mardi 25 octobre 2016

Jack Reacher : Never Go Back


Jack Reacher : Never Go Back (ou Jacques Richert : ne r’viens jâmais ôn ârrière hé au Québec) fait suite à Jack Reacher (tout court) qui date de 2012. Enfin « fait suite », ce n’est pas tout à fait exact, car pour une fois ce « 2 » n’en est pas vraiment, voire pas du tout, ce n’est ni une suite ni un prequel (préquelle au Québec - c’est peut-être un quelconque mot d’argot tiens). Tout simplement parce que chacun des deux films sortis sur le personnage de Jack Reacher sont adaptés des bouquins éponymes de Lee Child. Si le premier film s’attardait sur le 9ème tome dénommé « Folie Furieuse », Never Go Back adapte lui la 18ème des aventures du personnage ici campé par Tom Cruise. Enfin bon, ça pourrait tout de même être une suite… mais non. Le seul rapport est ici Jack Reacher. Tout ceci pour faire suite pour adapter une autre aventure du redresseur de torts américain. Et il faut dire que le premier film avait été une bonne surprise, entre actioner pas trop explosif et thriller à scénario retors. Il avait été aussi porté par un héros légèrement badass, dépeint sous un angle plus réaliste que la moyenne, bien mis en valeur au sein d’un film sombre un petit peu amoral par moments. Cela avait d’ailleurs suffi à donner un coup de pouce à Christopher McQuarrie, qui a ensuite continué à collaborer avec Tom Cruise pour quelque chose de bien plus gros, à savoir Mission Impossible 5 : RogueNation. McQuarrie a d’ailleurs du renoncer à tourner cette suite ce 2ème opus de Jack Reacher. Edward Zwick a récupéré le bébé, qui a un challenge assez simple finalement, faire-aussi-bien-que-le-premier.

Jack Reacher (Tom Cruise), l’ex « major » de l’armée américaine chargé d’enquêtes internes, continue à vagabonder et à jouer les justiciers. C’est ainsi que pour le compte du Major Turner (Cobie Smulders), il arrête un flic corrompu qui s’adonnait à du trafic de clandestins. Jack sympathise avec Turner et souhaiterait même un petit peu la rencarder. Il finit par venir à sa rencontre à sa base, mais sur place, il apprend que celle-ci a été mise aux arrêts, pour des prétendus faits d’espionnage sur des dossiers sensibles en Afghanistan. Ne croyant pas à ces accusations, il finit par fourrer son nez dans ces affaires. En cavale, Reacher et Turner sont donc poursuivis par la police militaire et aussi par la société ParaSource, sous-traitant indépendant de l’armée qui serait mêlé au complot, et qui a envoyé son meilleur élément (Patrick Heusinger) pour chasser les fugitifs… Pour couronner le tout, Reacher découvre qu’il serait père d’une fille de 15 ans, Samantha (Danika Yarosh), qui va également se retrouver menacée par les évènements…


Alors, on prend les mêmes le même et on recommence ? Cela aurait pu être le credo facile de Jack Reacher : Never Go Back, mais la réalité sera plus complexe que ça. Totalement indépendant de Jack Reacher premier-film-du-nom, à tel point qu’on aurait même pas eu besoin de voir le premier film si ce n’est pour mieux connaître le héros, Jack Reacher : Never Go Back tranche avec son « prédécesseur » et porte bien son nom : ne jamais revenir en arrière (comme le disait Clovis Cornillac dans Eden Log), continuer à fuir. Après un Jack Reacher qui exploitait à fond son « enquête » et ses ramifications, ce film se pose comme une grosse course-poursuite. Avec bien peu de temps morts même si la seconde partie du film est un peu plus posée grâce au personnage de Sam’, Jack Reacher : Never Go Back est donc plutôt haletant. Toujours à la lisière entre Action et Thriller, ce film remplit aisément son office et ce qu’on attend du genre. Et retient les bonnes leçons qui jalonnaient la première aventure, à savoir un côté plus réaliste, jusque dans les combats, toujours aussi efficaces et durs : ici, pas de John McClane increvable, les héros et némésis ont mal après 2-3 coups, faiblissent, et ont même du mal à se remettre. Plus viscéral et organique que la moyenne, ces deux opus de Jack Reacher sont donc assez rafraîchissants et offrent une autre vision de ce qu’on voit d’habitude dans les blockbusters. Ajoutez à ça de petites pointes d’humour (le coup de la « berline noire » est savoureux) et la personnalité de Reacher, qualités comme défauts, toujours bien présente, et on parvient à tenir à nouveau la cadence et la forme de Jack Reacher même si des changements radicaux sont apparus sur le fond, au niveau du scénario comme des à-côtés.

Moins sombre (et plus avare en punchlines aussi), Jack Reacher : Never Go Back peut apparaître moins efficace que Jack Reacher, mais l’ensemble tient tout de même la comparaison de manière plus qu’honnête. Si c’est surtout le rythme qui rend le film haletant, on pourra toutefois regretter le scénario mystérieux de l’autre opus (qui se finissait abruptement d'ailleurs). Ici tout paraît trop simpliste, et certains rebondissements sont prévisibles. C’est un peu dommage dans l’absolu mais l’équilibre s’est déplacé ailleurs. Tom Cruise a bien renfilé le costume du jusqu’au-boutiste Jack Reacher, le personnage est toujours malin et perspicace même s’il met moins en valeur ces qualités ici, préférant ses aptitudes au combat. Dans le rôle du némésis, Patrick Heusinger succède bien à Jai Courtney, même si là aussi leurs personnalités sont bien différentes, même si nous tenons deux bons méchants impitoyables. Le bémol me semble être Cobie Smulders, qui fait trop « Agent Hill » et n’apporte pas de réelle plus-value. On s’attardera plus sur Danika Yarosh, un peu en mode « Britt Robertson dans Tomorrowland », même si elle se retrouve dans un Thriller autrement plus réaliste. Le reste est diablement secondaire et ça manque même de gros noms outre le duo Cruise-Smulders (et encore, elle n’est guère connue que des suiveurs de Marvel et de How I Met Your Mother…), on retiendra quand même Robert Knepper et son sourire bien vicieux en guise de Big Boss des peu fréquentables ParaSource.


Avec son final moins épique, Jack Reacher : Never Go Back est tout de même un peu inférieur à Jack Reacher, qui se bonifie avec le temps d’ailleurs. Mais il est difficile de comparer les deux opus de manière brute, tant ils se distinguent sur de nombreux points, tout en gardant savamment certains éléments. Mais même le personnage de Jack Reacher n’y fait pas forcément la même chose, ce qui donne un univers bien varié et ce en deux films seulement. Après un premier opus prenant et méticuleux, ce second volet reste accrocheur et suffisamment efficace, jouant plus sur son côté course-poursuite haletante, au détriment d’une histoire plus consistante. D’ailleurs le pan de l’histoire concernant Reacher et Samantha semble un peu de trop, mais ma foi, si c’est dans le bouquin… Jack Reacher : Never Go Back ne fait pas insulte à son prédécesseur, au contraire il parvient aisément à le compléter grâce à son traitement sensiblement différent. Ensuite, il est vrai que Jack Reacher avait pour lui son côté plus froid autour de son personnage intelligent mais sans pitié, mais c’est une question de goûts. Peut-être trop classique pour un actioner-thriller, Jack Reacher : Never Go Back est pourtant plus qu’honnête en son genre, qui fait bien son office à cette période de l’année (en plus les évènements se passent au moment d’Halloween, c’est le bon moment), loin des blockbusters de l’été que l’entité Jack Reacher n’a peut-être pas la prétention d’égaler. Si vous voulez bien donner à nouveau 0.003% du prix du billet à l’Eglise de Scientologie, Jack Reacher : Never Go Back sera un bon divertissement pour sortir de votre grotte pendant les vacances de Toussaint… c’est ça de pris, en attendant d’éventuelles autres aventures, et il y a du stock.
Note : 7.5/10

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