vendredi 24 mai 2013

Fast & Furious 6


« Quand y’en a plus, y’en a encore », « N’en jetez plus, la coupe est pleine », on pourrait faire un dropping de ce genre d’expressions. Alors qu’à une époque cinématographique, les séries de films se limitaient à une bête trilogie (sauf certaines sagas d’horreur ou autres séries B), la tendance actuelle c’est de presser le citron jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que la pulpe et que la peau jaunisse les doigts. Tant que ça marche, on continue… et voilà donc le sixième opus de la saga Fast & Furious. Je ne vais pas en faire des tartines, tout le monde connaît cette saga, ses bagnoles, Vin Diesel, Paul Walker, la fine équipe variable qu’il y a derrière. Et inutile de dire que vu le genre, on aime ou pas. Remontons un peu dans l’histoire de la saga et, pour mon cas personnel :
Fast & Furious posait les bases tout en sobriété, il est presque culte désormais.
2 Fast 2 Furious était sorti en plein boom du tuning et excelle dans ce domaine, et bien qu’il soit « léger » j’ai envie de dire que ça demeure mon préféré.
Fast & Furious : Tokyo Drift est une sombre merde. Il n’y a rien à sauver là-dedans. L’action réduite à portion congrue, les personnages nuls, l’histoire inintéressante, ce 3ème opus est un splendide navet.
Fast & Furious 4 joue avec brio la carte du retour aux sources avec une histoire plus sombre.
Fast 5 sentait déjà la franchise qui n’avait plus d’idées. Heureusement le film était sauvé par la scène dantesque avec le coffe-fort aux fesses.
Voilà donc le sixième épisode de la « série ». On se demande même si à l’instar du Transporteur, la saga ne ferait pas mieux de se porter sur le petit écran, même s’il serait difficile de conserver tous les personnages. D’ailleurs, après un portage télé, Le Transporteur est en passe de revenir sur grand écran… diantre. Avec une accroche nulle (« Toutes les routes mènent à » : à quoi ?), voilà donc les nouvelles aventures de gens avec des bolides.

Au menu de cet épisode ? Départ classique : Dominic (Vin Diesel) et Brian (Paul Walker) se la coulent douce aux Îles Canaries, et Mia (Jordana Brewster) vient d’accoucher de son premier enfant. Débarque alors leur ancien ennemi Hobbs (Dwayne « The Rock » Johnson) qui est désespéré d’en faire appel à Dom. Un ennemi insaisissable, Shaw (Luke Evans), a mis le bazar à Moscou et se serait planqué à Londres dans le but d’assembler une bombe. Pour appâter Dom, Hobbs lui présente un cliché pris « il y a 8 jours » de… Letty (Michelle Rodriguez), laissée pour morte dans Fast & Furious 4. Dom et Brian s’engagent donc avec Hobbs, accompagné de toute la fine équipe : Roman (Tyrese Gibson), Tej (Ludacris), Han (Sung Kang), Gisele (Gal Cadot), et Riley (Gina Carano) la nouvelle partenaire de Hobbs. L’équipe va donc se mettre en chasse de Shaw, et tenter de récupérer Letty afin de comprendre ce qu’il est advenu d’elle… et c’est parti pour des scènes d’action avec des bagnoles.


D’ailleurs après 3 premiers opus orientés sur les courses de voitures à proprement parler, la saga Fast & Furious est surtout devenue un ensemble de films d’action où les bagnoles ne sont finalement qu’un prétexte pour continuer à appeler le tout « Fast & Furious », même si les courses clandestines sont toujours à l’honneur à un moment où à un autre… à croire que c’est une obligation. Tout comme les multiples références aux épisodes précédents et les relations entre personnages (cette fois-ci c’est certain, Dom et Brian ne se méfient plus l’un de l’autre). Donc grosso-merdo, Fast & Furious 6 c’est la suite du 4 et du 5. Le menu est toujours le même et les scénaristes se sont un peu creusés la tête pour remettre une ex-star de la saga, Michelle Rodriguez, dans la danse (après le dernier Resident Evil, elle est abonnée aux retours inespérés, la verra-t-on dans Avatar 2 ?). Pour un résultat et une explication bien discutables d’ailleurs. Enfin, trouver des bonnes idées scénaristiques dans un Fast & Furious et en plus un 6… les ficelles sont ici aussi grosses que des poteaux de but, et le pire c’est que ça ne choque pas le moins du monde, obligeant définitivement le spectateur à débrancher son cerveau. Outre les facéties habituelles des personnages (les vannes de Roman, le sérieux de Tej, le couple Han/Gisele, les combines de Brian, les principes de Dom…), il ne reste que l’action à juger parce que le reste, de toute manière, il est ce qu’il est en fin de compte. Comme une série TV, les bases sont posées et il ne reste qu’à savoir ce que cet épisode a de plus que les précédents.

Bonne nouvelle : Fast & Furious 6 est un Fast & Furious dans la bonne moyenne. Mieux équilibré que Fast 5 déjà. Disons que des grosses scènes d’action, il y en a quatre en tout (la première poursuite, le bazar dans la gare, l’autoroute, le final). Il y a des bagnoles (donc), des gadgets, un peu de bagarre, du gros arsenal, et sur cette base ça poutre. Dommage que le film connaît une bonne longueur de derrière-les-fagots en milieu de course, qui n’apporte pas grand-chose à un scénario qui ne se distingue pas par son inventivité. Ni par sa crédibilité. D’ailleurs un « sauvetage » spectaculaire intervient à un moment-clé du film, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est tout aussi WTF que certains trucs de Le Transporteur 2 (mais lorsque toute la salle applaudit, c’est cocasse en fin de compte). Le final est également bien taré d’ailleurs, la scène sur l’autoroute aussi (cf. l'image ci-dessus), presque tout en fait. Ceci conjugué avec la réintroduction semi-invraisemblable du personnage de Letty fait que le film ne brille pas par son intelligence. Mais ce n’est pas ce qu’on attendait d’un Fast & Furious et de l’action, il y en a et le contrat est rempli. Les bagnoles foncent et se rentrent dedans, à la limite de la destruction massive par moments d’ailleurs. A côté d’un ensemble de personnages sans véritable star (Dom et Brian ne sont finalement que des membres de l’équipe), le méchant (Luke Evans) est plutôt convaincant, même si un poil effacé. Il est d’ailleurs accompagné d’un sympathique sbire bodybuildé qui donnera l’occasion à The Rock de faire quelques bonnes prises de catch. Ajoutez à ça un caméo intéressant en toute fin (RYM, wikipédia et toute la clique donnent un gros spoil…), et nous sommes au complet pour ce 6ème épisode de Fast & Furious.

Le caméo final annonce à priori un 7. Et alors là, la question se pose… qu’est-ce que la saga a encore à dire ? Pas grand-chose à priori, hormis jouer sur les mouvements de personnages (deux vont partir, vous verrez qui) et se trouver un nouveau méchant (ça c’est déjà fait et en fait, c’est pas trop mal pour l'instant). Mais à part ça, remettre le duo Dom/Brian et leurs potes, remettre des bagnoles et des scènes d’action, il n’y a pas grand-chose de plus à faire. A quoi bon ? Mais tant que ça remplit des salles, ça continuera, et comme un mouton je continuerai probablement à aller les voir quitte à en sabrer un à l’occasion. Ce qui ne sera pas encore le cas de Fast & Furious 6, heureusement ou hélas. Un Fast & Furious qui balance de la bonne action (à la limite de la crédibilité mais en fait on s’en fout), le reste est à oublier et de toute manière n’est pas très important. Un film correct mais la saga se fixe des limites pour ne pas incommoder son public, ce qui est finalement dommage, même sans creuser le scénario plus que de raison on peut trouver matière à faire de bons rebondissements (parce que là à part une trahison assez prévisible…), sans avoir à faire des rappels grotesques aux précédents épisodes à tour de bras (Saw n’est pas loin). Changer de réalisateur permettrait de mettre un peu de folie, mais la saga ne prendra pas non plus ce risque. Bref, pour l’instant on restera sur un 6ème opus un minimum palpitant pour son contexte habituel, on pestera sur les approximations et le peu de perspectives sur la suite, et on constatera que la série est désormais faite uniquement pour ses fans. Ceux qui n’aiment pas n’auront pas à gueuler : ils sont restés sur le bas-côté depuis bien longtemps. « Toutes les routes mènent à… Fast & Furious » : oui, c’est bien ça finalement.
Note : 6.6/10

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