Jack Reacher : Never Go Back (ou Jacques Richert :
ne r’viens jâmais ôn ârrière hé au Québec) fait suite à Jack Reacher (tout
court) qui date de 2012. Enfin « fait suite », ce n’est pas tout à
fait exact, car pour une fois ce « 2 » n’en est pas vraiment, voire
pas du tout, ce n’est ni une suite ni un prequel (préquelle au Québec - c’est
peut-être un quelconque mot d’argot tiens). Tout simplement parce que chacun
des deux films sortis sur le personnage de Jack Reacher sont adaptés des
bouquins éponymes de Lee Child. Si le premier film s’attardait sur le 9ème
tome dénommé « Folie Furieuse », Never Go Back adapte lui la 18ème
des aventures du personnage ici campé par Tom Cruise. Enfin bon, ça pourrait
tout de même être une suite… mais non. Le seul rapport est ici Jack Reacher.
Tout ceci pour faire suite pour adapter une autre aventure du redresseur de torts
américain. Et il faut dire que le premier film avait été une bonne surprise,
entre actioner pas trop explosif et thriller à scénario retors. Il avait été
aussi porté par un héros légèrement badass, dépeint sous un angle plus réaliste
que la moyenne, bien mis en valeur au sein d’un film sombre un petit peu amoral
par moments. Cela avait d’ailleurs suffi à donner un coup de pouce à
Christopher McQuarrie, qui a ensuite continué à collaborer avec Tom Cruise pour
quelque chose de bien plus gros, à savoir Mission Impossible 5 : RogueNation. McQuarrie a d’ailleurs du renoncer à tourner cette suite ce 2ème
opus de Jack Reacher. Edward Zwick a récupéré le bébé, qui a un challenge assez
simple finalement, faire-aussi-bien-que-le-premier.
Jack Reacher (Tom Cruise), l’ex « major » de l’armée
américaine chargé d’enquêtes internes, continue à vagabonder et à jouer les
justiciers. C’est ainsi que pour le compte du Major Turner (Cobie Smulders), il
arrête un flic corrompu qui s’adonnait à du trafic de clandestins. Jack
sympathise avec Turner et souhaiterait même un petit peu la rencarder. Il finit
par venir à sa rencontre à sa base, mais sur place, il apprend que celle-ci a
été mise aux arrêts, pour des prétendus faits d’espionnage sur des dossiers
sensibles en Afghanistan. Ne croyant pas à ces accusations, il finit par
fourrer son nez dans ces affaires. En cavale, Reacher et Turner sont donc
poursuivis par la police militaire et aussi par la société ParaSource,
sous-traitant indépendant de l’armée qui serait mêlé au complot, et qui a
envoyé son meilleur élément (Patrick Heusinger) pour chasser les fugitifs… Pour
couronner le tout, Reacher découvre qu’il serait père d’une fille de 15 ans,
Samantha (Danika Yarosh), qui va également se retrouver menacée par les
évènements…
Alors, on prend les mêmes le même et on recommence ?
Cela aurait pu être le credo facile de Jack Reacher : Never Go Back, mais
la réalité sera plus complexe que ça. Totalement indépendant de Jack Reacher
premier-film-du-nom, à tel point qu’on aurait même pas eu besoin de voir le
premier film si ce n’est pour mieux connaître le héros, Jack Reacher :
Never Go Back tranche avec son « prédécesseur » et porte bien son nom :
ne jamais revenir en arrière (comme le disait Clovis Cornillac dans Eden Log), continuer à fuir. Après un Jack Reacher qui
exploitait à fond son « enquête » et ses ramifications, ce film se
pose comme une grosse course-poursuite. Avec bien peu de temps morts même si la
seconde partie du film est un peu plus posée grâce au personnage de Sam’, Jack
Reacher : Never Go Back est donc plutôt haletant. Toujours à la lisière
entre Action et Thriller, ce film remplit aisément son office et ce qu’on
attend du genre. Et retient les bonnes leçons qui jalonnaient la première
aventure, à savoir un côté plus réaliste, jusque dans les combats, toujours
aussi efficaces et durs : ici, pas de John McClane increvable, les héros
et némésis ont mal après 2-3 coups, faiblissent, et ont même du mal à se
remettre. Plus viscéral et organique que la moyenne, ces deux opus de Jack
Reacher sont donc assez rafraîchissants et offrent une autre vision de ce qu’on
voit d’habitude dans les blockbusters. Ajoutez à ça de petites pointes d’humour
(le coup de la « berline noire » est savoureux) et la personnalité de
Reacher, qualités comme défauts, toujours bien présente, et on parvient à tenir
à nouveau la cadence et la forme de Jack Reacher même si des changements
radicaux sont apparus sur le fond, au niveau du scénario comme des à-côtés.
Moins sombre (et plus avare en punchlines aussi), Jack
Reacher : Never Go Back peut apparaître moins efficace que Jack Reacher,
mais l’ensemble tient tout de même la comparaison de manière plus qu’honnête.
Si c’est surtout le rythme qui rend le film haletant, on pourra toutefois
regretter le scénario mystérieux de l’autre opus (qui se finissait abruptement d'ailleurs). Ici tout paraît trop
simpliste, et certains rebondissements sont prévisibles. C’est un peu dommage
dans l’absolu mais l’équilibre s’est déplacé ailleurs. Tom Cruise a bien
renfilé le costume du jusqu’au-boutiste Jack Reacher, le personnage est
toujours malin et perspicace même s’il met moins en valeur ces qualités ici,
préférant ses aptitudes au combat. Dans le rôle du némésis, Patrick Heusinger
succède bien à Jai Courtney, même si là aussi leurs personnalités sont bien
différentes, même si nous tenons deux bons méchants impitoyables. Le bémol me
semble être Cobie Smulders, qui fait trop « Agent Hill » et n’apporte
pas de réelle plus-value. On s’attardera plus sur Danika Yarosh, un peu en mode
« Britt Robertson dans Tomorrowland », même si elle se retrouve dans
un Thriller autrement plus réaliste. Le reste est diablement secondaire et ça
manque même de gros noms outre le duo Cruise-Smulders (et encore, elle n’est
guère connue que des suiveurs de Marvel et de How I Met Your Mother…), on
retiendra quand même Robert Knepper et son sourire bien vicieux en guise de Big
Boss des peu fréquentables ParaSource.
Avec son final moins épique, Jack Reacher : Never Go
Back est tout de même un peu inférieur à Jack Reacher, qui se bonifie avec le
temps d’ailleurs. Mais il est difficile de comparer les deux opus de manière
brute, tant ils se distinguent sur de nombreux points, tout en gardant
savamment certains éléments. Mais même le personnage de Jack Reacher n’y fait
pas forcément la même chose, ce qui donne un univers bien varié et ce en deux
films seulement. Après un premier opus prenant et méticuleux, ce second volet
reste accrocheur et suffisamment efficace, jouant plus sur son côté course-poursuite haletante, au
détriment d’une histoire plus consistante. D’ailleurs le pan de l’histoire
concernant Reacher et Samantha semble un peu de trop, mais ma foi, si c’est
dans le bouquin… Jack Reacher : Never Go Back ne fait pas insulte à son
prédécesseur, au contraire il parvient aisément à le compléter grâce à son
traitement sensiblement différent. Ensuite, il est vrai que Jack Reacher avait
pour lui son côté plus froid autour de son personnage intelligent mais sans
pitié, mais c’est une question de goûts. Peut-être trop classique pour un
actioner-thriller, Jack Reacher : Never Go Back est pourtant plus qu’honnête
en son genre, qui fait bien son office à cette période de l’année (en plus les
évènements se passent au moment d’Halloween, c’est le bon moment), loin des
blockbusters de l’été que l’entité Jack Reacher n’a peut-être pas la prétention
d’égaler. Si vous voulez bien donner à nouveau 0.003% du prix du billet à l’Eglise
de Scientologie, Jack Reacher : Never Go Back sera un bon divertissement
pour sortir de votre grotte pendant les vacances de Toussaint… c’est ça de
pris, en attendant d’éventuelles autres aventures, et il y a du stock.
Note : 7.5/10
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