à sauver là-dedans. L’action réduite à portion
congrue, les personnages nuls, l’histoire inintéressante, ce 3ème
opus est un splendide navet.
- Fast & Furious 4 joue avec brio la carte du
retour aux sources avec une histoire plus sombre.
- Fast 5 sentait déjà la franchise qui n’avait
plus d’idées. Heureusement le film était sauvé par la scène dantesque avec le
coffe-fort aux fesses.
Voilà donc le sixième épisode de la « série ».
On se demande même si à l’instar du Transporteur, la saga ne ferait pas mieux
de se porter sur le petit écran, même s’il serait difficile de conserver tous
les personnages. D’ailleurs, après un portage télé, Le Transporteur est en
passe de revenir sur grand écran… diantre. Avec une accroche nulle
(« Toutes les routes mènent à » : à quoi ?), voilà donc les
nouvelles aventures de gens avec des bolides.
Au menu de cet épisode ? Départ classique :
Dominic (Vin Diesel) et Brian (Paul Walker) se la coulent douce aux Îles
Canaries, et Mia (Jordana Brewster) vient d’accoucher de son premier enfant.
Débarque alors leur ancien ennemi Hobbs (Dwayne « The Rock » Johnson)
qui est désespéré d’en faire appel à Dom. Un ennemi insaisissable, Shaw (Luke
Evans), a mis le bazar à Moscou et se serait planqué à Londres dans le but
d’assembler une bombe. Pour appâter Dom, Hobbs lui présente un cliché pris
« il y a 8 jours » de… Letty (Michelle Rodriguez), laissée pour morte
dans Fast & Furious 4. Dom et Brian s’engagent donc avec Hobbs, accompagné
de toute la fine équipe : Roman (Tyrese Gibson), Tej (Ludacris), Han (Sung
Kang), Gisele (Gal Cadot), et Riley (Gina Carano) la nouvelle partenaire de
Hobbs. L’équipe va donc se mettre en chasse de Shaw, et tenter de récupérer
Letty afin de comprendre ce qu’il est advenu d’elle… et c’est parti pour des
scènes d’action avec des bagnoles.
D’ailleurs après 3 premiers opus orientés sur les courses
de voitures à proprement parler, la saga Fast & Furious est surtout devenue
un ensemble de films d’action où les bagnoles ne sont finalement qu’un prétexte
pour continuer à appeler le tout « Fast & Furious », même si les
courses clandestines sont toujours à l’honneur à un moment où à un autre… à
croire que c’est une obligation. Tout comme les multiples références aux
épisodes précédents et les relations entre personnages (cette fois-ci c’est
certain, Dom et Brian ne se méfient plus l’un de l’autre). Donc grosso-merdo,
Fast & Furious 6 c’est la suite du 4 et du 5. Le menu est toujours le même
et les scénaristes se sont un peu creusés la tête pour remettre une ex-star de
la saga, Michelle Rodriguez, dans la danse (après le dernier Resident Evil,
elle est abonnée aux retours inespérés, la verra-t-on dans Avatar 2 ?).
Pour un résultat et une explication bien discutables d’ailleurs. Enfin, trouver
des bonnes idées scénaristiques dans un Fast & Furious et en plus un 6… les
ficelles sont ici aussi grosses que des poteaux de but, et le pire c’est que ça
ne choque pas le moins du monde, obligeant définitivement le spectateur à débrancher son cerveau. Outre les facéties habituelles des personnages
(les vannes de Roman, le sérieux de Tej, le couple Han/Gisele, les combines de
Brian, les principes de Dom…), il ne reste que l’action à juger parce que le
reste, de toute manière, il est ce qu’il est en fin de compte. Comme une série
TV, les bases sont posées et il ne reste qu’à savoir ce que cet épisode a de
plus que les précédents.
Bonne nouvelle : Fast & Furious 6 est un Fast
& Furious dans la bonne moyenne. Mieux équilibré que Fast 5 déjà. Disons
que des grosses scènes d’action, il y en a quatre en tout (la première
poursuite, le bazar dans la gare, l’autoroute, le final). Il y a des bagnoles
(donc), des gadgets, un peu de bagarre, du gros arsenal, et sur cette base ça
poutre. Dommage que le film connaît une bonne longueur de derrière-les-fagots
en milieu de course, qui n’apporte pas grand-chose à un scénario qui ne se
distingue pas par son inventivité. Ni par sa crédibilité. D’ailleurs un
« sauvetage » spectaculaire intervient à un moment-clé du film, et le
moins qu’on puisse dire c’est qu’il est tout aussi WTF que certains trucs de Le
Transporteur 2 (mais lorsque toute la salle applaudit, c’est cocasse en fin de
compte). Le final est également bien taré d’ailleurs, la scène sur l’autoroute
aussi (cf. l'image ci-dessus), presque tout en fait. Ceci conjugué avec la réintroduction
semi-invraisemblable du personnage de Letty fait que le film ne brille pas par
son intelligence. Mais ce n’est pas ce qu’on attendait d’un Fast & Furious
et de l’action, il y en a et le contrat est rempli. Les bagnoles foncent et se
rentrent dedans, à la limite de la destruction massive par moments d’ailleurs.
A côté d’un ensemble de personnages sans véritable star (Dom et Brian ne sont
finalement que des membres de l’équipe), le méchant (Luke Evans) est plutôt
convaincant, même si un poil effacé. Il est d’ailleurs accompagné d’un
sympathique sbire bodybuildé qui donnera l’occasion à The Rock de faire quelques
bonnes prises de catch. Ajoutez à ça un caméo intéressant en toute fin (RYM,
wikipédia et toute la clique donnent un gros spoil…), et nous sommes au complet
pour ce 6ème épisode de Fast & Furious.
Le caméo final annonce à priori un 7. Et alors là, la
question se pose… qu’est-ce que la saga a encore à dire ? Pas grand-chose
à priori, hormis jouer sur les mouvements de personnages (deux vont partir,
vous verrez qui) et se trouver un nouveau méchant (ça c’est déjà fait et en
fait, c’est pas trop mal pour l'instant). Mais à part ça, remettre le duo Dom/Brian et
leurs potes, remettre des bagnoles et des scènes d’action, il n’y a pas
grand-chose de plus à faire. A quoi bon ? Mais tant que ça remplit des
salles, ça continuera, et comme un mouton je continuerai probablement à aller
les voir quitte à en sabrer un à l’occasion. Ce qui ne sera pas encore le cas
de Fast & Furious 6, heureusement ou hélas. Un Fast & Furious qui
balance de la bonne action (à la limite de la crédibilité mais en fait on s’en
fout), le reste est à oublier et de toute manière n’est pas très important. Un
film correct mais la saga se fixe des limites pour ne pas incommoder son
public, ce qui est finalement dommage, même sans creuser le scénario plus que
de raison on peut trouver matière à faire de bons rebondissements (parce que là
à part une trahison assez prévisible…), sans avoir à faire des rappels
grotesques aux précédents épisodes à tour de bras (Saw n’est pas loin). Changer
de réalisateur permettrait de mettre un peu de folie, mais la saga ne prendra
pas non plus ce risque. Bref, pour l’instant on restera sur un 6ème
opus un minimum palpitant pour son contexte habituel, on pestera sur les
approximations et le peu de perspectives sur la suite, et on constatera que la
série est désormais faite uniquement pour ses fans. Ceux qui n’aiment pas
n’auront pas à gueuler : ils sont restés sur le bas-côté depuis bien
longtemps. « Toutes les routes mènent à… Fast & Furious » :
oui, c’est bien ça finalement.
Note : 6.6/10
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