mardi 4 octobre 2016

Morgane


Comment ça, Télé-Loisirs balance 3 étoiles à un film « de science-fiction » dont je n’ai jamais diable entendu parler avant sa sortie ? Ça par exemple ! Bon ok la référence et la critique sont discutables mais il me fallait bien un petit quelque chose pour me décider à remettre les pieds au cinoche, 1 mois et demi après Star Trek : Sans Limites et alors que le seul film intéressant qui se profile à court terme sera Jack Reacher 2 : Never Go Back, le 19 octobre (… en même temps que Brice 3, dans un registre tout autre), comme vous pouvez le voir sur mon micro-planning dans la colonne de droite. Morgane vient donc s’insérer de manière fortuite et inattendue dans ce calendrier. Le premier film de Luke Scott, fils de Ridley, avec Kate Mara, sœur de Rooney (pas Wayne, enfin), plus habituée aux seconds rôles (Transcendance, Seul sur Mars) ou aux co-rôles (Les 4 Fantastiques). Morgane n’est pas un biopic sur Clara Morgane (et Kate Mara lui ressemble pas franchement), c’est un film qui semble être à la croisée des chemins entre Science-Fiction/Anticipation, et Thriller « avec gens qui meurent violemment ». Certes, cela n’est pas spécialement engageant et Morgane sonne déjà comme un petit film qui se prend pour un grand. Mais la trame est suffisante pour aller voir ce que ça donne, surtout quand il n’y a rien eu de croustillant depuis un moment et qu’on s’impatiente d’aller retâter le moelleux des Fauteuils Noirs du Méga Kiné. Alors, pour paraphraser Renaud, allons-nous être morgane de Morgane ?

Lee Weathers (Kate Mara), « consultante en gestion de risques » pour la société SynSect, est chargée d’intervenir au sein d’une équipe de scientifiques isolée en campagne. En effet, depuis 5 ans, cette équipe prend en charge Morgane (Anya Taylor-Joy), une jeune fille créée artificiellement à partir d’un ADN préfabriqué. Le développement de celle-ci, après des essais infructueux, se passe très bien, notamment grâce à la comportementaliste Amy (Rose Leslie). Mais un incident est survenu : Morgane a violemment agressé une des scientifiques s’occupant d’elle, Kathy (Jennifer Jason Leigh). Lee va donc devoir évaluer la dangerosité de la « chose », depuis maintenue en isolement, et a les pleins pouvoirs pour prendre d’éventuelles mesures drastiques. Après avoir fait connaissance avec les scientifiques, elle laisse le soin au Dr. Alan Shapiro (Paul Giamatti) de réaliser une évaluation psychologique de Morgane. Mais c’est là que les choses vont dégénérer…

Morgane n’invente rien, c’est une certitude. Mais face aux nombreux films se la jouant « test de Turing », comme l’avait fait avec brio un Ex_Machina (et mal un The Machine, son penchant Série Z), Morgane ne parle pas d’androïde mais bien d’une véritable humaine, certes créée artificiellement, mais ce n’est pas tout à fait la même chose. Enfin Morgane n’est pas vraiment une nouvelle occurrence du test de Turing au cinéma, ni même un film « scientifique ». C’est même un film difficile à classifier. Certes un peu Science-Fiction et Anticipation, mais pas énormément (rien de bien futuriste ou même high-tech là-dedans). Thriller pour la tension, pas pour le scénario. Horreur ? Moui non, car même si on va encore jouer au jeu du « qui va mourir dans quel ordre et comment », Morgane n’a rien d’horrifique, c’est certes sanglant par moments mais la classification en tous publics empêche le film d’être vraiment méchant de ce point de vue. A partir de là, avouons bien qu’il n’y a pas grand-chose à tirer de Morgane, qui manque d’ambition à tous les niveaux et ne creuse jamais vraiment ses sujets, se perdant dans la routine, au contraire d'un Splice auquel ce film est justement comparé, qui lui osait (mal, mais qui osait quand même). Outre de beaux décors et une sobriété tout de même bienvenue, ce film se traîne un faux rythme qui nous amène à un twist final disons-le tout de suite archi prévisible. Il n’y a pas besoin d’être hyper clairvoyant (comme ceux qui avaient soi-disant prédit le final d’Oblivion dès ses premières minutes…) pour se douter immédiatement de l’issue finale du film, à vrai dire cela saute aux yeux quand on connaît le sujet… Résultat, Morgane n’est que l’énième exploitation d’une histoire mettant en scène une quelconque « création » aux capacités exceptionnelles. Il ne se passe pas grand-chose et le film passe très vite. Dommage ou heureusement…

Morgane (le film) est tout de même rattrapé par l’interprétation sans failles de Kate Mara qui joue avec brio ce personnage froid et jusqu’au-boutiste de Lee Weathers. L’actrice a mine de rien un certain potentiel, qui s’entrevoit tout particulièrement ici, dans un rôle qui n’a rien à envier à ceux de sa sœur dans Millénium ou Effets Secondaires. La jeune Anya Taylor-Joy qui joue la grisonnante Morgane livre aussi une partition parfaite pour ce genre de personnage « synthétique ». Et mine de rien Morgane s’offre tout de même un casting assez reluisant avec Toby Jones, Michelle Yeoh, Jennifer Jason Leigh, Paul Giamatti… mais tous n’ont que des rôles trop secondaires ou trop limités et aucun n’apporte de réelle plus-value, le pire étant Leigh qui est vraiment inutile au final, seul Paul Giamatti tire un peu son épingle du jeu. Et aussi Rose « tu ne sais rien Jean Neige » Leslie, qui a de loin le rôle le plus consistant derrière les deux actrices principales, bien qu’elle n’ait pas de trucs énormes à faire non plus… elle arrive néanmoins à tenir la route sur les moments de grande tension. Le reste du casting est anecdotique, et le duo Lee-Morgane porte le film, c’en est hélas un des seuls vrais intérêts.

Reste quelques scènes de bagarre sophistiquées plutôt agréables, dommage qu’elles soient filmées de manière trop chaotique, histoire qu’on reste dans le tout public, un peu comme dans n’importe quel film dystopien pour ados… Mais dans l’ensemble, Morgane est tout de même relativement insignifiant. Pas de message sous-jacent si ce n’est la sempiternelle rengaine sur les expériences scientifiques risquées et manipulées d’en-haut, peu de conviction pour un énième film sur une création extraordinaire qui-bien-sûr-est-à-l’origine-d’un-partage-en-sucette. Trop peu SF, tout juste Thriller mais trop simple, plus gentiment violent que faisant vraiment peur malgré deux personnages principaux assez flippants, Morgane ne sait pas sur quel pied danser et se vautre un tantinet, en n’arrivant pas à se démarquer et retenir assez l’attention, en plus de servir un scénario léger et hyper prévisible. Vide et décevant, anecdotique et pas assez original, voilà le maigre bilan de Morgane qui est finalement une sortie mineure, un peu plus qu’une Série B mais loin d’un Triple A. Je lui mets quand même la moyenne car Luke Scott a un petit potentiel et filme bien, tout en retenue, un environnement froid qui sied bien à ce film qui ne rigole pas, porté par ses deux personnages impitoyables aux performances d’actrices suffisamment remarquables. Mais et même si on en attendait rien de particulier malgré les promesses de Télé-Loisirs (qui s’est bien enflammé pour le coup), Morgane fait pschitt pour ce premier passage en salles de l’automne, et finira bien bas dans les tops de fin d’année…

Note : 5/10

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