jeudi 14 février 2013

Ronin


Il y a des films comme ça, que l’on trouve sous- ou mésestimés (et j’en aurai un paquet à vous citer). En voilà un qui semble en faire partie. Il s’agit de Ronin, film de John Frankenheimer datant de 1998. Si j’en crois mon magazine TV qui le dépeint à chacune de ses nombreuses rediffusions comme « plat », ce film ne semble pas être considéré comme un classique, loin de là. Pourtant il est plutôt bien noté sur RYM, ce qui me rassure un peu. Peut-être est-il surtout connu pour être un film avec Robert De Niro, et qui a été tourné en France. Mais même si le bon Robert est la vedette du film -avec le local Jean Reno- et que les décors naturels parisiens, de la côte d’Azur et d’Arles ont leur charme, Ronin c’est un peu plus que ça. C’est un thriller d’action redoutable d’efficacité, tout en faisant preuve d’une certaine simplicité et sobriété, ce qui fait toute la différence.

L’histoire tout d’abord : à Paris, l’irlandaise Deirdre (Natascha McElhone) recrute une fine équipe de mercenaires, notamment des anciens du KGB et de la CIA en cavale, pour une mission ordonnée par un commanditaire secret : récupérer une mallette détenue par des truands, avant qu’elle ne soit vendue à des russes. Avec le peu d’infos et un matos restreint, la dream team doit mener sa mission à bien, pour pouvoir récupérer leur gracieux salaire. Mais alors qu’elle planifie les opérations, l’équipe menée par Sam (Robert De Niro) va devoir affronter des fortunes diverses : la difficulté du terrain bien évidemment, la froideur de Deirdre qui garde bien aux chaud ses secrets sur les commanditaires de l’opération, mais également les propres démons de mercenaires pas très clairs, Spence (Sean Bean) en tête, mais également un des leurs qui va être à l’origine d’une trahison spectaculaire. Sam et Vincent (Jean Reno) vont donc devoir recoller les bouts et récupérer la mallette coûte que coûte, tiraillée entre russes et irlandais. Mais là-dedans les objectifs de Sam sont bien précis…

« Y'a quoi dans la mallette ? »

Et au milieu de tout ça, John Frankenheimer nous colle un paquet d’action. Fusillades, flinguages, poursuites épiques en bagnole, moments de bravoure « tu m’as sauvé la vie mon frère », tout y passe dans un film au rythme assez soutenu mais qui sait envoyer le pâté quand il faut. On pourrait presque penser à une prod Besson, poursuites de folie, meurtres de pauvres gens à l’appui et méchants pas beaux à l’appui, mais nous avons ici droit à un scénario tout à fait limpide, émaillé de coups de théâtre et révélations maintenant une tension palpable. Frankenheimer a également joué la carte de la sobriété en livrant un film très réaliste, qui ne part jamais dans le déluge d’effets spéciaux ou de cascades WTF. L’aspect tellement réaliste pourra rebuter, la froideur du récit étant pourtant savamment calculée et dosée, ne donnant que de très rares longueurs. C’est certes poli et (très) sobre, mais tout de même relativement dynamique. Ce thriller varié est donc parfaitement équilibré, excellemment ficelé et ne laisse rien au hasard, dans un ensemble certes classique mais bien fait et bien joué. On regrettera peut-être quelques grosses ficelles ici et là, notamment dans le comportement de ces « agents » qui ont toujours une solution à tout et ont toujours des potes dans le coin, mais cela nous donne également un film particulièrement méticuleux et réfléchi, un genre de film que je trouve bien trop rare.

Un autre atout qu’a Ronin dans son jeu, c’est son casting faramineux. Visez un peu : Robert De Niro, Jean Reno, Stellan Skarsgård, Sean Bean, Jonathan Pryce, Michael Lonsdale… du 4 étoiles. Les deux premiers font peut-être du déjà vu pour eux, mais ça fonctionne. Les autres sont, dans leurs registres respectifs, tout à fait excellents. Le seul bémol que je mettrai sera pour Natascha McElhone, qui est tellement à fond dans l’aspect froid du film qu’elle en devient assez agaçante (son seul sourire sera… calculé pour les besoins de l’opération). Le film joue également sur la fraternité naissante entre Robert De Niro et Jean Reno, qui vont devoir se faire confiance avec leurs principes. Le premier joue d’ailleurs à la perfection son rôle de chef d’équipe qui va devoir sauver la situation, étant le point d’ancrage de l’aspect méticuleux du film. Reste alors le cas du mystérieux Spence (Sean Bean), qui disparaît après la première partie du film. Quel était exactement son rôle ? Qui était-il ? Des questions qui ne trouveront pas réponse, même si on peut se faire des suppositions évidentes. Toujours est-il que son apport au film est finalement assez inutile, surtout par rapport à la « morale » voulue, notamment autour du concept de Ronin (c’est quoi ? regardez le film pour voire Michael Lonsdale vous donner l’explication).

Au bout du compte, ce film que j’ai déjà vu 4 ou 5 fois est toujours aussi plaisant à regarder, même en connaissant le scénario (sur ce revisionnage, je ne me souvenais plus du véritable rôle de Sam dévoilé à la fin, comme quoi on redécouvre toujours des choses). John Frankenheimer signe donc un thriller d’action sobre et réaliste, mais efficace avec un scénario travaillé, nous offrant un film méticuleux à souhait, porté par un casting d’enfer. Même s’il date de 1998, ce film n’a pas pris une ride, même si au lieu de rouler en grosse BM ou Audi les protagonistes se pourchassent en CX ou en 405 (voire même en 406, ce qui devait être un luxe à l’époque). Il passe tellement sur la TNT (sur ce coup c’était carrément France 3 !) que l’on pourrait penser que c’est un fond de tiroir, mais il n’en est rien. La prochaine fois si vous ne l’avez jamais vu, il ne faudra donc pas le manquer. Un film qui peut rebuter par sa froideur (c’est sûr que niveau action on a vu des choses plus percutantes depuis) mais Ronin parvient parfaitement à remplir son rôle de divertissement un minimum réfléchi.

Note : 8/10

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