vendredi 2 août 2013

Insaisissables

Eh bien dites-donc, en cette année 2013 on croirait que les magiciens, illusionnistes et autres prestigidateurs sont à la mode. Après The Incredible Burt Wonderstone (ou plutôt avant, s’il daigne sortir un jour en France), voilà Insaisissables. Un film dont je n’avais d’ailleurs jamais entendu parler seulement deux semaines avant sa sortie, découvert au détour du mag Côté Ciné et de la bande-annonce vue avant Pacific Rim. Le film américain avec un réalisateur français (Louis Leterrier) et des acteurs français. Pas de Bessonerie et Insaisissables semble être une production à part. Je n’ai donc vu que bien peu de promotion autour de ce film voulant mêler magie et action, pourtant son démarrage en salles semble plus que satisfaisant. C’est l’effet « film américain fait par des français » ? Toujours est-il que le pitch original et la bande-annonce semble alléchante. J’ai donc préféré ce film sorti de nulle part à R.I.P.D. sorti le même jour. Sachant que ce dernier fait peur (en termes de qualité, pas parce qu’il y a des fantômes), qu’a Insaisissables comme arguments pour sortir vainqueur de ce match du 31 juillet ?

Quatre magiciens talentueux mais un brin malhonnêtes sont réunis à New York par un mystérieux messager : Daniel Atlas (Jesse Eisenberg) un habile manipulateur de cartes, Merritt McKinney (Woddy Harrelson) un mentaliste hypnotiseur et arnaqueur, Jack Wilder (Dave Franco, oui le « frère de ») un plieur de cuillères doublé d’un pickpocket, et Henley Reeves (Isla Fisher) une habituée aux numéros d’évasion dangereux. Un an après leur rencontre, les quatre cavaliers (« The Four Horsemen » en VO, oui oui comme Metallica) ont bien monté leur affaire grâce aux deniers de Tressler (Michael Caine), et à l’occasion d’un spectacle à Las Vegas ils vont présenter un tour bien particulier : un braquage d’une banque française à distance. Un tour de magie pour distribuer des € au public qui va de suite attirer l’attention du FBI et d’Interpol. Dylan Rhodes (Mark Ruffalo) et Alma Dray (Mélanie Laurent) vont donc se retrouver à leurs trousses, en essayant de les empêcher de jouer d’autres mauvais tours. Ils vont alors devoir solliciter l’aide de Thaddeus Bradley (Morgan Freeman), un magicien spécialisé dans le démontage et l’explication des tours de magie… Mais les quatre cavaliers sont insaisissables et essayent de leur côté d’atteindre leur but, très mystique…

« Ne bougez plus. »

Si le film était présenté comme un mix entre de l’action et de la magie, il laisse surtout -voire presque toute- la place à la deuxième composante. On aurait envie de dire tant mieux, car se retrouver avec une Bessonerie ou de l’action à donf (Louis Leterrier a réalisé les deux premiers Transporteur, Danny The Dog, L’Incroyable Hulk…) n’était pas forcément adapté à un film sur la magie. Pourtant, cela aurait pu donner un peu plus de punch à un film plus bavard que palpitant. L’action, c’est un peu de bagarre et une poursuite en voiture (qui se suivent d’ailleurs), et c’est tout. Tout le reste est centré sur la magie, avec les tentatives de Dylan pour y comprendre quelque chose, décortiquer les évènements, anticiper et essayer d’avoir un coup d’avance sur les magiciens, ou de ne pas en avoir trop de coups de retard. Le film, qui joue pourtant la carte d’une longe intro histoire de présenter les personnages et se mettre dans le bain (la scène à Las Vegas avec le braquage de banque intervient finalement assez tard, même si c’est de l’ordre du relatif), souffre bien vite de longueurs avec des dialogues et autres explications de Thaddeus, avant de se réveiller sensiblement sur la fin. Plus que les pérégrinations des 4 magiciens, l’action principale se situe surtout autour de Dylan et de ses tentatives pour les retrouver et les arrêter, ce qui nous donne des intrigues secondaires qui deviennent bien vite tertiaires… et on aurait plus aimé avoir le point de vue des magiciens et leur « quête » plus en détail.

Du coup le scénario est légèrement étriqué mais il n’en souffre pas tant que ça. Rien n’est trop tordu dans ce film, ce qui est un bon et un mauvais point, car c’est facile à suivre (il faut être bien éveillé quand même) mais on sent que le film aurait pu aller plus loin. Certains rebondissements sont prévisibles, d’autres beaucoup moins (je pense à la révélation fracassante à la fin, peut-être un peu grotesque d’ailleurs mais ça tient la route et dénoue le tout). Le film se laisse suivre mais se masque derrière une fausse complexité au final, comme les illusions qu’il présente. On se prend plus de sympathie pour ce quatuor de magiciens qui ont plus d’un tour dans leur sac (avec quelques trucs bluffants), ainsi que pour l’équipe de bras cassés qui essayent de les empêcher de « nuire », et qui souffrent de leurs coups tordus, que pour l’histoire en elle-même. Le film est surtout axé sur certaines doctrines de la magie, style « regardez plus près » ou « le magicien détourne votre attention », ce qui est le point fort du film qui a vraiment tout misé sur les concepts de la magie. Les acteurs portent également le film, notamment Mark Ruffalo excellent de bout en bout (c’est presque le personnage principal), ainsi que les 4 cavaliers bien qu’il manque un petit quelque chose pour donner à leurs personnages plus de relief, ce qui rejoint ce que je disais sur le fait qu’ils passent trop au second plan. Morgan Freeman et Michael Caine font (respectivement) du Morgan Freeman et du Michael Caine, et c’est très bien. Quand à nos deux frenchies, c’est là que ça coince : Mélanie Laurent est vraiment peu convaincante, à des années-lumière de Inglorious Basterds (donc on ne brandira pas l’excuse « premier film international »), quant à José Garcia c’est plus de la figuration qu’autre chose… c’est juste histoire de dire qu’on a mis un français pour jouer un français, voilà quoi.

Ce qui est le plus à déplorer concernant Insaisissables, c’est surtout qu’il soit anecdotique. Le pitch est original, l’univers de la magie bien mis en valeur, mais sinon ce film difficile à classer (ni trop action, ni vraiment thriller, un peu policier, un peu comédie, fantastique sans l’être…) a finalement trop peu d’arguments pour rester dans les mémoires. C’est un film un minimum bien ficelé qui brode autour de l’univers de la magie et d’histoires de vols et braquages, parfois avec brio, mais dans l’ensemble assez inégal et qui aurait bénéficié de l’apport d’un peu plus de folie. Trop timide pour se démarquer de la masse, souffrant de longueurs et d’un manque de développement de certains points, Insaisissables se pose finalement comme une sortie franco-américaine assez mineure (d’ailleurs les effets spéciaux ne sont pas géniaux). C’est sympathique à suivre mais ça ne va pas franchement chercher bien loin. Ça plaira à ceux qui sont du genre à suivre les émissions « comment sont fait les tours de magie » présentés il fut un temps par Denis Brogniart sur une obscure chaîne de la TNT, pour les autres ça sera une curiosité, pas la bouse de l’année mais pas un film qui tutoiera le Top Ten. Insaisissables était prometteur, mais on reste un peu sur sa faim et il y avait avec certitude moyen de faire mieux au global. C’est un peu dommage.
Note : 6/10

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