Je ne vais pas revenir en détail sur District 9, le
premier long-métrage de Neill Blomkamp qui a fait l’objet de ma précédente
critique. Ce film est entré dans l’histoire du cinéma et quatre ans plus tard,
la seconde œuvre du réalisateur Sud-Africain est pour le moins attendue.
Enigmatique au départ, Elysium a fini par se dévoiler d’un coup d’un seul avec
un trailer pétaradant. C’est dit, Blomkamp va se lâcher avec le budget qu’on
lui a alloué, mais ce n’est pas pour autant qu’il va abandonner ses messages
humanistes. Elysium se présente à nouveau comme un film social doublé d’une
redoutable œuvre de science-fiction, avec un peu d’action pour pouvoir se
retrouver dans la case « blockbuster ». La recette a fait ses preuves
pour District 9, son « successeur » était donc attendu comme étant la
tuerie de l’année. Allez, on y va tout de suite, on rentre direct dans le vif
du sujet, on ne cherche pas à meubler ce premier paragraphe plus que de raison.
Hop hop hop.
En 2154, la Terre a été abandonnée par les élites qui
sont allées s’installer sur une station spatiale de luxe en orbite, Elysium.
Les pauvres sont restés sur la planète qui est devenue un gigantesque
bidonville. Max (Matt Damon), un repris de justice presque repenti, travaille à
Los Angeles pour le compte de la société Armadyne, qui fabrique les robots qui
contrôlent désormais la population terrienne. Mais suite à une irradiation
accidentelle, Max n’a plus que 5 jours à vivre. Seules les machines médicales
présentes sur Elysium pourraient lui sauver la vie. Pour pouvoir atteindre la
station spatiale, il s’allie avec Spider (Wagner Moura) dans le but de voler
des informations à Carlyle (William Fichtner), le président d’Armadyne. Mais ce
dernier est impliqué dans un complot politique fomenté par la secrétaire à la
défense d’Elysium (Jodie Foster). Le vol des informations détenues par Carlyle
va donc compliquer les choses pour Max, doté d’un puissant exosquelette, qui va
se retrouver avec le redoutable Kruger (Sharlto Copley) à ses trousses, et va
embarquer dans sa galère Frey (Alice Braga), une amie d’enfance qui cherche à
gagner Elysium pour soigner sa fille…
District 9 avait un message humaniste sous-jacent qui ne
perturbait à aucun moment le visionnage. Ici, le côté humaniste est encore plus
présent, mais à nouveau cela n’empêche à aucun moment de se focaliser sur la
science-fiction proposée. D’ailleurs le « message » est le seul
rapport que l’on peut faire entre District 9 et Elysium car pour le reste, ça
n’a plus rien à voir. Exit le côté documentaire foutraque de District 9 et
place à un film d’action/SF résolument futuriste. Neill Blomkamp a exploité à
fond les deniers fournis par Hollywood, pour le meilleur (c’est aussi bien
foutu que District 9 et les scènes plus spatiales sont superbes) et pour le
pire (il se lâche sur des ralentis inutiles façon Zack Snyder et n’est pas le
plus doué pour filmer les combats, qui sont ici bordéliques). Côté action et
décors, que ce soit la Terre décrépie ou le fringant Elysium, on est servi sans
partir dans des exagérations inutiles (même si Blomkamp nous ressert ses morts
« façon puzzle », et un tas d’armes high-tech), ce n’est pas vraiment
un film d’action (certaines scènes évoquent plus les films de guerre à l’instar
de District 9 d’ailleurs) et il y a juste ce qu’il faut. Côté scénario tout est
bien goupillé, si les rebondissements importants sont rares l’histoire pose ses
pions comme il faut. Tout est guidé par le côté humaniste de l’ensemble, avec
des pauvres prêts à tout pour sauver leur peau et des riches dont la cruauté et
le dédain pour ceux « d’en bas » n’a pas d’égal. Cliché ? Non,
tout ceci était attendu et tout simplement, Elysium tient toutes ses promesses.
Blomkamp peut faire mieux, mais il débute dans la réalisation à gros budget et
on pardonne les quelques approximations d’usage.
Max De Costa succède à l’inénarrable Wikus Van De Merwe
et l’exploitation des personnages sont similaires. Le héros et faible et va
devoir se surpasser pour se sortir de la galère. Matt Damon campe donc un
personnage fringant au départ, mais qui rongé par la maladie va s’affaiblir
sérieusement, et va devoir compter sur son exosquelette et ses médocs pour s’en
sortir, et surtout donner un coup de semonce sur la fin. Blomkamp possède donc
un certain savoir-faire pour créer une histoire à partir de personnages à fleur
de peau, et si Matt Damon n’est pas spécialement impressionnant il fait le
boulot avec brio. Sharlto Copley, héros de District 9, change de camp et campe
ici le némésis de Max. Une fausse bonne idée car le personnage de Kruger n’est
pas vraiment convaincant, je pense qu’il aurait pu être encore plus taré et
Copley n’est pas forcément super crédible dans le rôle. Jodie Foster et William
Fichtner sont eux parfaits dans leur rôle de riches nantis qui n’ont que bien
peu de considération pour les pouilleux de la Terre, ils renforcent d’autant
plus le message du film de par leurs personnages hautement détestables. Alice
Braga ne fait rien de remarquable mais ce n’est pas très grave, et on
retrouvera quelques personnages secondaires amusants, des sbires de Kruger aux
potes de Max et de Spider (très bon Wagner Moura).
Alors certes, Elysium n’est pas exceptionnel, ce n’est
pas le film du siècle et en ce qui me concerne pas celui de l’année (la baffe
de Man Of Steel fait encore mal), mais la déception n’est pas au rendez-vous.
Ce film est conforme aux attentes, ni plus ni moins. Il n’y a donc pas vraiment
de surprise et des petits défauts (de réalisation notamment, et Sharlto Copley)
viennent ternir le tableau, mais ce qui est sûr c’est que Elysium est un
excellent blockbuster SF. District 9 est meilleur, mais hormis le message et
l’exploitation du personnage principal ce n’est pas comparable. Les décors sont
bons, le scénario est bon, les personnages sont bons, on ne s’ennuie pas (aucune
longueur n’est à déplorer en 1h50) et le film a le bon goût de ne pas partir
dans l’excès au niveau de l’action. De l’action/SF intelligente qui, toutes
proportions gardées, me fait penser à ce qu’Andrew Niccol avait fait avec Time
Out il y a deux ans, même si l’ensemble est totalement différent (l’univers
spécifique à Time Out étant remplacé par un apparat futuriste légèrement
post-apo). Neill Blomkamp doit encore progresser pour devenir un bon réalisateur
de blockbuster, mais au moins sa patte est présente de même que son discours
humaniste qui reste contrôlé et ne s’improvise jamais donneur de leçons. Un
blockbuster SF toujours à part même si « normalisé » sur certains
points, qui ne restera pas dans les annales comme District 9, mais qui est tout
de même suffisamment bien torché pour faire partie des films marquants de cette
année.
Note : 8.5/10
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