Comment ça, Télé-Loisirs balance 3 étoiles à un film
« de science-fiction » dont je n’ai jamais diable entendu parler
avant sa sortie ? Ça par exemple ! Bon ok la référence et la critique
sont discutables mais il me fallait bien un petit quelque chose pour me décider
à remettre les pieds au cinoche, 1 mois et demi après Star Trek : Sans
Limites et alors que le seul film intéressant qui se profile à court terme sera
Jack Reacher 2 : Never Go Back, le 19 octobre (… en même temps que Brice
3, dans un registre tout autre), comme vous pouvez le voir sur mon
micro-planning dans la colonne de droite. Morgane vient donc s’insérer de
manière fortuite et inattendue dans ce calendrier. Le premier film de Luke
Scott, fils de Ridley, avec Kate Mara, sœur de Rooney (pas Wayne, enfin), plus
habituée aux seconds rôles (Transcendance, Seul sur Mars) ou aux co-rôles (Les 4 Fantastiques). Morgane n’est pas un biopic sur Clara Morgane (et Kate Mara
lui ressemble pas franchement), c’est un film qui semble être à la croisée des
chemins entre Science-Fiction/Anticipation, et Thriller « avec gens qui
meurent violemment ». Certes, cela n’est pas spécialement engageant et
Morgane sonne déjà comme un petit film qui se prend pour un grand. Mais la
trame est suffisante pour aller voir ce que ça donne, surtout quand il n’y a
rien eu de croustillant depuis un moment et qu’on s’impatiente d’aller retâter
le moelleux des Fauteuils Noirs du Méga Kiné. Alors, pour paraphraser Renaud,
allons-nous être morgane de Morgane ?
Lee Weathers (Kate Mara), « consultante en gestion
de risques » pour la société SynSect, est chargée d’intervenir au sein
d’une équipe de scientifiques isolée en campagne. En effet, depuis 5 ans, cette
équipe prend en charge Morgane (Anya Taylor-Joy), une jeune fille créée artificiellement
à partir d’un ADN préfabriqué. Le développement de celle-ci, après des essais
infructueux, se passe très bien, notamment grâce à la comportementaliste Amy
(Rose Leslie). Mais un incident est survenu : Morgane a violemment agressé
une des scientifiques s’occupant d’elle, Kathy (Jennifer Jason Leigh). Lee va
donc devoir évaluer la dangerosité de la « chose », depuis maintenue
en isolement, et a les pleins pouvoirs pour prendre d’éventuelles mesures
drastiques. Après avoir fait connaissance avec les scientifiques, elle laisse
le soin au Dr. Alan Shapiro (Paul Giamatti) de réaliser une évaluation
psychologique de Morgane. Mais c’est là que les choses vont dégénérer…
Morgane n’invente rien, c’est une certitude. Mais face
aux nombreux films se la jouant « test de Turing », comme l’avait
fait avec brio un Ex_Machina (et mal un The Machine, son penchant Série Z),
Morgane ne parle pas d’androïde mais bien d’une véritable humaine, certes créée
artificiellement, mais ce n’est pas tout à fait la même chose. Enfin Morgane
n’est pas vraiment une nouvelle occurrence du test de Turing au cinéma, ni même un film « scientifique ». C’est
même un film difficile à classifier. Certes un peu Science-Fiction et
Anticipation, mais pas énormément (rien de bien futuriste ou même high-tech
là-dedans). Thriller pour la tension, pas pour le scénario. Horreur ? Moui
non, car même si on va encore jouer au jeu du « qui va mourir dans quel
ordre et comment », Morgane n’a rien d’horrifique, c’est certes sanglant
par moments mais la classification en tous publics empêche le film d’être
vraiment méchant de ce point de vue. A partir de là, avouons bien qu’il n’y a
pas grand-chose à tirer de Morgane, qui manque d’ambition à tous les niveaux et
ne creuse jamais vraiment ses sujets, se perdant dans la routine, au contraire d'un Splice auquel ce film est justement comparé, qui lui osait (mal, mais qui osait quand même). Outre de beaux
décors et une sobriété tout de même bienvenue, ce film se traîne un faux rythme
qui nous amène à un twist final disons-le tout de suite archi prévisible. Il
n’y a pas besoin d’être hyper clairvoyant (comme ceux qui avaient soi-disant
prédit le final d’Oblivion dès ses premières minutes…) pour se douter
immédiatement de l’issue finale du film, à vrai dire cela saute aux yeux quand
on connaît le sujet… Résultat, Morgane n’est que l’énième exploitation d’une
histoire mettant en scène une quelconque « création » aux capacités
exceptionnelles. Il ne se passe pas grand-chose et le film passe très vite.
Dommage ou heureusement…
Morgane (le film) est tout de même rattrapé par
l’interprétation sans failles de Kate Mara qui joue avec brio ce personnage
froid et jusqu’au-boutiste de Lee Weathers. L’actrice a mine de rien un certain
potentiel, qui s’entrevoit tout particulièrement ici, dans un rôle qui n’a rien
à envier à ceux de sa sœur dans Millénium ou Effets Secondaires. La jeune Anya
Taylor-Joy qui joue la grisonnante Morgane livre aussi une partition parfaite
pour ce genre de personnage « synthétique ». Et mine de rien Morgane
s’offre tout de même un casting assez reluisant avec Toby Jones, Michelle Yeoh,
Jennifer Jason Leigh, Paul Giamatti… mais tous n’ont que des rôles trop
secondaires ou trop limités et aucun n’apporte de réelle plus-value, le pire
étant Leigh qui est vraiment inutile au final, seul Paul Giamatti tire un peu
son épingle du jeu. Et aussi Rose « tu ne sais rien Jean Neige »
Leslie, qui a de loin le rôle le plus consistant derrière les deux actrices
principales, bien qu’elle n’ait pas de trucs énormes à faire non plus… elle
arrive néanmoins à tenir la route sur les moments de grande tension. Le reste
du casting est anecdotique, et le duo Lee-Morgane porte le film, c’en est hélas
un des seuls vrais intérêts.
Reste quelques scènes de bagarre sophistiquées plutôt
agréables, dommage qu’elles soient filmées de manière trop chaotique, histoire
qu’on reste dans le tout public, un peu comme dans n’importe quel film
dystopien pour ados… Mais dans l’ensemble, Morgane est tout de même
relativement insignifiant. Pas de message sous-jacent si ce n’est la
sempiternelle rengaine sur les expériences scientifiques risquées et manipulées
d’en-haut, peu de conviction pour un énième film sur une création
extraordinaire qui-bien-sûr-est-à-l’origine-d’un-partage-en-sucette. Trop peu
SF, tout juste Thriller mais trop simple, plus gentiment violent que faisant
vraiment peur malgré deux personnages principaux assez flippants, Morgane ne
sait pas sur quel pied danser et se vautre un tantinet, en n’arrivant pas à se
démarquer et retenir assez l’attention, en plus de servir un scénario léger et
hyper prévisible. Vide et décevant, anecdotique et pas assez original, voilà le
maigre bilan de Morgane qui est finalement une sortie mineure, un peu plus
qu’une Série B mais loin d’un Triple A. Je lui mets quand même la moyenne car
Luke Scott a un petit potentiel et filme bien, tout en retenue, un
environnement froid qui sied bien à ce film qui ne rigole pas, porté par ses
deux personnages impitoyables aux performances d’actrices suffisamment
remarquables. Mais et même si on en attendait rien de particulier malgré les
promesses de Télé-Loisirs (qui s’est bien enflammé pour le coup), Morgane fait
pschitt pour ce premier passage en salles de l’automne, et finira bien bas dans
les tops de fin d’année…
Note : 5/10
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